Vendredi 1er mars 2024 à 10h30 : Kovets de Ki Tissa – Likouté Si’hot volume 31, 1ère Si’ha,  par le Rav Levi Azimov

Vendredi 1er mars 2024 à 10h30 : Kovets de Ki Tissa – Likouté Si’hot volume 31, 1ère Si’ha, par le Rav Levi Azimov

En direct, chaque vendredi, étude du Likoutei Si’hot
avec le Rav Levi Azimov de 10h30 – 11h30
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Ki-Tissa – Purification quotidienne
Source : Likouté Si’hot volume 31, première Si’ha sur Ki-Tissa

  • Maïmonide explique que le lavage des mains avant la prière du matin (Cha’harit) est une forme de purification, à l’image de celle du Cohen dans le Temple. Il inclut aussi le lavage du visage et des pieds.
  • Le Raavad questionne la nécessité de laver les pieds. D’autres commentateurs expliquent que Maïmonide voit cela comme une purification générale avant le service divin, et pas seulement en lien avec la prière.
  • D’après le Rachba, le lavage des mains le matin est lié au fait que l’homme devient comme une « nouvelle créature » et doit exprimer sa reconnaissance à Dieu.
  • L’Admour Hazaken comprend dans ce texte que le lavage matinal des mains relève de la « sainteté », à l’image de la sanctification des mains du Cohen pour le service du Temple toute la journée.
  • Pour la « pureté », mains et pieds sont au même niveau ; pour la « sainteté », seules les mains sont indispensables.
  • Maïmonide évoque aussi le visage, qui représente la faculté profonde de l’âme. En exil, même cela doit être « purifié » chez ceux qui s’investissent trop dans les affaires matérielles.
  • Mais le « Modé Ani » d’un Juif reste toujours parfait, reflétant sa volonté et son attachement à Dieu. Le matin, tout Juif est prêt à servir Dieu. Il s’agit juste de concrétiser cette prédisposition.


Mekorot

Maïmonide, lois de la Tefilah 4, 1-3 : La purification des mains [est obligatoire avant la Tefilah]. Dans quel cas seule la pureté des mains est-elle nécessaire ? Uniquement pour les autres Tefilot hormis celle de Cha’harit ; mais pour Cha’harit il faudra d’abord se laver le visage, les mains et les pieds – puis prier ensuite. Question du Ra’avad : Je ne sais pas pourquoi [Maïmonide évoque-t-il la purification des] pieds.

Migdal ‘Oz sur Maïmonide : Pourtant, étant son élève (du Ra’avad), j’ai trouvé cela mentionné dans la Guemara (Chabbat 50b) où il est stipulé que : « un homme lavera son visage, ses mains et ses pieds, chaque jour, pour son Créateur, car il est écrit : « L’Eternel a tout fait pour un but prédestiné » (Proverbes 16, 4) ».

Kessef Michné sur Maïmonide : Il me semble que le Ra’avad n’ignorait pas cette citation talmudique, mais il ne l’expliquait pas en relation avec la Tefilah, mais plutôt sur la question générale : est-ce qu’un [homme] a le droit de se laver son visage et ses pieds dans le [seul] but de s’embellir, comme Rachi l’a expliqué.

Responsa du Rachba, tome 1, ch. 191 : Puisque le matin nous devenons comme une nouvelle créature, il nous faut exprimer notre reconnaissance à D.ieu, béni soit-Il, Qui nous créa pour Son honneur, afin que nous Le servions et bénissions Son Nom. C’est pour cela que les Sages instaurèrent la récitation des bénédictions que nous récitons chaque matin, et c’est pourquoi nous devons nous sanctifier par Sa sainteté et laver nos mains avec un Kéli (récipient), tout comme le Cohen se sanctifiait les mains par le Kior (bassin), avant son service.

Responsa Vechav HaCohen ch. 1 : Le Cohen ne se lavait que le matin, c’est pourquoi le lavage des pieds n’est imposé que pour Cha’harit. Pour les autres Tefilot on ne lavera que les mains, car « elles touchent à tout ».

Choul’han Arou’h Admour Hazakène, Ora’h ‘Haïm 4, 1 : Tout homme qui se lève le matin, qu’il ait déjà fait ses besoins ou pas, doit se laver les mains avec un Kéli, même s’il ne compte prier qu’après plusieurs heures. Car tout homme, lorsque D.ieu lui rend son âme, devient comme une nouvelle créature : il dépose son âme fatiguée et D.ieu lui rend une âme « neuve » et reposée pour qu’on Le serve de toutes nos capacités, toute la journée, car nous avons été créés pour cela. C’est pourquoi, nous devons nous sanctifier par Sa sainteté et laver nos mains avec un Kéli, pour Le servir, tout comme le Cohen se sanctifiait les mains par le Kior, chaque jour, avant son service.

Na’hmanide sur Ki-Tissa ibid. : « Aharon et ses fils laveront etc. » – cette ablution est une forme d’honneur pour D.ieu ; en effet, tout celui qui s’approche de la table des rois, pour servir et toucher le pain du roi et son vin, doit se laver les mains car elles « touchent à tout ». [Cette ablution a donc aussi une définition de pureté].

Targoum Onkelos sur Ki-Tissa ibid. : Aharon et ses fils y sanctifieront leurs mains et leurs pieds.

Likouté Si’hot : La différence entre les deux approches : pour la « pureté » – les mains et les pieds ont la même loi, ils forment une seule entité, tout comme pour le Mikvé il faut tremper l’intégralité du corps, car la pureté ne peut être partielle. Pour la « sainteté », en revanche, la loi de la « sanctification des mains et des pieds » concerne principalement les mains, car ce sont elles qui effectuent concrètement le service du Temple.

Likouté Si’hot : D’après Maïmonide, le lavage des mains etc., de nos jours, est à l’image de la purification du Cohen avant le service. Or, étant donné que les Tefilot ont été instaurées en correspondance aux sacrifices (Guemara Bera’hot 26b), « l’homme » qui prie doit donc également se laver les mains et les pieds avant Cha’harit. En revanche, l’Admour Hazakène comprend dans l’avis du Rachba que le lavage des mains est lié à la sainteté, tout comme le Cohen « sanctifiait » ses mains et ses pieds en préparation à l’ensemble du service de la journée.

Les mains et les pieds font référence aux facultés « superficielles » de l’âme, habillées dans la matière ; en revanche, le visage fait référence aux facultés « profondes », n’étant pas (tellement) occupées par les affaires du monde, car les affaires doivent être effectuées ainsi : ce sont « tes mains se fatigueront pour ton gagne-pain » (Psaumes 128, 2), mais pas le labeur de l’intellect et du cœur. Ainsi, en exil, il faut apporter la pureté même au « visage », même pour ceux qui s’affairent dans la matière en y investissant leur « profondeur » aussi.

 Le programme du jour commence par le « Modé Ani », récité avant l’ablution des mains, même avec les mains impures (voir la raison Hala’hique dans Choul’han Arou’h Admour Hazakène, Ora’h ‘Haïm 1, 5) – car toutes les impuretés du monde ne peuvent souiller le « Modé Ani » d’un Juif, [l’aveu de son attachement indéfectible à D.ieu]. Le Juif pourrait avoir une lacune ici et là, mais le « Modé Ani » reste toujours parfait.

 Cet aveu provient de la simple volonté de chaque Juif. Cela est ressenti fortement dès le réveil : chaque Juif, dès qu’il se lève, est prêt à servir D.ieu de toutes ses capacités, toute la journée. De ce fait, dans ce sujet, la « purification des mains et des pieds » n’est pas nécessaire, il ne faut qu’une « sanctification » : la concrétisation de cette prédisposition de l’homme à servir D.ieu, pour « se sanctifier », effectivement.

Émouvant et élévateur : le « Yenouka », Rav Shlomo Yehouda Bari, joue des mélodies Habad  au Palais des Congrès de Jérusalem

Émouvant et élévateur : le « Yenouka », Rav Shlomo Yehouda Bari, joue des mélodies Habad au Palais des Congrès de Jérusalem

 

Rav Shlomo Yehouda Bari – le « Yenouka » – est né en Israël en 1988, il reçut les noms de ses deux grands-pères, Shlomo et Yehouda. Du côté de sa mère, il descendrai du Arizal.

À trois ans, en raison de difficultés économiques, ses parents émigrèrent en Espagne. Il passa son enfance dans le vieux quartier juif de Girone, ville où vécurent de grandes figures spirituelles comme le Ramban. Plus tard, sa famille déménagea à Séville, avant d’errer entre différentes villes.

Son enfance se distingua de celle des autres enfants. La famille connut la précarité financière et en plus, à cause de leurs errances à l’étranger, il grandit sans amis de son âge.

Cette réalité conduisit le jeune garçon à adopter un mode de vie rare. Il dédiait la plupart de son temps à l’étude et à la lecture, les livres étant le centre de son existence pendant des jours et des nuits. De plus, il priait beaucoup et parlait avec son Créateur à chaque occasion.

Déjà très jeune, il lisait avec une grande avidité de nombreux livres sur la vie et la biographie des saints et des justes. Chaque enseignement noble qu’adoptaient ces grandes figures, il le notait dans un cahier et s’efforçait de son mieux de le mettre lui-même en pratique.

De même, il rédigeait des articles sur la grandeur du Nom divin et ses propres nouvelles perspectives issues de ses études. Il possède encore aujourd’hui des textes de commentaires qu’il a rédigés dès six ans.

Par passe-temps durant son enfance, il collectionnait des photos de justes et de saints. Au fil des ans, sa collection compta des milliers de photos rares (qui devinrent plus tard l’album « Sefer Toledot Adam »).

À son retour en Israël à 14 ans, il maîtrisait déjà les textes saints et la littérature rabbinique, d’une étendue et d’une profondeur de compréhension extraordinaires. Il commença à ce moment à donner des cours sur divers sujets de Torah, tout en travaillant sur ses propres écrits. À 19 ans, quelques-unes de ses œuvres sur la Torah étaient achevées, ainsi qu’un livre de prières qu’il avait composé lui-même.

En raison de ses connaissances hors du commun et de sa jeunesse, il fut alors surnommé le « Yenouka » – un jeune prodige de la Torah.

Ses cours singuliers attirent une grande renommée. Même de grandes figures du judaïsme n’hésitent pas à assister à ses enseignements.

Ses leçons sont données sur le vif, sans préparation. Il cite alors des centaines de sources de toute la littérature rabbinique et de tous les sages au cours de l’Histoire, les tissant avec génie en une même voie.

Le Yenouka est très connecté à la musique. Surdoué, il joue plusieurs instruments à clavier. Après ses cours, il aime jouer au piano des mélodies spirituelles, y compris des compositions personnelles. Des musiciens célèbres viennent parfois l’accompagner.

La voie du Yenouka

Par son approche singulière, le Yenouka rassemble des courants et communautés très divers.

Sa conviction est qu’à l’origine, il n’y a pas de divergence de vues entre les Sages. Tous visaient le même but : servir Dieu et lui être agréable. Et dans leur grand amour pour Lui et leur volonté d’accomplir exactement Sa volonté, ils en vinrent à des voies et conclusions différentes pour Le servir.

Cette vision transparaît dans ses cours et parmi ses nombreux disciples, où l’on voit une unité et un amour jamais vus entre des gens de tous horizons.

Le Yenouka ne cesse de montrer, textes à l’appui, que la voie divine consiste à honorer toute créature à l’image divine et d’aimer chacun – et que chaque personne doit suivre ce chemin.

21 Adar : Hilloula de Rabbi Elimele’h de Lijensk (1717 – 1786)

21 Adar : Hilloula de Rabbi Elimele’h de Lijensk (1717 – 1786)

Rabbi Elimele’h Weissblum est né en 1717 à Lijensk, en Pologne. Il était le troisième enfant de Mirel et d’Eliezer Lipmann. Il avait trois frères connus, Nathan, Meshoulam (connu sous le nom de Reb Zoucha) et Avraham. Il avait également deux sœurs, Ita et Elka.

Rabbi Elimele’h de Lijensk s’est marié avec Shprintze Weissblum, la fille de Rabbi Aharon Margules de Lwów. Après la mort subite de Shprintze, il a épousé Guittel, qui a élevé ses cinq enfants.

Dès leur plus jeune âge, Elimele’h et Meshoulam ont étudié la Torah selon la méthode d’Isaac Louria. Ils se sont ensuite exilés de leur village, ont jeûné et se sont soumis à des mortifications. Ils ont rapidement acquis la réputation de « Haa’him Hakedoshim », les saints frères. C’est à cette époque qu’ils ont rencontré le Maggid de Mezeritch, successeur du fondateur du mouvement hassidique Baal Shem Tov, dont ils sont devenus disciples. Durant la vie du Maggid, les deux frères ont voyagé de village en village en tant que prédicateurs itinérants et ont propagé l’enseignement hassidique.

Après la mort du Maggid de Mezeritch en 1772, ses disciples se sont dispersés à travers la République des deux Nations, fédération de la Couronne du royaume de Pologne et du Grand duché de Lituanie, chacun donnant sa propre interprétation du hassidisme. Rabbi Elimele’h, considéré comme le successeur du Maggid, s’est installé à Leżajsk où il a fondé le premier et le plus important centre de hassidisme en Pologne. Il était un ascète et un modèle de conduite. Il a ancré dans le cœur de ses coreligionnaires la nécessité d’effectuer une repentance complète, les enjoignant à se rapprocher de D.ieu et à consacrer leur vie à l’étude et l’enseignement de la Torah.

Parmi ses disciples les plus connus, on trouve Yisrael Hopsztajn, Yaakov Yitzhak Horowitz, Menachem Mendel, Klonimus Kalman Epstein, Naftali de Ropshitz, Avraham Yehoshua Heshel et Dawid Biderman.

Selon Rabbi Elimele’h, le Tsadik  est l’homme vertueux dont la mission consiste à donner la vie à tous les mondes, par vertu de son âme divine. Il est capable d’éveiller des capacités latentes cachées au plus profond de l’âme d’un autre, permettant ainsi même à un pécheur de revenir à D.ieu. La vision du Rabbi Elimele’h du rôle social et religieux du tsadik, comme élément central dans l’existence du hassid, a contribué à la formation des structures du mouvement hassidique. Ses enseignements et sa vision idéologique du mouvement hassidique se trouvent exposés dans Noam Elimele’h (La douceur d’Elimele’h). Cet ouvrage, rédigé par son fils, Rabbi Elazar, expose les enseignements et la vision idéologique du mouvement hassidique de Rabbi Elimele’h. Il a été publié après la mort du Rabbi Elimele’h en 1787.

Rabbi Elimele’h de Lijensk, l’auteur de Noam Elimele’h, a accompli de nombreux miracles durant sa vie et même après sa mort, car les Tsadikim sont considérés comme plus grands après leur mort qu’en vie. Voici deux histoires qui illustrent l’effet de la prière sur sa tombe.

La première histoire concerne le fils gravement malade du Gaon Rabbi Moche Teitelbaum de Oühl, auteur de Yisma’h Moché. Alors que son fils était au bord de la mort, il pria de tout son cœur pour implorer la miséricorde de D. Devant le grand danger qui menaçait son fils, il envoya des messagers pieux pour prier sur la tombe de Rabbi Elimele’h de Lijensk en faisant vœu de donner une perouta à la tsedakah pour l’âme qui irait annoncer leur venue sur la tombe du Tsadik. Les âmes qui se trouvaient à proximité de la tombe allaient alors courir l’annoncer au Tsadik. Les messagers firent tout ce qui leur avait été prescrit et l’enfant qui était presque dans le coma s’éveilla soudainement en appelant son père. Il raconta que Rabbi Elimele’h de Lijensk était apparu en rêve et l’avait béni, lui promettant qu’il allait guérir. Le père vérifia l’heure exacte de ce réveil et se rendit compte que cela correspondait exactement au moment où les envoyés avaient prié sur la tombe du Tsadik.

La seconde histoire concerne un homme agonisant de Jérusalem qui souffrait énormément et qui ne demandait que de prier D. pour que son âme soit libérée. Lorsqu’un visiteur lui demanda de lui raconter sa vie, il finit par évoquer sa visite à Lijensk. Lorsque l’homme lui demanda s’il avait prié sur la tombe de Rabbi Elimele’h de Lijensk, le malade répondit qu’il était impossible de vivre à Lijensk sans prier sur la tombe du Tsadik. L’homme expliqua alors que Rabbi Elimele’h avait écrit dans son testament que quiconque priait sur sa tombe ne mourrait pas sans avoir eu la chance de se repentir. Le malade suivit ce conseil, se confessa et se repentit, puis mourut immédiatement.

Ces deux histoires illustrent le pouvoir de la prière sur la tombe du Tsadik Rabbi Elimele’h de Lijensk et montrent que même après sa mort, il continue de veiller sur les âmes de ceux qui prient sur sa tombe.

L’appel à La Téchouva

Un matin, le Maggid de Mezritch dit à Rabbi Elimele’h de Lijensk : « As-tu entendu le message proclamé au ciel ? Ils ont dit que la mitsvah d’aimer son prochain est d’aimer un rasha (méchant) tout autant qu’un Tsadik (juste). Un Tsadik peut stimuler… les gens au Téchouva, et un minyan des étudiants du Tsadik peut stimuler un grand rasha à faire Téchouva. »

Rabbi Elimele’h répéta cette conversation aux autres étudiants du Maggid, et ils étudiaient la leçon en profondeur quand un rasha entra. Il les entendit dire qu’ils pouvaient influencer un rasha à faire Téchouva, et il rit. « De quoi parlez-vous ? Téchouva ? Moi ? Jamais. »

Alors qu’il se moquait d’eux, les étudiants saints priaient avec larmes, récitaient des psaumes et imploraient D.ieu de réveiller l’homme à revenir aux voies de la Torah.

Et en effet, il eut un changement de cœur et fit une Téchouva complète.

Rabbi Elimele’h et son frère, Rabbi Zusha, voyageaient souvent de ville en ville pour stimuler les gens à faire Téchouva.

En fait, Rabbi Shalom (le « Saar Shalom ») de Belz a dit : « La Téchouva que les gens ont faite, font actuellement et feront à l’avenir est toute de l’autorité du Rabbi, Rabbi Elimele’h. »

Un cocher conduisait une fois des hassidim à leur Rabbi, et il leur dit : « Il y a des années, quand Elimele’h était en vie, j’ai amené des hassidim chez lui dans ce même wagon. »

Les hassidim se sont crispés en entendant le cocher dire le nom de Rabbi Elimele’h sans utiliser le titre approprié. Le cocher était une personne simple et non instruite, et il ne savait pas comment respecter correctement les Tsadikim.

« J’étais curieux de savoir qui était ce Rabbi, alors je suis allé le voir vendredi soir », continua-t-il. « Les prières étaient très énergiques, et je ne comprenais pas pourquoi tout le monde était si excité. Le tallit est tombé de la tête d’Elimele’h et j’ai vu son cou ; il était rouge comme une betterave. Je pensais : ‘Oh, c’est donc ça ! Le Rabbi a probablement bu une bouteille entière de vodka !’

« Mais alors le Rabbi s’est retourné (à la fin de Lecha Dodi) et j’ai vu que son visage était blanc comme les morts. Je ne pouvais pas comprendre. Si le Rabbi a autant bu et que son cou était si rouge, pourquoi son visage était-il si blanc ? Je vous le dis franchement, je ne comprends pas ça jusqu’à aujourd’hui. »

Et puis, le cocher dit d’une voix émotionnelle et brisée, les larmes coulant de ses yeux : « Mais quand Elimele’h a chanté Lecha Dodi, c’était quelque chose à écouter. »

Le cocher leur chanta la suite de la chanson qu’il avait entendue de Rabbi Elimele’h il y a 50 ans auparavant. Les hassidim dans le wagon se dirent les uns aux autres : « Cela montre la capacité de Rabbi Elimele’h à inciter les gens à la Téchouva. Regardez comment ce Juif simple pleure quand il se rappelle une chanson que Rabbi Elimele’h a chantée il y a 50 ans ».

Réprimande

Rabbi Elimele’h a réussi à réprimander les gens, en veillant à ne jamais les rabaisser ni les humilier. Il racontait des histoires qui contenaient des messages destinés à chaque individu présent.

Une fois, Rabbi Elimele’h se tenait devant sa maison en train de raconter une histoire, et de nombreuses personnes s’étaient rassemblées pour écouter. Chaque personne sentait que le Rabbi lui parlait directement, adressant le péché particulier qu’il devait rectifier, et résolvait avec larmes de le faire immédiatement.

Rabbi Elimele’h enseignait : « La voie du Tsadik est de se réprimander lui-même, toujours. Il dit aux gens qu’il a commis de terribles péchés. Il énumère en réalité les péchés que d’autres ont commis, mais quand il dit qu’il a commis ces péchés, cela incite les gens à craindre D.ieu et à retourner à Ses voies. »

Une fois, à Nikolsburg, de nombreuses personnes sont venues écouter le discours de Rabbi Elimele’h, et il a lamenté devant la foule : « Elimele’h, Elimele’h ! Souviens-toi du péché que tu as commis ce jour-là… Et du péché que tu as commis à cet endroit… » C’est ainsi qu’il a parlé des péchés des auditeurs, car ils étaient ceux qui avaient commis ces péchés à ces moments et en ces lieux. Il n’a pas humilié les gens, mais ils ont compris le message et l’ont pris à cœur.

En ses propres termes : « Quand un Tsadik veut réprimander quelqu’un, il doit parler du péché devant beaucoup de gens. Ainsi, la personne [qui doit entendre ces paroles] les entendra. »

Grandeur pour tous Son fils, Reb Elazar, a écrit : « Je crois tout ce que mon père, Rabbi Elimele’h, me dit, car je sais que pour tout l’argent du monde, il ne mentirait pas… Il a dit qu’une personne peut facilement atteindre le ruach hakodesh (révélation divine), tant qu’il est un érudit qui connaît la Guemara avec Rachi… et s’il la connaît avec pilpoul (en profondeur), c’est encore mieux. »

Au lieu de rabaisser les gens avec des réprimandes dures, il les a élevés en leur disant que des niveaux élevés de connexion spirituelle étaient à portée de main.

Afflictions Avant que le Baal Shem Tov ne commence à enseigner le hassidisme, les gens pratiquaient régulièrement l’auto-affliction – des jeûnes excessifs et même le fait de se rouler dans la neige – dans le cadre de leur service divinatoire, les gens pratiquaient régulièrement l’auto-affliction, notamment des jeûnes excessifs et même se rouler dans la neige. Les buts de ces afflictions étaient: (a) enseigner à leur corps l’obéissance, afin qu’il accepte de suivre les lois de la Torah, (b) purifier le corps de l’impureté des péchés, (c) affaiblir le yetzer hara, (d) se protéger de devoir être puni plus sévèrement d’en haut.

Mais ce n’était pas la voie de Rabbi Elimele’h.

« Rabbi Elimele’h nous a commandé de ne pas jeûner sauf pour les jeûnes établis par les Rabbins », écrivit l’un de ses étudiants, « car de nos jours nous n’avons pas la force de jeûner… »

Alors, comment pouvons-nous obtenir les bénéfices qui viennent de l’affliction ?

Une façon est de subir des désagréments très mineurs, par exemple : « Lorsqu’une personne veut manger, mais repousse le repas d’une heure ou moins, et pendant ce temps elle étudie la Torah… Et lorsqu’une personne s’abstient de dire quelque chose qu’elle veut dire… »

Cependant, Rabbi Elimele’h lui-même jeûnait et affligeait son corps tout le temps. Les Tsadikim ont dit : « D’Avraham jusqu’à Rabbi Elimele’h, personne n’a entrepris autant d’afflictions. »

Rabbi Elimele’h a déclaré que grâce à ses propres afflictions fréquentes, désormais, les autres peuvent utiliser des désagréments mineurs pour atteindre le même niveau spirituel que ceux qui s’affligeaient énormément.

Humilité

Un adversaire du mouvement hassidique a demandé à  l’Alter Rebbe: « Connaissez-vous l’auteur de Noam Elimele’h ? J’ai entendu dire qu’il a également étudié sous votre maître, le Maggid de Mezritch. Je suis curieux à son sujet, car j’ai son livre chez moi. Je le garde sous le banc sur lequel je m’assois. »

L’Alter Rebbe répondit: « Je peux vous parler de lui. Même si vous le mettiez sous le banc au lieu du livre, il ne protesterait pas, car il est si humble. »

En effet, l’humilité de Rabbi Elimele’h était vraiment phénoménale. Bien qu’il priât la plupart de la journée de tout son cœur et de toute son âme, qu’il fût un géant de la connaissance de la Torah, profondément en harmonie avec la spiritualité, et qu’il servît D.ieu avec vigueur et dévotion, il estimait toujours qu’il n’en faisait pas assez et que ses intentions n’étaient pas assez pures.

Ces citations ne sont qu’un échantillon d’exemples qui montrent la profondeur de son humilité :

« Ils devront créer un nouveau Gehinom pour moi, car le Gehinom qui existe maintenant n’est pas assez grand pour me punir, à cause de tous mes péchés. »

« Après ma mort, quand je me tiendrai devant la cour divine, ils me demanderont si j’ai servi D.ieu. Je répondrai que je n’ai jamais servi D.ieu, même pas un instant. La cour répondra alors : ‘Tu parles vrai. Grâce à cela, tu peux entrer directement au Gan Eden’. »


Nom de naissance
: Elimele’h ben Eleazar Lipmann ou Elimele’h Weisblum
Surnom(s) : Reb Melekh
Naissance : 1717 à Tykocin
Décès : 21 Adar 1786 à Leżajsk
Lieu de sépulture : Leżajsk
Dynastie : Dynastie hassidique de Lijensk
Prédécesseur : Maggid de Mezeritch
Successeur : Son fils Elazar
Œuvre : Noam Elimele’h
Place dans la lignée : Troisième Rabbi des hassidim, Premier Rabbi de Lijensk
Ses maîtres : Meir Horowitz – Maggid de Mezeritch
Ses disciples : Le Hozeh de Lublin, Rabbi Menachem Mendel de Rimanov, Rabbi Yisroel Hopstein le Kozhnitzer Maggid, etc.
Père : Eliezer Lipa Lipmann Weisblaum
Mère:  Mirel dite Mirish
Épouse 1 : Shprintza
Enfants 1 : Rabbi Elazar, Rabbi Eliezer Lipa, Reb Yaacov, Mirish, Esther – Ethel
Épouse 2 : Guittel
Famille : Meshoulam Zoucha d’Anipoli

 

Le Rav Israël Chimon Kalmenson a donné le cours principal sur les sujets de la rédemption au 770

Le Rav Israël Chimon Kalmenson a donné le cours principal sur les sujets de la rédemption au 770

Le Rav Israël Chimon Kalmanzon, membre du comité des directives de la Yéchiva Tom’hei Temimim et éditeur de la série de livres « Torat Menahem – Hita’vadouyot », a donné le cours principal sur les sujets de la rédemption et du Machia’h à 770, avec la participation de dizaines de Ba’hourim de la ‘Kevoutsa’ et des membres de la communauté de Crown Heights.

Le Rav Israel Chimon Kalmenson est né en France en 1962 de son père le Rav Yekoutiel Dovber Kalmenson et de sa mère Madame Batcheva.

Dans sa jeunesse, il a étudié à la Yechiva Tomchei Tmimim de Brunoy, et en 1981-1982 il a étudié dans la grande Yechiva Tomchei Tmimim de New Haven. En 1983, il est retourné à Brunoy, et ensuite il est allé au 770, et a étudié à la Yechiva centrale Tomchei Tmimim en 1984-1985.

Après son mariage avec son épouse Madame Hannah, fille du Rav Avraham Yitzchak Sasonkin, émissaire du Rabbi à Thann, il a servi pendant plusieurs années comme émissaire du Rabbi dans le quartier de Canarsie à Brooklyn sous la Jeunesse Loubavitch centrale, et à cause de son entrée dans le Vaad Hana’hot Belaak.  il s’est plongé dans le travail d’édition des livres de Torat Menachem et des « Réchimot ».

Il réside à Crown Heights.

Comprendre le phénomène Habad : Les secrets d’un mouvement qui a conquis la planète

Comprendre le phénomène Habad : Les secrets d’un mouvement qui a conquis la planète

La Hassidout de Habad émerge comme un joyau scintillant au sein de la riche tradition du hassidisme juif. Née au 18ème siècle dans les shtetls de Russie Blanche, sous l’impulsion de Rabbi Shneour Zalman de Liady, cette branche mystique little by little transcendé ses origines géographiques pour se déployer en un mouvement spirituel d’envergure planétaire. Portée par ses enseignements uniques et sa conception inclusive de la spiritualité, la Hassidout de Habad imprègne aujourd’hui des vies sur tous les continents.

La philosophie de Habad plonge ses racines dans les écrits fondateurs du Alter Rebbe et les enseignements des Rabbin qui lui ont succédé. Elle est ancrée dans les concepts de « Hokhmah » (sagesse), « Binah » (compréhension) et « Daat » (connaissance), qui forment les piliers d’une exploration intellectuelle et spirituelle encourageant l’adepte à sonder les profondeurs de la Torah. Ces concepts cardinaux ne sont pas de simples abstractions théologiques : ils sont activement intégrés au quotidien des Hassidim de Habad, imprégnant leur perception du monde et leurs interactions avec leur entourage.

Au cœur de la philosophie de Habad réside également la figure du Rabbi. Guide spirituel et pédagogue, le Rabbi incarne l’âme du mouvement. Ses discours, ses écrits, ses réponses aux questions des disciples continuent, bien au-delà de sa disparition physique, à nourrir et façonner la Hassidout de Habad. Son influence et son exemple motivent les communautés Habad à travers le monde.

Cet article se propose donc d’explorer la façon dont la philosophie de Habad et l’héritage du Rabbi façonnent les individus et les communautés contemporaines. Comment les Hassidim s’adaptent et répondent aux défis de la modernité. Comment les enseignements de Habad inspirent la quête permanente de sens, d’unité et de transcendance dans un monde en mutation perpétuelle. Révélant ainsi la remarquable capacité de ce courant mystique à traverser les époques en regenerant son message universel.

Quels sont les principes fondamentaux de la philosophie de Habad et comment influencent-ils la vie quotidienne de ses adeptes ?
La philosophie de Habad repose sur les principes fondamentaux de ‘Ho’hma (Sagesse), Bina (Compréhension) et Da’at (Connaissance). Ces concepts encouragent une approche contemplative et profonde de l’existence, où les adeptes sont guidés à utiliser leur intellect et leur réflexion spirituelle pour comprendre leur relation avec Dieu et le monde qui les entoure.
Cette perspective influence leur vie quotidienne en promouvant une prise de décision équilibrée et éclairée. La tradition loubavitch prône un juste équilibre entre l’émotionnel et le rationnel, entre le cœur et la raison. Une foi éclairée, qui sait allier sagesse de l’esprit et ferveur de l’âme.
En alliant la réflexion philosophique à la spiritualité dévotionnelle, l’adepte de Habad s’élève vers la Connaissance suprême, la perception de l’Unité fondamentale sous-jacente à toute la Création dans ce monde matériel.

Comment la transition de Habad d’un mouvement isolé à un mouvement mondial a-t-elle influencé son approche et ses enseignements ?
En devenant un mouvement véritablement mondial, Habad a adapté et élargi son approche pour rejoindre des cultures et des communautés extrêmement diverses à travers le globe. Cette expansion internationale a renforcé l’accent universaliste de la philosophie Loubavitch, soulignant des thèmes tels que l’amour inconditionnel, l’inclusivité radicale et l’infinie valeur de chaque âme, indépendamment de son origine, sa langue ou son niveau d’observance religieuse.
Porté par cette vision rassembleuse, les émissaires du Rabbi se sont immergés au sein de sociétés de tous horizons, tissant des liens d’amitié sincères et désintéressés avec leurs contemporains, au-delà de tout clivage communautaire. Ils offrent une spiritualité authentique, à la portée de tous.
Cette approche interculturelle a favorisé un dialogue profond entre les communautés juives et leur environnement social. Elle a surtout transformé l’image du judaïsme, le rendant attrayant et pertinent pour les nouvelles générations, séduites par ces valeurs d’ouverture, de non-jugement et de célébration des différences.
Ainsi, la philosophie inclusive de Habad contribue à rapprocher les cœurs dans un esprit de paix, d’harmonie et de responsabilité partagée pour inspirer un monde meilleur.

De quelle manière les trois facultés cognitives de « ‘Ho’hma », « Bina » et « Da’at » sont-elles intégrées dans l’étude et la pratique de Habad ?
La tradition Habad intègre les facultés cognitives de ‘Ho’hma (Sagesse), Bina (Compréhension) et Da’at (Connaissance) pour encourager une approche intellectuelle et contemplative de la spiritualité.
Le concept de « ‘Ho’hma » inspire la recherche constante de nouvelles perspectives et idées novatrices. « Bina » représente l’analyse approfondie, le questionnement et la compréhension de ces concepts. « Da’at » est l’étape finale qui permet une application pratique et tangible de ces enseignements au quotidien.
Cette démarche en trois temps – découvrir, analyser, appliquer – trouve sa traduction au sein de la philosophie de Habad à travers les trois modèles complémentaires du Tsaddik, du Lamdan et du Hassid. Le Tsadik apporte la vision, le Lamdan conceptualise et le Hassid diffuse cette sagesse aux masses.
Ainsi, l’adepte de Habad est encouragé à cultiver ses capacités intellectuelles et critique au service de sa quête spirituelle. En alliant la rigueur de l’étude à la contemplation méditative, il s’élève progressivement vers la connaissance ultime, l’appréhension de D.ieu sous toutes Ses facettes.

Quel est le rôle du Tanya dans l’enseignement de Habad et comment ce texte influence-t-il la compréhension de la nature humaine et de la spiritualité ?
Le Tanya, œuvre maîtresse de Rabbi Schneur Zalman de Liadi, est considéré comme le texte fondateur du mouvement Loubavitch. Véritable guide spirituel, il offre une analyse approfondie de la psyché humaine, en particulier la dualité inhérente entre le néfesh elokit (l’âme divine) et le néfesh habahamit (l’âme animale).
Ce traité fondamental éclaire les adeptes de Habad dans leur quête incessante de développement personnel et de maîtrise de soi. En décortiquant les dynamiques complexes entre matérialité et spiritualité au sein de l’individu, le Tanya fournit des outils pratiques pour harmoniser ces deux pôles.
Grâce à cet enseignement, l’adepte apprend à identifier les penchants négatifs émanant de son ego, pour ensuite les canaliser et les mettre au service de l’âme divine. Cette démarche, qualifiée de Avodah, élève ainsi chaque acte quotidien vers la sphère du sacré.
En offrant une grille de lecture inspirante du fonctionnement humain, le Tanya est la carte routière qui guide le Hassid vers la réalisation de soi et l’accomplissement ultime : devenir un reflet fidèle du Divin au sein de la Création.

Comment la mystique est-elle perçue et intégrée dans la philosophie de Habad, et en quoi diffère-t-elle des autres approches mystiques ?
La tradition mystique occupant une place centrale dans la spiritualité juive, l’approche de la Hassidout Habad se distingue par son ancrage dans le réel et le quotidien. Loin d’une évasion hors du monde, le mysticisme loubavitch se veut une plongée vers les profondeurs de la réalité divine qui imprègne toute chose.
Contrairement à d’autres voies privilégiant l’extase ou l’expérience visionnaire, les Rebbeïm Habad mettent l’accent sur la compréhension intellectuelle des secrets de la création, ainsi que leur intégration concrète dans la conduite de chaque instant.
C’est une question de perspective.
Un artiste de renommée mondiale, a rencontré le Rabbi qui a changé sa façon de considérer l’art.
« En hébreu », a souligné le Rabbi, « les mots pour “matière” et “esprit” sont interchangeables ; c’est-à-dire que les lettres qui épellent ‘homer, signifiant “matière”, font aussi roua’h, qui signifie “esprit” – tout ce que vous devez faire est de supprimer la lettre mem. Quelle est la différence entre le monde spirituel et le monde matériel ? C’est une question de perspective. Si vous regardez le monde d’une certaine façon, vous voyez un monde matériel. Mais si vous opérez un changement dans votre tête, si vous changez la qualité de votre perception, si vous regardez les choses d’une manière nouvelle et rafraîchie, alors le même monde devient spirituel. Le monde spirituel et le monde matériel ne sont pas deux mondes. La qualité de votre relation au monde matériel le rend spirituel. »
Par l’étude méditative, l’adepte acquiert ainsi une perception éclairée du D.ivin, sous tous ses aspects cachés au sein même de ce monde dense et matériel. Cette mystique de l’unification lui permet de sanctifier son existence par l’accomplissement serein de tout acte, aussi ordinaire soit-il.
L’adepte devient ainsi un « Hassid » au sens premier du terme, à savoir « pieux » : il marche en permanence avec D.ieu, s’attachant à Lui avec dévotion, à travers les aléas du quotidien.

Quelle est la signification du rôle d’un Rabbi, et comment son leadership spirituel continue-t-il d’influencer le mouvement après tant d’années ?
Le Zohar enseigne que Moïse, notre Maître, « apparaît » dans chaque génération sous la forme d’un leader spirituel qui guide le peuple juif.
Dans chaque génération, il existe un individu unique qui est l’incarnation de Moïse – le Rabbi de Loubavitch pour notre génération. Son esprit éclaire les sages qui à leur tour transmettent la lumière de la Torah au peuple, leur conférant la connaissance suprême pour s’attacher à Dieu.
Le Rabbi est considéré comme le chef spirituel de notre temps, offrant une perspective éclairée et objective sur la vie juive contemporaine. 30 ans après le 3 Tamouz 1994, son influence puissante perdure à travers ses enseignements et son exemple, perpétués de façon exponentielle par le mouvement Loubavitch à travers le monde.
La déclaration du Zohar selon laquelle le juste est plus présent dans notre monde après son départ renvoie à l’enseignement du Tanya sur la transcendance de l’esprit du Rabbi, désormais libéré des limitations physiques pour irradier en tous lieux simultanément. Ses disciples sont ainsi plus réceptifs à la transmission directe de la foi, la crainte et l’amour divin qu’incarnait leur Rabbi

En quoi l’inclusivité et l’amour universel sont-ils des aspects centraux de Habad, et comment se manifestent-ils dans les activités et les communautés de Habad à travers le monde ?
L’inclusivité et l’amour universel sont au cœur de la philosophie de Habad. Cette approche humaniste et non-discriminatoire se manifeste par l’accueil chaleureux offert dans les centres ‘Habad du monde entier, où chaque personne est acceptée et valorisée sans jugement.
Peu importe ses origines, son niveau de pratique religieuse ou de connaissance, chacun trouve sa place au sein de cette communauté rassembleuse. Cette philosophie d’ouverture et de bienveillance favorise un profond sentiment d’unité, de connexion et de solidarité, au sein du peuple juif et au-delà.
En diffusant la spiritualité juive sous une forme inclusive et adaptée au monde contemporain, le mouvement Loubavitch œuvre à un rapprochement et un dialogue interculturel et interreligieux. L’amour du prochain et l’harmonie universelle qui en découle sont ainsi placés au premier rang des priorités.

Comment la Hassidout de Habad aborde-t-elle la question de l’indispensabilité et de la valeur unique de chaque individu ?
Selon la Hassidout Habad, chaque âme possède une fonction irremplaçable au sein du processus cosmique de réparation et d’élévation des étincelles divines éparpillées dans la création matérielle. Ainsi, loin d’être interchangeables, chaque individu est doté d’une essence singulière, d’aptitudes et talents uniques à révéler.
Cette conception renforce le sens aigu de la responsabilité individuelle, ainsi que la valeur de la moindre action dans l’accomplissement de la mission personnelle de chacun. Car nos actes les plus ordinaires, executés avec la bonne intention, peuvent avoir une résonance allant bien au-delà de notre propre existence.
Forte de cette conviction, la Hassidout Habad encourage chaque personne à prendre conscience de sa valeur infinie aux yeux du Créateur, et du potentiel sacré dont elle dispose pour transformer positivement le monde. L’adepte est ainsi guidé à contribuer de façon constructive à sa famille, sa communauté et la société dans son ensemble.
C’est cette mise en lumière bienveillante de l’étincelle divine en chaque être humain qui confère toute sa noblesse au projet éducatif et humaniste du mouvement Loubavitch : inspirer et responsabiliser pour un monde plus juste et harmonieux.

Quels défis et opportunités la philosophie de Habad rencontre-t-elle dans le contexte contemporain, notamment face à la modernité et à la globalisation ?
La philosophie de Habad est confrontée à des défis complexes dans le monde postmoderne et globalisé. D’une part, comment préserver l’intégrité de cette tradition spirituelle millénaire face à la diversité culturelle contemporaine et aux modes de vie en constante mutation ? Le risque serait de diluer son identité. D’autre part, comment rester pertinent aux yeux des nouvelles générations, des questionnements inédits qu’elles soulèvent ?
Cependant, les outils de communication ultramodernes sont une fabuleuse opportunité pour étendre la portée de ces enseignements au-delà de toute frontière. De plus, la pensée de Habad a déjà su par le passé réinventer sa forme pour s’adapter au temps présent, tout en restant fidèle à l’essence intemporelle de son message.
Ainsi, en cultivant à la fois attachement à ses racines et esprit d’innovation tourné vers l’avenir, les maîtres de la Hassidout disposent de nombreuses ressources conceptuelles encore largement inexplorées pour répondre de manière créative aux défis posés par ce siècle naissant. Ils sauront proposer une spiritualité authentique, à la fois ancrée dans la profondeur du passé et pleinement actualisée au présent.

Comment les enseignements de Habad peuvent-ils être appliqués pour adresser des problèmes sociaux et personnels dans le monde actuel ?
Imprégnée d’un humanisme généreux, la philosophie de Habad comporte de puissants outils conceptuels pour aborder les problématiques sociales les plus pressantes de ce siècle naissant.
En cultivant l’empathie et le sens des responsabilités de chaque individu envers la collectivité, cette sagesse millénaire promeut une citoyenneté active et engagée. Elle invite à passer de la conscience à l’action bienveillante.
Ainsi, de nombreux émissaires et organisations affiliées au mouvement Loubavitch déploient une remarquable énergie pour la mise en place d’initiatives à fort impact social : éducation inclusive, aide alimentaire, soutien aux plus fragiles, défense des opprimés, célébrations communautaires, etc.
Guidés par ces enseignements humanistes, ils apportent des réponses tangibles à divers fléaux sociaux – pauvreté, exclusion, discrimination – réenchantant le monde par de simples actes de générosité au quotidien.
Cet engagement social inspiré constitue sans doute l’une des contributions majeures du mouvement Habad au progrès de nos sociétés désenchantées en quête de lien, de sens et de transcendance.

Cours en hébreu : Likoutei Si’hot vol. 36 2e Si’ha de Ki Tissa avec le Rav Haïm Nissilevitch au 770 de Ramat Shlomo

Cours en hébreu : Likoutei Si’hot vol. 36 2e Si’ha de Ki Tissa avec le Rav Haïm Nissilevitch au 770 de Ramat Shlomo

Cours sur le Likoutei Si’hot vol. 36 2e Si’ha de Ki Tissa donné par le le Rav Haïm Nissilevitch mercredi 28 février 2024 au 770 de Ramat Shlomo


« Celui qui rapporte une chose au nom de celui qui l’a dite fait venir la délivrance dans le monde »

Résumer de la Si’ha
Dans la Torah, il y a deux aspects : (a) la Tradition (Mesora) (b) et l’action des Enfants d’Israël pour ajouter et innover dans la Torah. C’est pourquoi « celui qui rapporte une chose au nom de celui qui l’a dite fait venir la délivrance dans le monde » s’applique spécifiquement lorsque le maître lui dit cette chose, car cela met l’accent sur l’ordre de la Tradition. Mais quand il entend comment le rabbin dit cette loi à un autre, alors il n’a pas besoin de dire au nom de celui qui l’a dit, car cela met l’accent sur le second aspect, à savoir que les Enfants d’Israël innovent dans la Torah.

Dans le Zohar de notre section hebdomadaire, il est raconté que Rabbi ‘Haïa et Rabbi Yossi marchaient sur le chemin et Rabbi ‘Haïa dit un commentaire sur le verset « La montagne de la maison de l’Eternel sera établie », et Rabbi Yossi lui demanda « de qui l’as-tu entendu ? ». Rabbi ‘Haïa répondit qu’il avait entendu Rabbi Hamnuna Saba dire ce commentaire à Rabbi A’ha. Et mon père-maître (Rabbi Lévi Its’hak Schneerson) explique qu’au début, Rabbi ‘Haïa n’a pas mentionné le nom de l’auteur du commentaire, bien que « celui qui rapporte une chose au nom de celui qui l’a dite fait venir la délivrance dans le monde ». Car cette obligation existe seulement « quand celui qui a dit la chose la lui a dite à lui, alors celui qui la rapporte doit la dire au nom de celui qui l’a dite », comme pour Morde’hai et Esther etc. Mais dans notre cas, cela n’a pas été dit à Rabbi ‘Haïa etc. mais à Rabbi A’ha.

Et il faut comprendre : apparemment, dans le Talmud – et cette obligation est citée pour la loi – il y a un autre raisonnement pour dire la chose au nom de celui qui l’a dite, à cause de  « אל תגזול דל » « tu ne dépouilleras point le pauvre », et ainsi, quand il entend une chose qui a été dite à un autre – même s’il n’y a pas de preuve de Morde’haï et Esther – il devrait y avoir l’obligation de dire la chose au nom de celui qui l’a dite à cause de « tu ne dépouilleras point le pauvre » ?

Et on peut expliquer en précisant qu’on trouve de nombreux enseignements de nos Sages qui n’ont pas été dits au nom de ceux qui les ont dits, et cela est particulièrement souligné chez Rabbi Eliézer le Grand « qui n’a rien dit qu’il n’avait pas entendu de ses maîtres », et pourtant il y a de nombreux enseignements où il n’a pas mentionné le nom de celui qui les avait dits (bien qu’il avait plus d’un maître). Et l’explication est : quand l’élève s’efforce de comprendre la chose avec son intellect, jusqu’à ce que les mots s’enracinent profondément dans son intellect, alors cela s’appelle « sa Torah », et il n’y a pas d’obligation de dire la chose au nom de celui qui l’a dite à cause de  « אל תגזול דל » « tu ne dépouilleras point le pauvre ». Et c’est seulement afin d' »apporter la délivrance dans le monde » – ce qui signifie révéler (Olам vient de Elèm, caché, et Guéoula est la sortie de cet état caché) dans chaque aspect de la Torah sa source, qui est l’ordre de la Tradition – qu’il y a l’obligation de dire la chose au nom de celui qui l’a dite, car même si le maître a innové cette loi par lui-même, néanmoins la méthode d’étude il l’a reçue de son maître etc. jusqu’à Moché Rabénou.

Mais dans la Torah, il y a deux aspects : (a) la Tradition que l’on reçoit d’en haut (b) et l’action des Enfants d’Israël pour ajouter et innover dans la Torah. C’est pourquoi « celui qui rapporte une chose au nom de celui qui l’a dite fait venir la délivrance dans le monde » s’applique spécifiquement lorsque le maître lui dit cette chose, car cela met l’accent sur l’ordre de la Tradition. Mais quand il entend comment le Maître dit cette loi à quelqu’un d’autre, alors il n’a pas besoin de dire au nom de celui qui l’a dit, car cela met l’accent sur le second aspect, à savoir que les Enfants d’Israël innovent dans la Torah.

Et c’est ce que mon père-maître explique : Rabbi Yossi insiste particulièrement pour qu’on dise les choses au nom de ceux qui les ont dites, car « l’attribut de Rabbi Yossi est similaire à l’attribut d’Esther qui est l’attribut de la Royauté, et de même Rabbi Yossi est l’attribut de la Royauté ». Et l’explication est : le Sefira de Royauté (Malkhout) est la fin de tous les degrés, elle « n’a rien d’elle-même », et c’est pourquoi on y souligne que même les innovations venant du côté d’Israël viennent en fait du Saint béni soit-Il.

 

 

 

Le Rav Haïm Nissilevitch (né en 1959), est l’émissaire du Rabbi dans le quartier Armon Hanatziv à Jérusalem, et l’un des influents de la communauté ‘Habad locale.
Né à Samarkand le 27 Sivan 1959 de ses parents Moché et Mirea Nissilevitch, il fut nommé d’après son grand-père, qui était parmi les Hassidim de ‘Habad à Krementchug. En 1971, il immigra avec ses parents en Israël.
Après son mariage avec Blouma Yehudit de la famille du Rav Chmouel Elazar Chaulzon, il s’installa à Jérusalem et commença à étudier au kollel Tzemah’ Tzedek dans la ville, sous la direction du Rav ‘Haïm Chalom Deutch et du Rav Yossef Zvi Segal. Quelques années plus tard, il fut nommé Machpia à la Yechiva ‘Habad Torat Emet.
Le Rav Haïm Nissilevitch chante dans certaines des enregistrements de Ni’hoa’h. Vers ‘Hanoucca 1983, il veilla avec son ami le Rav Zalman Sharpp, à remplacer la grande hanoukkia placée au 770, qui avait des branches rondes, par une hanoukkia magnifique aux branches diagonales, suivant les instructions du Rabbi.
Aujourd’hui, le Rav Haïm Nissilevitch sert comme émissaire du Rabbi dans le quartier Armon Hanatziv de Jérusalem, et comme l’un des influents de la communauté locale de ‘Habad. Il anime aussi des Farbrenguens dans la Yechiva Ketana Torat Emet.