18 Nissan : Anniversaire de Rabbi Lévi Its’hak Schneerson, père du Rabbi de Loubavitch (1878-1944)

18 Nissan : Anniversaire de Rabbi Lévi Its’hak Schneerson, père du Rabbi de Loubavitch (1878-1944)

Les années à Nikolaîev

Rabbi Lévi Its’hak Schneerson naquit le 18 Nissan 5638 (1878) dans la ville de Podrovska, en Russie Blanche. On lui donna le nom de son grand-père Rabbi Lévi Its’hak, petit-fils du Tséma’h-Tsédek, troisième Rabbi de Loubavitch.rabbi levi itshak 2
Durant sa jeunesse, il étudie la Torah chez son oncle, le rav de la ville, Rav Yoël ‘Haikin. Il se distingue rapidement par ses capacités hors du commun et son immense connaissance de la Torah. Il reçoit la Smikha, l’ordination rabbinique, qui lui est décernée par douze éminentes autorités rabbiniques, parmi lesquelles Rabbi ‘Haim de Brisk qui déclara : « Si Rabbi Lévi Its’hak était mis en balance avec une pleine poignée d’or, la balance pencherait de son côté. »
Le 13 Sivan 5660 (1900), suivant le conseil du Rabbi Rachab, il épouse la Rabbanit ‘Hanna, fille du gaon Rabbi Meïr Chlomo Yanovski, rav de Nikolaïev.

Après son mariage, il se consacre à l’étude de la Torah auprès de son beau-père qui lui porte une très grande estime. À ce sujet, le Rav C. Grossman raconte : « Le jeune Rabbi Lévi Its’hak s’installa auprès de son beau-père et sa bouche ne s’arrêta pas d’étudier. Il avait l’habitude d’étudier dix-huit heures par jour et n’allait dormir qu’à cinq heures du matin, après avoir lu le Chema du matin avec les Téfilin. À neuf heures, il avait déjà prié avec la communauté. »
À propos de la considération que lui témoignait son beau-père, son neveu Rabbi Avraham David Yanovski raconte : « Une fois, un envoyé vint chez Rabbi Meïr Chlomo lui annoncer que Rabbi Lévi Its’hak était atteint d’une pneumonie qui l’obligeait à rester au lit. En entendant ces paroles, le visage de Rabbi Meïr Chlomo s’enflamma, et il déclara : « Si, à D.ieu ne plaise, un mauvais décret devait le menacer, je souhaiterais prendre sa place. » »

C’est durant cette période que naquit leur fils aîné, qui allait devenir le Rabbi de Loubavitch, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, le 11 Nissan 5662 (1902), suivi de Rabbi Dov Ber הי »ד et de Rabbi Israël Arié Leib ז »ל.

Sa fonction Rabbinique

La ville de Yekatrinoslav
La ville de Yekatrinoslav (actuelle Dniepropetrovsk) est intimement liée avec la personnalité exceptionnelle de Rabbi Lévi Its’hak, qu’on avait l’habitude d’appeler Reb Lévik. C’est en effet dans cette ville qu’il exerça durant de longues années la fonction de rav jusqu’au moment où il en fut exilé par le pouvoir communiste.
Un bref aperçu historique de la ville nous aidera à comprendre le choix de Rabbi Lévi Its’hak en tant que rav de la ville.
Yekatrinoslav fut fondée en 5538 (1778) dans le sud de l’Ukraine. On lui donna le nom de la reine Catherine. Elle le conserva jusqu’en 5686 (1926) où il fut changé par le pouvoir communiste en Dniepropetrovsk, du nom du dirigeant de la ville Potrovski. Le premier juif s’installa en 5564 (1784) et s’appelait Rabbi Chlomo Stanislavski. En 5585 (1805), 880 Juifs y habitaient déjà. Elle finit par compter en 5657 (1877) 41240 juifs, soit 37% de sa population.
Les Juifs connurent une période de prospérité jusqu’à la montée du roi Alexandre III. C’est alors que les rapports avec les Juifs commencèrent à se détériorer. C’est en 5644 (juillet 1884) que débutèrent des pogroms. À la suite d’une dénonciation calomnieuse, un marchand fut accusé d’avoir tué un enfant non juif, suscitant la colère des habitants de la ville qui pillèrent, tuèrent et détruisirent tout sur leur passage. C’est avec de longues difficultés que les autorités parvinrent à faire à nouveau régner le calme.
L’arrivée du Tsar Nicolas II n’apporta pas de grand changement. Il y avait alors quelque cinquante mille Juifs dans la ville, douze synagogues, une yéchiva, des talmud-Torah, seize écoles juives. La situation financière dans le pays était mauvaise pour les Juifs comme pour les non-juifs du fait de la défaite de la Russie contre le Japon.
C’est précisément à ce moment (juillet 1905) que réapparut la haine commune contre les Juifs et des pogroms se déclenchèrent à nouveau, faisant 100 victimes, 200 blessés et plus de 300 magasins et demeures juives détruits.
Un sentiment de peur régna dès lors parmi les Juifs et beaucoup, n’ayant plus d’abri, décidèrent de quitter la ville. Le tsar Nicolas II, face à cette situation, ne fit qu’acquitter les paysans pourtant déclarés coupables par les tribunaux. Cette situation ne connut pas d’amélioration et ne fit qu’empirer. Les conséquences se firent sentir aussi sur le plan spirituel, alors que les autorités limitaient l’accès aux écoles juives.C’est pour faire face à ces poursuites et discriminations du gouvernement qui s’accentuaient contre les Juifs que Rabbi Lévi Its’hak fut désigné comme rav de la ville Yekatrinoslav. Ceux qui firent ce choix savaient que seule une personnalité comme Rabbi Lévi Its’hak était capable de faire face à une telle situation.

Un homme d’action pour sa foi et ses convictions
Rabbi Lévi Its’hak accéda à la fonction de Rav à l’âge de trente-deux ans. Sa nomination ne fut pas sans opposition. En effet le choix d’un rav ‘hassidique pour un tel poste suscita l’opposition des mitnagdim (opposants à la ‘Hassidout), qui espéraient eux aussi voir leur candidat obtenir cette fonction. Les opposants allèrent même jusqu’à porter de fausses accusations contre Rabbi Lévi Its’hak au gouvernement. Rabbi Lévi Its’hak, à la suite d’un long entretien avec un dirigeant sioniste très influent, reçut l’appui de ses amis (malgré leurs différences d’opinion). Il fut finalement élu rav de la ville, partageant néanmoins cette charge avec le rav Gelman, candidat des mitnagdim. En 1921, avec le décès de ce dernier, Rabbi Lévi Its’hak assumera seul cette fonction.
Rabbi Lévi Its’hak, conscient de ses responsabilités, fit preuve de la plus grande vigueur, faisant face aux plus grands dangers, sans craindre personne. Nous citerons ici à ce propos quelques témoignages très significatifs.

La réunion annulée
Lorsque l’opposition des communistes à la religion atteint son apogée et fut connue du monde entier, le pape appela à une campagne de boycott du gouvernement soviétique.
Malgré sa cruauté et sa tyrannie, le gouvernement russe tenait à soigner son image. Il mit en œuvre tous les moyens pour combattre les effets de cette initiative.
Une de ses décisions consista à rassembler trente-deux rabbins. Il s’agissait de leur faire signer une déclaration stipulant que l’annonce du pape n’était qu’un mensonge et qu’il n’existait en Russie aucune opposition à la religion. Après avoir obtenu cette signature de rabbins compétents originaires de Russie, les dirigeants décidèrent d’organiser une réunion semblable avec les rabbins d’Ukraine.

Parmi les invités était convié le rav de Yekatrinoslav, Rabbi Lévi Its’hak. Cependant, ils connaissaient sa force de caractère et savaient qu’une simple invitation ne suffirait pas à en venir à bout. Le dirigeant de la G.P.U. lui-même invita donc Rabbi Lévi Its’hak à une discussion en tête-à-tête durant laquelle il expliqua l’importance d’une telle réunion et le bénéfice qui en résulterait pour le gouvernement russe aux yeux du monde entier.
Il finit par lui offrir un billet en première classe pour se rendre dans la ville où la réunion aurait lieu.

Rabbi Lévi Its’hak le remercia pour sa bonne intention mais déclina l’offre qui lui était faite, lui expliquant qu’il pourrait s’y rendre par ses propres moyens. Le général, ne s’attendant pas à un tel affront de la part du rav, s’efforça toutefois de cacher sa colère.
Le jour solennel arrivé, Rabbi Lévi Its’hak se rendit au lieu décidé où il fit la connaissance des rabbins invités. Dès le début, tous soupçonnèrent la présence d’un espion parmi eux. Ils s’abstinrent donc de bavarder entre eux. Mais Rabbi Lévi Its’hak se leva alors et fit part ouvertement de son avis. « Il est interdit de signer une telle déclaration qui est mensongère », dit-il. La réunion se prolongea plusieurs jours durant et Rabbi Lévi Its’hak ne se contenta pas de cette prise de position. Sans relâche, il insista sur la gravité d’une telle déclaration.
Le ministre de l’Éducation, prenant conscience de son influence, convoqua Rabbi Lévi Its’hak et le mit en garde du danger d’une telle entrave au bien-être du gouvernement. Les conséquences de cette discussion furent nulles. Rabbi Lévi Its’hak maintint fermement son opinion et finit par convaincre les autres rabbins de ne pas signer. Les autorités n’eurent d’autre choix que d’abandonner leur projet…

Durant la réunion, Rabbi Lévi Its’hak apprit qu’une personnalité devait voyager en dehors de Russie. Il lui demanda de diffuser dans tous les journaux le combat des autorités contre les rabbins.
L’envoyé remplit sa mission et répandit la nouvelle dans les journaux libres. On pouvait même voir une caricature représentant un policier russe armé d’un pistolet forçant un rabbin à signer un papier.

Le problème de la foi
L’année de son emprisonnement, avant la fête de Pessa’h, les autorités distribuèrent un questionnaire à remplir par chaque citoyen russe. Une des questions concernait la foi : chacun devait répondre s’il croyait ou non en D.ieu. Quand Rabbi Lévi Its’hak vit que nombreux étaient les Juifs qui craignaient de répondre par l’affirmative, il affirma devant toute l’assemblée de la synagogue qu’il est interdit à tout Juif de ne pas répondre correctement. « Celui qui répond par la négative nie la royauté divine », dit-il. Les fidèles présents furent néanmoins inquiets car ils n’avaient aucun doute de la présence d’un espion parmi eux qui iraient rapporter les paroles de Rabbi Lévi Its’hak aux membres de la G.P.U.
Mais l’impact des paroles de Rabbi Lévi Its’hak fut tel que l’un des fidèles, qui avait des fonctions importantes et dont la femme avait nié la croyance en D.ieu en son nom, se rendit au bureau des autorités et demanda à voir le questionnaire qui lui avait été présenté. Il expliqua aux employés que sa femme avait menti et corrigea son affirmation.
La police eut connaissance des paroles de Rabbi Lévi Its’hak, grâce à un espion chargé de le surveiller. Ces paroles même constituaient une raison suffisante à son arrestation.
Par la suite, raconta la Rabbanit ‘Hanna, lorsqu’on l’interrogea à propos des paroles qu’il avait prononcées, il répondit : « Les autorités veulent avoir une réponse exacte et étant donné que de nombreux Juifs répondaient par la négative par peur de perdre leur travail, je les ai encouragés à répondre correctement. »

Les matsot surveillées
Le 18 Nissan 5743 (1983), durant la réunion des Tsivot Hachem, le Rabbi raconta :

« Le 18 Nissan est l’anniversaire de mon père. Je veux raconter une histoire à son sujet qui, pour différentes raisons, ne fut pas tellement diffusée. Cette histoire nous enseigne jusqu’où peut arriver un Juif qui décide de tenir fermement […] et tente d’accomplir l’ordre de D.ieu et Sa mission.
Cette histoire est en rapport avec la farine et les matsot pour Pessa’h.
C’était durant les années du pouvoir soviétique où tout le commerce était dirigé par le gouvernement. Même les entrepôts où l’on moulait le blé, les manufactures centrales où l’on faisait cuire les matsot, étaient sous la propriété des autorités et fonctionnaient sous la surveillance des représentants du gouvernement.

Lorsque fut arrivé le moment d’amasser la farine et de l’apporter dans les manufactures de matsot, du fait que la ville dans laquelle mon père était le rav était située dans le Sud de la Russie, contrée dans laquelle était produite la majeure partie du blé de Russie, la certification cachère de la farine, depuis quelques années, relevait de son autorité.
C’est pourquoi, dès qu’ils avaient besoin d’envoyer de la farine et de faire certifier par un rav qu’elle avait été moulue sous une grande surveillance et pouvait servir à la cuisson des matsot, ils se tournaient vers mon père. Celui-ci donnait le certificat exigé après avoir placé des surveillants dans les moulins qui prenaient garde à ce que la farine n’entre pas en contact avec l’eau.

Sachant qu’ainsi se déroulaient les choses depuis de longues années, et qu’à nouveau ils devraient lui demander un certificat, ils s’adressèrent à lui et lui expliquèrent que la farine appartenait au gouvernement. S’il devait se produire qu’une partie de la farine ne soit pas vendue du fait de son refus d’accorder le certificat, cela signifierait qu’il combattait ouvertement le gouvernement, à qui profitaient les recettes de la farine. En particulier, à Pessa’h, la farine était vendue à un prix très élevé et les recettes étaient très importantes.
Mon père leur répondit que, s’ils lui permettaient de placer des surveillants et que les ouvriers suivent leurs instructions de façon à ce que la farine soit produite conformément à la loi juive, il donnerait certainement le certificat. Toutefois, s’ils refusaient d’accorder cette permission aux surveillants ou de se conformer à leurs instructions, il ne donnerait pas le certificat exigé. Plus encore, il informerait tout le monde que cette farine n’avait pas reçu son approbation.
Devant ces propos, ils répondirent qu’ils lui permettraient de placer ses surveillants. Néanmoins, s’ils autorisaient toute la production, tout irait bien. Sinon, il devrait savoir qu’il partait ouvertement en guerre contre le gouvernement.

À nouveau, il leur répondit qu’il allait se rendre à Moscou, auprès du dirigeant Kalinine pour lui expliquer qu’il était impossible de donner un certificat sur de la farine non cachère. S’ils voulaient le punir pour cela, ils en auraient la possibilité. Toutefois, donner un certificat sur de la farine non cachère pour la matsa est contraire à la loi juive et contre la volonté de D.ieu. Il ne donnerait donc pas son certificat et ferait tout son possible pour que tous sachent qu’il ne l’a pas fait.
Ils essayèrent à nouveau de le menacer, mais virent qu’ils ne parviendraient pas à changer son avis. Ils racontèrent cela à Kalinine ou à ses conseillers et ce dernier décida finalement que dans tout lieu où l’on prenait la farine pour la cuisson des matsot à Pessa’h, il devrait y avoir le certificat de cacherout pour Pessa’h et qu’il fallait permettre de placer des surveillants qui surveilleraient les endroits où l’on cuisait la farine.
Cette année et les années qui suivirent, partout, on cuisit des matsot cachères pour Pessa’h, sous l’ordre des autorités soviétiques.

Tout ceci enseigne à chacun d’entre nous, même aux enfants, que si l’on est ferme et qu’on affirme que cette fermeté est pour D.ieu qui a créé le Ciel et la Terre, et qu’un Juif ne doit rien faire contre Sa volonté et ne fera rien qui soit contraire à la loi juive et au Choul’hane Aroukh, même si le gouvernement lui-même dit le contraire, on obtiendra la réussite. Et plus encore, c’est le gouvernement lui-même qui a ordonné de placer partout des surveillants compétents. Ainsi, le blé a été moulu de façon cachère et conforme au Choul’hane Aroukh.
Bien entendu, tout le monde n’a pas cette force. Mais tout le monde n’a pas à faire face à un gouvernement dominant un pays de deux cents millions d’habitants. Ce que l’on doit faire, c’est seulement tenir fermement contre son propre mauvais penchant. Même si celui-ci tente de nous convaincre que les non-juifs ne permettront pas à un enfant juif de se comporter comme il se doit, il doit lui répondre qu’il s’agit là d’un mensonge grossier. Et puisque qu’il part avec la force de D.ieu qui se trouve au-dessus de lui, qui se tient à ses côtés et l’accompagne dans son combat contre tous les obstacles, il réussira finalement et obtiendra comme ces jours-là un Pessa’h cacher et joyeux.
Que nous ayons nous aussi à présent un Pessa’h cacher et joyeux, lorsque nous prenons la décision de nous conduire avec force et fermeté et il se dévoilera et sera visible que toute l’année sera cachère et joyeuse et toute l’année sera une année de délivrance rapide, la délivrance de Machia’h très bientôt et de nos jours. »
Toutefois, une des raisons pour lesquelles il fut arrêté et exilé fut d’avoir déclaré ouvertement en public une année, à la suite de problèmes dans la fabrication des Matsot, que celles vendues par le gouvernement devaient être considérées comme du véritable ‘hamets, et qu’il était interdit à tout Juif d’en apporter chez lui.

Nombreuses sont les histoires qui, comme celles-ci, reflètent la personnalité exceptionnelle de Rabbi Lévi Its’hak. Il organisa des mariages, des brit-mila (circoncisions), il construisit des mikvés (bains rituels) dans le plus grand secret, malgré la menace des autorités. Chacun de ses actes comportait de terribles dangers. Les autorités l’espionnaient constamment et il risquait à tout moment de se faire arrêter.

Une personnalité exceptionnelle

Le Rabbi précédent de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak, écrivit à propos de Rabbi Lévi Its’hak :
« Rabbi Lévi Its’hak, en plus d’un génie dans la Torah révélée et d’un savant dans la Kabbale et dans la ‘Hassidout ‘Habad, était un homme doté d’une crainte de D.ieu extraordinaire et de grandes qualités morales. »
Une des qualités les plus extraordinaires chez Rabbi Lévi Its’hak était sa grande humilité. Ses amis se référaient à lui par son surnom « Lévik », sans aucun qualificatif, ni Rabbi Lévi Its’hak, ni même Reb Lévik, mais tout simplement Lévik.

Le Rav Sassonkin écrit à ce sujet :
« Son nom le précédait. Tous savaient que « Lévik » – car c’est ainsi qu’on l’appelait à Loubavitch, sans qualificatif – était un grand sage aussi bien dans le Talmud que dans la ‘Hassidout. Suivant l’expression de nos sages (à propos des titres accordés aux maîtres)  » ‘Rabbi’ est un titre plus important que ‘rav’, ‘Rabban’ est plus important que ‘Rabbi’, le nom seul est plus important que ‘Rabban’  » car les rabbins des premières générations étaient si grands qu’on ne leur donnait aucun qualificatif, tel Hillel, Chamaï, etc. […] Telle était sa personnalité : il était si grand que le seul nom « Lévik » évoquait par lui même une profonde sagesse, une sagesse extraordinaire dans tous les domaines, la sagesse du Talmud, la sagesse de la ‘Hassidout ‘Habad, la sagesse de la Kabbale. »
De sa bouche sortaient des pierres précieuses. À l’image d’une source, lorsqu’il commençait à parler, rien ne pouvait l’arrêter. Toutes les profondeurs de la Torah coulaient alors de sa bouche et émerveillaient tous ceux qui l’écoutaient. Dans la suite de son récit, le rav Sassonkin raconte :
« Une fois, j’étais présent lorsqu’on l’invita à donner un cours de guemara dans une grande synagogue. Quand on entendit que le Rav Schneerson donnerait le cours, une grande assemblée de sages vint l’écouter. Il expliqua la page de guemara avec une profondeur exceptionnelle et fit briller les yeux de tous. Tous restèrent bouche bée devant son explication extraordinaire, la profondeur qu’il dévoilait si simplement. Une fois encore, j’étais présent à son cours de Tanya. Il émerveilla tous ceux qui écoutaient ses paroles car il avait une compréhension très profonde de la ‘Hassidout ‘Habad. »
« Il est impossible de décrire le plaisir que l’on eut de son passage à Leningrad », témoigne le rav Zalman Duchman. Nous avions l’habitude de lui rendre visite presque tous les soirs et il nous expliquait les midrachim selon la ‘Hassidout. » Le célèbre Rav Its’hak « Matmid » dit de lui : « Il a des forces qui proviennent du Alter Rebbe (Rabbi Chnéour Zalman, premier Rabbi de Loubavitch). »
Il discutait chaleureusement avec chacun. Nombreux étaient ceux qui cherchaient à tout prix à se trouver auprès de lui pour profiter de ces discussions de tous les jours. La Rabbanit ‘Hanna raconte :
« Nous avons une fois voyagé en locomotive en dehors du pays. À Varsovie, un célèbre écrivain monta à l’intérieur de notre wagon et s’assit à côté du rav. Leur discussion porta sur le Judaïsme, la ‘Hassidout, les Admourim. Il fit tellement impression avec ses récits que les autres voyageurs juifs des autres wagons se rassemblèrent autour de lui et se poussèrent pour écouter ses paroles, oubliant leur sommeil pour entendre les récits de Rabbi Lévi Its’hak. »
Sa force n’était pas seulement dans sa manière de parler. Il passait aussi de longues heures à rédiger ses explications dans tous les domaines de la Torah.

Son neveu, le Rav Haim Leib Itkin raconte :
« Mes parents habitaient à cinq heures de voyage de Yekatrinoslav. Je rendis une fois visite à mon oncle à l’issue du Chabbat et je discutais longuement avec lui de différents sujets. À neuf heures, je me préparais à le quitter. Mais il m’en empêcha et me dit « De toute façon, tu as un billet pour voyager. Pourquoi dois-tu te dépêcher ? » Je suis resté encore une demi-heure et je me suis apprêté à nouveau à partir. Il m’arrêta encore une fois. À dix heures et demie, je ne pouvais plus attendre et, sans lui demander sa permission, je partis. Quand je suis arrivé à la locomotive, il ne restait que trois minutes avant le départ, mais elle ne partit pas. Elle eut du retard et ne prit le départ que le lendemain. À présent, je commençais à comprendre ses demandes répétées de rester discuter de sujets importants et ne pas perdre mon temps comme cela arriva… Je n’ai pas eu l’affront de l’interroger à ce sujet, mais depuis ce jour j’ai su l’estimer différemment. J’ai compris que ses yeux voyaient loin, mais qu’il laissait cela à l’abri des regards. »
D’apparence, il attirait le cœur. Le reflet de son visage, ses habits et sa démarche ne faisaient que refléter sa splendeur. Son regard était perçant et l’expression de son visage faisait apparaître sagesse et intelligence.
On raconte que lorsqu’il se rendait à la synagogue, les passants s’arrêtaient pour le regarder. Même les non-juifs accordaient le plus grand respect au rav de la communauté juive et s’écartaient pour le laisser passer. Le Rav C. Vilenkin raconta avoir vu au magasin une longue queue de gens s’écarter pour le laisser passer.

Ses écrits

Nombreux furent les « géants » du peuple juif qui rédigèrent leurs explications de la Torah, mais très peu d’entre eux eurent le mérite d’avoir un impact inoubliable sur les générations suivantes, de fonder un chemin nouveau dans la compréhension de la Torah. Parmi ceux-ci figure sans aucun doute Rabbi Lévi Its’hak. En effet, il ouvrit une voie nouvelle dans l’étude de la Torah qui consiste à établir un lien entre le remez et le sod (le sens allusif de la Torah et sa partie ésotérique).
Il rédigea de nombreux écrits sur la partie révélée et la partie ésotérique de la Torah. Malheureusement, tous ces écrits furent perdus. Tout d’abord confisqués par le gouvernement, puis rendus, on perdit toute trace de leur existence lors de la destruction de la ville par les nazis. Les quelques livres qui nous sont restés sont le fruit de l’effort de la Rabbanit ‘Hanna. En effet, durant son exil à Tchiali (comme nous le verrons plus loin), elle reçut la permission de le rejoindre. Dans sa route, elle prit le maximum de livres saints, les plus importants. Bien entendu, en exil, il n’avait pas de quoi écrire. C’est à nouveau la Rabbanit ‘Hanna qui fabriqua de l’encre à partir de plantes. C’est grâce à cette encre qu’il rédigea ses écrits sur les marges des livres. À cause de ces mauvaises conditions, il dut condenser à l’extrême l’expression de ses pensées profondes.

Cinq de ses livres ont été aujourd’hui imprimés, à partir de ces manuscrits :
• Likoutei Lévi Its’hak – notes sur le Tanya
• Likoutei Lévi Its’hak – notes sur le Zohar, Béréchit
• Likoutei Lévi Its’hak – notes sur le Zohar, Chemot-Devarim
• Likoutei Lévi Its’hak – ‘Hidouchim et Biourim sur le Chass, Michna et Guemara
• Likoutei Lévi Its’hak – sur les versets du Tanakh et les paroles de nos Sages ainsi que plusieurs lettres qu’il écrivit.

L’arrestation

Un mois avant son arrestation on pouvait distinguer la présence de deux hommes qui rôdaient de manière inhabituelle autour de sa maison.
Dans la nuit du 9 Nissan 5699 (1939), à trois heures du matin on frappa à la porte. La Rabbanit ‘Hanna alla ouvrir. Quatre hommes du N.K.V.D. se trouvaient face à elle. « Où est le Rav Schneerson ? », demandèrent-ils. Avant même qu’elle eût le temps de prévenir son mari, ils firent irruption dans la maison et bloquèrent toutes les portes. Le plus grand d’entre eux appela Rabbi Lévi Its’hak et lui montra l’ordre d’arrestation. Ils se mirent de suite au travail. Ils fouillèrent tous les livres et manuscrits, n’en laissèrent pas un seul échapper et en prirent une grande partie. Ils fouillèrent ainsi toutes les pièces. Lorsqu’ils eurent terminé, le même homme dit au rav : « Rabbi, habille-toi et viens avec nous. » Il comprit qu’il ne passerait pas la fête de Pessa’h chez lui et voulut prendre des matsot, mais ils ne l’y autorisèrent pas.
Le motif de son arrestation était le suivant : « Sous couvert de son activité religieuse, Schneerson fait partie d’un organisme antisoviétique actif qui est le produit de diffamation et de défaitisme. Grâce au lien qu’il entretient avec son fils, agent important des informations de Pologne, et avec un proche parent, le grand rabbin de Riga, Schneerson enrôle des hommes pour le mouvement clandestin antisoviétique et est soupçonné d’espionnage. Il exploite son discours hebdomadaire à la synagogue pour parler contre le gouvernement soviétique et contre ses dirigeants. Il organise une grande aide matérielle pour les ennemis du régime. »

À la Rabbanit ‘Hanna qui demanda où on emmenait son mari, ils répondirent qu’elle devait se présenter le lendemain aux bureaux du N.K.V.D. où on l’en informerait. Le lendemain, elle s’aperçut rapidement que tout cela n’était que mensonge. À toutes ses questions, une seule réponse lui était donnée : « Il n’est pas là, impossible de lui transmettre quelque nourriture. » En regardant l’acte d’arrestation, elle aperçut la signature de celui qui devait s’occuper de son dossier. Elle le contacta et lui demanda des nouvelles de son mari. Chaque jour, il lui transmettait son bonjour. Ce n’est que cinq mois plus tard qu’elle apprit que dès le lendemain de son arrestation, il avait été transféré dans une autre prison à Kiev.
La description d’un autre prisonnier, le rav Aharon Yaakov Diskin, détenu en même temps que Rabbi Lévi Its’hak, est très significative :
« Qui pouvait supporter toutes ces épreuves ? Qu’une minorité ! Parmi eux le Rav Lévi Its’hak Schneerson. Il n’avoua rien ! Il ne signa pas l’acte de son inculpation ! Avec une force extraordinaire, il subit les souffrances et ne se courba point. Il accepta avec amour le décret des cieux et n’avoua rien à ses bourreaux. On le transféra à Kiev : peut-être les « spécialistes » qui s’y trouvaient réussiraient-ils à extorquer sa signature. Ils utiliseraient tous les moyens. Ils avaient devant eux l’une des plus importantes personnalités recherchées : un rav célèbre, parent par alliance du Rabbi Yossef Its’hak Schneerson qu’ils haïssaient et dont ils regrettaient amèrement la sortie de Russie. Ils avaient une proie pour se venger et faire porter l’accusation de complot et espionnage contre-révolutionnaire contre lui et son parent le Rabbi Yossef Its’hak. Par son intermédiaire ils pourraient capturer tous les autres rabbins. Mais même les « spécialistes » échouèrent et durent abandonner. Le rav Schneerson n’avoua rien, ne signa pas, et ne reconnut pas les inculpations portées contre lui, malgré la colère qu’ils déversaient sur lui. Grâce à cela, beaucoup de rabbins et de Juifs religieux furent sauvés. Dans cette redoutable coulée de sang qui prit au piège des millions de personnes, le rav Schneerson fut le seul sur lequel le feu de l’enfer n’eut pas d’emprise. Ce fait était l’objet de longues discussions entre les prisonniers et tous s’émerveillaient devant la personnalité fabuleuse de cet homme. »
Le rédacteur de ce témoignage connut lui-même ces épreuves. Après deux ans d’emprisonnement dans ces conditions, il fut condamné à cinq ans de travaux forcés dans les montagnes et forêts du nord de l’Oural.
« En janvier 5700 (1940), je fus transporté dans un Etap (train dans lequel les prisonniers étaient transportés) vers la prison de ‘Harkov. Vers cette prison étaient transportés des milliers de prisonniers. À partir de là, de grands Etap desservaient les différents camps de travaux forcés. J’étais emprisonné dans la cellule n° 22, bondée de plus de quatre cents personnes serrées à terre […]. Je dormais à côté de deux ingénieurs qui parlaient avec émerveillement du Rav Schneerson. Ils racontèrent que lorsqu’ils se trouvaient dans sa prison, ils lui posaient des problèmes complexes en mathématique et en ingénierie qu’il résolvait en un instant. L’essentiel de leur émerveillement venait de sa force de caractère : il n’acceptait pas d’aller à l’interrogatoire à la sortie de Chabbat avant d’avoir reçu des allumettes pour la Havdala. Il fut une fois interpellé durant la prière silencieuse de la Amidah, mais n’interrompit pas sa prière, déclenchant la colère de ces bêtes à forme humaine. Ils n’osèrent pas le toucher. Il épanchait son cœur sans faire le moindre geste. Il finit sa prière et sortit avec eux, mais ne signa pas les accusations portées contre lui […].
Je sus que le Rav Schneerson se trouvait dans la cellule nº 6. J’ai demandé à être placé dans la même cellule que lui. On me répondit : « Je sais quelle est ton intention. Que tu succombes ici et n’aies pas la chance d’être transféré dans la cellule nº 6 où se trouve Schneerson ! » Quand je revins à ma place, l’ancien commissaire qui se trouvait à mes côtés me dit : »De quoi as-tu parlé avec ce Pharaon ? » Je lui répondis : « J’ai demandé à être muté dans la cellule nº 6. » Il s’exclama : « C’est là que se trouve le rav qui n’a pas signé. C’est bien qu’il y en ait au moins un qui ne se courbe pas devant ces bourreaux. Vraiment, c’est un grand homme, ce rabbin ! » »

Un professeur non-juif raconta à la Rabbanit ‘Hanna :
« Je n’oublierai jamais cet homme, ses connaissances extraordinaires et sa rare force de caractère ! Nous étions quatre dans la même cellule et nous trois avons pu tenir grâce aux encouragements du rav à ne pas perdre espoir en dépit des terribles souffrances que nous subissions. Avec force et sans relâche, il resta fidèle aux principes de sa religion. Le fait qui m’a le plus marqué fut qu’une fois, il fut ordonné à tous les prisonniers de raser leur barbe. Plusieurs prisonniers, parmi eux des juifs et des rabbins, tentèrent de s’y opposer, mais sans résultat. Quand arriva le tour du rav, il se tint comme un rocher et s’écria : « Moi, ma barbe, vous ne la toucherez jamais ! » Ses paroles, prononcées avec une si grande force, les effrayèrent et ils abandonnèrent. Il fut le seul qui eut le mérite de garder sa barbe, chose que beaucoup d’autres lui envièrent. »
Cinq mois plus tard, en Eloul 5699 (1939), il fut ramené à Dniepropetrovsk, et la Rabbanit ‘Hanna eut enfin la possibilité de lui transmettre de la nourriture. Quelque deux semaines après, une nouvelle fouille fut organisée dans sa maison le jour du Chabbat, en vue de trouver d’autres preuves pour aggraver ses « fautes ». Après cela, ils convoquèrent la Rabbanit ‘Hanna aux bureaux du N.K.V.D. pour un interrogatoire. On l’interrogea à propos des actions de son mari, des liens avec son fils… Malgré leurs menaces, ils n’obtinrent rien de ce qu’ils désiraient.
Ils durent admettre qu’ils ne parviendraient à rien avec Rabbi Lévi Its’hak. À chaque question au sujet d’une réunion dans la communauté, il semblait avoir complètement oublié le sujet sur lequel elle avait porté. Il ne mentionnait nommément que des personnes déjà disparues ou ayant déjà quitté les frontières du pays. L’interrogateur ne pouvait aucunement prouver le caractère antisoviétique des rassemblements religieux secrets de Moscou, Kiev, Leningrad… C’est ainsi qu’avec une extraordinaire intelligence, il parvenait à répondre à chacune de leurs questions.
Avant son retour à Dniepropetrovsk, il passa une visite médicale et le médecin décela alors un grand nombre de problèmes graves. Ils décidèrent alors d’adopter une autre tactique. Ils emprisonnèrent trois membres importants de la communauté en vue d’obtenir des révélations contre le rav. Ils n’obtinrent aucune révélation effective. Ils exigèrent alors qu’ils signent les inculpations contre le rav. Devant leur refus, ils les torturèrent abominablement pendant dix semaines, pour obtenir la signature souhaitée.

Le vérdict

Rabbi Lévi Its’hak, fut inculpé en même temps que les trois autres personnalités. Ils furent accusés « d’être membres d’un mouvement clandestin juif antisoviétique, actifs au cours de réunions secrètes organisées dans la maison de Schneerson, d’avoir collecté de l’argent parmi la population au profit des familles de prisonniers, d’avoir participé à la gestion de caisses non déclarées, d’avoir au cours de ces réunions lancé des propagandes antisoviétiques, d’avoir diffamé le gouvernement soviétique et d’avoir entretenu un lien avec des communautés à l’étranger par l’intermédiaire de leur chef : Schneerson. »

Le verdict prononcé contre lui le condamna à cinq ans d’exil dans la ville de Tchiali, au Kazakhstan, au fin fond de l’est de l’Asie en tant qu’« homme dangereux pour la société. »
Lorsqu’on transmit la nouvelle à la Rabbanit ‘Hanna, elle tenta de leur expliquer que son mari avait déjà soixante-dix ans (selon leurs papiers), mais en vain. On lui répondit que l’endroit où était envoyé son mari était convenable, qu’il conserverait sa citoyenneté, mais qu’il devait seulement changer de lieu de résidence.
On lui dit aussi qu’avant son départ, elle pourrait revoir son mari une dernière fois.

Cette rencontre à travers les barreaux (la première depuis son arrestation) fut un mélange de joie et de souffrance, la joie des retrouvailles et la souffrance de voir ce qu’il avait enduré. Elle ne s’imaginait pas qu’en une si courte période, son état de santé se serait détérioré au point qu’elle aurait du mal à le reconnaître. Cette rencontre, sous les yeux d’un surveillant, ne dura que quelques minutes. Avant leur séparation, Rabbi Lévi Its’hak lui demanda pardon. Il pensait que ses forces ne lui permettraient pas de tenir durant un si long voyage… Elle lui laissa un colis et ils se quittèrent.
Il fut transféré à ‘Harkov (où il revit une deuxième fois la Rabbanit ‘Hanna). Alors, le dur et épuisant voyage commença. Un mois de trajet, telle était la distance qui séparait ‘Harkov de Alma-Ata, capitale du Kazakhstan, à l’est de l’Asie. Comme Rabbi Lévi Its’hak le raconta lui-même, la chose la plus dure durant le voyage était le manque d’eau pour netilat yadaïm (les ablutions du matin). Pendant onze jours, les prisonniers furent privés d’eau. Même l’eau potable était rationnée et suffisait difficilement à étancher leur soif. Rabbi Lévi Its’hak, scrupuleux sur chaque détail de la loi juive, se servit de cette eau pour netilat yadaïm. Plus encore, il céda le peu de nourriture qu’il possédait au soldat qui la distribuait en échange d’un peu plus d’eau pour netilat yadaïm.

Ils arrivèrent à Alma-Ata le 15 Chevat 5700 (1940). Les prisonniers furent alors divisés en différents groupes. Un des ‘hassidim prisonniers raconte avoir vu Rabbi Lévi Its’hak suivi de soldats et de chiens féroces, tombant à terre en raison de sa grande faiblesse. Les soldats le frappèrent alors de terribles coups et lâchèrent sur lui leurs chiens qui le mordirent et déchirèrent ses vêtements jusqu’à ce qu’il fut obligé de se relever et d’avancer sans aucune force…

L’exil

La ville de Tchiali est pour beaucoup synonyme de peur et de frisson. Cette ville perdue à l’Est de l’Asie Centrale fut pendant longtemps inconnue et aurait pu le rester. Sa terre est un mélange de poussière et d’eau qui ne sèche jamais. Celui qui la piétine a du mal à en retirer le pied. Les moustiques envahissent l’air et accompagnent l’homme partout : dehors, chez lui, dans la cuisine, les placards, les ustensiles, la nourriture… Les maisons, faites de mortier et de ciment, sont un mauvais abri contre la chaleur et la grêle, la neige et le vent qui siffle tout le long de la journée. Le soleil brûlant de l’été dégage une odeur fétide, source d’épidémies mortelles.

C’est là que fut exilé Rabbi Lévi Its’hak, le 19 Chevat 5700 (1950). Il fut accueilli par les ténèbres, l’obscurité la plus totale et la tempête. Aucun signe de vie n’apparaissait à l’extérieur. Il était seul avec un ami juif, partenaire dans la souffrance, qui avait été exilé en même temps que lui. Rester trop longtemps à l’extérieur constituait un terrible danger. Ils apprirent ensuite qu’un Juif résidait dans les environs. Ils rassemblèrent leurs dernières forces pour atteindre sa maison. Mais quelle fut leur surprise de voir celui-ci leur refuser l’hospitalité ! Ils virent finalement de loin une lumière et trouvèrent un logis pour passer la nuit. Le propriétaire ne leur donna pour dormir qu’un coin de la cuisine. Il étendit un drap sur le sol humide, mais le froid pénétrait leurs os et ils ne purent fermer l’œil de la nuit. Quand les propriétaires firent au matin connaissance avec leurs hôtes, ils décidèrent qu’ils ne pourraient pas accueillir deux personnes dans leur maison. Pour choisir celui qui pourrait rester, ils firent un tirage au sort qui désigna Rabbi Lévi Its’hak. Il prit la défense de son ami, mais ne put rien faire.

Ayant trouvé un refuge, il envoya immédiatement un télégramme à la Rabbanit ‘Hanna pour lui demander les choses les plus nécessaires : son talit, ses téfiline, des livres et quelque nourriture. Au bout de trois semaines lui parvint le premier colis qui comprenait son talit et ses téfiline que la Rabbanit lui avait envoyés au plus vite. Quelle ne fut pas sa joie de recevoir son talit et ses téfiline qu’il n’avait pas eu le mérite de voir depuis un an ! La Rabbanit ‘Hanna raconta plus tard qu’il eut ce jour-là un plaisir tel qu’il ne pouvait pas exprimer verbalement.
Après la fête de Pourim, la Rabbanit ‘Hanna prit la décision de rejoindre son mari. Elle se rendit à Moscou et, en dépit des difficultés, elle prit avec elle des matsot et du vin pour Pessa’h, des provisions devant suffire pour une certaine période et un livre de Tehilim. Elle entreprit à Moscou plusieurs démarches pour obtenir la libération de son mari, mais sans résultat.

Le voyage entre Moscou et Tchiali durait plus de cinq jours. Elle donna à l’un des responsables un cadeau important pour qu’il ne lui arrive rien de mal. À l’arrivée, son mari vint l’accueillir. Elle ne put presque pas regarder son visage, et ce fut avec grande difficulté qu’elle retint ses larmes.
À propos de la vie difficile qu’ils menaient dans cette ville perdue, la Rabbanit ‘Hanna écrit dans ses mémoires :
« Notre chambre était dans la demeure d’un Tartare. Pour atteindre la chambre, il fallait passer par une antichambre, humide et pleine de boue. Les nombreux moustiques obscurcissaient la lumière. De l’antichambre, il fallait passer par la salle à manger des propriétaires.
Pour boire un petit peu d’eau, il fallait attendre qu’elle se décante du fait de la présence de sable. D’une façon générale, il était difficile d’obtenir de l’eau. La nuit, nous éclairions la chambre avec un petit chandelier.
La chaleur d’été était insupportable. Au milieu de notre sommeil, des myriades de moustiques sifflaient et nous piquaient. Il n’y avait qu’une seule possibilité : boucher tous les trous et fentes de la chambre pour qu’ils ne parviennent pas à rentrer.
Si l’on revêtait un habit le soir, il était impossible de le reconnaître le lendemain. Ces bêtes les salissaient de points noirs. C’est ainsi que se déroulait la vie et nous n’avions d’autre choix que de nous habituer à ce mal et à vivre avec lui.
Arriva le mois de Nissan. Les problèmes quotidiens n’avaient alors plus d’importance. Le problème urgent était alors beaucoup plus difficile à résoudre : tout était « ‘hamets » : la maison, les ustensiles… et comment pourrions-nous nous procurer de la nourriture cachère pour Pessa’h ? Étant donné que les propriétaires étaient attachés à leur religion, nous avons tenté de les sensibiliser au sujet de la cacherout à Pessa’h. Nous pensions qu’ils nous comprendraient et nous viendraient en aide. Toutefois, comme ils étaient déjà en colère en raison de notre utilisation de l’eau pour d’autres besoins, ils ne réfléchirent pas longtemps et nous ordonnèrent de quitter immédiatement la maison.

La situation était à présent particulièrement difficile. Comment retrouver une demeure deux semaines avant Pessa’h ? Une des résidentes accepta, en échange d’un salaire mensuel de cinquante roubles, de nous donner une pièce avec une entrée séparée, et un sol en bois : une merveille ! Il y avait toutefois un désavantage important à cette proposition. Elle avait pour enfants de véritables voyous. Les gens du voisinage nous déconseillèrent de prendre cette chambre, car nous ne pourrions pas supporter les difficultés qu’ils nous feraient. Mais en l’absence d’autre solution, nous avons accepté.
La question de l’obtention de nouveaux ustensiles et de nourriture trouva sa solution. Je me suis rendue à une heure de trajet de Tchiali pour atteindre un endroit où un groupe de Juifs religieux de Kiev avaient été exilés. Ils résidaient ensemble. Parmi eux, il y avait un rav et un cho’het (abatteur rituel). Je suis restée deux jours dans cet endroit pour réussir à obtenir un grand ustensile neuf. J’ai aussi commandé de la viande et du poisson et je leur ai demandé de les apporter la veille de Pessa’h seulement […].

Le soir de Pessa’h, nous avions un invité à dîner à notre table. Nous nous sommes assis ensemble pour le seder. Derrière la fenêtre se tenaient les enfants qui se moquaient sans relâche de chacun de nos gestes et paroles.
Bien entendu, leurs moqueries ne nous ont pas touchés et le seder s’est poursuivi de façon conforme à la loi, la lecture de la Hagadah à voie haute et en chantant, ainsi que toutes les autres parties du seder. Quand nous nous souvenions de la situation dans laquelle s’était déroulée la fête de Pessa’h l’année précédente, derrière les barreaux, dans les murs de la prison, cela nous réjouit, et la joie de la fête était ressentie. De ce point de vue, il y avait de quoi se réjouir.

Le seder se prolongea tardivement dans la nuit. Il est difficile de qualifier de repas ce que nous avons mangé cette nuit. La viande et le poisson que le non-juif nous avait apporté, ce que j’avais commandé chez le cho’het, avaient complètement tourné durant le transport à notre maison… »
La ville de Tchiali est pour beaucoup synonyme de peur et de frisson. Cette ville perdue à l’Est de l’Asie Centrale fut pendant longtemps inconnue et aurait pu le rester. Sa terre est un mélange de poussière et d’eau qui ne sèche jamais. Celui qui la piétine a du mal à en retirer le pied. Les moustiques envahissent l’air et accompagnent l’homme partout : dehors, chez lui, dans la cuisine, les placards, les ustensiles, la nourriture… Les maisons, faites de mortier et de ciment, sont un mauvais abri contre la chaleur et la grêle, la neige et le vent qui siffle tout le long de la journée. Le soleil brûlant de l’été dégage une odeur fétide, source d’épidémies mortelles.

C’est là que fut exilé Rabbi Lévi Its’hak, le 19 Chevat 5700 (1950). Il fut accueilli par les ténèbres, l’obscurité la plus totale et la tempête. Aucun signe de vie n’apparaissait à l’extérieur. Il était seul avec un ami juif, partenaire dans la souffrance, qui avait été exilé en même temps que lui. Rester trop longtemps à l’extérieur constituait un terrible danger. Ils apprirent ensuite qu’un Juif résidait dans les environs. Ils rassemblèrent leurs dernières forces pour atteindre sa maison. Mais quelle fut leur surprise de voir celui-ci leur refuser l’hospitalité ! Ils virent finalement de loin une lumière et trouvèrent un logis pour passer la nuit. Le propriétaire ne leur donna pour dormir qu’un coin de la cuisine. Il étendit un drap sur le sol humide, mais le froid pénétrait leurs os et ils ne purent fermer l’œil de la nuit. Quand les propriétaires firent au matin connaissance avec leurs hôtes, ils décidèrent qu’ils ne pourraient pas accueillir deux personnes dans leur maison. Pour choisir celui qui pourrait rester, ils firent un tirage au sort qui désigna Rabbi Lévi Its’hak. Il prit la défense de son ami, mais ne put rien faire.
Ayant trouvé un refuge, il envoya immédiatement un télégramme à la Rabbanit ‘Hanna pour lui demander les choses les plus nécessaires : son talit, ses téfiline, des livres et quelque nourriture. Au bout de trois semaines lui parvint le premier colis qui comprenait son talit et ses téfiline que la Rabbanit lui avait envoyés au plus vite. Quelle ne fut pas sa joie de recevoir son talit et ses téfiline qu’il n’avait pas eu le mérite de voir depuis un an ! La Rabbanit ‘Hanna raconta plus tard qu’il eut ce jour-là un plaisir tel qu’il ne pouvait pas exprimer verbalement.
Après la fête de Pourim, la Rabbanit ‘Hanna prit la décision de rejoindre son mari. Elle se rendit à Moscou et, en dépit des difficultés, elle prit avec elle des matsot et du vin pour Pessa’h, des provisions devant suffire pour une certaine période et un livre de Tehilim. Elle entreprit à Moscou plusieurs démarches pour obtenir la libération de son mari, mais sans résultat.

Le voyage entre Moscou et Tchiali durait plus de cinq jours. Elle donna à l’un des responsables un cadeau important pour qu’il ne lui arrive rien de mal. À l’arrivée, son mari vint l’accueillir. Elle ne put presque pas regarder son visage, et ce fut avec grande difficulté qu’elle retint ses larmes.
À propos de la vie difficile qu’ils menaient dans cette ville perdue, la Rabbanit ‘Hanna écrit dans ses mémoires :
« Notre chambre était dans la demeure d’un Tartare. Pour atteindre la chambre, il fallait passer par une antichambre, humide et pleine de boue. Les nombreux moustiques obscurcissaient la lumière. De l’antichambre, il fallait passer par la salle à manger des propriétaires.
Pour boire un petit peu d’eau, il fallait attendre qu’elle se décante du fait de la présence de sable. D’une façon générale, il était difficile d’obtenir de l’eau. La nuit, nous éclairions la chambre avec un petit chandelier.

La chaleur d’été était insupportable. Au milieu de notre sommeil, des myriades de moustiques sifflaient et nous piquaient. Il n’y avait qu’une seule possibilité : boucher tous les trous et fentes de la chambre pour qu’ils ne parviennent pas à rentrer.
Si l’on revêtait un habit le soir, il était impossible de le reconnaître le lendemain. Ces bêtes les salissaient de points noirs. C’est ainsi que se déroulait la vie et nous n’avions d’autre choix que de nous habituer à ce mal et à vivre avec lui.
Arriva le mois de Nissan. Les problèmes quotidiens n’avaient alors plus d’importance. Le problème urgent était alors beaucoup plus difficile à résoudre : tout était « ‘hamets » : la maison, les ustensiles… et comment pourrions-nous nous procurer de la nourriture cachère pour Pessa’h ? Étant donné que les propriétaires étaient attachés à leur religion, nous avons tenté de les sensibiliser au sujet de la cacherout à Pessa’h. Nous pensions qu’ils nous comprendraient et nous viendraient en aide. Toutefois, comme ils étaient déjà en colère en raison de notre utilisation de l’eau pour d’autres besoins, ils ne réfléchirent pas longtemps et nous ordonnèrent de quitter immédiatement la maison.

Photographie de Rabbi Lévi Its’hak portant la mention manuscrite de son fils, le Rabbi, des initiales de « Mon père, de mémoire bénie ? » Le point d’interrogation semble signifier l’étonnement du Rabbi devant les marques de souffrances portées par le visage de son père
La situation était à présent particulièrement difficile. Comment retrouver une demeure deux semaines avant Pessa’h ? Une des résidentes accepta, en échange d’un salaire mensuel de cinquante roubles, de nous donner une pièce avec une entrée séparée, et un sol en bois : une merveille ! Il y avait toutefois un désavantage important à cette proposition. Elle avait pour enfants de véritables voyous. Les gens du voisinage nous déconseillèrent de prendre cette chambre, car nous ne pourrions pas supporter les difficultés qu’ils nous feraient. Mais en l’absence d’autre solution, nous avons accepté.
La question de l’obtention de nouveaux ustensiles et de nourriture trouva sa solution. Je me suis rendue à une heure de trajet de Tchiali pour atteindre un endroit où un groupe de Juifs religieux de Kiev avaient été exilés. Ils résidaient ensemble. Parmi eux, il y avait un rav et un cho’het (abatteur rituel). Je suis restée deux jours dans cet endroit pour réussir à obtenir un grand ustensile neuf. J’ai aussi commandé de la viande et du poisson et je leur ai demandé de les apporter la veille de Pessa’h seulement […].

Le soir de Pessa’h, nous avions un invité à dîner à notre table. Nous nous sommes assis ensemble pour le seder. Derrière la fenêtre se tenaient les enfants qui se moquaient sans relâche de chacun de nos gestes et paroles.
Bien entendu, leurs moqueries ne nous ont pas touchés et le seder s’est poursuivi de façon conforme à la loi, la lecture de la Hagadah à voie haute et en chantant, ainsi que toutes les autres parties du seder. Quand nous nous souvenions de la situation dans laquelle s’était déroulée la fête de Pessa’h l’année précédente, derrière les barreaux, dans les murs de la prison, cela nous réjouit, et la joie de la fête était ressentie. De ce point de vue, il y avait de quoi se réjouir.

Le seder se prolongea tardivement dans la nuit. Il est difficile de qualifier de repas ce que nous avons mangé cette nuit. La viande et le poisson que le non-juif nous avait apporté, ce que j’avais commandé chez le cho’het, avaient complètement tourné durant le transport à notre maison… »
Lettre de protestation de Rabbi Lévi Its’hak adressée au ministre des affaires intérieures dans laquelle il dénonce l’injustice de sa condamnation

Après un certain temps, la Rabbanit ‘Hanna décida de rentrer chez elle. Elle avait plusieurs raisons. D’une part, elle pourrait envoyer régulièrement des colis de nourriture, en dépit du danger d’envoyer un colis à un homme ayant commis autant de « fautes ». D’autre part, elle ne voulait pas laisser trop longtemps sa maison inhabitée. Enfin, cela permettait de diminuer les soucis pour trouver de la nourriture à son mari.
Elle se rendit en premier lieu dans la ville la plus proche, Kzyl-Orda, aux bureaux du N.K.V.D., pour demander à faire transférer son mari dans cette ville en raison de son mauvais état de santé (il était déjà atteint de la tumeur dont il devait plus tard succomber). Ses démarches durèrent douze jours, mais sans résultat.

Avant son départ, elle avait demandé à un Juif de résider avec son mari, afin qu’il ne reste pas seul. De temps à autre, il y avait des Juifs qui étaient parvenus à s’enfuir avant l’arrivée des nazis dans leur ville. Certains d’entre eux avaient connu le rav et venaient lui demander des conseils, profiter de son enseignement. Quand les Juifs de Kzyl-Orda apprirent que le rav se trouvait à Tchiali, plusieurs d’entre eux lui rendirent fréquemment visite, ce qui l’aida beaucoup. Il passait avec eux de longues nuits à prononcer des paroles de Torah et de ‘Hassidout.
Le 1er Eloul 5701 (23 août 1940), Rabbi Lévi Its’hak envoya une lettre au dirigeant du N.K.V.D. dans laquelle il dénonça la façon dont son interrogatoire s’était déroulé et demanda à ce que l’on juge à nouveau son dossier. Sa demande fut refusée.

La délivrance

La libération de Rabbi Lévi Its’hak fut essentiellement organisée par les frères Hirshel et Mendel Rabinovitch. Dès que ce dernier fut libéré de son service militaire, il décida de tout tenter pour obtenir la libération de Rabbi Lévi Its’hak de son exil. Ces démarches devenaient particulièrement urgentes en raison de la rumeur selon laquelle aucun prisonnier ne serait libéré avant la fin de la guerre. Ce renseignement était plus qu’une rumeur, il provenait d’une source sûre, une femme juive exerçant la profession de juge pour le gouvernement. Il fallait donc agir au plus vite, avant que cette loi ne soit décidée, faute de quoi il serait impossible ensuite de le libérer.

Les difficultés concernant sa libération étaient nombreuses. Il fallait :
• Obtenir tout d’abord un certificat de libération, stipulant que le prisonnier avait purgé intégralement sa peine.
• Récolter une immense somme d’argent. En effet, sans corruption, il était impossible d’agir et d’obtenir les signatures nécessaires.
• Apporter les certificats à Rabbi Lévi Its’hak. Cette démarche n’était pas des plus simples, les hommes du N.K.V.D organisant parfois une fouille des voyageurs. S’ils trouvaient un étranger avec un certificat comme celui-ci, ce dernier courait un grand danger. La difficulté était donc double : il fallait trouver quelqu’un capable de garder le secret, mais aussi prêt à prendre un risque si important.
• Obtenir une permission d’entrée dans une autre ville. Lorsqu’un prisonnier recevait la permission de partir dans une autre ville, il devait avoir une déclaration écrite de sa fille qu’elle le recevrait, lui et sa femme et les nourrirait afin qu’ils ne soient pas à la charge des autorités. Rabbi Lévi Its’hak quant à lui n’avait pas de fille et il était très dangereux de faire de faux papiers.
• Obtenir une permission de passage d’une ville à une autre.

Après la collecte de grosses sommes d’argent et les nombreuses demandes auprès des représentants du N.K.V.D., le rav Hirshel Rabinovitch réussit à obtenir le certificat de permission de sortie, signée des autorités.
Quant à la capacité d’accueillir Rabbi Lévi Its’hak, la femme de rav Hirshel signa un engagement à ce sujet.
Restait le problème de lui remettre les documents. Ce fut Bat-Chéva, la fille du rav Eliahou ‘Haïm Althaus, ami proche de Rabbi Lévi Its’hak, qui accomplit cette tâche difficile. Elle arriva à Tchiali avant la fête de Pessa’h. À la demande de Rabbi Lévi Its’hak qui craignait ne pas avoir de Matsa Chmoura s’ils s’enfuyaient immédiatement, ils restèrent pour les premiers jours de la fête. Ce fut pendant ‘Hol Hamoëd que Rabbi Lévi Its’hak, la Rabbanit Hanna, et Bat-Chéva quittèrent Tchiali pour ne plus jamais y revenir.
Le jeudi 27 Nissan 5704 (20 avril 1944), Rabbi Lévi Its’hak arriva à Alma-Ata. La Rabbanit ‘Hanna raconte :
« On lui réserva un accueil très chaleureux et, immédiatement, commencèrent à affluer des ‘hassidim, des amis, et en tout premier les frères Rabinovitch. Il serait difficile de décrire la joie profonde qui régnait alors du fait qu’ils avaient le mérite d’accueillir dans leur ville une personnalité si importante après une telle attente. Beaucoup avaient les larmes aux yeux… »
Peu de temps après, on lui loua une maison non loin de la ville. Avant Chavouot, on lui trouva une demeure fixe. À cet endroit se trouvaient des centaines de Juifs, pour la plupart ayant fui la guerre. Ainsi, tous les jours se déroulaient les prières de Cha’harit, Min’ha et Arvit (les trois prières quotidiennes).

En très peu de temps, sa maison se transforma en un véritable refuge pour tous : les jeunes, les personnes plus âgées, les femmes et les enfants. Elle était ouverte à tous, du matin jusqu’aux heures tardives de la nuit. À ce moment, il sortait avec ses invités dans la cour de la maison. Les jeunes s’asseyaient sur l’herbe et buvaient avec soif ses paroles. Ils étaient chez lui réconfortés et avaient le sentiment d’avoir été comblés spirituellement.
Son installation à Alma-Ata n’était pas officielle, à cause des autorités. Néanmoins, dès son arrivée, il commença à s’occuper de la communauté, ainsi que de tous les réfugiés de la guerre.
Le nombre de visiteurs s’accroissait chaque jour. Certains venaient d’Ukraine, de Moscou ou de Leningrad.
Différents groupes, délégués par leur ville, venaient fréquemment, les uns pour lui proposer d’être rav de leur communauté, les autres pour l’inviter à venir les honorer de sa présence et prononcer un discours.
Les gens qui l’entouraient faisaient tout leur possible pour lui venir en aide. La Rabbanit ‘Hanna écrit à ce propos : « En voyant tout cela, j’ai pris conscience que jusqu’à présent, je ne savais pas du tout combien grande était l’importance du rav aux yeux des gens. »
Son influence était très importante pour tous. Il y avait de jeunes Juifs de Leningrad qui n’avaient connu, depuis leur naissance, que l’éducation communiste des écoles du gouvernement. Ils rendaient visite en cachette à Rabbi Lévi Its’hak. Ils changèrent très rapidement leur mode de vie. À la maison, ils ne voulaient plus rien manger et exigèrent de leur mère de leur fournir de la nourriture cachère. Une telle conduite engendrait pour eux d’énormes difficultés. D’une part, l’opposition radicale de leurs parents, mais aussi la difficulté de se procurer de la nourriture cachère dans un territoire antireligieux…

Ainsi la maison du rav se transforma-t-elle en un véritable centre spirituel, un luminaire vers lequel tous se tournaient et cherchaient toutes les occasions pour venir s’y réfugier. En particulier, durant les fêtes, beaucoup se sentaient un devoir de se trouver aux côtés de Rabbi Lévi Its’hak et de se renforcer dans l’atmosphère oppressante qui régnait sur chacun.
Dans son quartier habitait un Juif, un intellectuel, qui se vantait de ne pas connaître à l’âge de cinquante-deux ans une seule lettre d’hébreu, et se moquait de ceux qui respectaient Rabbi Lévi Its’hak. Il rendit toutefois visite au rav quelques fois et finit par limiter son temps de travail pour pouvoir discuter avec lui.

À la fête de Chavouot, Rabbi Lévi Its’hak prononça un discours devant les fidèles de la synagogue et, d’une voix enflammée, il leur fit part de l’importance de raffermir leur foi, leur observance de la Torah et des Mitsvot. Il les encouragea à ne prêter aucune attention à ceux qui essaient d’y faire entrave. L’assemblée resta muette d’entendre un tel discours d’un rabbin dans la Russie soviétique. Ce ne fut qu’à la conclusion de ses paroles qu’ils reprirent enfin conscience de leur véritable situation, et la peur et la crainte les gagnèrent tous, car ils savaient qu’à chaque pas se trouvait un dénonciateur, y compris dans un lieu saint comme celui-ci. Ce dernier irait immédiatement transmettre le contenu de ces paroles aux autorités… Ce fut effectivement ce qui arriva.
Quelques jours après, les représentants des autorités rendirent visite ou convoquèrent quelques membres de la synagogue pour un interrogatoire. Dans la maison de Rabbi Lévi Its’hak, ils firent irruption de façon inattendue. À plusieurs reprises, ils se rendirent chez lui et le fait de le voir cloué au lit ne les empêcha pas de revenir. Ces « visites » laissèrent un sentiment de crainte et de peur dans la maison de Rabbi Lévi Its’hak.
Toutefois, en dépit de cette crainte incessante, après cinq ans d’exil et de souffrances, il continua à accomplir le travail qui lui incombait sans aucune peur. La phrase perçante au sujet de la nécessité de rester ferme dans l’observance de la Torah et des Mitsvot fut prononcée avec la même ferveur et intensité qu’avant son arrestation.

Pour ce qui concernait le Judaïsme, il n’y avait aucune différence à ses yeux entre l’époque qui avait précédé son emprisonnement et le moment présent. En cela, il fut une personnalité unique. Dans la plupart des cas, un homme ayant été exilé et qui avait eut la chance de rentrer chez lui était brisé, corps et âme. Sa bouche restait muette et aucun son ne pouvait en sortir. Après tout ce qu’il avait enduré, il n’osait même plus penser contre le gouvernement. Rabbi Lévi Its’hak, lui, dès son retour d’exil, ne cessa jamais son activité pour renforcer la Torah et les Mitsvot, en cachette ou même ouvertement, malgré la surveillance des mécréants.
Depuis le début de sa fonction rabbinique, il fut tel un rocher et continua à se comporter ainsi dans toutes ses pensées et actions.
Ses paroles sortaient du cœur et touchaient tout son entourage. Il y avait de nombreux Juifs réfugiés de la guerre, et certains étaient étrangers, voire opposants à la ‘Hassidout. Mais tous se rendaient chez Rabbi Lévi Its’hak et buvaient ses paroles avec la même soif.

La fin de sa vie

En dépit de sa force de caractère extraordinaire, sa santé allait en empirant. La tumeur, qu’il portait depuis longtemps déjà, se développait pour atteindre tout son organisme et ses souffrances s’accroissaient de jour en jour.
Un des derniers Chabbat de sa vie, une vingtaine de personnes se rassemblèrent autour de lui pour entendre des paroles de Torah. Ses souffrances étaient telles qu’il ne pouvait revêtir aucun habit sur son corps. Il portait uniquement son habit extérieur, leur demanda de pardonner sa présentation et, dans sa grande modestie, dit en souriant : « On a ce que l’on mérite. » Durant plusieurs heures, des paroles de Torah coulèrent de sa bouche comme auparavant. Son visage avait changé, mais les auditeurs n’entendaient pas une voix brisée par la souffrance. Ces paroles de Torah lui donnaient une force unique qu’il perdrait en s’interrompant.

Il était suivi par un médecin qui lui rendait visite fréquemment et s’occupait de lui. Il y avait aussi deux autres médecins célèbres. Mais, ne voyant aucune amélioration de sa situation, ils décidèrent de faire venir un célèbre professeur de Leningrad.
Celui-ci établit immédiatement le diagnostic et indiqua même la localisation exacte de la tumeur. L’expression de son visage laissait deviner quelle était la véritable situation de Rabbi Lévi Its’hak. Il raconta au médecin tout ce qu’il avait subi ces dernières années. Quand le professeur transmit un rapport complet sur la situation du malade, il affirma que ce fut la première fois, de toute son expérience, qu’il rencontrait une telle personnalité.
Durant cette période difficile, ses talmidim, ses disciples, firent tout pour l’aider.

Les derniers jours, il était très faible. « Vois-tu, dit-il à un ami, il ne me reste que la peau et les os. Je ne ressens plus du tout le goût de la nourriture… »
À propos du dernier jour de sa vie, un des ‘hassidim qui était présents raconte :

« La nuit du mardi soir, ses lèvres murmuraient sans cesse, mais sans laisser entendre aucune voix. Soudain, il se réveilla, ouvrit les yeux et dit : « Il faut se préparer à passer dans un autre monde. » C’était ses dernières paroles pour la journée et ses lèvres murmuraient seulement le reste du temps. Le lendemain, le 20 Av 5704 (1944), son état de santé se détériora gravement. Dans la matinée, ses lèvres murmuraient sans interruption, ses douleurs étaient insupportables et plusieurs fois, il fit signe de le changer de position. Rabbi Hirshel Rabinovitch, qui se tenait près du lit, tendit l’oreille pour entendre ce que ses lèvres murmuraient et entendit quelques mots prononcés en soupirant : « Tes pas (talons) échappèrent au regard… talons du Machia’h ».rabbi levi itshak 3
Dans la soirée, il fut pris d’un violent malaise. Le médecin prescrivit des médicaments qu’il eut à peine le temps d’absorber.
Ceux qui l’entouraient savaient que le plus grave allait se produire dans les heures qui suivraient. Ils récitèrent les versets du Chema ainsi que les autres prières appropriées au moment où l’âme doit se séparer du corps. »
Dans l’heure qui suivit, l’âme de ce tsadik, ce juste, quitta son corps pur pour rejoindre sa source divine. Il fut enterré au cimetière juif d’Alma-Ata.
Le Rabbi dira plus tard à son propos qu’il n’avait pas seulement risqué sa vie pour le Judaïsme, il en avait fait don effectivement.

Lorsque le Rabbi envoya une Haggadah de Pessa’h à ‘Baba Meir’ zatsal

Lorsque le Rabbi envoya une Haggadah de Pessa’h à ‘Baba Meir’ zatsal

Il y a 41 ans aujourd’hui – le 17 Nissan 5743 – est monté au ciel le Tsadik et Kabbaliste connu sous le nom de « Baba Meir », fils du Tsadik et Kabbaliste Baba Sali. À l’occasion de son hilloulah, voici un aperçu du lien unique entre Baba Meir, le Rabbi, et la famille Abuhatzeira en général, y compris de nouvelles informations récemment révélées. Présenté par l’écrivain ‘Habad, le Rav Shneor Zalman Berger.

 

Par Shneor Zalman Berger

Le lien entre les émissaires du Rabbi et la famille Baba Sali et Baba Meir a commencé à l’été 5710, lorsque l’émissaire à Meknès, Rav Michael Lipsker, a reçu une demande de se rendre à Midelt pour aider à établir des institutions éducatives. À Midelt, il reçut un accueil chaleureux et spécial du Rabbin de la ville – le Baba Meir – Rabbi Meir Abuhatzeira, fils du Baba Sali, et ils commencèrent immédiatement à travailler pour établir les institutions ‘Habad dans la ville.

Dans les années qui suivirent, Rav Lipsker, l’émissaire à Meknès, et Rav Shlomo Matusof, l’émissaire à Casablanca et directeur des institutions ‘Habad au Maroc, se rendirent régulièrement à Midelt et firent tout pour développer les institutions en étroite collaboration avec Baba Meir.

Un an passa, et en Nissan 5711, Rav Shlomo Matusof arriva au village d’Erfoud, où il établit des institutions ‘Habad avec le Baba Sali – l’Admour Rabbi Israël Abuhatzeira, le rabbin du village d’Erfoud et le père de Baba Meir. Quelques mois plus tard, Baba Sali monta en Terre Sainte et Baba Meir fut nommé à sa place rabbin d’Erfoud. Plus tard, Baba Sali retourna au Maroc et résida alternativement à Erfoud et en France.

La tradition d’amitié entre Baba Sali et Rav Shlomo Matusof s’est poursuivie avec Baba Meir, et l’émissaire a renforcé le lien avec celui qui l’avait envoyé. Bien sûr, les enfants de Baba Meir ont étudié dans les institutions ‘Habad dirigées par leur père, et leurs noms sont mentionnés dans les listes d’élèves des archives ‘Habad au Maroc.

Le premier contact de Baba Meir avec le Rabbi a commencé lorsqu’il vivait encore à Midelt. Comme récemment révélé dans le livre « Il illumina la face de l’Est », avant même que le Rabbi n’assume la direction, Baba Meir écrivit au Rabbi une lettre dans laquelle il s’adressait au Rabbi comme « l’Admour ».

À la fin de l’été 5711, lorsque Baba Meir fut nommé rabbin d’Erfoud, il reçut une lettre spéciale du Rabbi expliquant l’essence du rôle de « Mara DeAtra » et lui souhaitant aussi un bon mazal tov pour la naissance de son fils « David Haï », qui n’est autre que Rabbi David Abuhatzeira Shlita de Nahariya. Depuis lors, le Rabbi a commencé à lui envoyer des lettres sur les institutions au Maroc, sur des questions kabbalistiques, sur les livres des ancêtres de la famille Abuhatzeira et sur d’autres sujets importants liés au judaïsme marocain. À la demande du Rabbi, il envoya le livre « Ma’hsof Halavan » écrit par son grand-père Rabbi Yaakov Abuhatzeira, et le Rabbi le remercia et expliqua également ce qu’est le « Ma’hsof Halavan » selon la Kabbale.

Durant ces années, lors des visites de Rav Shlomo Matusof à Erfoud, il séjournait chez la famille Abuhatzeira. Rav Shlomo Matusof et Baba Meir passaient les nuits à discuter de paroles de Torah et de ‘Hassidout. Parfois, Baba Sali, Baba Meir et Rav Shlomo Matusof s’asseyaient ensemble et méditaient sur la Torah et la ‘Hassidout.

La gestion des institutions ‘Habad à Erfoud était effectuée par Baba Meir et Rav Shlomo Matusof, le tout dans une coordination merveilleuse. Malgré la distance et les difficultés de transport, Rav Shlomo Matusof se rendait parfois à Erfoud et rencontrait Baba Meir. Lors de ces rencontres, des questions importantes étaient soulevées, comme le contenu des études et le budget des institutions à Erfoud et dans les villages environnants.

Rav Shlomo Matusof, selon les instructions du Rabbi, s’occupait du budget des institutions ‘Habad au Maroc, par le biais de l’organisation Joint et des dons qu’il collectait, et envoyait des sommes d’argent considérables à Baba Meir, qui les distribuait en salaires et les investissait dans le développement des institutions ‘Habad à Erfoud et ailleurs. Un tournant dans le développement des institutions fut la nomination de Rav Maklouf Crispin comme directeur du Talmud Torah.


Rav Shlomo Matusof

 

Rav Maklouf Crispin était alors un étudiant de Yéchiva né en France d’origine marocaine. Il étudiait dans une Yéchiva lituanienne en France, et se retrouva par divine providence au mariage de Rav Shlomo Matusof qui eut lieu en France avant son départ pour le Maroc. Au mariage, il rencontra le ‘hassid bien connu Rav Peretz Mochkin qui lui suggéra de venir à la Yéchiva « Tomchei Temimim » à Brunoy, et il passa ainsi à l’étude dans une Yéchiva ‘Habad. Un certain temps après, le Rabbi lui demanda de se rendre au Maroc en mission, et c’est ce qui se passa.

Il travailla d’abord à la Yéchiva Ohalei Yossef Yitzhak à Casablanca dirigée par Rav Shlomo Matusof, puis au mois de Sivan 5713, il fut envoyé à Erfoud pour diriger effectivement le Talmud Torah. Au fil du temps, il fut nommé directeur des institutions Ohalei Yossef Yitzhak Loubavitch dans la province de Tafilalet en général et à Erfoud en particulier. Tout son travail était effectué sous la responsabilité de Baba Meir et de l’émissaire Rav Shlomo Matusof, et tout ce qui se passait était régulièrement rapporté au Rabbi, dont les instructions et réponses étaient reçues.

À Erfoud, la direction des institutions et la vie personnelle s’entremêlaient. Comme mentionné, Rav Crispin gérait les institutions sous la responsabilité du Mara DeAtra Rabbi Meir Abuhatzeira, où étudiaient également les enfants de la famille Abuhatzeira. À cette époque, il était question d’un shiddoukh entre Rav Crispin et la fille de Rabbi Meir Abuhatzeira. Celui qui encouragea, poussa et agit pour que le shiddoukh et le mariage se concrétisent, n’était autre que le Rabbi lui-même, y compris par l’intermédiaire de son émissaire Rav Shlomo Matusof.

Au mois de Nissan 5715, Rav Shlomo Matusof était auprès du Rabbi à New York et reçut des instructions merveilleuses et uniques pour Rav Crispin, qu’il lui écrivit dans une lettre :
« En ce qui te concerne en particulier, le Rabbi Shlita a dit que maintenant que le Saint béni soit-Il t’a fait réussir et que tu es déjà lié avec le Rav Mara DeAtra Shlita [Baba Meir], il y a au contraire de la place pour que vous alliez à Erfoud pendant la fête [de Pessa’h] leur rendre visite pendant la fête comme il est d’usage dans le monde dans de telles affaires. Et ainsi vous pourrez vous-mêmes pencher sur la question susmentionnée pour y arranger tout le possible. Voilà les paroles du Rabbi Shlita ».

 

« Le Rav Crispin reçoit le livre « Chabad au Maroc » du Rav Reuven Matusof, fils de l’émissaire au Maroc, le Rav Shlomo Matusof. »

 

Le Rabbi envoya avec Rav Shlomo Matusof une Haggadah de Pessa’h à Rabbi Meir Abuhatzeira, et dès son arrivée au Maroc, il l’envoya à Erfoud.

En ces jours-là, le shiddoukh de Rav Crispin se concrétisa, et Rav Shlomo Matusof écrivit à Rabbi Meir Abuhatzeira au sujet de la Haggadah et du shiddoukh :
« Maintenant je peux transmettre à votre honorable sainteté les salutations du Rabbi Shlita, dont vous savez sûrement que j’ai visité là-bas et ai eu le mérite de trouver refuge à l’ombre du Saint pendant la fête de Pessa’h. Et je vous ai déjà envoyé la Haggadah de Pessa’h avec le commentaire du Rabbi Shlita – que j’ai apportée de là-bas. Et ils vous ont certainement aussi transmis ma demande d’écrire directement au Rabbi Shlita concernant la réception de celle-ci [la Haggadah].
Mon cœur se réjouit de la bonne nouvelle que votre honorable sainteté s’apprête à lier un lien éternel avec le charmant et gracieux, remarquable et extraordinaire jeune homme M. Maklouf Crispin, pour votre fille louée. Et voilà que sans le savoir et sans y penser à l’avance, nous sommes devenus des intermédiaires [entre le Rabbi et Rabbi Meir Abuhatzeira] pour dire la fin dès le commencement et obtenir la bonne volonté de Dieu pour vous préparer celui qui vous convient, et ce qui leur a été décrété etc. Et pour cela nous remercierons Dieu car s’est réalisé en nous le principe qu’une mitzvah en entraîne une autre […] »

Le mariage de la fille de Baba Meir avec Rav Crispin eut lieu en grande pompe à Erfoud au mois d’Elloul 5716, avec la participation de nombreux membres de la communauté et étudiants de la Yéchiva. Après le mariage, Rav Crispin s’installa à Erfoud et continua à diriger les institutions avec grand succès pendant de nombreuses années, sous la direction de son beau-père et de Rav Shlomo Matusof et avec les encouragements du Rabbi. Dans les années suivantes, il partit diriger les institutions ‘Habad de la ville de Marrakech, et lorsqu’il monta en Terre Sainte, il fut nommé secrétaire aux bureaux du directeur des yeshivot Tomchei Temimim à Lod, Rav Ephraim Wolf. Plus tard, il fut nommé rabbin de Kiryat Bialik.

Rabbi Meir Abuhatzeira, le Baba Meir, quitta ce monde pendant ‘Hol Hamoed Pessa’h le 17 Nissan 5743 et le Rabbi envoya une lettre de condoléances à son père Baba Sali (voir la photo de la lettre).

Les archives ‘Habad au Maroc contiennent de nombreux documents sur le lien entre le Rabbi et Baba Meir, et de nombreux documents sur la gestion des institutions ‘Habad à Erfoud par trois générations de la famille des Tsadikim Abuhatzeira – Baba Sali, Baba Meir zatsal et le Rav Aminadav Maklouf Crispin shlita. Un résumé des documents a été publié dans le livre « L’histoire de ‘Habad au Maroc », qui a été personnellement remis à ses fils Rabbi David Abuhatzeira, Rabbi Raphaël Abuhatzeira, Rabbi Yekoutiel Abuhatzeira, à ses gendres Rav Crispin et Rav ‘Haïm Pinto rabbin des villes d’Ashdod et de Kiryat Malakhi, et aussi à son petit-fils Rav Yoshiyahou Pinto. Et les membres de la famille ont ajouté encore et encore sur le lien unique du grand-père Baba Meir avec le Rabbi et les émissaires du Rabbi au Maroc.

Le fils, Rabbi David Abuhatzeira de Nahariya – fils de Baba Meir – a parlé longuement du lien des émissaires au Maroc, Rav Michael Lipsker et Rav Shlomo Matusof, avec son père Baba Meir, et a dit du Rabbi: « Toute l’influence de la génération vient à travers le Tsadik, le Tsadik fondation du monde. Chaque génération a un Tsadik à travers lequel tout vient, dans le matériel, le spirituel, le conseil, la sagesse ».

Le fils, l’Admour Rabbi Raphaël Abuhatzeira, qui est monté du Maroc dans son enfance, a raconté : « J’ai beaucoup entendu de mon père – Baba Meir – sur les lettres qu’il recevait du Rabbi de Loubavitch, et le lien amical spécial qu’il avait avec les émissaires du Rabbi au Maroc. Mon père – Baba Meir et mon grand-père – Baba Sali, avaient un lien fort avec le Rabbi et ses émissaires ».

Celui qui souhaite approfondir ses connaissances sur le lien de la famille Baba Sali et Baba Meir avec le Rabbi et les émissaires du Rabbi au Maroc, et leur soutien aux campagnes du Rabbi et aux institutions ‘Habad, pourra consulter les livres L’histoire de ‘Habad au Maroc,

 

 

Kiddouch : Quelle quantité d’alcool le vin doit-il contenir pour être considéré comme du vin ?

Kiddouch : Quelle quantité d’alcool le vin doit-il contenir pour être considéré comme du vin ?

L’une des raisons pour lesquelles le vin alcoolisé est privilégié est sa capacité à apporter de la joie, une qualité que les Sages attribuent spécifiquement au vin, contrairement au jus de raisin.

D’après la Guemara, il est clair que le jus de raisin fraîchement pressé est acceptable pour le kiddouch et les daled kossot (quatre coupes). En effet, le Rabbi a conseillé à une personne ayant des problèmes de santé de presser des raisins pour ses quatre coupes. Le Rabbi précédent et le Rabbi ont fait de même lorsque du vin cachère n’était pas disponible.

Cependant, le jus de raisin produit commercialement n’a plus le même potentiel de fermentation que le jus de raisin fraîchement pressé et fait l’objet d’un débat. Le consensus est qu’il est néanmoins acceptable, bien que le vin alcoolisé soit préférable pour ceux qui y sont autorisés médicalement. L’une des qualités particulières que les Sages disent à propos du vin est qu’il apporte de la joie qui est intimement liée à la Mitsva du Kiddouch et des 4 coupes, ce qui n’est pas le cas du jus de raisin.

Le Kiddouch et les daled kossot sont censées manifester et permettre d’atteindre un sentiment de liberté et de noblesse, et donc, le vin alcoolisé est préféré. (De même, le reviit de vin bu chaque jour de yom tov et de ‘hol hamoëd pour une sim’ha supplémentaire doit être du vin alcoolisé).

Quelle quantité d’alcool doit-il contenir pour être considéré comme du vin réjouissant ?

Il y a des raisons de dire que 3,5% d’alcool suffisent, en se basant sur ce qui suit :
En Eretz Israël, le vin fermente naturellement jusqu’à un maximum de 14 à 15% d’alcool.
À l’époque talmudique, la pratique courante était de diluer le vin avec trois parts d’eau pour une part de vin,5 et Rava recommande ce mélange pour les daled kossot afin de célébrer la liberté (‘heirout).
Il s’ensuit que la teneur en alcool de leurs vins après dilution était de 7,4% à 3,5%.

À l’époque talmudique, le vin étant excrément alcoolisé (apparement plus alcoolisé que le Whisky ou la vodka d’aujourd’hui). On raconte en effet dans la Guémara (Nedarim 49b), que Rabbi Yehouda bar Ilaï devait s’entourer la tête d’un foulard de Pessah à Chavouot, à cause du mal de tête que lui causait la consommation des quatre coupes du Seder! Et seul celui à qui le vin faisait tomber malade au point de s’aliter était exempté de la mitsva. Cela montre que l’intention des Sages dans leur décret était que nous récitions le Kiddouch ou les 4 coupes en buvant un vin réjouissant, et celui qui boit du jus de raisin n’accomplit pas la mitsva comme l’ont décrété les Sages.

Si boire du vin provoque fatigue ou nausées,  il faut utiliser soit du vin faible en alcool, soit une combinaison de vin et de jus de raisin (1/3), soit du jus de raisin pur.

Israël : Kinous Torah de Hol Hamoed Pessa’h 5784 à Kfar Habad

Israël : Kinous Torah de Hol Hamoed Pessa’h 5784 à Kfar Habad

Un Kinous de Hol Hamoed Pessa’h Torah selon les instructions du Rabbi  été organisé dans  la maison de l’Association des ‘Hassidim de ‘Habad au 770 de Kfar ‘Habad, dirigée par le Rav Menahem Lattar,

Le grand rabbin  Avraham Yafe Schlesinger, et le Rav David Yossef, directeur de la Yechiva « Ye’havei Da’at » et auteur de « Hala’ha Beroura », ont visité le 770 avec le Rav Menahem Lattar avant le Kinous et ont prononcé des Divrei Torah et des louange sur la tenue des Kinous Torah pendant ‘Hol HaMoed, à la demande du Rabbi.

Ont également participé et pris la parole : le Rav Meir Sirota, décisionnaire de la communauté ‘Habad de Jérusalem, le Rav Y. Y. Silbershtrom, directeur de la petite Yechiva Tomchei Temimim de Kiryat Gat. COL a retransmis le Kinous en direct.

Le photographe Shneor Sheif présente maintenant une galerie complète de ce Kinous.

 

 

Barouh Dayan Haemet : Mme Feiga Tzippora Kot, 25 ans, Chlou’ha à Beer Chéva, a quitté ce monde le 16 Nissan 5784

Barouh Dayan Haemet : Mme Feiga Tzippora Kot, 25 ans, Chlou’ha à Beer Chéva, a quitté ce monde le 16 Nissan 5784

 

Une foule a accompagné aujourd’hui à sa dernière demeure la jeune Chlou’ha Feiga Tzippora Kot, décédée à l’âge de 25 ans après une longue maladie. Son père, le Rav Shai Soknick, lui a fait ses adieux avec une grande douleur : « On ne comprenait pas d’où elle tirait cette force ».

Son père, le Rav Shai Soknick, (qui’il ai une longue vie), a fait ses adieux avec une grande douleur à sa fille.

Lors de funérailles en larmes et emplies de douleur, de nombreuses personnes ont accompagné aujourd’hui (mercredi) à sa dernière demeure la jeune Chlou’ha de Beer Sheva, la rabbanite Feiga Tzippora Kot, décédée ce matin.

Lors des funérailles, qui ont débuté au770 de Kfar Habad et se sont poursuivies jusqu’au cimetière d’Ahiezer, de nombreuses personnes ont loué sa personnalité et lui ont fait leurs adieux avec une grande douleur, après avoir prié pour sa guérison pendant de longs mois.

Quelques instants avant l’inhumation, son père, qui vivra longtemps, le Rav et guide spirituel Shai Soknick de Kfar Habad, lui a fait ses adieux avec douleur. À ses côtés se tenait son gendre, le mari de la Chlou’ha, le Rav Mordehai Kot.

« Dans l’école où elle travaillait, partout où elle intervenait, il y avait une révolution », a raconté le père. « Les choses qu’elle a faites sont utilisées partout. »

Le père a ajouté : « Cette dernière année, elle a fait preuve de tellement de force d’âme que tous ceux qui l’entouraient, ses frères et sœurs, ne comprenaient pas d’où elle tirait cette force. Elle a conquis tout le monde. »

« Toute l’équipe médicale, tous se sont connectés à elle, avec son sourire, jusqu’au dernier moment. »

Le père a également raconté : « Le soir du Seder, elle s’est assise avec toutes ses forces et a participé autant qu’elle le pouvait. Pendant toute cette période, nous avons aussi découvert quelle famille unie nous avions et combien Kfar Habad était uni, tout cela aussi grâce à elle. Puissions-nous bientôt mériter de voir ‘ceux qui dorment dans la poussière se réjouir et chanter’. »



 

VIDEO. Farbrenguen de Youd Aleph Nissan 5784 avec le Rav Yossef Its’hak Gurevitch au 770 de Ramat Shlomo – Jérusalem

VIDEO. Farbrenguen de Youd Aleph Nissan 5784 avec le Rav Yossef Its’hak Gurevitch au 770 de Ramat Shlomo – Jérusalem

 

 

Introduction du Rav Yossef Itshak Havlin : Célébration du 11 Nissan, anniversaire du Rabbi

Comme aujourd’hui c’est l’anniversaire du Rabbi, en général pour un anniversaire, lorsque quelqu’un à un anniversaire, nous devons le bénir : « Qu’Il nous garde en vie, nous maintienne et nous permette d’atteindre ce moment ! ». Comme le maître du jour de l’anniversaire doit lui-même bénir le jour de sa naissance, ainsi nous devons tous réciter cette bénédiction : Que Celui qui a le mérite de bénir au nom de la communauté le fasse, en récitant cette bénédiction : « Qu’Il nous garde en vie ! » pour remercier d’être arrivé à cet anniversaire si important, celui du Rabbi.

Et dès le début, plusieurs personnes m’ont demandé de souligner que cette réjouissance est liée à ce qui s’est passé au début de la semaine, le samedi soir, les grands miracles qui ont eu lieu en Terre d’Israël.

Les gens n’arrivent pas à réaliser, n’arrivent pas à réaliser la grandeur du miracle qui a eu lieu ici : 400 grandes et énormes roquettes ont été tirées ici. On voit sur les images, c’est terrifiant rien que de voir l’image de ces roquettes lorsqu’elles sont interceptées et explosent quelque part. Et personne n’a été touché, D.ieu merci, il n’y a rien eu dans tout le pays, nulle part. C’est une chose au-delà des lois naturelles, ensemble à notre époque, en ces temps difficiles.

Et voilà que soudain, il y a un éveil, une lumière en ce mois de Nissan, depuis Nissan jusqu’à Nissan. Vous avez certainement souligné l’importance de cette période. C’est de là que nous tirons les influences, c’est de là que nous tirons…

Le Rabbi avait toujours la force en ce qui concerne la Terre d’Israël. Le Rabbi disait toujours : « La Terre d’Israël est le lieu le plus sûr ». Il n’y a donc aucune raison d’avoir peur de sortir, d’aller… Comme durant la guerre du Golfe, lorsque de nombreuses roquettes sont tombées et ont explosé, le Rabbi a dit qu’aucun juif ne serait touché et que tout irait bien. Il y avait beaucoup d’enthousiasme et de vie ! Le’haïm !

Signification de l’anniversaire dans la pensée du Rabbi

Et donc, voici qu’en ce jour, comme le Rabbi l’a mentionné, c’est la naissance du Rabbi, donc à l’occasion d’un anniversaire, lorsque quelqu’un fête son anniversaire, le Rabbi lui-même a publié et révélé la signification d’un anniversaire pour chaque juif.

Le Rabbi a lancé la « campagne des anniversaires », pour que chaque juif célèbre le jour de sa naissance. Comme il est connu, comme il est écrit dans le Hayom Yom, que le jour de l’anniversaire d’une personne, elle doit faire un examen de conscience pour l’année écoulée : ce qu’elle doit réparer, qu’elle le répare, ce qu’elle doit rajouter, qu’elle le rajoute, qu’elle se renforce et prenne de bonnes décisions.

Cette façon de considérer l’anniversaire, le Rabbi a commencé à en parler du temps du Rabbi précédent, mais ce n’était pas tellement connu du public. C’est avec notre Rabbi que cela a pris de l’ampleur, la signification de l’anniversaire pour chacun.

De façon générale, parmi le peuple juif ce n’était pas connu, on ne le soulignait pas. Et même après que le Rabbi ait instauré cela, tous ne l’ont pas accepté. Mais au fil du temps, d’année en année, cela s’élargit de plus en plus, les gens l’acceptent et le célèbrent.

L’une des coutumes de l’anniversaire que le Rabbi a instituées est que celui qui fête son anniversaire rassemble famille et amis pour un repas de fête et prenne de bonnes résolutions. Car il est connu que le jour de l’anniversaire, le « mazal », la providence de la personne, est forte. C’est donc le moment propice pour prendre de bonnes décisions, et grâce à ce « mazal », ces décisions pourront se réaliser durant l’année à venir.

Le sens de l’anniversaire, lorsque le Rabbi l’a révélé jusqu’en 1950 où le Rabbi a pris la tête du mouvement, quiconque écrivait au Rabbi à l’occasion de son anniversaire pour demander une bénédiction, le Rabbi répondait personnellement par une lettre au fêté et la signait lui-même. J’ai moi-même six ou sept lettres de ce genre, de ma Bar Mitsva jusqu’à ce que le Rabbi cesse d’écrire. Le Rabbi a dit alors, sans mauvais œil, qu’il n’avait tout simplement plus le temps. Donc le Rabbi parlait en début d’année lors d’un rassemblement, disant qu’il bénissait dès maintenant pour toute l’année tous ceux qui allaient fêter leur anniversaire.

Le Rabbi disait que c’était encore plus fort ainsi, car la bénédiction en public a encore plus de force. Il ne fallait pas se sentir diminué de ne plus recevoir de lettre. Ceux qui vivaient hors des USA, qui vivaient dans le quartier proche du Rabbi, ils avaient le mérite de rencontrer le Rabbi en privé, pas toujours le jour-même de leur anniversaire, mais autour de cette date. Chacun méritait de rencontrer le Rabbi à l’occasion de son anniversaire lors d’une rencontre privée. Le Rabbi recevait la personne. Puis cela aussi s’est arrêté car le Rabbi a dit que le temps ne le permettait plus. Mais le sens profond de l’anniversaire continue.

Le Rabbi le bénit chacun le jour de sa naissance. Quel est le sens de l’anniversaire ? C’est que le « mazal » de la personne est fort. Mais auparavant, ce n’était pas tellement connu, on ne le soulignait pas.

Je peux moi-même témoigner que mon père, paix à son âme, ne se rappelait plus ma date de naissance exacte. Mon père ne savait pas exactement mon jour de naissance, il avait un doute, car en Russie à l’époque on ne célébrait pas les anniversaires. Il n’y avait pas non plus la coutume de dire le psaume correspondant à son âge, comme c’est l’usage aujourd’hui institué par le Rabbi précédent. On ne connaissait pas cela.

Donc mon père a demandé au Rabbi, en ayant des doutes sur deux dates possibles. Le Rabbi lui a répondu – je ne vais pas entrer dans les détails personnels de sa vie maintenant – en soulignant un événement lié à sa vie, et lui conseillant de considérer l’un de ces deux jours comme son jour de naissance.

Mais cette notion d’anniversaire, le Rabbi y attachait une très grande importance. Tellement qu’à Sim’hat Torah, après le décès de la Rebbetzin en 1988, le Rabbi a encore renforcé la « campagne des anniversaires », pour diffuser au maximum l’importance de célébrer son anniversaire.

Pourquoi est-ce lié au décès de la Rebbetzin ? Je n’ai pas entendu d’explication à ce sujet par la suite. Mais d’après mon sentiment, peut-être que cela ajoute quelque chose dans la connexion et la crainte de D.ieu. Le Rabbi a dit une fois qu’on peut dire des choses qu’on n’a pas entendues si elles apportent quelque chose de positif.

Alors peut-être, en lien avec le jour de naissance de la Rebbetzin, le Rabbi a publié 10 directives, 10 choses qu’une personne doit faire le jour de son anniversaire. L’institution de la célébration des anniversaires, nous la soulignons.

D.ieu nous a donné le mérite et la possibilité de nous connecter à ce jour si particulier. Ce n’est pas seulement un jour personnel du Rabbi – puisque c’est notre Rabbi, dans le sens où le Rabbi est une âme générale, cela nous concerne tous personnellement. C’est un jour qui peut accélérer et rapprocher la venue de Machia’h, car Machia’h viendra par son mérite.

Révélation de l’anniversaire du Rabbi

La première fois qu’il a été révélé publiquement que le 11 Nissan était l’anniversaire du Rabbi, c’était avant qu’il ne prenne la tête du mouvement, avant que le Rabbi ne devienne Rabbi.

Il est connu que le Rabbi était en France pendant la Shoah. En 1941, le Rabbi a réchappé de France avec la Rebbetzin et ils sont arrivés sur les côtes des États-Unis. La mère du Rabbi était encore en Russie. Après la Shoah, il y a eu la possibilité pour 100 ‘Hassidim de ‘Habad de sortir de Russie vers la liberté. C’était grâce à des papiers non-officiels, c’est une longue histoire que je ne vais pas raconter ici.

Et parmi ceux qui sont sortis, il y avait la mère du Rabbi. Le père du Rabbi était déjà décédé dans son exil à Alma Ata. La mère du Rabbi est sortie en 1947 avec les ‘Hassidim qui ont réussi à quitter la Russie. Lorsqu’un groupe est arrivé en France, le Rabbi, apprenant que sa mère était en France, a immédiatement arrangé les papiers nécessaires pour aller personnellement de New York en France, début Nissan 1947, afin d’amener sa mère aux États-Unis.

Le Rabbi est arrivé à Roch ‘Hodech Nissan 1947 en France. À l’époque, le Rabbi voyageait encore en avion. Le Rabbi est resté presque trois mois – Nissan, Iyar, Sivan – jusqu’au 21 Sivan, le temps que soient prêts tous les papiers nécessaires pour faire entrer sa mère aux États-Unis.

Le Rabbi a donc passé Pessa’h à Paris avec sa mère, chez son oncle av Schneour Zalman Schneersohn, paix à son âme. Il y avait, parmi les ‘Hassidim qui avaient réussi à arriver de Russie, un Minyane réduit à Paris à l’époque. L’un d’eux s’appelait Rabbi Nissan Nemanov, paix à son âme. Il connaissait la mère du Rabbi depuis la Russie.

La veille du 11 Nissan, il est allé lui rendre visite, parler avec elle, et elle lui a demandé entre autres si les ‘Hassidim faisaient une réunion ‘Hassidique ce soir-là. Il a pensé qu’elle faisait référence au 13 Nissan, qui est le jour de l’anniversaire du Tsema’h Tsedek, le jour de son décès. Alors il lui a dit : « Aujourd’hui ce n’est pas le 13 Nissan. »

Alors elle a souri, il raconte qu’il a entendu cela d’elle-même, elle a souri et dit : « Aujourd’hui c’est l’anniversaire de mon fils. » C’est ainsi que la mère du Rabbi a révélé pour la première fois que le 11 Nissan était le jour de naissance du Rabbi.

Une anecdote est racontée par Rabbi Gourewitz sur la façon dont la mère du Rabbi parlait de lui, soulignant sa capacité unique à connecter chaque juif à la sainteté et aux mitsvot. Elle a raconté une histoire qui s’est déroulée lors de Sim’hat Torah : deux jeunes filles étaient debout à côté d’elle à la synagogue et parlaient en hébreu moderne de sortir prendre l’air car il faisait chaud, pensant revenir plus tard pour les Hakafot. L’une a dit à l’autre en désignant le Rabbi : « Tu le vois lui ? Il ne me laisse pas quitter la synagogue ! ». La mère du Rabbi a ensuite expliqué à son interlocutrice que cette histoire illustre l’influence du Rabbi, sa capacité à éveiller chez chaque juif, d’où qu’il vienne, le désir profond de se connecter aux choses sacrées et à l’accomplissement des mitsvot, à en faire une préoccupation personnelle.

Signification du 11 Nissan

Maintenant, si nous réfléchissons, je dis pour moi-même mais que les autres m’entendent s’ils le souhaitent, le fait que le Rabbi ait placé le sens de l’anniversaire le jour de son propre anniversaire, alors qu’en 1943, l’année où le Rabbi a publié le recueil Hayom Yom, on ne savait même pas que c’était le jour de naissance du Rabbi lui-même – on a appris cela seulement en 1947 comme on l’a dit…

Donc en 1943, au beau milieu de la terrible Shoah, D.ieu nous en préserve, le Rabbi est venu devant le Saint-Béni-Soit-Il, le Saint-Béni-Soit-Il a dit : « Comment fais-tu une chose pareille ? Tes enfants d’Israël souffrent d’une souffrance telle qu’il n’y en a pas eu depuis la Création du monde et durant ces années-là ! ».

Et on a répondu au Rabbi, j’imagine, que le Saint-Béni-Soit-Il lui a dit : « Pour amener le Machia’h et sauver Israël, il y a encore une mission à accomplir dans le monde : rallier et connecter le peuple juif de façon personnelle, que chaque juif où qu’il soit ressente dans son âme sa foi en D.ieu et son lien avec la Torah et les Mitsvot, qu’il ressente que c’est son affaire personnelle. »

Alors le Rabbi a répondu : « Très bien, que le Saint-Béni-Soit-Il le fasse, quel est le problème ? » Et le Saint-Béni-Soit-Il a dit au Rabbi : « J’ai décrété que cela se ferait à travers toi. C’est toi qui as été choisi pour révéler dans le monde la véritable foi en D.ieu et l’accomplissement de la Torah et des Mitsvot, pour connecter chaque juif où qu’il soit, d’un bout du monde à l’autre, afin que la Torah et les Mitsvot deviennent une affaire personnelle pour chaque juif. »

Alors le Rabbi a demandé : « Que dois-je faire ? » Et le Saint-Béni-Soit-Il a répondu au Rabbi : « Rabbi, tu n’es pas encore le Rabbi, mais tu es en train de publier le recueil du Hayom Yom. Dans ce recueil que tu publies pour le jour de ton anniversaire, tu vas y introduire le lien avec l’anniversaire de chacun, qui permettra de relier et connecter tous les Juifs. Que peut faire le Saint-Béni-Soit-Il pour le peuple d’Israël afin de hâter la venue de Machia’h ? »

Alors le Rabbi, on peut dire qu’il s’est sacrifié, bien que cela ne lui était pas agréable. Mais comme il s’agissait du salut du peuple juif, le Rabbi a introduit la notion de l’anniversaire et expliqué son sens : qu’en ce jour, le juif devient indépendant, que la Torah et les Mitsvot deviennent son affaire personnelle. C’est le jour de naissance du Rabbi.

C’est pourquoi, dès que le Rabbi a pris les rênes du mouvement de façon officielle, que s’est-il mis à faire ? Il faut conquérir le monde ! Il faut faire en sorte que chaque juif, où qu’il se trouve, soit approché, dans chaque recoin du monde autant que possible. C’est le sens des Shlou’him (émissaires) que le Rabbi a commencé à envoyer immédiatement aux quatre coins du monde, pour entrer en contact et créer un lien avec chaque juif, où qu’il soit, et lui dire qu’il est juif.

Et grâce à la mission confiée par le Rabbi de susciter en chaque juif la révélation de son âme, de son lien profond avec D.ieu, la Torah et les Mitsvot, le Rabbi a donné la force à ses émissaires pour y parvenir. On a vu cela dans des milliers d’histoires !

Lorsqu’arrive le jour de l’anniversaire du Rabbi, le 11 Nissan, jour où le Rabbi s’est sacrifié pour qu’il soit écrit et scellé dans le Hayom Yom, avant même de prendre les rênes du mouvement, la mission qui lui a été confiée : rapprocher la venue de Machia’h en révélant dans le monde, par sa force donnée par D.ieu – car D.ieu a dit qu’il n’y avait pas d’autre choix que lui, le septième Rabbi, pour agir afin que chaque juif soit lié au Rabbi par l’intermédiaire des émissaires (Chlou’him) afin de révéler en lui son désir profond, en tant que juif, d’être lié à D.ieu, son véritable désir d’accomplir la Torah et les Mitsvot, ce qui est la véritable réalité de l’existence d’un juif – c’est cela le 11 Nissan que nous célébrons aujourd’hui !

D.ieu nous a accordé le mérite et la possibilité de nous connecter et de marquer un tel jour. Ce n’est pas seulement un jour personnel du Rabbi. Parce que c’est notre Rabbi et une âme générale, cela nous concerne personnellement. C’est un jour qui peut hâter et accélérer la venue de Machia’h, car c’est par son mérite que Machia’h viendra, afin que se révèle l’honneur de D.ieu et que toute chair voie, comme D.ieu l’a dit, qu’Il voulait que cela passe par le Rabbi de Loubavitch, à commencer en 1943, puis en 1950, et à chaque année de plus en plus.

Que D.ieu aide à ce que Machia’h notre juste vienne et se révèle avant la fête de Pessa’h, et que nous fêtions encore ce jour complètement, que nous offrions le sacrifice de Pessa’h dès aujourd’hui à Jérusalem, dans le troisième Temple !

Lé’haïm !

Étude de la Torah du Rabbi

Nous ne devons pas oublier qu’aujourd’hui, c’est le jour où le Rabbi est né. Nous avons l’enseignement du Rabbi, les Ma’amarim et les Si’hot, un enseignement complet. D.ieu nous a aidé, nous avons les Likouté Si’hot, les causeries du Rabbi sur la fête de Pessa’h. C’est extraordinaire !

Et il y a un recueil des Ma’amarim du Rabbi spécialement sur le 11 Nissan et sur Pessa’h. C’est à partir de là qu’on peut étudier, de cette Pâque à la prochaine. Je ne suggère pas quels Ma’amarim étudier, chacun selon son cœur et son inspiration.

Il y a un Ma’amar que j’ai étudié ce matin avant la prière, « Vekha’ha Tokhlu Oto » de 1977, qui m’a fait grand bien. Je propose donc aux autres de l’étudier aussi. Le Rabbi s’y penche dès les premières lignes sur le verset « Les reins ceints ».

On peut presque chanter toute la Haggada sur une mélodie, je me souviens que mon père faisait ainsi, il disait toute la Haggada sur un air, c’est ce dont je me rappelle. Et le Rabbi, dans ce Ma’amar, ne donne pas d’explication, mais explique seulement en ‘Hassidout la signification des deux types de Matsa : la Matsa que l’on mange en quittant l’Égypte et celle qui n’a pas eu le temps de lever. Comment cela se traduit dans le service de D.ieu et le travail de l’âme, c’est quelque chose d’extraordinaire !

J’ai simplement pris plaisir à ce Ma’amar, même mon intellect animal en a profité. Que faire, le Rabbi nous a révélé un tel enseignement ! On n’a pas besoin de faire obstruction au fait que le Rabbi a fait descendre D.ieu dans le monde de telle manière que même l’intellect animal n’a pas le choix, il est obligé d’accepter. Le Rabbi a fait en sorte que l’intellect animal soit aussi lié à la Torah et l’étudie. Alors le Rabbi l’a fait descendre pour que même l’intellect animal prenne plaisir !

Alors Lé’haïm ! Et que D.ieu aide tous nos soldats qui sont actuellement en pleine guerre, au milieu des combats, à réussir leur mission jusqu’au bout et à effacer la descendance d’Amalek. Il est écrit que c’est l’une des Mitsvot que le Machia’h devra accomplir à sa venue. Alors il faudra le faire, et que ce soit l’une des Mitsvot qui hâtera sa venue très bientôt !

Et que tous les blessés de guerre guérissent rapidement, une guérison complète, Amen ! Et pour les noms qu’on a demandé de mentionner : Na’h Mano ben Esther, qu’il revienne en paix, qu’il revienne sain et sauf de Tsahal, qu’il rentre chez lui et s’assoie à la table du Séder avec sa famille, dans une vraie liberté !

Lé’haïm, Lé’haïm ! Que tous les prisonniers, tous les prisonniers reviennent, chacun !

[Chant hassidique spécifique du Rabbi à propos de la délivrance et la sortie d’Égypte, lié à la libération des prisonniers]

Histoire personnelle : le sacrifice du Rav Issahar Dov a’h Gurevitch à Pessa’h

Je voulais partager avec le public une histoire personnelle. Mon père, paix à son âme, est décédé le premier jour de Pessa’h. Le 11 Nissan, il n’était pas à sa place habituelle mais était parti chez mon frère qui est émissaire du Rabbi dans une ville en France. C’est là-bas qu’il est allé passer Pessa’h avec lui.

Le 11 Nissan, il a tenu une réunion ‘hassidique avec le cercle proche de la communauté de mon frère. Et là-bas, lors de cette réunion, je veux raconter la dernière chose dont il a parlé. Ensuite, le premier jour de Pessa’h, il est décédé. C’était la dernière histoire, que je vais vous raconter.

Mon père, paix à son âme, à l’âge de 19 ans, a été arrêté. Il enseignait à de jeunes enfants. L’histoire est connue avec les 10 jeunes de Yechiva qui étaient dans une Yechiva clandestine. Il y avait là-bas un certain Moché Robinson, qui était responsable du Niglé (la partie révélée de la Torah) et mon père était responsable de la ‘Hassidout.

À des enfants de 13-14 ans. Il y a une photo qu’on a retrouvée il y a 20 ans dans les archives du NKVD de la ville. On y voit tous les enfants et mon père. C’était la photo de la police secrète.

Et mon père racontait cette histoire au sein de la famille. C’est la dernière histoire qu’il a racontée en public lors de la réunion ‘hassidique qu’il a tenue le 11 Nissan. Lorsqu’il a été arrêté à l’âge de 19 ans, c’était la veille de Kippour, parce qu’il enseignait à de jeunes enfants, ce qui était interdit par la loi.

La peine était d’un an d’emprisonnement. Il a été libéré la veille du 19 Kislev. Il a été arrêté le 24 Tichri 1938 et libéré la veille du 19 Kislev 1939. Et il nous a raconté qu’il était un jeune homme de 19 ans, et qu’il savait qu’il allait devoir passer Pessa’h en prison, dans des conditions très dures. Comment allait-il faire pour se nourrir ?

Il avait entendu dire qu’on pouvait tenir le coup en mangeant des morceaux de sucre. Des morceaux de sucre, si on n’en mange pas trop, à dose mesurée, cela donne des forces dans le sang, du glucose. Alors voilà comment mon père a fait. Le matin, ils donnaient un petit bol de soupe avec deux tranches de pain et de l’eau bouillante avec deux morceaux de sucre, c’était le menu.

Deux semaines avant Pessa’h, il donnait à des non-juifs, si on peut dire, ses deux tranches de pain qui étaient très précieuses. Et à la place, on lui donnait les deux morceaux de sucre. C’est ainsi qu’il a amassé des morceaux de sucre pour tenir pendant toute la Pâque en ne mangeant que des morceaux de sucre, afin de ne pas avoir à manger du ‘Hamets, D.ieu préserve.

Et c’est ce qu’il a fait. Arrive le premier jour, le deuxième jour de Pessa’h. Le gardien qui apporte la nourriture veut lui donner la soupe. Et mon père dit qu’il ne mange pas la soupe, il la rend et mange seulement ses morceaux de sucre. Un beau jour, on l’appelle au bureau. Pourquoi l’appelle-t-on ?

Parce qu’on a rapporté aux autorités supérieures qu’il y a un détenu qui veut attenter à sa vie, en ne mangeant plus. Ils ont décidé qu’il voulait se suicider. Parce qu’en Russie, que leur nom et leur souvenir soient effacés, on n’a pas le droit de mettre fin à sa vie. C’est eux qui décident quand prendre ta vie.

Ils ont fusillé des milliers, des millions de gens. Le suicide était interdit, on n’a pas le droit. Alors on l’a appelé au bureau. Il arrive au bureau. Mon père raconte que celui qui était assis dans le bureau, à notre grand regret, était un juif dévoyé qui travaillait pour le KGB, ces gens-là.

Il lui a demandé : « Pourquoi tu ne manges pas ? » Alors il a répondu : « À cause de Pessa’h, tout simplement ! C’est pour cela que je ne mange pas la soupe. » Alors il lui a demandé qu’on apporte de la soupe froide du bureau. On a apporté la soupe, mon père raconte qu’on lui a mis la table.

Puis l’enquêteur a pris une cuillère au milieu du verset, et l’a approchée de la bouche de mon père pour qu’il ouvre la bouche et prenne la cuillère de soupe. Mon père a serré la bouche, il ne laissait pas la soupe entrer dans sa bouche.

Alors il a fait venir deux policiers, chacun pour lui tenir un bras des deux côtés, et un autre pour lui fermer le nez et la bouche pour qu’il soit obligé de respirer. À ce moment-là, il devrait ouvrir la bouche, et là il lui mettrait la cuillère de soupe dedans. C’est ce qu’il a fait.

À un moment donné, mon père a tenu sa bouche fermée autant qu’il a pu, retenant sa respiration. Mais il a bien fallu respirer à un moment. Alors quand il a ouvert la bouche et inspiré, la cuillère de soupe était juste devant sa bouche. Et quand il a fait « hooo », toute la soupe qui était dans la cuillère s’est renversée en plein sur le visage de l’enquêteur !

L’enquêteur s’est mis dans une colère noire. Il a immédiatement appelé un policier avec un « Kantchik », vous savez ce que c’est un Kantchik ? C’est un fouet avec des lanières en cuir, et lui a dit de se mettre contre le mur. Il a soulevé ce que mon père portait, ce n’était qu’une chemise. Il a soulevé sa chemise et dit au policier : »Donne-lui autant de coups de fouets que tu peux! »

Et il a commencé à rouer mon père de coups terribles, des coups tellement violents que toute la peau se détachait immédiatement. À un moment, sous le coup de la douleur, mon père s’est évanoui et est tombé par terre. Alors on l’a réveillé et renvoyé dans sa cellule. Mais on ne l’a pas laissé tranquille.

Mon père a continué ainsi pendant toute la Pâque, ne mangeant rien. Mon père a vécu jusqu’à 93 ans. Jusqu’à son dernier jour, il a gardé des cicatrices bleues dans le dos, des traces des coups qu’il avait reçus à l’âge de 19 ans. Cela lui est resté comme une marque pour toujours.

Quand mon père nous racontait cela, il disait qu’après, une fois sorti, il réfléchissait : « D’où ai-je tiré une telle force, une telle fermeté, pour ne pas céder ? » D’un point de vue de la Halakha, il y a trois choses pour lesquelles on doit donner sa vie. Mais pour le ‘Hamets à Pessa’h, on n’est pas obligé de donner sa vie. Alors pourquoi s’est-il obstiné au point de ne rien laisser entrer dans sa bouche pendant huit jours, à part des morceaux de sucre ?

Il disait qu’il reliait cela au fait d’avoir étudié la ‘Hassidout, et au fait de savoir qu’il avait un Rabbi dans le monde. Voilà les deux choses qui lui avaient donné la fermeté, à l’âge de 19 ans, alors qu’il était seul, personne à ses côtés pour lui faire des comptes et voir comment il se comportait, ce qu’il faisait ou pas. Il a senti en lui-même que pour une bouche juive, le ‘Hamets était impossible, cela ne pouvait pas entrer. C’est ainsi que mon père le ressentait. Et voilà comment il nous a transmis cette histoire. C’est la dernière histoire qu’il a racontée lors de la réunion ‘hassidique le 11 Nissan, avant de décéder le premier jour de Pessa’h.

Il est décédé et c’était vraiment tout cela sous la Providence divine. En effet, il est décédé apparemment en raison de son sacrifice pour Pessa’h. C’était donc le jour où son âme avait un lien intime avec D.ieu. Son âme, auparavant en bonne santé, il n’avait rien. C’est exactement le jour où il est décédé.

Il était allé à la Mikva, c’était un Chabbat, la veille du Séder tombait un Chabbat. Le Chabbat après-midi, mon père était très très pointilleux pour aller à la Mikva avant la fête. Il était donc allé à la Mikva le Chabbat après-midi avant la fête. C’est là qu’il a eu un accident vasculaire cérébral.

Des heures ont passé sans qu’on sache où il était. On a commencé à le chercher. Quelqu’un a suggéré qu’il était peut-être à la Mikva. En effet, la Mikva était sombre et personne ne surveillait. Son petit-fils y est entré et a crié le nom de mon père. Mon père a alors répondu « oui ».

On s’est approché de lui et on l’a sorti de là. On ne sait pas s’il avait déjà eu l’accident ou pas, c’était avant la prière à la Mikva. Bref, on l’a sorti de là, il a été hospitalisé. Puis le jour de Pessa’h, le premier jour, on l’a transféré à l’hôpital et au matin son âme est partie. C’était la nuit du premier Séder qu’il est décédé. Que son âme repose en paix.

Il faut apprendre de la fermeté de mon père, il avait de la fermeté dans tous les domaines, et pas seulement parce que c’était mon père que je raconte son histoire. Mon père a été directeur de l’école Beth Rivkah pendant 53 ans et l’a dirigée avec un dévouement total.

À l’époque, ce n’était pas comme aujourd’hui. C’étaient des filles qui arrivaient à l’école Beth Rivkah à l’âge de 15-16 ans, du Maroc, sans leurs parents. Mon père était leur père. Il les a éduquées, élevées, entretenues. Jusqu’à aujourd’hui, que son âme repose en paix.

Je me souviens que mon père travaillait tellement dur toute la journée, il rentrait tard à la maison. Et pourtant, il n’a jamais renoncé, chaque jour il avait son programme d’étude fixe. Chaque jour il étudiait une page de Guemara, je ne me rappelle plus le nombre de chapitres dans le Choul’han Aroukh HaRav, il avait des marque-pages dans le livre.

Chaque jour, il étudiait la ‘Hassidout, il avait un programme, les Ma’amarim du Rabbi Rachab, puis ensuite quand sont sortis les Ma’amarim de notre Rabbi, il a aussi étudié nos Ma’amarim. Il avait des temps fixes. Et chaque jour avant d’aller se coucher, il lisait un passage dans le Sefer HaMaamarim du Maguid.

Par la suite, j’ai vu que c’était une coutume répandue, je ne sais pas d’où mon père l’avait prise. Mais sans jamais y renoncer, parfois, je me souviens que ma mère arrivait à deux heures du matin, il s’était ainsi endormi sur la Guemara, il était très fatigué. Mais il ne renonçait pas à ses temps d’étude, jour après jour, jusqu’à la fin de ses jours.

Il n’a pas étudié à la fin dans un ‘Havoura (groupe d’étude), mais principalement seul. Avant la prière du matin, quand il rentrait du travail, il avait des temps fixes pour la Guemara, le Choul’han Aroukh, le Tanya. Il avait aussi des temps fixes pour la Michna, chaque jour après la prière, un certain nombre de chapitres de Michna à étudier. Et le soir, il regardait Chema avant d’aller dormir.

Lé’haïm Lé’haïm, pas parce qu’il était mon père, mais son âme mérite qu’on dise Lé’haïm en son honneur. Nous sommes là où il s’est réuni la dernière fois en public, c’est-à-dire avec la communauté de mon frère émissaire.

Lé’haïm !

[Chants ‘hassidiques]

 

À l’occasion de Pessah 2024 : Poutine envoie une lettre de vœux aux Juifs de Russie

À l’occasion de Pessah 2024 : Poutine envoie une lettre de vœux aux Juifs de Russie

 

Le président russe Vladimir Poutine a envoyé une lettre de vœux aux Juifs de Russie à l’occasion de la fête de Pessah. Peu de temps auparavant, le grand rabbin Lazar a procédé à la vente du Hamets et à la cérémonie du Biour Hamets. 

 

Comme chaque année, le président russe Vladimir Poutine a envoyé une lettre de vœux au bureau du grand rabbin de Russie Berl Lazar à l’occasion de Pessah.

Aux Juifs de Russie

Je félicite les Juifs de Russie pour la fête de Pessah. Cette ancienne fête, particulièrement vénérée par les adeptes du judaïsme, rappelle les étapes importantes de l’histoire du peuple juif – la libération de l’esclavage séculaire et l’acquisition de la liberté tant attendue.

Elle symbolise le triomphe des idéaux de bonté et de justice. Je note avec satisfaction que la communauté juive de Russie apporte une contribution significative au renforcement du dialogue interethnique et interreligieux dans notre pays, participe activement à l’éducation de la jeunesse, aux œuvres d’instruction, de miséricorde et de bienfaisance.

Elle veille à préserver les valeurs spirituelles, morales et familiales inaliénables.

Un tel travail important et nécessaire mérite la plus profonde reconnaissance.

Je vous souhaite du succès et tout le meilleur.

V. Poutine

Dans toutes les villes et régions de Russie, d’importants préparatifs logistiques ont eu lieu pour permettre aux centaines de milliers de Juifs russes de célébrer Pessah dans les règles, avec abondance matérielle et compréhension spirituelle. Un vaste travail a été effectué pour préparer et distribuer des produits casher dans les communautés, avec des livrets explicatifs et des haggadot.

Le projet annuel « Kemah’a dePischa » du centre d’aide juive Shaarei Tsedek à Moscou a pris une nouvelle ampleur cette année sous la supervision du grand rabbin Lazar. Davantage de familles et de produits ont été ajoutés, le tout distribué dignement aux bénéficiaires repartis avec des chariots remplis.

Des Seder publics seront organisés notamment à la grande synagogue Marina Roshcha de Moscou, ainsi que dans les centres Habad, dans une ambiance de joie et de sécurité renforcée.