En direct, chaque vendredi, étude du Likoutei Si’hot
avec le Rav Levi Azimov de 10h30 – 11h30
Tél.: +330756753993 – code: 33 41 593#
 ET SUR RADIO HASSIDOUT
RADIO HASSIDOUT

Kedochim – Une Mitsva intéressée ?
Source : Likouté Si’hot volume 22, deuxième Si’ha sur Kedochim

 


MEKOROT


 

1 – Dans notre Paracha : Les restrictions pour les fruits des quatre premières années

Kedochim 19, 23-25 :

וְכִי־תָבֹ֣אוּ אֶל־הָאָ֗רֶץ וּנְטַעְתֶּם֙ כׇּל־עֵ֣ץ מַאֲכָ֔ל וַעֲרַלְתֶּ֥ם עׇרְלָת֖וֹ אֶת־פִּרְי֑וֹ
שָׁלֹ֣שׁ שָׁנִ֗ים יִהְיֶ֥ה לָכֶ֛ם עֲרֵלִ֖ים לֹ֥א יֵאָכֵֽל׃
וּבַשָּׁנָה֙ הָרְבִיעִ֔ת יִהְיֶ֖ה כׇּל־פִּרְי֑וֹ קֹ֥דֶשׁ הִלּוּלִ֖ים לַיהֹוָֽה׃
וּבַשָּׁנָ֣ה הַחֲמִישִׁ֗ת תֹּֽאכְלוּ֙ אֶת־פִּרְי֔וֹ לְהוֹסִ֥יף לָכֶ֖ם תְּבוּאָת֑וֹ אֲנִ֖י יְהֹוָ֥ה אֱלֹהֵיכֶֽם׃

 Lorsque vous pénétrerez dans la Terre promise et y planterez un arbre fruitier, vous considérerez ses fruits comme impropres à la consommation:
Pendant trois années, ils seront invendables et ne pourront être mangés.
Au cours de la quatrième année, tous ses fruits seront consacrés aux réjouissances en l’honneur de D.ieu :
Durant la cinquième année, vous pourrez enfin jouir de ses fruits, afin d’augmenter pour vous sa récolte. : Je suis l’Éternel, votre D.ieu.

Rachi :
Afin d’augmenter pour vous sa récolte. Si vous observez cette Mitsva, elle contribuera à accroître la récolte, car en récompense, Je bénirai les fruits des plantations.
Rabbi Akiva disait : La Torah argumente contre le penchant au mal, afin qu’un homme ne dise pas : « cela fait quatre ans que je me donne de la peine pour rien ! », c’est pourquoi il est écrit : « pour augmenter pour vous sa récolte ». Je suis l’Éternel. Je suis l’Éternel Qui promet, et suis fidèle pour respecter Ma promesse.

2 – Analyse (a) : La récolte s’accroîtrait-elle par le mérite de la cinquième année ?

Maskil LeDavid sur Rachi : Le terme « afin d’augmenter… la récolte » devrait être écrit plus tôt dans la phrase. Rachi cite donc Rabbi Akiva, comme pour dire : ainsi les Sages l’expliquent, même si c’est un peu difficile…

Likouté Si’hot : A priori, selon le sens littéral, il n’y a aucun problème à indiquer la récompense d’une Mitsva à la fin d’un sujet. Cependant, il faut comprendre la longueur du commentaire de Rachi et les différents termes utilisés.

Dans cette analyse, il est question de savoir si la récolte s’accroît par le mérite de la cinquième année.

Le commentaire de Rachi, citant Rabbi Akiva, suggère que les Sages expliquent que la récolte augmente même si cela semble difficile à comprendre selon la formulation du verset.

3 – Analyse (b) : Est-ce négatif d’attendre le salaire mérité pour une Mitsva ?

Rachi sur Ki-Tétsé 21, 11 : La Torah autorise l’épouse d’une belle apparence afin de contrer le penchant au mal. Si D.ieu ne l’avait pas permis, l’homme l’aurait épousée en infraction. Cependant, s’il l’épouse, il finira par la détester et engendrer avec elle un fils indocile et rebelle.

Likouté Si’hot : Bien que la « femme de belle apparence » devrait être interdite, D.ieu l’autorise « pour le mauvais penchant ». Pourtant, en ce qui concerne la récompense des Mitsvot, la Torah indique clairement et à plusieurs reprises qu’il est un principe fondamental de savoir que D.ieu rétribue l’homme pour l’accomplissement des Mitsvot. Alors, en quoi la récompense de cette Mitsva est-elle différente, pour n’être donnée que pour « le mauvais penchant » ?

Dans cette analyse, il est question de savoir s’il est négatif d’attendre la récompense méritée pour une Mitsva. La Torah autorise certaines choses, comme l’épouse d’une belle apparence, pour contrer le penchant au mal. Toutefois, la récompense pour cette Mitsva semble être différente des autres Mitsvot, car elle est donnée uniquement pour « le mauvais penchant ».
Le Likouté Si’hot souligne que, bien que la Torah indique clairement et à plusieurs reprises qu’il est un principe fondamental de savoir que D.ieu rétribue l’homme pour l’accomplissement des Mitsvot, la récompense de cette Mitsva particulière est différente. Il semble donc que l’attente de la récompense méritée pour une Mitsva puisse être considérée comme négative dans certains cas, en particulier lorsqu’elle est associée au « mauvais penchant ».

4 – Développement : « Afin d’augmenter sa récolte » : est-ce l’objectif de la Mitsva ?

Likouté Si’hot : La formulation « afin d’augmenter… la récolte » suggère que c’est l’objectif de la Mitsva, tout comme la phrase « Souviens-toi du jour du Chabbat afin de le sanctifier » (Yitro 20, 8) indique que sanctifier le Chabbat est l’objectif de cette Mitsva. Rachi en déduit donc que cette Mitsva est une exception à la règle : la Torah nous autorise à l’accomplir, d’emblée, « afin d’augmenter… la récolte ».

Le Rabbi souligne que l’expression « afin d’augmenter… la récolte » indique que l’augmentation de la récolte est bien l’objectif de la Mitsva en question. En comparant cela à l’injonction de sanctifier le Chabbat, il est clair que l’objectif de chaque Mitsva est généralement de suivre les commandements de la Torah pour accomplir la volonté de D.ieu.
Cependant, Rachi suggère que cette Mitsva particulière est une exception à la règle. Au lieu de simplement accomplir la volonté de D.ieu, la Torah autorise l’accomplissement de cette Mitsva spécifiquement pour augmenter la récolte. Ainsi, dans ce cas, l’objectif de la Mitsva semble être davantage axé sur le résultat tangible (l’augmentation de la récolte) que sur l’accomplissement de la volonté de D.ieu en général.
Bien que l’objectif de la plupart des Mitsvot soit d’accomplir la volonté de D.ieu, cette Mitsva particulière, « afin d’augmenter… la récolte », semble avoir un objectif plus spécifique et matériel. Cette exception à la règle suggère que la Torah reconnaît parfois la nécessité d’atteindre des résultats tangibles pour motiver et encourager l’accomplissement des commandements.

5 – Si c’est l’objectif de la Mitsva, pourquoi ne pas l’indiquer dès le premier verset ?

Likouté Si’hot : Rachi répond à cette question en expliquant que le terme « récolte » est remplacé par « fruits des plantations » pour montrer que D.ieu ne bénira pas seulement la croissance des fruits, mais aussi les « fruits des plantations » de la cinquième année, prêts pour la consommation. Les fruits eux-mêmes augmenteront grâce à la bénédiction divine !

Il est possible que la Torah n’ait pas mentionné cet objectif dès le premier verset pour mettre l’accent sur l’importance de suivre la Mitsva en elle-même, plutôt que de se concentrer uniquement sur la récompense matérielle qui en découle. En remplaçant le terme « récolte » par « fruits des plantations », la Torah souligne que la bénédiction de D.ieu s’étendra à tous les aspects de la croissance et de la consommation des fruits, et pas seulement à la récolte elle-même.
Ainsi, en ne mentionnant pas l’objectif de la Mitsva dès le premier verset, la Torah encourage les fidèles à se concentrer d’abord sur l’accomplissement de la Mitsva et à avoir confiance en la bénédiction divine qui en découlera. Cette approche permet de mettre en avant l’importance de suivre les commandements de D.ieu, tout en reconnaissant que des bénédictions matérielles peuvent en résulter.

6 – En quoi cette Mitsva est-elle différente des autres : une tentation plus forte ?

Likouté Si’hot : Rachi cite Rabbi Akiva pour expliquer que cette Mitsva est particulièrement difficile à accomplir en raison de la tentation plus forte de ne pas respecter les règles et de vouloir profiter des fruits avant la cinquième année. Le Juif pourrait se dire qu’il se donne de la peine pendant quatre ans pour rien, ce qui peut rendre cette Mitsva plus difficile à suivre que d’autres.

C’est pourquoi la Torah permet, pour contrer le « mauvais penchant », de penser au salaire de la Mitsva durant son accomplissement. Pour « apaiser le mauvais penchant », D.ieu promet une récompense exceptionnelle pour l’accomplissement de cette Mitsva. Ainsi, en autorisant la pensée de la récompense, la Torah aide les fidèles à résister à la tentation et à se concentrer sur l’importance d’observer cette Mitsva malgré les défis qu’elle présente.
Cette approche met en évidence la reconnaissance par la Torah des difficultés et des tentations que les fidèles peuvent rencontrer en essayant de suivre les commandements divins, et offre un soutien pour les aider à rester sur le chemin de l’observance et de la piété.

7 – «Rabbi Akiva disait» : Il faut aider un Juif à faire face à son mauvais penchant !

Rachi sur Kedochim 19, 18 : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Rabbi Akiva dit : c’est là un principe fondamental dans la Torah.

Rachi sur Guemara Sanhedrin 110b : Rabbi Akiva avait l’habitude de « faire mériter » les enfants d’Israël.

Likouté Si’hot : L’approche de Rabbi Akiva est de trouver des circonstances atténuantes pour un Juif et chercher à l’aider, considérant cela comme « un principe fondamental dans la Torah ». On comprend donc pourquoi la Torah s’occupe de chaque Juif et se fait du souci, même pour celui qui a besoin « que l’on s’adresse à son mauvais penchant ».

Rabbi Akiva lui-même n’avait aucunement étudié la Torah durant ses quarante premières années; il ne le fit que lorsqu’on lui promit un salaire pour son étude (voir Guemara Ketoubot 62b). Sa situation était donc similaire à celui qui estime « se donner de la peine pendant quatre ans pour rien ! » car le nouveau parcours qu’il empruntait impliquait le « rejet » des quarante premières années de sa vie ! C’est pourquoi, « Rabbi Akiva disait… » : car il avait eu un parcours similaire : il avait commencé à étudier la Torah par intérêt et finit par atteindre son niveau très élevé !

8 – Enseignement : Transformer le mauvais penchant et l’intéresser aux Mitsvot !

Guemara Bera’hot 54a dit : « Tu aimeras l’Eternel ton D.ieu de tous tes cœurs » (Devarim 6, 5), avec tes deux penchants.

Proverbes 14, 4 : C’est la vigueur du bœuf qui produit d’abondantes récoltes.

Likouté Si’hot : L’essence de cette Mitsva étant la transformation du mauvais penchant, son salaire est donc « l’augmentation de la récolte » ; car en raffinant et transformant le mauvais penchant et l’âme animale on apporte une véritable « augmentation » de la sainteté. Une des raisons en est : puisque cet effort était lié à de la peine, à un labeur fourni par l’homme pour briser le voile de l’âme animale, il fallait donc passer au préalable par une souffrance de quatre années pendant lesquelles l’âme animale « ne profite pas » de la « récolte », [de l’avancée spirituelle]. Et c’est ainsi qu’on parviendra finalement à transformer l’âme animale, pour obtenir des « récoltes abondantes » !

En résumé, l’enseignement principal est de transformer le mauvais penchant et de l’intéresser aux Mitsvot. En faisant cela, on peut augmenter la sainteté et, finalement, obtenir des récoltes abondantes sur le plan spirituel.