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Ki-Tissa – L’enseignement du Kyor
Source: Likouté Si’hot volume 6, première Si’ha sur Ki-Tissa


MEKOROT

1 – Dans notre Paracha: L’injonction de fabriquer le Kyor (bassin d’ablution)

Ki-Tissa 30, 17: D.ieu parla ainsi à Moché: « Tu feras un bassin de cuivre, avec son support en cuivre, pour les ablutions ; tu le placeras entre la Tente d’assignation et l’autel et tu y mettras de l’eau. Aharon et ses fils y laveront leurs mains et leurs pieds ».

Maïmonide, lois de la maison d’élection 1, 5: Voici les éléments essentiels de l’édification du Temple: on y construit le Kodèch (le Saint), le Kodèch HaKodachim (le Saint des Saints) … le Kyor (bassin d’ablution) et son socle, avec lequel les Cohanim se sanctifiaient les mains et les pieds pour le service du Temple.

2 – Analyse: Pourquoi l’injonction du Kyor est-elle séparée des autres ustensiles ?

L’usage du Kyor ne fait pas partie du service, il sert de préliminaire.

‘Hizkouni Ki-Tissa 30, 18: Etant donné que le Kyor ne servait qu’à la préparation de la Mitsva, l’injonction de sa fabrication n’est pas citée plus tôt (dans les Parachiot précédentes) avec les autres ustensiles.

Rachi Ki-Tissa 30, 18: Le Kyor n’était pas devant la tente d’assignation. Il était légèrement décalé vers le sud.

3 – Analyse: Quelles étaient les dimensions du Kyor et à qui était-il destiné ?

Le Kyor devait contenir de quoi sanctifier quatre personnes.

Guemara Zva’him 19b: Un Kyor ne pouvant [contenir assez d’eau pour] sanctifier quatre Cohanim, ne peut être utilisé, car il est écrit (Pekoudé 40, 31): « Moché, Aharon et ses fils s’y laveront » (« Moché et Aharon »: cela fait deux personnes, « ses fils »: encore deux personnes. Car Moché était également Cohen durant les sept jours d’inauguration – Rachi).

4 – Pourquoi inclure Moché alors qu’il n’était en service que pour l’inauguration ?

Le paradoxe du Kyor: un acte préliminaire au service, mais qui inclut Moché, rendant cet acte plus important que le service même.

Likouté Si’hot: Les jours d’inauguration étaient une préparation à l’ensemble du service d’Aharon et de ses fils. Ainsi, puisque le Kyor aussi servait de préparation au service quotidien, sa quantité devait inclure également Moché qui s’en servit durant l’inauguration, la période de préparation. Le Kyor possédait donc une qualité particulière, par laquelle il se distinguait de tous les autres ustensiles du Tabernacle: on y fait mention à Moché qui est plus grand qu’Aharon, et bien plus: à la présence de Moché avec tous les Cohanim de cette génération.

5 – On retrouve ce paradoxe dans la fabrication atypique du Kyor, par Moché

Autre paradoxe du Kyor: un ustensile construit avec des miroirs que Moché refusa au départ, mais que D.ieu trouva « plus chers que tout »…

Vayakhel 38, 8: Il fabriqua le Kyor en cuivre et son support, au moyen des miroirs des [femmes qui s’étaient] attroupées à l’entrée de la Tente d’assignation.

Rachi: Avec les miroirs des attroupées (תֹואבְ ֹוצּ הַ ). Les femmes d’Israël possédaient des miroirs dans lesquels elles se regardaient pour se maquiller. Et même ces miroirs, elles n’ont pas hésité à les offrir pour le Tabernacle. Moché répugnait à les accepter, car ils servaient au mauvais penchant. D.ieu lui dit: « Accepte-les ! Ils me sont plus chers que tout, c’est grâce à eux que les femmes ont donné le jour à des armées (תוֹ אבָ צְ ) d’enfants en Egypte ! ».

6 – Développement: Ces miroirs étaient-ils indispensables pour le Tabernacle ?

L’objectif du Tabernacle: même les éléments les plus « bas » contribuent à la « demeure divine ici-bas ».

Likouté Si’hot: L’innovation de l’injonction divine de: « construire un sanctuaire dans lequel D.ieu résidera » (Terouma 25, 8) est que les enfants d’Israël prennent des objets matériels pour en faire un sanctuaire pour D.ieu. Ainsi sera achevé le but: « D.ieu désire avoir une demeure ici-bas », « ici-bas » désignant même un objet « le plus bas possible ». Voilà pourquoi il fallait avoir, dans le Tabernacle, les miroirs qui servent « au mauvais penchant »: afin que même cet objet désignant la bassesse devienne lui-même une « demeure pour D.ieu ».

7 – Alors pourquoi, initialement, « Moché répugnait-il à accepter ces miroirs » ?

Moché estimait qu’il ne fallait pas descendre aussi « bas », il voulait élever le peuple d’Israël à « Zé » – l’Essence Divine ! 

Rachi sur Matot 30, 2: Les prophètes commencent leurs prophéties par la formule: « Ainsi (‘Ko’) a parlé D.ieu… » ; Moché les dépasse par le fait qu’il prophétise par la formule: « Ceci (‘Zé’) est la chose… ».

Guemara Yevamot 49b: Tous les prophètes observaient [le Divin] par une « vitre non transparente » [qui reflète la lumière (comme un miroir)], alors que Moché observait par une « vitre transparente », [directement].

Likouté Si’hot: Moché observait l’Essence même du divin [et pas que son reflet], voilà pourquoi il désirait que l’émanation Divine résultant du Tabernacle soit également une émanation liée à cette Essence divine (« ceci – ‘Zé’ »). Bien que l’objectif divin est de construire une demeure divine ici-bas, Moché estimait qu’à son niveau (auquel il désirait élever tout Israël), les autres matériaux de la collecte du Tabernacle (et surtout le « cuivre » et ce qu’il représente) – étaient suffisamment « bas » pour réaliser cet objectif divin…

8 – La réponse de D.ieu à Moché: le Tabernacle a besoin de ces « miroirs » !

D.ieu répond que la soumission d’un homme pour ne pas écouter le mauvais penchant est « plus chère que tout » !

Likouté Si’hot: D.ieu répondit à Moché que dans un Tabernacle il faut aussi un élément aussi « bas » qu’un objet « suscitant le mauvais penchant ». Bien au contraire: lorsqu’on se sert d’un objet aussi bas pour ériger « les armées de D.ieu », l’armée désignant l’effort de la soumission à D.ieu, un effort qui s’apprécie surtout lorsque le mauvais penchant s’exprime…, alors D.ieu affirme: ces éléments « me sont plus chers que tout ! ».

9 – Enseignement: Le « nettoyage spirituel » d’un juif est « plus cher que tout » !

Le nettoyage spirituel de l’être humain, en « préparation » au service divin, est plus précieux que le service même ! Cette soumission à D.ieu exprime la qualité de Moché, combinée à celle d’Aharon et de tous les Cohanim.

Likouté Si’hot: Bien que le Kyor ne soit qu’un acte préliminaire au service, ce qui le rend inférieur aux autres ustensiles de service (ce qui son injonction dans une Paracha distincte) – cependant, puisque cette préparation sert à « se laver les mains et pieds », au fait qu’un juif se nettoie des éléments indésirables – cette préparation est plus chère à D.ieu que le service divin qui suivra sur l’autel ou dans la Tente d’assignation !
En effet, c’est spécifiquement dans ce nettoyage que l’on retrouve l’objectif de « repousser le mal », à l’image des « armées de D.ieu » qui résultèrent des « miroirs des attroupées ». Voilà pourquoi, c’est justement dans l’ustensile du Kyor qu’il est fait allusion à Moché (et à tous les Cohanim), car le fait de repousser le mal et de se soumettre à D.ieu exprime l’effacement authentique et absolu devant D.ieu, ce qui constitue la qualité de Moché, associée aux qualités d’Aharon et de tous les Cohanim, exprimant également la discrétion et la soumission à D.ieu: « Aharon fut distingué pour être éminemment saint, lui et ses fils » (Chroniques I 23, 13).