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Chemini – L’enseignement des enfants d’Aharon
Source : Likouté Si’hot volume 12, première Si’ha de Chemini

 

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MEKOROT


 1 – La raison de la mort des fils d’Aharon : le « feu divin »
Deux principes dans l’étude du commentaire de Rachi sur la Torah :

a – Lorsque Rachi donne deux explications sur le même sujet, la raison est que chaque explication séparément ne peut expliquer le verset dans tous ses détails (sur le plan littéral). Chaque explication a une difficulté que l’autre n’a pas, mais l’explication que Rachi met en première position est celle qui s’adapte le mieux au sens littéral.

b – Lorsque Rachi cite le nom de l’auteur de l’explication (ce qui est inhabituel dans son commentaire), cela veut dire que le nom de l’auteur donne une valeur ajoutée à l’explication apportée.

2 – Le commentaire de Rachi sur la mort des enfants d’Aharon dans notre Paracha
Le texte évoque clairement la raison de la mort des fils d’Aharon : le « feu divin ». Rachi ajoute deux autres explications, pourquoi ?

Chemini 10, 2 : Les fils d’Aharon, Nadav et Avihou, prenant chacun leur encensoir, y mirent du feu, sur lequel ils jetèrent de l’encens, et apportèrent devant le Seigneur un feu profane sans qu’il le leur eût commandé. Un feu s’élança de devant D.ieu et les dévora, et ils moururent devant le Seigneur.

Rachi : Un feu sortit. Rabbi Eliezer a enseigné : les fils de Aharon ne sont morts que pour avoir professé une halakha en présence de Moché, leur maître. Rabbi Yichmaël a enseigné : parce qu’ils sont entrés dans le sanctuaire après avoir bu du vin. La preuve en est qu’après leur mort, il a été fait interdiction à ceux qui restaient d’entrer dans le sanctuaire après avoir bu du vin. Cela ressemble à un roi qui avait un habitué de la maison etc., comme décrit dans [le Midrash] Rabba.

‘Hizkouni : Mesure pour mesure. Ils fautèrent avec le feu, et furent frappés par le feu.

3 – Pourquoi Rachi recherche-t-il des causes supplémentaires pour leur départ ?
La juxtaposition des versets prouve que le « feu » était positif en soi. Le défaut était uniquement dans la forme.

Chemini 9, 22 : Moché et Aharon entrèrent dans la Tente d’assignation ; ils ressortirent et bénirent le peuple, et la gloire divine se manifesta au peuple entier. Un feu s’élança de devant D.ieu et consuma, sur l’autel, l’holocauste et les graisses. Le peuple vit cela et jeta des cris de joie, et [ils] tombèrent sur leurs faces.

Likouté Si’hot : Comment est-il possible, selon le sens littéral, que le terme « un feu s’élança de devant D.ieu » désigne ici une punition tellement grave, alors que deux versets plus tôt, le verset emploie le même terme pour désigner un grande récompense : la Che’hina qui vient résider en nous ?! Cela obligea Rachi à expliquer que le « feu » provoquant la mort des enfants d’Aharon désigne, d’une certaine manière, la présence de la Che’hina, d’un dévoilement de Sainteté. Cependant, il y avait un défaut, à leur niveau, dans la manière de pratiquer ce service : « ils professèrent (cette Halakha de l’offrande du feu) en présence de Moché, leur maître ».

4 – Développement : En quoi était-ce aussi grave de professer devant Moché ?
Rabbi Eliezer, pourtant très érudit, répète les paroles de ses maîtres.

Pirké DeRabbi Eliezer ch. 2 : [Rabbi Eliezer] dit des paroles de Torah plus [puissantes] que celles reçues au Sinaï.

Guemara Bra’hot 27b : Rabbi Eliezer dit : celui qui dit un enseignement qu’il n’a pas entendu de son maître entraine la Che’hina à quitter Israël !

5 – Si cela était aussi grave, comment parvinrent-ils à faire résider la Che’hina ?
Seconde explication de Rachi : l’offrande était parfaite !

Likouté Si’hot : C’est justement cette question qui oblige Rachi à apporter une seconde explication : « ils sont entrés dans le sanctuaire après avoir bu du vin » ; or, cette interdiction ne leur avait pas été ordonnée à ce stade, donc leur offrande était parfaite, sans aucune infraction sur un ordre divin.

6 – Si leur offrande était parfaite, pourquoi furent-ils punis aussi sévèrement ?
L’exemple du roi : « l’habitué de la maison » doit comprendre les choses sans qu’on les lui dise !

Midrach Vayikra Rabba 12, 1 : Cela ressemble à un roi qui avait un habitué de la maison fidèle, qu’il trouva devant la porte des magasins et lui coupa la tête, sans rien dire. Le roi nomma un successeur sans expliquer pourquoi il avait tué le premier. Cependant, lorsqu’il ordonna au second de ne pas se trouver aux portes des magasins, on comprit alors les raisons de la défaveur du premier et de son exécution.

Likouté Si’hot : De la formulation du Midrach, nous comprenons que même si le premier serviteur n’avait pas reçu l’ordre formel de ne pas se trouver aux portes des magasins, étant donné qu’il est un « habitué de la maison » du roi, il aurait dû comprendre de lui-même, qu’une telle chose est opposée à la volonté du roi.

7 – Rabbi Yichmaël : Le nom de l’auteur aide à comprendre son explication
Rabbi Yichmaël « aide » et défend les Cohanim.

Guemara ‘Houline 49a : Rabbi Yichmaël : un Cohen qui aide les Cohanim (Il cherche toujours à les faciliter – Rachi).

Likouté Si’hot : Rabbi Yichmaël préfère « aider les Cohanim » et « alléger » la faute des enfants d’Aharon qui sont Cohanim, quitte à « forcer » un peu le sens littéral du verset.

8 – Annexe : Avaient-ils le droit de professer devant Aharon, leur père et maître ?
Aharon, leur père, les pardonne d’emblée. Mais ils manquèrent de respect à Moché.

Chou’han Arou’h Admour Hazakène, Ora’h Haïm, lois de Pessa’h 472, 11 : Un fils qui mange chez son père doit s’accouder, même si son père est son maître principal, car le père pardonne certainement son honneur. Mais, un élève qui mange chez son maître ne peut s’accouder, sauf si le maître lui en a donné l’autorisation.

9 – Un double enseignement : Faire la symbiose des deux explications de Rachi !
Un double enseignement : être soumis à son maître tout en étant « ivre » de compréhension en Torah !

Likouté Si’hot : Bien que le niveau des enfants d’Aharon fût très élevé, ils furent punis très sévèrement car ils manquaient de « soumission » adéquate à leur maître, en professant une Halakha devant lui. Ainsi, personne ne peut dire : « je suis érudit et sais étudier, pourquoi me soumettre et attendre qu’un maître m’indique la Halakha, ma façon de vivre et le chemin que je dois suivre dans le service divin, je peux me débrouiller seul ! » ; car qui peut se prétendre être plus grand que Nadav et Avihou, et pourtant, cela était leur seule faute !
D’un autre côté, il est exigé à chacun d’étudier avec une parfaite compréhension. « Ils entrèrent au sanctuaire en état d’ivresse » : le vin symbolise la compréhension et « l’ivresse » indique le fait d’être empli de compréhension. La faute est d’entrer au « sanctuaire », d’être « ivre » dans la prière, qui exige une soumission absolue. Mais pour le labeur de l’étude de la Torah : toute notre existence doit être emplie et imprégnée de la logique de la Torah !