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Vaéra – Le prodige du « bâton » d’Aharon
Source : Likouté Si’hot volume 26, deuxième Si’ha sur Vaéra

 

MEKOROT

1 – Dans notre Paracha : Le miracle du bâton d’Aharon qui avala les autres bâtons
Vaéra 7, 8 : D.ieu parla à Moché et à Aharon en ces termes : « Lorsque Pharaon vous dira : « Produisez un prodige », tu diras (Moché) à Aharon : « Prends ton bâton et jette-le devant Pharaon, qu’il devienne serpent ! » ». Moché et Aharon se rendirent chez Pharaon et firent exactement comme D.ieu avait prescrit. Aharon jeta son bâton devant Pharaon et ses serviteurs et il devint serpent. Pharaon, de son côté, manda les experts et les magiciens ; et les devins de l’Égypte en firent autant par leurs prestiges. Ils jetèrent chacun leurs bâtons et ils se transformèrent en serpents, et le bâton d’Aharon engloutit leurs bâtons.
Rachi : Le bâton d’Aharon engloutit. Redevenu bâton, il a avalé tous les autres.

Le miracle du bâton d’Aharon : un serpent qui engloutit des serpents ou un bâton qui engloutit des bâtons ?

2 – Analyse : Combien de miracles se sont-ils passés dans cet « engloutissement » ?
Mizra’hi sur Rachi ibid. : Les serpents des Égyptiens se sont d’abord transformés en bâtons, pour être ensuite engloutis par celui d’Aharon ; sinon, le texte aurait dû être : « le serpent d’Aharon engloutit leurs serpents ».
Midrach Tan’houma, Vaéra 3 : Un grand miracle s’opéra avec le bâton : si c’était un serpent qui avait englouti les autres serpents, on aurait dit que c’est l’habitude des serpents de s’engloutir entre eux ; mais là, il devint d’abord un bâton, ainsi qu’il est dit : « le bâton d’Aharon engloutit leurs bâtons » ; si un homme avait regroupé autant de bâtons, cela aurait fait plus de dix fagots… Et là, le bâton d’Aharon les engloutit et ne s’épaissit pas…

Pourquoi Rachi ne mentionne-t-il pas la notion de « double et grand miracle », évoquée par le Talmud et par le Midrach ?

3 – Développement : Faut-il un miracle pour que les serpents redeviennent bâtons ?
Chemot 4, 2 : D.ieu dit [à Moché] : « Qu’as-tu là à la main ? », Il répondit : « Un bâton ». Il reprit : « Jette-le à terre ! », et il le jeta à terre et il devint un serpent. Moché s’enfuit à cette vue. D.ieu dit à Moché : « Avance la main et saisis sa queue (du serpent) ! », il avança la main et le saisit et il redevint bâton dans sa main.
Likouté Si’hot : Dans les miracles qui eurent lieu en Égypte, nous retrouvons deux catégories : (a) Un miracle dans lequel l’élément change de nature, au point qui qu’il faut un miracle supplémentaire pour le ramener à son état initial. (b) Un miracle qui ne change pas vraiment la nature de l’élément, [il le « force » plutôt, à chaque instant du miracle, à adopter une autre nature] ; après le miracle, l’élément retrouve automatiquement sa nature. Selon le sens littéral du texte, lorsqu’on ne précise pas un acte spécifique pour « annuler » le miracle précédent, cela indique qu’une fois le miracle terminé – son innovation s’est annulée d’elle-même, sans avoir besoin de miracle supplémentaire. Ainsi, dans le miracle du bâton, il faut dire qu’à l’issue du miracle, le serpent retrouva automatiquement son existence naturelle de « bâton », sans avoir recours à un miracle supplémentaire.

Selon le sens littéral, le bâton est toujours resté à son état initial, il n’y avait pas besoin de second miracle. Et pourtant, pourquoi ne pas évoquer l’aspect hors-normes de cet acte : un bâton qui en absorbe d’autres, sans s’épaissir…

4 – Explication : D.ieu avait-Il annoncé la phase de « l’engloutissement » ?
Rachi sur Vaéra 7, 9 : [Produisez] un prodige. Un signe qui démontre que Celui qui vous envoie possède la puissance [et la capacité de dominer].
Vaéra 7, 3 : …Je multiplierai Mes signes et Mes preuves de puissance dans le pays d’Égypte. … Et les Égyptiens reconnaîtront que Je suis l’Éternel, lorsque J’étendrai Ma main sur eux…
Likouté Si’hot : En introduction aux Dix Plaies, D.ieu souhaitait exprimer Sa puissance et Sa gouvernance sur l’Égypte, en tant que sujet indépendant, dissocié de la punition et des plaies affligées aux Égyptiens. Ainsi, « l’engloutissement des bâtons » n’était pas un acte supplémentaire, en réponse à la contre-attaque des Égyptiens ; c’était plutôt l’objectif même du prodige du bâton : montrer la puissance et la gouvernance de D.ieu. Bien plus, le fait que le bâton d’Aharon s’était transformé en serpent n’était qu’une introduction à cet objectif.

Le véritable objectif souhaité par D.ieu avec le miracle du bâton : montrer à l’Égypte Sa souveraineté absolue !

5 – « L’engloutissement » devait se passer par un « bâton » et non pas un « serpent » !
Likouté Si’hot : Si l’engloutissement s’était opéré lorsque le bâton était serpent, étant donné que c’est la nature des serpents de s’engloutir, cela n’aurait pas exprimé clairement la gouvernance de D.ieu sur l’Égypte. Avec un « bâton », qui exprime la puissance, le prodige était parfait et indiquait clairement la gouvernance de D.ieu.

Le « bâton » exprime fortement l’idée de la souveraineté divine sur l’Égypte.

6 – Approfondissement : L’objectif des miracles du « bâton » des Dix plaies
Torah Ohr sur Vaéra, 56d : Le sens des Dix Plaies est : la brisure des forces du mal qui se considèrent comme une existence indépendante, pour leur montrer qu’elles ont constamment besoin de récupérer leur énergie de la sainteté. L’objectif de chaque plaie était de briser un des Dix Niveaux du mal égyptien. En introduction à ces brisures « ciblées », eut lieu le prodige du bâton, car « l’engloutissement » indique une annulation complète de l’élément englouti : la brisure complète et générale de l’ensemble des forces du mal de l’Égypte.

L’objectif profond du prodige du « bâton » : briser complètement les forces du mal, au point de les « engloutir ».

7 – Enseignement : Les limitations du « bâton », de la pression exercée sur autrui
Likouté Si’hot : Lorsqu’un Juif s’apprête à avoir de l’influence sur un autre Juif, il doit le faire par amour du prochain, comme Aharon qui : « aimait la paix, poursuivait la paix, aimait les créatures et les rapprochait vers la Torah ». Cependant, il y a parfois un Juif qui est dans une situation très basse : son « bien » est tellement caché, au point qu’il est nécessaire d’opérer sur lui une « annulation et brisure générale », un « engloutissement ». Dans ce cas, l’enseignement est le suivant : (a) Cet « engloutissement » devra s’opérer par le « bâton d’Aharon », par une personne qui est entièrement pénétrée de bonté et d’amour du prochain authentiques ; ainsi, la cause unique de cet acte sera l’amour absolu de son prochain. (b) Cet acte ne devra pas être fait comme un « serpent », animé d’un sentiment de colère etc., mais plutôt comme un « bâton » : sans aucun sentiment de colère ou d’énervement, sans aucun sentiment d’égo (« le bâton ne s’épaissit pas »). Ainsi, la personne influencée sera « engloutie positivement », [absorbée] par le « bâton d’Aharon », et cela accélèrera la sortie de l’exil et la venue du Machia’h.

Enseignements sur l’usage de pression sur autrui : (1) Uniquement en dernier recours. (2) Être animé par l’amour d’Aharon. (3) Ne pas être nerveux comme un « serpent », être neutre comme un simple « bâton ». Ainsi on méritera la venue du Machia’h !