La Torah commence par une série de récits familiaux qui semblent, à première vue, dominés par des conflits fratricides. Ces histoires, allant de Caïn et Abel jusqu’à Moïse et Aaron, pourraient être interprétées comme une chronique de jalousie, de violence et de trahison. Cependant, une lecture plus approfondie révèle une progression subtile mais significative dans la résolution des conflits et l’établissement de relations harmonieuses. Cette analyse propose un regard nouveau sur ces récits bibliques, suggérant qu’ils illustrent non pas une descente dans la violence, mais plutôt une évolution progressive vers la paix et la réconciliation.

 

La première partie de la Torah présente six cycles de terribles guerres fratricides, qui dégénèrent jusqu’au meurtre et à la vente d’un frère comme esclave. Mais peut-être devrions-nous relire l’histoire ?

Un cri retentit, un bébé vint au monde. Le premier-né de la femme commença sa vie. Caïn, l’appela Eve avec émotion, « car j’ai acquis un homme avec l’Éternel ». Après lui naquit Abel, et la structure de la première famille de l’histoire fut complète.

Mais l’espoir d’un monde paisible se brise en un instant cruel. Les fils offrirent des sacrifices à l’Éternel, l’offrande d’Abel fut acceptée et celle de Caïn rejetée. Et lui, au lieu de faire face au rejet, dirigea sa colère contre son frère et versa son sang.

Ce meurtre terrible ouvre la porte à quinze sections dominées par des guerres fratricides. L’axe qui guide le livre de la Genèse et le début de l’Exode est la préférence du frère cadet sur son aîné, et la réaction de l’aîné face au rejet. Ismaël est rejeté en faveur d’Isaac, Ésaü en faveur de Jacob, les frères de Joseph en faveur du fils préféré, Manassé voit Ephraïm s’élever à la première place et Moïse est choisi pour diriger malgré la présence de son frère aîné. Dans la plupart des cas, le rejet suscite la colère et des niveaux de violence variables.

Quel est le message ? Que devons-nous conclure de cette description horrible d’un monde sans justice, mû par la jalousie, la perte de contrôle et l’effusion de sang ?

Ça s’améliore

Relisons les histoires de la Torah et nous découvrirons une immense lumière qui en émane. Le livre de la Genèse ne décrit pas cinq cycles de guerres fratricides, mais l’inverse : cinq étapes de création de la paix. Le livre de la création du monde révèle le but profond de la réalité : nous sommes nés dans un monde créé sombre, et nous, par le pouvoir de notre libre arbitre, créons le miracle et choisissons le bien.

De cycle en cycle, les gens s’élèvent au-dessus d’eux-mêmes et choisissent mieux que dans le cycle précédent. Avec des forces extraordinaires, ils s’efforcent de maîtriser leur esprit et de gravir un échelon, et chaque scène progresse d’un niveau par rapport à la précédente, jusqu’au sommet parfait de la rédemption.

La première querelle entre Caïn et Abel s’est terminée par un meurtre. La deuxième querelle entre Ismaël et Isaac s’est terminée par une séparation des forces : Ismaël va vivre chez sa mère et Isaac reste chez son père. Dans le troisième cycle, après une rupture de 34 ans, Jacob et Ésaü se rencontrent, s’embrassent et conviennent de vivre ensemble un jour.

Le quatrième cycle apporte le pardon au monde : Joseph rend le bien pour le mal à ses frères et les nourrit à ses frais jusqu’à leur dernier jour. Le cinquième cycle conquiert un autre sommet et révèle une nouvelle réalité d’acceptation : Manassé l’aîné n’exprime pas de colère face à la préférence du cadet et accepte sereinement sa part.

Mais le sommet arrive à la veille de la rédemption d’Égypte : Aaron non seulement accepte sereinement la préférence de son frère cadet, mais il sert comme son porte-parole pendant une année entière. Tout au long du voyage face à Pharaon, Moïse est le juste qui apporte la parole de Dieu et Aaron est l’interprète qui diffuse ses paroles aux masses dans un langage clair.

Regardez en arrière

C’est l’histoire de nos vies : le monde n’est pas une affiche. Ce n’est pas les montagnes vertes de la Suisse. Le monde est une galerie pour créer la beauté. C’est un espace qui se sanctifie progressivement par le pouvoir de notre bon choix. La victoire ne s’obtient pas par knock-out mais par de petits choix continus chaque jour.

Avec du recul, nous pouvons être fiers de nos choix et du chemin que nous avons parcouru. Une belle phrase dit : « Si tu veux savoir combien il y a de mal – lis les journaux, mais si tu veux savoir combien il y a de bien – étudie l’histoire ».

Une perspective sur des milliers d’années enseigne que le mal est temporaire et que le bien prospère éternellement. Abraham était le seul croyant en un Dieu unique, et aujourd’hui 4 milliards de personnes – appartenant aux trois religions – croient en la foi d’Abraham. Il y a 500 ans, un père emmenait son fils se divertir dans des combats d’hommes et d’animaux, et aujourd’hui il est interdit de blesser un chat. Dans le passé, la guerre était une réalité qui allait de soi et aujourd’hui les dictateurs sont rejetés hors de la légitimité.

Mais nous ne nous contentons pas de la majorité du chemin, et nous recherchons la vocation principale : « Et de nombreux peuples iront et diront : Venez, montons à la montagne de l’Éternel, à la maison du Dieu de Jacob ; Il nous enseignera Ses voies, et nous marcherons dans Ses sentiers. Car de Sion sortira la Torah, et la parole de l’Éternel de Jérusalem. »