Les derniers défenseurs de Jérusalem nous ont laissé un message poignant : Méfiez-vous de la haine sacrée ! • Si deux Juifs ne peuvent pas s’asseoir ensemble pour un repas – c’est un signe que le soleil se couche
Depuis deux mille ans, on raconte l’histoire de ‘Kamtza et Bar Kamtza’, et il reste encore des lacunes importantes qui demandent une réponse. Rappelons : Un riche habitant de Jérusalem organisa un festin somptueux et invita son ami, nommé Kamtza, à célébrer avec lui. Le facteur se trompa d’adresse et remit l’invitation à son ennemi, un homme nommé Bar Kamtza. Celui-ci reçut l’invitation et fut ému par le désir du riche de mettre fin à leur querelle. Excité et heureux, il se présenta dans la salle et prit place au milieu de la table.
Le riche apparut à la fête et fut choqué. Ce misérable Bar Kamtza avait osé se présenter à un événement auquel il n’avait pas été invité ?! « Quitte immédiatement la salle », exigea-t-il avec insistance, et l’invité qui comprit qu’il y avait eu une erreur dans l’invitation essaya de minimiser les dégâts. « Permettez-moi de rester ici et je paierai le prix de mon repas », implora-t-il.
« Déguerpis ou j’appellerai les serveurs pour le faire », insista le riche. Bar Kamtza réalisa que toute la salle le regardait et eut du mal à respirer. « Je paierai la moitié du coût du festin, pourvu que vous laissiez l’événement se poursuivre normalement », chuchota-t-il. « Je paierai le coût total du festin, y compris la nourriture, l’orchestre et les fleurs, et ne m’humiliez pas devant l’assemblée », supplia-t-il. Mais le riche le jeta hors de la salle.
Bar Kamtza se retrouva dans la rue et ne comprit pas où étaient tous les autres ? Comment se fait-il que parmi tous les sages d’Israël assis au festin, il n’y ait pas un seul juste qui se lève et déclare ‘S’il part – je pars aussi’ ? L’instinct de vengeance brûlait en lui et il décida de frapper à l’endroit le plus sensible. Il alla dénoncer aux oreilles de l’empereur romain l’intention des Juifs de se rebeller contre l’empire, et ainsi commença la destruction du Second Temple, dont nous subissons encore les dégâts aujourd’hui. Le Talmud (Yoma 9) conclut : « Jérusalem n’a été détruite qu’à cause de la haine gratuite ».
Ils se sont réjouis silencieusement de son malheur
Et chacun pose deux questions : Premièrement, comment peut naître une haine aussi terrible ? Comment le riche renonce-t-il à une offre de rêve de recevoir le coût de tout le festin et insiste pour jeter Bar Kamtza dehors ? Deuxièmement : Qu’est-il arrivé aux sages ? Comment est-il possible que les grands d’Israël, dont chaque parole était inspirée par l’Esprit Saint, aient vu l’humiliation d’un Juif et n’aient rien dit ?
La logique impose que nous ayons manqué quelque chose dans le Talmud. Le ‘Hatam Sofer’ (commentaire sur le Talmud) ajoute un élément bouleversant : C’était une haine sacrée au nom du Ciel. Ce Bar Kamtza était un ‘méchant’ selon la définition halakhique. Il faisait partie de la communauté des ‘Boethusiens’, qui niaient l’autorité des sages pour interpréter la Torah de Moïse et s’en tenaient uniquement au sens littéral de la Torah écrite. Ils se rebellaient contre les principes fondamentaux du judaïsme comme la croyance en le monde à venir, les lois de la sanctification du mois, le commandement de l’Omer et plus encore, et causaient des dommages terribles.
La haine des craignant-Dieu envers eux était absolue, et donc quand l’un des leurs entra par erreur à la célébration du festin, le riche se réveilla dans un élan d’honneur divin et décida d’aller jusqu’au bout. Et quand il s’agit d’un conflit sacré – qui oserait marchander avec de l’argent ? Il rejeta avec dégoût l’offre de pot-de-vin de Bar Kamtza et fut heureux de démontrer son attachement aux principes de la foi.
C’est pourquoi les sages restèrent silencieux et se réjouirent de l’expulsion de Bar Kamtza de la salle. Si le riche ne l’avait pas fait – ils auraient dû se lever et le faire eux-mêmes.
Méfiez-vous de la haine ‘sacrée’
Cependant, c’est précisément le terrible testament que nous ont laissé les derniers défenseurs de Jérusalem : Méfiez-vous de la haine sacrée qui sort des proportions. Méfiez-vous des excommunications et de l’érection de hautes barrières entre Juifs. Si de bonnes intentions conduisent à ce que deux personnes ne puissent pas s’asseoir ensemble pour un repas – c’est un signe que le soleil se couche. C’est un signe que les fils délicats qui nous lient en un seul peuple se défont et que la destruction approche, que Dieu nous en préserve.
Car une ligne fine sépare l’établissement de limites correctes de la haine totale ; nous devons rejeter le péché et non le pécheur. Éloigner l’opinion invalide et non la personne elle-même. Comme le dit notre Maître le Vieux dans le livre du Tanya (chapitre 32) : haïr le mal en lui, mais en même temps aimer le bien en lui.
L’homme est beaucoup plus profond que ses erreurs. Même les erreurs du Juif proviennent d’une bonne intention. Et dans tous les cas, une partie de lui reste pure et parfaite, que le péché n’affecte pas. Par conséquent, à côté de la lutte contre l’opinion invalide, nous devons nous rappeler qu’il s’agit des fils d’Abraham, Isaac et Jacob, et le bien attirera le bien et illuminera et renforcera le bon côté.