Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Vayé’hi le Rabbi mentionne un enseignement au sujet du mois de Tévet qui est le mois le plus froid de l’année selon lequel : ‘Le corps a du plaisir du corps’.

La ‘Hassidout nous enseigne que la lumière du soleil est une allusion à la lumière divine de l’âme.

Chaque Juif doit dévoiler la lumière qui provient des forces de son âme et du fait que l’âme se dévoile dans le corps (et par son intermédiaire) nous devons accomplir un travail de raffinement et de purification du corps afin que celui-ci perde sa grossièreté et devienne un bon réceptacle pour la lumière de l’âme.

A l’exemple du soleil qui brille avec force pendant les mois d’été, notre service divin pendant cette saison consiste essentiellement à dévoiler la lumière des forces de notre âme. Pour se faire nous devons purifier le corps afin que celui-ci ne constitue pas un obstacle à ce dévoilement. Cependant l’essentiel de notre travail consistera à dévoiler la force de la lumière de l’âme.

A l’opposé pendant les mois d’hiver (et tout particulièrement pendant le mois Tévet) le soleil se fait beaucoup moins influent et le froid est alors dominant. De manière profonde cela signifie que la lumière de l’âme ne brille pas avec la même force que pendant les mois d’été et c’est la raison pour laquelle l’essentiel de notre travail sera alors de purifier notre corps précisément au moyen du corps lui-même et non pas au moyen de la lumière de l’âme. Purifier le corps, c’est agir sur l’âme animale afin de la raffiner, de la purifier, de ‘transformer l’obscurité en lumière’ c’est-à-dire de transformer sa grossièreté afin qu’elle-même éclaire.

Le Rabbi illustre ce principe au moyen d’une histoire du Baal Chem Tov que son beau-père le Rabbi Rayats lui rapporta au nom du Tséma’h Tsédek : ‘Un jour, alors qu’il n’y avait pas suffisamment de lumière dans le Beïth Ha Midrache, les élèves du Baal Chem Tov demandèrent à leur Maitre ce qu’ils devaient faire.
Le Baal Chem Tov leur répondit de détacher quelques stalactites de glace qui étaient accrochées sur le bord du toit du Beïth-Ha- Midrache. Les élèves partirent alors en chercher et lorsqu’ils les déposèrent sur les tables du Beïth-Ha-Midrache elles se mirent à briller et le Beït-Ha-Midrache fut alors inondé de lumière.

Cette histoire met en évidence une des deux façons de transformer l’obscurité en lumière. Une première façon consiste à amener de la lumière et dans ce cas la lumière va remplacer l’obscurité. Une deuxième façon consiste à ce que l’obscurité elle-même (‘les stalactites’) se mette à éclairer, ainsi qu’il est dit : ‘Dans les temps futurs la nuit brillera comme le jour’.

Le Rabbi nous explique que la raison pour laquelle on parvient à transformer un corps grossier en un corps saint précisément au moyen du corps lui-même (et non pas au moyen de la lumière de l’âme) vient du fait que l’origine du corps est supérieure à celle de l’âme. Et au Rabbi de nous enseigner que ‘la force de l’Essence divine qui est dans le corps se dévoile précisément lorsque la lumière de l’âme ne brille pas de façon manifeste. A l’exemple de la force de Messirout-néfèch qui se dévoile davantage dans le talon du pied que dans la tête’.

Comme il a été dit précédemment, l’été est une période propice pour dévoiler la lumière de l’âme et l’hiver est lui-même une période propice pour dévoiler l’Essence divine qui se cache dans le corps. C’est à ce sujet qu’il est dit : ‘Le corps a du plaisir du corps’ car le Rabbi nous enseigne que le ‘corps’ désigne ici Atsmout (‘le corps du Roi’ : l’Essence divine), et cette déclaration signifie que le plaisir de D.ieu n’est pas provoqué par le fait ‘d’annuler’ l’obscurité du corps afin qu’il ne s’oppose plus au dévoilement de l’âme mais par le fait d’agir dans le but que le corps lui-même se mette à éclairer.

Le Rabbi Rachab nous donne à ce sujet l’exemple de l’encens (voir ‘Bé chaa ché hikdimou’, Hélek guimel, page 1326). L’odeur de l’encens n’est plus la même lorsqu’on la brûle et ce passage de l’amertume à la douceur est comparable au travail que l’on doit accomplir sur notre âme animale afin de transformer son obscurité en lumière :

Il est possible d’élever l’âme animale grâce à la lumière de l’âme divine, cela est allusionné par le fait que pendant les jours de l’année on allumait la Ménorah du Temple, laquelle symbolise la lumière de l’âme divine, en même temps que l’on brûlait les encens. Nous voyons donc dans ce cas que la transformation de l’âme animale est réalisée au moyen de l’âme divine.

Il n’en est pas ainsi le Jour de Yom Kippour, car en ce jour l’âme animale s’élève d’elle-même. En effet nous pouvons nous rendre compte que même celui qui est totalement détaché du Divin pendant tous les jours de l’année revient vers D.ieu au moment de la prière de la Neïla. Et cela, même si ses nombreux péchés ont complètement obscurci la lumière de son âme divine.

Ce sujet est aussi celui du son du grand Choffar dont le pouvoir est de ramener tous ceux qui se sont égarés au point qu’ils sont véritablement incapables de retrouver leur chemin. Ce sujet est également celui des enfants d’Israël lorsqu’ils étaient esclaves en Egypte. Comme il est enseigné dans la ‘Hassidout, la matière n’a pas été créée selon le processus de l’enchaînement des mondes mais elle provient de l’Essence divine, c’est pourquoi L’Eternel a entendu le cri de Ses enfants, car ce cri provenait de l’âme animale et du corps qui ne pouvait plus supporter les terribles souffrances qu’on lui infligeait. Hachem ne pouvait pas supporter que l’on touche à Son Essence, laquelle est cachée dans le corps de Ses enfants.

Aussi, le Rabbi Rachab nous enseigne que dans notre service divin cela correspond précisément au cri de l’âme animale qui a pour effet de révéler ici-bas la force de l’Essence divine. A l’exemple du son du Choffar (fait à partir de la corne du bélier : d’un animal : allusion au cri de l’âme animale) qui est lui-même un cri qui vient de la profondeur du cœur.

Ainsi, à la lumière de ces enseignements, le Rabbi nous enseigne qu’à partir de l’obscurité la plus profonde la possibilité nous est donnée de faire de ce monde une demeure pour l’Essence divine. De fait, la force de l’Essence divine qui est dans le corps se dévoile dans l’obscurité, c’est à dire lorsque la lumière de l’âme divine ne brille pas manifestement en nous-mêmes, dans ce cas précisément se révèle la force de Atsmout.

L’exemple de ‘la force de messirout néfech qui se dévoile davantage dans le talon que dans la tête’ exprime cette idée. Notre génération est celle du ‘talon’, cela signifie que nous sommes capables d’agir avec la plus totale soumission (messirout néfech) en accomplissant un service divin basé davantage sur notre acceptation du joug divin que sur le dévoilement des forces de l’intellect.

Comme il a été dit précédemment : ‘le plaisir de D.ieu n’est pas provoqué par le fait ‘d’annuler’ l’obscurité du corps afin qu’il ne s’oppose plus au dévoilement de l’âme mais par le fait d’agir dans le but que le corps lui-même se mette à éclairer’. Conformément à cette déclaration le Rabbi mentionne un enseignement du Rabbi Rachab (‘Yom Tov chel Roch-ha-Chana’, Page 210) dans lequel il est expliqué qu’il existe ‘ceux qui servent Hachem avec leurs âmes’ et ‘ceux qui servent Hachem’ avec leurs corps’.

Ceux qui ont ‘le cœur brisé’, c’est à dire ceux qui s’attachent à briser la matérialité du cœur pour faire disparaître sa grossièreté sont ‘ceux qui servent D.ieu avec leurs corps’. Ils accomplissent les Mitsvoth avec la Emouna sans vraiment éveiller l’amour et la crainte de D.ieu qui naissent de l’intellect, mais en éveillant l’amour et la crainte de D.ieu naturels en chaque Juif. L’essentiel de ce travail est le niveau appelé ‘Bitoul ha Yèch’.
‘L’acte est essentiel’ et le Rabbi déclare dans le ‘Likouteï Sihot’ (11, Chemot, page 326-327) que ‘Le corps a du plaisir du corps’ du fait que l’intention divine est véritablement réalisée au moyen des Mitsvoth maassiot.

A l’évidence c’est par l’action des Mitsvoth accomplie avec le corps et en ayant conscience que le corps est lui-même lié à l’Essence divine, que nous aurons le mérite de’faire de ce monde une demeure pour l’Essence divine’ avec le dévoilement de notre Juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, avec l’aide de D.ieu.