Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Béchalah le Rabbi explique que ce Chabbat réalise la perfection du jour du 10 Chevat, jour de la Hiloula du Rabbi Rayats. De fait, ce Chabbat est celui de Chirat-ha-Yam, le Chant de la Mer, et la force d’un Chant est de ‘s’élever d’un niveau spirituel vers un niveau qui lui est supérieur’, et au Rabbi d’ajouter que ‘même l’élévation des mondes le jour du Chabbat est réalisée par le Chant (Chir) et tout particulièrement pendant le Chabbat ‘Chira’ dont la lumière a le pouvoir d’éclairer tous les autres Chabbat de l’année’.

Pour expliquer l’élévation et le passage d’un niveau spirituel vers un niveau qui lui est supérieur le Tséma’h Tsédek donne l’exemple de la Colonne qui se trouve entre le Gan Eden inferieur et le Gan Eden supérieur. Cette Colonne représente le ‘Bitoul’.

L’exemple que l’on donne pour le ‘Bitoul ha-Yèch’ est celui d’une graine que l’on plante dans le sol. Avant que la graine donne naissance à de la végétation, des fruits ou une plante, elle se putréfie dans la terre. De la même façon, pour que l’on puisse accéder à une compréhension profonde d’un concept divin de la Torah nous devons tout d’abord atteindre le niveau du ‘Bitoul ha-Yèch’ qui consiste à oublier la première compréhension que nous avons eu de ce concept (à l’exemple de cette graine qui se putréfie pour donner ensuite naissance à un fruit).

Le Chant lui-même incarne le ‘Bitoul’ : ‘l’annulation’ qui nous permet d’accéder à un niveau supérieur. C’est pourquoi le Tsémah Tsédek souligne que lorsque les enfants d’Israël apportaient des sacrifices sur l’Autel du Beïth-ha-Mikdache ils étaient accompagnés par des Chants. En effet, le sujet des Korbanot (Sacrifices) est une élévation du bas vers le haut et cette élévation n’est possible qu’au moyen des Chants et du ‘Bitoul’.

Le Tséma’h Tsédek mentionne par ailleurs que ‘le sujet du ‘Chant’ est celui de l’éveil de la Sim’ha (de la Joie) qui naît du fait de méditer à la grandeur de D.ieu et qui a le pouvoir de provoquer le désir et le plaisir d’Hachem de dévoiler la vitalité de la Lumière d’Or Sovev qui est au-delà du monde. De fait, la Simha vient du niveau de Binah : ‘on ne chante pas sans boire du vin’ et le vin représente le niveau de Binah.

Le Rabbi a mentionné dans le Dvar Mal’hout l’importance du Niggun (Chant) que l’on chante avant d’entendre le Maamar (Discours Hassidique) de la bouche du Rabbi. De la même façon ‘Chirat ha Yam’ que nous lisons le jour du Chabbat de la Paracha Béchala’h précède ‘les 10 Commandements’ que nous lisons le jour du Chabbat de la Paracha Yitro. ‘Chirat ha Yam’ est une préparation au dévoilement de la Parole de D.ieu, tout comme le Niggun qui précède le Maamar est une préparation aux paroles du Rabbi.

Peut-être nous est-il permis de dire ici que ‘le Livre des Mémoires’ du Rabbi Rayats est lui-même comparable à un Chant. Par la connaissance des ‘Hassidim et des Mystiques, de leurs vies et de leurs comportements, le Rabbi Rayats nous permet d’atteindre le niveau du ‘Bitoul’. Les détails innombrables que le Rabbi nous délivre dans cette Œuvre composent un ensemble que l’on ne peut pas limiter à de simples mots sur une page. Chaque page du Livre des Mémoires est telle une partition des notes d’une Mélodie ‘Hassidique.

Les forces de l’âme telles qu’elles se trouvent incluses dans l’Essence de l’âme sont illimitées. C’est pour cela qu’il est dit qu’au moment du don de la Torah ‘les enfants d’Israël virent les Voix’.

Chaque force de l’âme s’habille dans un des membres du corps, la force de la vision s’habille dans l’œil, la force de l’audition dans l’oreille…, et le membre qui habille cette force la limite. Mais lorsque cette force de l’âme se trouve dans l’Essence de l’âme (avant de s’habiller dans un des membres du corps) elle est illimitée :

Le don de la Torah fut la révélation de l’Essence de l’âme et il fut donc permis à l’œil de voir ce que l’on entend c’est-à-dire de voir ce qu’il n’a pas l’habitude de voir : ‘le Peuple vit les Voix’.

Le Rabbi Rayats nous donne à voir par ses Ecrits ce que nous ne voyons pas avec nos propres forces, de ‘voir les Voix’, de voir cette Mélodie ‘Hassidique qui nous prépare à la Torah du Rabbi à l’Essence de la Torah.

Les écrits de Rabbi Yossef-Itz’hak contiennent en eux-mêmes l’Essence de la ‘Hassidouth (qui est elle-même l’Essence de la Torah). Ce ne sont pas de simples récits. L’écriture de Rabbi Yossef-Itz’hak grave dans le cœur du lecteur les valeurs profondes de la Torah.
Au début de son livre intitulé : ‘Le livre des mémoires’, le Rabbi Rayats nous raconte l’histoire d’un des premiers ‘Hassidim nommé ‘Benjamin’ :

Loubavitch était née depuis peu. Le Rabbi décrit Loubavitch comme ‘un lieu qui convenait aux esprits élevés. Là ils pouvaient se retirer du monde et se consacrer entièrement à l’étude de la Torah et au service de D.ieu, ou commencer une vie nouvelle basée sur les principles moraux les plus nobles et les plus purs de la Torah.

Un jour, Un évènement terrible se produisit à Loubavitch. Un immense incendie se déclara dans la ville et détruisit toutes les maisons et les bâtiments. Tous les habitants durent se mettre au travail pour reconstruire leurs maisons. Chacun partit dans les bois, couper des arbres et ramener les troncs et bientôt des maisons s’élevèrent de nouveau dans les rues de Loubavitch. Parmi tous les habitants vivait un homme du nom de Benjamin. Il était un vieil homme qui n’avait pas d’enfants pour l’aider, aussi engagea-t-il des ouvriers. Tandis que tout le monde était occupé à élever des maisons, on remarqua que Benjamin semblait construire un édifice de vastes proportions. Qu’est-ce que cela signifie ? Se demandait-on. Est-ce que Benjamin avait l’intention de remplacer sa petite maison incendiée par une demeure aussi imposante ? On haussait les épaules. On n’osait pas poser de questions à Benjamin, et lui-même ne disait rien. Mais quand le bâtiment fut presque terminé on commença à se demander si Benjamin construisait bien une maison pour lui-même. Le mystère fut bientôt éclairci. Après tout, ce n’était pas une maison pour lui mais une maison de D.ieu ! Benjamin avait construit un Beith-Hamidrache (une maison d’étude).

Qu’ajouter de plus à une telle histoire ! La seule question que l’on doit se poser est : Quel édifice suis-je en train de construire ? Une maison qui est le reflet de mes propres désirs ou une maison dont les fondations sont celles de la Torah et des Mitsvoth ?
La maison de Benjamin est ouverte des quatre côtés à l’exemple de la tente de notre Père Avraham. Elle accueille chaque Juif et celui-ci peut à tout moment venir s’y abriter. La maison de Benjamin est celle que nous construisons chaque jour sans que cela ne soit pour nous une contrainte, mais bien au contraire un véritable plaisir, le plus profond qu’il nous est donné de connaître. Cette maison est bien plus qu’une maison, cette maison c’est le Beïth Ha Mikdache.