(Pour l’élévation de l’âme de ‘Hananiah ben Yaacov et de Eliahou ben David)

Dans le Dvar Mal’hout sur les Parachiot Tazria-Metsora, le Rabbi explique que la lèpre (bien qu’elle soit fixée par la Torah comme un signe d’impureté) cache une très haute lumière. Cet enseignement du Rabbi n’est donc pas sans exprimer, une fois de plus, la supériorité de la lumière qui provient de l’obscurité.

Le jour commémoratif de la Shoah qui a eu lieu il y a quelques jours est une occasion de nous rappeler de l’Artiste-Peintre Charlotte Salomon qui est née à Berlin le 16 Avril 1917 et qui a quitté ce monde à l’âge de 26 ans, à Auschwitz le 10 octobre 1943.

En 18 mois, elle peignit 1325 gouaches ou aquarelles à partir des trois seules couleurs primaires : le rouge, le jaune et le bleu. De l’incompréhension mêlée à de la douleur d’une jeune femme Juive face aux horreurs et aux persécutions que les nazis infligèrent au peuple Juif transparaissent dans le titre que Charlotte Salomon choisit pour intituler cette œuvre autobiographique : ‘Est-ce la vie, ou du Théâtre ?’.

Ce titre exprime le fait que la réalité qu’elle vécut était si choquante et si dure qu’elle semblait ne pas être réelle. Les persécuteurs du Peuple Juif étaient si cruels que l’on pouvait se demander s’ils étaient vrais, s’ils n’étaient pas déguisés. Cela ne pouvait être réel, cette réalité ne pouvait exister. Il devait s’agir d’une pièce de Théâtre, d’un jeu de rôles, avec des personnages qui n’existent pas vraiment.

Nous voyons donc qu’à travers le choix de son titre le ‘Théâtre’ désigne ici l’exil que l’Artiste oppose à ‘la Vie’, à la vraie Vie. D’une certaine manière cette opposition faîte par l’Artiste est comparable à l’opposition qui existe entre le Nom Havayeh et le Nom Elokim.

En effet, le Nom divin Elokim est lié à la nature, au monde, avec ses limites, tel qu’il fut créé par D.ieu. A l’opposé le Nom divin Havayeh désigne la lumière divine et infinie qui est aujourd’hui imperceptible. Le Nom Havayeh représente donc le dévoilement de la ‘vraie Vie’, c’est-à-dire de la lumière divine infinie que nous ne pouvons pas percevoir à présent, mais que l’Eternel dévoilera au moment de la Délivrance finale.

A l’opposé le Nom Elokim correspond au ‘Théatre’, car ce monde tel qu’il fut créé par le Nom Elokim cache l’Essence de la lumière divine. C’est la raison pour laquelle notre monde est l’endroit des ‘Klipot’, de l’impureté, de l’exil, car la possibilité de choisir entre le bien et le mal a été donnée à l’homme.

La ‘Hassidout nous enseigne que notre mission consiste à dévoiler LEssence de la lumière divine (symbolisée par le Nom Havayeh) dans ce monde limité (Elokim).

Le Rabbi Rachab donne à ce sujet l’exemple du Maître et de l’élève. Lorsque le Rav délivre un enseignement à son élève à partir d’un exemple, il ne dévoile pas toute l’ampleur du concept divin qu’il veut lui enseigner. De fait, l’exemple donné n’est qu’un reflet de la lumière de ce concept. L’exemple cache en lui-même l’essence de ce concept.

Cependant, le Rabbi Rachab nous enseigne que si l’élève s’attache de toutes ses forces à approfondir l’exemple que lui a donné son Rav, il parviendra à découvrir l’essence même de cet enseignement, en saisira toute son ampleur

Si le Rav avait commencé par nous enseigner ce concept sans l’habiller dans un exemple, l’élève n’aurait pas été en mesure de comprendre. Le fait de faire descendre ce concept dans un exemple qui est à la portée de l’élève, lui permet par la suite de remonter jusqu’à la source, de découvrir le concept divin tel qu’il est dans son essence.

Il en va de même pour le Nom Havayeh qui représente le dévoilement de la lumière divine qui aura lieu dans les temps messianiques, et le Nom Elokim qui représente ce monde où le divin est imperceptible.

Havayeh représente ‘la Vie’, l’essence du concept divin : L’essence de la Torah que l’Eternel dévoilera par l’intermédiaire du Machia’h.

Elokim représente ‘le Théatre’, l’exemple donné par le Rav dans lequel s’habille et se cache l’essence du concept divin.

Le Rabbi Rachab souligne donc ici que c’est à partir de ‘l’exemple’, c’est à dire de ce monde (‘l’exil’), que l’on parvient à la Délivrance, et il rejoint l’enseignement du Rabbi du Dvar Mal’hout sur notre Paracha selon lequel ‘le vrai sujet de l’exil c’est la Délivrance’.

Comme il a été dit précédemment, en 18 mois, Charlotte Salomon peignit 1325 œuvres à partir des trois seules couleurs primaires. L’obscurité de la Shoah ne l’empêcha pas de peindre. Bien au contraire. A l’exemple d’une l’olive que l’on presse pour extraire l’huile quelle renferme, la terrible oppression qu’elle subit eût pour effet qu’elle dévoila cette lumière unique qui vient de l’obscurité, cette lumière que l’on peut voir dans ses œuvres.

Peu avant son arrestation Charlotte Salomon confia les 1325 gouaches à un ami proche en lui disant : ‘Gardez-les bien, c’est toute ma vie !’. Ces mots expriment bien le fait que la réalisation de son œuvre picturale fut en soi le don véritable de sa propre personne.

Dans le Dvar Mal’hout sur les Parachiot Tazria-Metsora, le Rabbi exprime avec force la supériorité de la lumière qui provient de l’obscurité. Aussi, la lèpre, bien qu’elle soit fixée par la Torah comme un signe d’impureté, cache en réalité une très haute lumière. Le Rabbi rapporte ici l’enseignement de son père, le Rabbi Lévi-Itz’hak, selon lequel la valeur numérique de l’expression ‘ha metsora’ : ‘le lépreux’, est égale à 411 qui est la valeur numérique de ‘Tohou’ qui désigne la Séfira de Kéter (la Couronne qui surplombe l’enchaînement des mondes).

Kéter correspond au niveau de Yé’hida de l’âme Juive, et selon la déclaration du Tsémah Tsédek selon laquelle ‘La profondeur attire la profondeur’, c’est précisément en dévoilant le niveau de Yé’hida, en dévoilant notre soumission la plus totale vis-à-vis d’Hachem, que nous aurons le mérite de dévoiler Sa Volonté la plus profonde, celle de résider en ce monde pour un Chabbat éternel, avec la venue de notre Juste Machia’h, et connaitre enfin une Vie véritable, très bientôt et de nos jours, avec l’aide de D.ieu.