Dans le Dvar Ma’lhout sur la Paracha Bamidbar, le Rabbi explique que ‘de par sa nature un homme ne peut pas connaître le repos et la sérénité s’il n’a pas conscience et s’il ne ressent pas le but de son existence, et c’est précisément quand il ressent la raison et le but de son existence qu’il connait le repos de l’âme et du corps, et son repos personnel influence et apporte aussi le repos dans le monde entier’.

Nous sommes sans cesse confrontés à des changements. Dans l’espace, nous sommes constamment en mouvement, obligés de nous rendre d’un endroit vers un autre endroit. Dans le temps, nous vieillissons et passons d’un état vers un autre état. Tous ces changements qui interviennent dans les domaines de l’espace et du temps sont à l’opposé d’une situation de repos.

Cela est aussi vrai dans pour ce qui concerne notre service divin, pour la Mitsvah d’aimer D.ieu, qui inclut en elle les 248 Commandements positifs, et pour la Mitsvah de craindre D.ieu, qui inclut en elle les 365 interdits.

Il est écrit :’Tu aimeras L’Eternel ton D.ieu de tout ton cœur’, or, même l’amour ressenti dans le cœur est sujet à des changements. La ‘Hassidout parle du mouvement du bas vers le haut qu’elle appelle: Ratso, et du mouvement du haut vers le bas : Chov. Ces deux mouvements peuvent être définis de la manière suivante.

Lorsqu’un Juif ressent durant sa prière un amour très fort pour D.ieu, et que son âme est alors attirée vers sa source (cette impulsion de l’âme vers sa source est appelée Ratso), au point qu’elle serait prête à quitter le corps. Il est impératif après la prière que cet homme exprime cet amour intense de D.ieu qui est né dans son cœur pendant la prière, et qu’il fasse descendre cet amour dans le réceptacle de l’étude de la Torah, ou dans celui de l’accomplissement des Commandements divins. Ce retour de la lumière vers le bas est appelé Chov.

Cependant, dans le Dvar Mal’hout, le Rabbi nous enseigne que l’essentiel de notre travail consiste à ‘revenir à Un’ :

אם רץ לבך שוב לאחד

Cette déclaration du ‘Séfer ha Yètsira’ (livre attribué à Avraham Avinou) souligne l’importance de ne pas se laisser envahir par nos émotions, mais de ‘revenir à Un’.

Le Rabbi déclare donc que ‘la perfection de notre service divin est atteinte dans la paix, le repos, au point que même dans une situation de changements, de mouvements tels que Ratso et Chov, on éprouve le sentiment d’une paix profonde. Cela n’est possible que lorsque l’on ressent la Volonté de D.ieu, dans tous les détails de notre service divin’.

Le but de notre service divin ne consiste pas seulement à élever notre âme et à ressentir un amour élevé pour D.ieu, que l’on exprimera dans notre prière et notre étude de la Torah, pour ensuite élever à nouveau notre âme vers un plus haut niveau encore…

‘Revenir à ‘Un’ signifie que l’on doit revenir toujours à la conscience que l’on accomplit la Volonté unique de l’Unique de ce monde. Cette prise de conscience a pour effet que le cœur ne sera plus sujet aux changements et aux mouvements, mais au contraire, le sentiment d’accomplir la Volonté de D.ieu apporte la paix en nous-mêmes et dans tous les détails de notre service divin.

De la même façon, le Chabbat est un jour de repos, spirituel et physique, qui a la force de bénir et d’insuffler de la vitalité à tous les jours de la semaine, car en ce jour l’Eternel dévoile les raisons et Son intention d’avoir créé le monde. Dans ce cas ‘revenir a Un’ signifie que le jour du Chabbat nous revenons au contenu profond de notre existence, à la raison pour laquelle nous avons été créés.

Nous voyons donc que le véritable repos est lié à l’esprit, et c’est la raison pour laquelle le don de la Torah est venu achever la Création, car par le don de la Torah le peuple d’Israël a connu la paix intérieure. L’Eternel parle aux enfants d’Israël avec la Voix de la Torah, et les Paroles de L’Eternel apaisent l’esprit de ceux qui l’entendent. Aussi, de même que la voix de l’homme unit les sentiments aux mots (l’esprit avec la matière), lorsque l’homme accomplit ‘la Voix de la Torah’, il réalise sa mission d’unir l’Esprit divin avec ce monde matériel, et c’est de cette façon que l’homme peut enfin connaître le repos. C’est la prise de conscience de notre propre mission qui nous apporte la paix.

‘Revenir à ‘Un’ signifie que l’on doit revenir à l’Essence divine, au Jour du Chabbat, au don de la Torah, à la conscience que l’on accomplit la Volonté unique de l’Unique de ce monde.

Seule l’Essence divine a le pouvoir de transformer l’obscurité en lumière. L’Essence agit sur tous les sujets de l’existence car elle est au-delà de tous ces sujets, au-delà de toutes les particularités et de tous les détails qui composent les mondes spirituels et matériels. Elle est divine, et échappe donc à toutes les limites dont le monde est l’expression, et c’est pour cela qu’elle seule détient la force de transformer le monde en une demeure pour D.ieu.

Dès-lors, nous pouvons comprendre que l’une des raisons pour lesquelles la Délivrance finale est appelée ‘un Chabbat éternel’, car L’Eternel dévoilera la partie la plus profonde de la Torah, ainsi qu’Il le déclare Lui-même : ‘Une Torah nouvelle sortira de Moi’.

Le dévoilement de la Torah nouvelle est celui de la Volonté la plus profonde et la plus intérieure de D.ieu. L’Eternel révèlera les raisons des Commandements divins, et à la lumière de ce qui a été dit précédemment, c’est par le don de la Torah nouvelle que la paix et le repos atteindront leurs perfections véritables.

Notre travail pendant l’exil consiste donc à ‘revenir à Un’, c’est à dire revenir au lien essentiel qui existe entre notre âme et D.ieu. C’est par notre ‘Bitoul’, notre soumission la plus totale vis-à-vis de l’Eternel que nous y parvenons. Le Rabbi établit la différence qui existe entre la prière du pauvre et la prière du riche. Quand le riche entre dans le palais du Roi, du fait qu’il n’est pas étranger à la richesse il sera attiré par la beauté du palais et en oubliera l’essentiel : le Roi. A l’opposé, le pauvre qui n’a pas du tout de connaissances sur tous les trésors du Roi, sera seulement attiré par le Roi lui-même.

Il en va de même pour la prière. Celui qui est riche car il possède de profondes connaissances, est attiré par les trésors du Roi. Il demande donc à D.ieu de lui dévoiler des secrets de la Torah, mais ce faisant il ne parvient pas à l’essentiel : le Roi lui-même. A l’opposé, le pauvre, qui ne possède aucune de toutes ces profondes connaissances, se tient malgré tout dans le palais du Roi en ressentant pour Lui la soumission la plus totale. Son seul désir sera de voir et de parler au Roi des rois, le Saint béni soit-Il, et par ce désir il dévoilera le lien le plus profond qui l’unit au Roi et il s’attachera à Lui, à Son Essence. C’est cela ‘revenir à Un’.