Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Ki-Tissa, le Rabbi explique que l’Eternel a fixé que chaque chose se décompose en trois, la tête, le milieu et la fin (Roch, To’h, Sof).

La ‘tête’ est le début d’une chose. Elle contient en elle-même l’intention, le but. Puis vient la chose elle-même, le ‘milieu’, le contenu, par lequel on peut atteindre le but que l’on s’est fixé au départ. Enfin, vient la ‘fin’, la réalisation effective de ce but, conformément à la déclaration des Sages selon laquelle ‘la fin d’une action est au début dans la pensée’.

Ces trois niveaux, la tête, le milieu et la fin, correspondent aux trois lettres hébraïques Aleph, Beith, Guimel. Le Rabbi nous enseigne que ces trois lettres correspondent aussi à l’enchaînement des mondes, lequel est allusionné dans notre Paracha.

En effet, dans la Paracha Ki-Tissa il est question des premières Tables que l’Eternel donna à Moché, et sur lesquelles sont gravés les 10 Commandements qui commencent par la lettre ‘Aleph’ du mot ‘Ano’hi’ qui est lui-même une allusion à l’Essence divine. Ces premières Tables représentent donc le premier niveau, ‘Aleph’, le début et la base de toute chose, y compris la Création des mondes et de tout ce

qu’ils contiennent. Le monde a été créé pour la Torah, appelée ‘réchit’, ‘le Commencement’.

Puis vient la lettre ‘Beith’, première lettre du verset ‘Béréchit bara Elokim’, au moyen de laquelle les mondes et tout ce qu’ils contiennent furent créés.

A la fin de la Si’ha de la Paracha Chela’h de l’année 5747 le Rabbi mentionne que ‘Le monde a été créé pour la Torah, pour le Don de la Torah’ et le Rabbi demande dans ce cas ‘pourquoi a-t-il fallu attendre depuis la Création du monde 26 générations avant que L’Eternel donne la Torah au Mont Sinaï? A ce sujet les Sages se sont interrogés sur la raison pour laquelle la Torah commence par la lettre Beïth (Béréchit) et non pas par la lettre Aleph qui est la première de toutes les Lettres. Lorsque la Lettre Aleph elle-même en demanda la raison à L’Eternel qui lui répondit qu’Il avait créé le monde pour la Torah et qu’au moment du Don de la Torah sur le Mont Sinaï Il commencerait par la Lettre Aleph ainsi qu’il est dit: ‘Anohi : Je suis L’Eternel Ton D.ieu’.
Dans ce cas, pourquoi fallait-il que la Lettre Aleph attende 26 générations jusqu’au moment des 10 Commandements que L’Eternel prononça en commençant par la lettre Aleph?

La réponse à ces questions est que pour que l’homme et le monde puissent recevoir de manière profonde le dévoilement de la Torah qui est celui d’une Lumière divine qui est totalement au-delà des limites de l’homme et du monde, il est nécessaire que l’homme et le monde deviennent d’abord des réceptacles capables de recevoir un tel dévoilement. Cela implique donc avant tout un travail progressif de purification de l’homme et de ce monde matériel afin qu’ils soient aptes à recevoir le dévoilement de cette Lumière divine illimitée à laquelle la lettre Aleph fait allusion.

La lettre Aleph qui représente le dévoilement de cette Lumière infinie dont la dimension dépasse totalement nos propres limites et les limites de ce monde est donc bien le but de la Création, mais pour que cette Lumière infinie ait pu se dévoiler et s’unir avec la Création toute entière le travail de 26 générations fut nécessaire. Le Rabbi établit ici un lien avec l’éducation d’un jeune enfant. Le but de son éducation est aussi allusionné par le sens de la lettre Aleph c’est à dire son obligation d’accomplir les Commandements divins, mais pour qu’il accomplisse sa mission dans le monde il n’est pas possible de l’éduquer en lui dispensant immédiatement des enseignements très élevés car il ne possède pas encore les moyens et les réceptacles pour les recevoir et les intégrer profondément. Il faut donc lui donner au début des enseignements qui sont à sa portée, et peu à peu il grandit et devient apte à recevoir des enseignements chaque fois plus profonds.

Le Rabbi compare donc l’enfant dans son jeune âge au monde quand il fut créé. Tous deux ont besoin d’être préparés au Don de la Torah. La lettre Beïth représente ce travail de préparation. La Torah commence par la lettre Beïth qui est la première lettre du mot Béréchit et représente donc le début du travail, depuis Béréchit et pendant les 26 générations jusqu’au Don de la Torah sur le Mont Sinaï. Ce travail de purification de nous-mêmes et de ce monde matériel afin de devenir des réceptacles capables de recevoir et de nous unir à cette Lumière infinie qui est au-delà de toutes les limites: la Torah.

A la lumière de cet enseignement du Rabbi nous pouvons comprendre la raison profonde donnée par le Rabbi pour laquelle Moché brisa les premières Tables que lui donna L’Eternel. Celles-ci étaient l’œuvre du Saint béni soit-Il, ‘écrites du doigt de D.ieu’, et de ce fait leur niveau était d’un dévoilement supérieur et illimité, c’est à dire totalement au-delà de nous-mêmes, de notre perception. De fait, nous n’avons qu’une perception limitée et nous percevons davantage la dimension matérielle de ce monde que sa dimension divine. C’est la raison pour laquelle le Rabbi nous enseigne dans le Dvar Mal’hout sur notre Paracha que ces premières Tables étaient vouées à être brisées car les mondes créés et les êtres n’étaient pas prêts à recevoir le dévoilement de la lettre Aleph du mot Ano’hi, laquelle désigne l’Essence divine qui est au-delà de notre portée.

Moché brisa les premières Tables quand les Juifs commirent le péché du veau d’or. Cependant, le Rabbi nous explique que ce péché fut à l’origine de la Téchouva qui s’ensuivit. Par cette Téchouva les Juifs se préparèrent à recevoir les secondes Tables, qui contrairement aux premières étaient l’œuvre de Moché et représentaient donc le travail personnel de l’homme, son désir de revenir et de s’attacher à D.ieu. Les secondes Tables expriment profondément le sentiment de Téchouva, notre mission et notre action dans ce monde matériel qui consistent à ‘dévoiler l’intention divine, le but de la Création : le fait que le monde n’a été créé que pour la Torah’.

Le Rabbi souligne donc que ces secondes Tables ne seront donc jamais détruites du fait qu’elles incarnent la perfection liée à la réalisation du projet divin de faire de ce monde une demeure pour l’Essence divine.

Par ailleurs, le fait que les secondes Tables furent l’œuvre de Moché exprime clairement le fait que la mission de Moché (et du Moché qui existe dans chaque génération) consiste à mettre à notre portée la Parole divine. Dans ce cas il est possible d’établir ici un lien avec l’enseignement de la Torah selon lequel le peuple Juif demanda à Moché de lui répéter les 10 Commandements car il ne pouvait pas les entendre de la bouche de L’Eternel : le Rabbi nous enseigne que les premières Tables furent brisées car elles étaient l’œuvre de D.ieu et le peuple Juif n’était pas encore préparé à un tel dévoilement. C’est la raison pour laquelle Moché lui-même tailla les secondes Tables afin de mettre à la portée du peuple Juif le dévoilement de l’Essence divine.

Le Rabbi souligne à ce sujet que la lumière divine éclairait le visage de Moché quand il descendit avec les secondes Tables et non pas quand il descendit avec les premières, ainsi qu’il est dit (Ki-Tissa, 34, 35):’Et les enfants d’Israël voyaient le visage de Moché, la peau de son visage rayonnait’.
De fait, les premières Tables sont l’œuvre de D.ieu alors que les secondes furent taillées par Moché et ce n’est que par le travail personnel de l’homme dans ce monde que l’on parvient au niveau de ‘la peau de son visage (de Moché) rayonnait’: le dévoilement de l’Essence divine.

Dans le Dvar Mal’hout le Rabbi déclare que la force pour accomplir notre mission de provoquer la Guéoulah vient du lien qui nous unit à Moché et au Moché qui existe dans chaque génération. C’est la raison pour laquelle le Rabbi nous enseigne que cette lumière qui émanait du visage de Moché peut aussi ‘éclairer le visage de chaque Juif’ car ‘tous les enfants d’Israël possèdent une étincelle de Moché’.

Notre mission de ramener le monde à un état de pureté et de le préparer au dévoilement de l’Essence divine n’est donc possible que par la force de notre attachement au Rabbi. Il est celui qui nous conduit au terme de cette mission sacrée et nous prépare à ce dévoilement, très bientôt et de nos jours, avec l’aide d’Hachem.