L’exemple du Rav et de l’élève revient très souvent dans la ‘Hassidout. Le Rabbi Rachab établit notamment un lien entre le dévoilement de la Parole divine dans le monde et le dévoilement de l’enseignement d’un Rav à son élève.

Imaginez un Rav qui étudie seul la Torah. Pour lui-même, avant même qu’il n’ait l’intention de transmettre un enseignement à son élève. Ce qu’il étudie et qu’il comprend n’est pas à la portée de son élève et lorsque le Rav décide de lui transmettre un enseignement à partir de ce qu’il est en train d’étudier il devra faire un premier Tsimtsoum. C’est à dire qu’il devra mettre de côté toute la profondeur du concept divin qu’il a étudié afin de ne garder et d’enseigner que ce que l’élève est capable de comprendre.

Le deuxième Tsimtsoum que devra faire le Rav consiste cette fois à penser l’enseignement qu’il a décidé de transmettre à son élève en considérant l’aptitude et les moyens que celui-ci possède pour recevoir cet enseignement.
Le Rabbi Rachab souligne que le premier Tsimtsoum est beaucoup plus puissant que le second car il représente une descente depuis l’Essence de l’intellect du Rav pour n’aboutir qu’à un petit rayon de lumière que l’élève sera capable de recevoir, ainsi qu’il a été dit précédemment : ‘il devra mettre de côté toute la profondeur du concept divin qu’il a étudié afin de ne garder et d’enseigner que ce que l’élève est capable de comprendre’.

Cependant le dévoilement de l’enseignement n’est possible qu’après un troisième Tsimtsoum. Celui-ci consiste à ce que le Rav habille l’enseignement obtenu après le premier et le deuxième Tsimtsoum dans des mots. Le dévoilement à l’élève n’est possible que par la parole du Rav.

A la lumière de cet exemple le Rabbi Rachab nous enseigne que les 4 Lettres du Nom Havayeh sont une allusion à la création et à la transmission de la lumière du Rav à son élève.

Or ein sof est au-delà des Lettres du Nom Havayeh. Or ein sof représente l’Essence divine et de ce fait peut être allusionné par l’Essence de l’intellect du Rav.
Le passage de l’Essence au reflet correspond au premier Tsimtsoum qui comme il a été expliqué consiste à définir l’enseignement que l’élève sera en mesure de comprendre. Ce Tsimtsoum est allusionné par la Lettre Youd et par la Lettre Hé du Nom Havayeh

Le deuxième Tsimtsoum qui consiste à définir l’enseignement selon les capacités à le recevoir de l’élève est allusionné par la Lettre Vav.
Enfin, le troisième Tsimtsoum qui consiste à ce que le Rav habille cet enseignement dans des mots est allusionne par la dernière Lettre du Nom Havayeh : la Lettre Hé qui correspond à la Séfira de Mal’hout.

Les Lettres du Nom Havayeh correspondent donc aux 10 Sefirot du monde d’Atsilout lequel représente la Pensée du Saint béni soit-Il, c’est à dire le niveau de la lumière divine dont un simple reflet est dévoilé dans le monde par l’intermédiaire de la Séfira de Mal’hout qui est elle-même la Parole divine qui crée et maintient en vie les mondes et tous les êtres qu’il contient.

Les mondes ne peuvent pas recevoir la lumière divine qui est du niveau de la Pensée de L’Eternel, c’est pourquoi il est dit dans le livre du Tanya que ‘L’Eternel a mis Sa grande lumière de côté’ et ne dispense aux mondes de la Création qu’un simple reflet de lumière qu’ils seront en mesure de recevoir, de la même façon du fait que l’élève ne peut pas recevoir l’Essence de l’intellect du Rav, le Rav met de côté toute la profondeur de son enseignement pour ne transmettre à son élève que ce qu’il sera en mesure de comprendre.

Aussi, de même que les mondes reçoivent leurs existences et leurs vitalités par le moyen de la Parole de L’Eternel (Mal’hout), l’élève reçoit son enseignement par le moyen de la parole du Rav.

Il convient ici d’établir un lien avec un des enseignements du Rabbi dans le Dvar Mal’hout sur notre Paracha.

Il est écrit au début de notre Paracha (Vaéra, 6, 3) : ‘Je suis apparu à Avraham, à Itz’hak et à Yaakov comme D.ieu Tout Puissant, ‘Kel Chadaï’, mais sous Mon Nom ‘L’Eternel’, ‘Havayeh’, Je ne me suis pas fait connaitre à eux’.

Ce verset met en évidence la différence qui existe entre le niveau de la lumière divine qui est dévoilée dans le monde par la Parole de D.ieu, et le niveau de la lumière divine qui est au-delà du monde et qui ne s’y révèle pas encore : la Pensée de D.ieu.

Le Rabbi explique que ce verset s’adresse aussi bien à Moché et à sa génération qu’à notre propre génération, car tant que nous vivons dans l’exil nous ne connaissons pas le dévoilement du Nom Havayeh. En effet, c’est avec le dévoilement du Machia’h que nous aurons le mérite de connaître le dévoilement de L’Essence divine et de l’Essence de la Torah.

Ainsi, les Patriarches sont la racine et la source de toutes les âmes des enfants d’Israël. Ils représentent l’Essence de l’âme d’Israël dont découlent la foi pure en D.ieu et les forces les plus profondes et les plus intérieures de l’âme Juive, telles que celle de faire don de sa propre existence pour sanctifier le Nom de D.ieu.

‘D.ieu nous donne la matière afin que nous la transformions en spirituel’, et en circoncisant le prépuce de sa chair, Avraham fut le premier à agir de la sorte. Par cela, Avraham ouvrit le chemin de ‘Matan Torah’, car il fut le premier à sanctifier son corps, et il transmit alors en héritage les forces de l’Essence de l’âme Juive aux enfants d’Israël de toutes les générations, leur permettant de poursuivre cette mission de faire du corps de ce monde matériel une demeure pour D.ieu.

Avraham Itz’hak et Yaakov qui furent les premiers à dévoiler l’Essence divine dans leurs âmes et dans leurs corps représentent l’Essence de l’âme Juive, puis, avec le don de la Torah, par le fait d’accomplir tous les autres Commandements de la Torah, le peuple Juif attira de manière profonde l’Essence divine dans ce monde matériel. Cependant, ce n’est qu’avec le dévoilement du Machia’h que l’on connaîtra le Nom Havayeh de manière véritable, car l’on assistera alors au dévoilement de la Pensée d’Hachem et l’on verra la Parole divine, pour l’instant cachée, avec nos yeux de chair.
(Fin de la première partie)