L’un des enseignements du Rabbi du Dvar Mal’hout sur la Paracha Chemini est basé sur le fait que pendant sept jours Moché monta et démonta le Michkan et que le huitième jour il ne le démonta pas. Ce huitième jour, la Présence divine se dévoila dans le Michkan (le Temple portatif dans lequel l’Éternel Se dévoilait à Moché durant le séjour des enfants d’Israël dans le désert).

Le Rabbi nous enseigne alors la signification du chiffre sept et du chiffre huit. Le chiffre sept représente la perfection de ce monde car le monde fut créé en 6 jours et le septième jour qui est le jour du Chabbat apporta le repos en ce monde. Ainsi, le chiffre sept symbolise la lumière divine qui s’habille dans ce monde matériel et qui de ce fait est une lumière limitée. A l’opposé, le chiffre huit symbolise la lumière divine qui est au-delà du monde et le huitième jour fut donc le jour de la révélation de la Présence divine.

Le point souligné par le Rabbi est que la lumière du huitième jour ne fut pas ‘séparée’ du monde car ce monde limité devint le réceptacle d’une lumière illimitée. Hachem unifia deux contraires, l’illimité et le limité.

Aussi, le Rabbi met en évidence que le Michkan fut construit par les mains de l’homme et il apparaît donc que c’est par son propre travail que l’homme parvient à dévoiler la Présence divine à l’intérieur du Michkan, et par la suite dans l’univers entier.

Cet enseignement du Rabbi s’applique aussi à l’âme car la mission de chaque Juif consiste à faire de soi-même un Michkan (un réceptacle) capable de recevoir le dévoilement de l’Essence de l’âme divine. En ce sens, les sept jours des Milouim qui précédent et qui constituent la préparation au dévoilement du huitième jour de la Présence divine dans le Michkan correspondent au travail de préparation nécessaire pour recevoir le dévoilement de l’Essence de l’âme.

Le chiffre sept correspond donc à la partie de l’âme qui s’habille dans le corps (comme la lumière divine qui s’habille dans le monde) et le chiffre huit à la partie de l’âme qui ne s’habille pas dans le corps (comme la lumière infinie qui ne s’habille pas dans le monde).

L’Admour Hazaken explique dans le Likouteï Torah que l’expression ‘de toute ton âme’ du verset du Chéma Israël désigne la force de messirout néfech ; en d’autres termes, de la capacité de chaque Juif de faire don de sa propre vie pour sanctifier le Nom de D.ieu. Or, cette force ne découle absolument pas de l’intellect. C’est pourquoi nous employons l’expression ‘au-delà de l’intellect’ car cette force découle de l’Essence de l’âme laquelle est bien au-delà de l’intellect, puisque ‘l’Essence de l’âme est enracinée dans l’Essence divine’.

Par ailleurs l’Admour Hazaken explique que l’expression ‘de toute ton âme’ a aussi un autre sens. ‘L’intellect est un réceptacle de l’Essence de l’âme’, de même que pour les mondes supérieurs la Séfira de ‘Ho’hmah-ilaa du monde d’Atsilouth est un réceptacle de la lumière d’Ein Sof.

De fait, la Torah qui est la Sagesse de D.ieu vient de la Séfira de ‘Ho’hmah-ilaa du monde d’Atsilouth où s’habille la lumière d’Or ein-sof. L’attribut de ‘Ho’hmah du monde d’Atsilouth illumine l’attribut de ‘Ho’hmah des mondes de Bria, Yetsira et Assyia et s’habille dans les Halakhot de la Torah. Ainsi, quand un Juif étudie une Halakha, alors sa ‘Ho’hmah s’unit à la ‘Ho’hmah divine contenue dans cette Halakha.

Aussi, ‘de toute ton âme’ ne désigne pas seulement la force de messirout néfech mais symbolise également l’union des pensées des paroles et des actes de l’homme à la pensée la parole et l’action d’Hachem. Par le fait d’unir son intellect à la Sagesse de la Torah, un juif unit l’Essence de son âme à l’Essence divine.

Cet enseignement de l’Admour Hazaken s’accorde avec l’enseignement du Rabbi. L’intellect est une force limitée, à l’image du chiffre sept qui représente ce monde limité comme il a été expliqué précédemment. Or, c’est précisément par l’étude de la Halakha que l’intellect devient un réceptacle de l’Essence de l’âme, laquelle est comparable au chiffre huit qui représente la lumière divine infinie qui se dévoila dans le Michkan.

De la même façon, nous devons agir dans ce monde limité dans le but d’attirer la lumière de la Délivrance finale.

Le Rabbi nous enseigne dans le ‘Dvar Mal’hout’ de la Paracha Chemini que ‘Moché a la capacité d’unir les enfants d’Israël avec le Saint béni soit-Il car l’infini et le fini sont en lui’.

En d’autres termes, ‘l’infini est en lui’ signifie que la force de la partie la plus profonde de l’âme de Moché, l’Essence de l’âme de Moché, ‘l’infini’, est constamment dévoilée dans la partie ‘finie’ de son âme : la partie de l’âme qui s’habille dans le corps : les forces de l’intellect dans le cerveau, les sentiments dans le cœur, la vitalité dans le sang.

Le Rabbi nous enseigne alors que l’humilité de Moché est la raison pour laquelle il a le mérite que l’infini soit dévoilé en son âme, et c’est à cela que se rapporte la déclaration du Pirkeï Avot selon laquelle : ‘Moché a reçu la Loi du Sinaï et l’a transmise à Yéochoua’ : la Montagne du Sinaï, par le fait qu’elle soit la plus basse parmi toutes les montagnes, exprime l’humilité et la soumission la plus totale vis à vis de l’Eternel, et le Rabbi révèle que ‘Moché a reçu la Loi du Sinaï’ signifie qu’il apprend ‘du Sinaï’, qu’il est animé par la plus grande humilité, et parfaitement soumis à D.ieu.

D’une certaine manière, la force de soumission de Moché et son exceptionnelle humilité sont peut-être liées au titre donné à l’ouvrage du Rabbi : ‘Dvar Mal’hout’. En effet, la ‘Hassidout nous enseigne que la Séfira de Mal’hout (la dernière Séfira du monde d’Atsilout) est qualifiée de ‘pauvre’ car elle ne possède pas une lumière qui lui est propre.

Comme la lune qui reçoit toute sa lumière du soleil, la Séfira de Mal’hout reçoit toute sa lumière des autres Séfirot du monde d’Atsilout. A l’exemple de l’élève qui est au départ parfaitement soumis à son Maître et qui grâce à cela parvient parfois à le dépasser, la Séfira de Mal’hout s’élèvera dans les temps messianiques au- dessus de toutes les Séfirot et leur dispenseraq sa propre lumière, ainsi qu’il est dit : ‘une épouse vertueuse (Mal’hout) est la couronne de son mari’ (Zo).

Il en va de même pour la lune car dans les temps messianiques celle-ci ne recevra plus sa lumière du soleil mais dispensera sa propre lumière et deviendra aussi grande que le soleil, ainsi qu’il est dit : ‘la nuit brillera comme le jour’.

Le principe selon lequel l’annulation vis-à-vis de D.ieu provoque les plus hauts dévoilements divins transparaît à travers tous les enseignements du ‘Dvar Mal’hout’. L’image souvent donnée par la ‘Hassidout d’une graine qui se putréfie dans le sol avant de donner naissance à une plante en est le parfait exemple. Elle s’accorde à l’image de la lune dont la taille diminue jour après jour dans l’obscurité du ciel jusqu’à finir par disparaître, puis y renaître ensuite à nouveau.

Dans le ‘Dvar Mal’hout’ sur la Paracha Chemini, le Rabbi cite le livre de Chmouel (1, 20, 18) : ‘Ton absence sera remarquée, ta place étant vide’.

Dans ce verset, Yonathan s’adresse à David en lui faisant remarquer que son absence à la table du roi ne peut passer inaperçue. C’est précisément parce que David ‘manque’ à sa place que le roi se ‘souvient’ de lui. Le Rabbi déclare qu’il en va de même pour la lune le jour de Roch ‘Hodech : c’est précisément après avoir diminuée de taille au point de disparaître, de ‘manquer à sa place’, que la lune renaît et grandit à nouveau dans le ciel.

D’après l’enseignement du Rabbi, ce principe s’applique à celui de l’obscurité qui précède la Délivrance. La Délivrance ‘manque à sa place’, c’est précisément ‘parce qu’un Juif ne se trouve pas à sa véritable place, à la table de son Père, sur la terre sainte à Jérusalem, la ville sainte, dans le Beït Ha Mikdache, et c’est cette absence précisément qui aura pour effet que l’Eternel se souviendra de lui et le délivrera.’

A travers ces paroles du Rabbi, nous devons comprendre que c’est ce qui nous fait défaut qui nous permet par la suite d’atteindre le divin illimité. L’absence de David à la Table du roi Shaoul est une allusion à l’attribut de Gvurah, au Tsimtsoum, à la limitation et à la dissimulation de la lumière divine. Le Rabbi nous dévoile que c’est précisément par l’attribut de Gvurah, le ‘fini’, que l’on peut accéder à ‘l’infini’, ainsi qu’il est dit : ‘celui qui accomplit la Torah dans la pauvreté finira par l’accomplir dans l’opulence’ (Rabbi Yonathan, Pirkeï Avoth).

Ainsi, peut-être est-ce à travers l’idée selon laquelle tout dévoilement divin passe nécessairement par la révélation de notre petitesse, que le Rabbi intitula son recueil ‘Dvar Mal’hout’. En effet, notre petitesse doit être comparable à celle de la Séfira de Mal’hout. A l’évidence Mal’hout réprésente la ‘pauvreté’ qui mène à l’opulence, à l’exemple de cette graine qui disparaît dans la terre pour renaître ensuite, à celui de la lune qui disparaît pour réapparaître ensuite.

A l’exemple de Moché dont le nom disparaît dans la Paracha Tetsaveh, à celui du Rabbi qui demande à ses émissaires de ne pas mentionner son nom si cela s’avère nécessaire, c’est par le fait de s’annuler totalement à la volonté du Rabbi, le Moché de notre génération, que l’on parvient à renaître ensuite, à s’élever dans notre service divin dans la plus grande opulence, jusqu’au dévoilement de notre Juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, avec l’aide d’Hachem .