Dans le Livre du Tanya l’Admour Hazaken nous enseigne que le monde est créé par la Parole de D.ieu, par elle Il crée la matière, tous les êtres de la Création et les maintient en vie à chaque instant. Cependant, l’Admour nous enseigne également que la Pensée de D.ieu est aussi créatrice et c’est à ce sujet que L’Eternel dit : ‘Mes Pensées ne sont pas (comme) vos pensées’.
Lorsque L’Eternel Se représente la Création dans Sa pensée alors celle-ci émerge du néant. La Pensée de D.ieu n’est pas comme celle de l’homme car contrairement à la pensée de l’homme qui ne procède que de l’imagination la Pensée de D.ieu n’est pas de l’imagination car la Création commence à exister concrètement avec Sa pensée. Certes, lorsqu’elle émerge de la pensée de D.ieu la Création n’a pas encore atteint son état définitif et d’une certaine manière nous dirons quelle est encore une ‘partie’ de D.ieu, cependant, cette Pensée existe véritablement, concrètement, ainsi qu’il est dit (Tanya, 48) : ‘Par Sa Pensée et par Sa Connaissance, Il connait toutes les créatures, (Sa Pensée) entoure chaque être, de la tête jusqu’en bas, entoure l’intérieur, jusque dans sa dimension la plus profonde’.
L’Admour Hazaken donne l’exemple du globe terrestre et écrit que ‘la Connaissance de D.ieu représente la Vitalité de l’épaisseur du globe terrestre, ce qui le fait exister à partir du Néant’.
La Pensée de D.ieu est donc à la source de la vitalité de ce monde. Elle vitalise la Création, et de ce fait nous pouvons la rattacher à la lumière d’Or Sovev qui est définie comme ‘la lumière qui entoure, qui crée, et qui maintient en vie les mondes sans pour autant pénétrer à l’intérieur de ceux-ci car ils sont limités et ils ne pourraient pas supporter une lumière qui est elle-même illimitée’.
Contrairement à la Pensée, qui demeure au-delà du monde, la Parole de D.ieu est rattachée à la lumière d’Or Mémalé qui est définie comme ‘la lumière qui remplit les mondes, qui s’habille à l’intérieur de ceux-ci’.
Ainsi, de même que chez l’homme la parole ne dévoile qu’un reflet de la pensée, le monde tel qu’il est n’est qu’un reflet de la Pensée de D.ieu, et ce n’est que dans les temps de la Délivrance que la Pensée de D.ieu sera dévoilée dans la Création par l’intermédiaire du Machia’h, avec le dévoilement de la Torah ‘Hadacha.
La différence entre la Parole et la Pensée est la même différence qui existe entre les lettres de la Parole et les lettres de la Pensée.
Les lettres de la Parole sont comme des lettres écrites sur du Parchemin qui sont simplement posées sur le parchemin sans faire Un avec lui.
Les lettres de la Pensée, au contraire, sont comme des lettres que l’on grave dans de la pierre et qui ne font plus qu’Un avec la pierre.
L’exemple des lettres écrites et des lettre gravées nous aide à comprendre que comme ces lettres gravées qui ne font qu’Un avec la pierre, la Pensée de D.ieu fait qu’Un avec Lui, alors que le monde dans lequel nous vivons nous semble avoir une existence indépendante de D.ieu du fait que l’on ne ressent pas Sa Présence, à l’exemple de ces lettres que l’on écrit sur du parchemin et qui sont indépendantes du parchemin car ne font pas Un avec lui. Ainsi le monde des temps messianiques est à l’exemple de ces lettres gravées dans la pierre car le lien entre D.ieu et toute la Création apparaîtra alors à l’évidence. Le monde et tout ce qu’il contient ne feront plus qu’Un avec D.ieu.
Le Rabbi nous enseigne dans le Dvar Mal’hout que l’union des deux Parachiot Béar et Bé’houkotai exprime le dévoilement de l’Essence divine dans la Création. Cet enseignement est fondé à partir de la question posée par les Sages au début du cinquième chapitre des Pirkeï-Avot : ‘Le monde a été créé par 10 paroles. Pourquoi ces 10 paroles ? Une seule parole n’aurait-elle pas été suffisante ?
Le Rabbi répond à cette question en rapportant l’enseignement du Ramban selon lequel : ‘la matière première du monde, et pas plus, a été créée en une ‘seule parole’, alors que toutes les formes des êtres, avec tous leurs détails ont été créés au moyen de ‘dix paroles’.
De fait, le Rabbi nous enseigne ‘qu’une seule parole’ désigne la force, qui n’appartient qu’à D.ieu de créer l’existence à partir du néant (‘Yèch mi Aïn’), et que ‘les ’10 paroles’ désignent la pluralité qui caractérise le monde’.
‘Une seule parole’ met donc l’accent sur le fait que tout provient de D.ieu et que tout Lui est parfaitement soumis, et c’est la raison pour laquelle le Rabbi associe cette ‘seule parole’ à la partie de la Torah qui est au-delà du monde et qui ‘ne fait qu’Un avec le Créateur.
A l’opposé, ‘les 10 paroles’ représentent la Torah telle qu’elle descend dans le monde et s’habille dans les 613 Mitsvoth (cela s’accorde avec le fait que les 613 Mitsvoth correspondent aux 613 membres du corps).
Le Rabbi approfondit le sens ‘d’une seule parole’ et celui de ’10 paroles’ :
La Paracha Béar évoque le Mont-Sinaï, et correspond aux ’10 paroles’ car ‘la montagne’ exprime l’élévation d’un niveau vers un niveau supérieur, et de ce fait elle n’est pas sans évoquer la pluralité et les différences qui existent dans le monde (comme la Torah telle qu’elle s’habille dans le monde matériel).
La Paracha Bé’houkotaï évoque ‘la seule parole’. Le nom hébreu ‘Hakika qui est apparenté au nom Bé’houkotaï désigne l’action de graver, comme les lettres que D.ieu grava de ‘Son doigt’ sur les Tables de l’Alliance. Les lettres de D.ieu sont unies à la matière du lien le plus profond. Une lettre que l’on grave dans la pierre ne fait plus qu’un avec elle. La pierre se fond dans la lettre, et la lettre se fond dans la pierre. Aussi, les Lettres divines gravées dans les tables désignent la partie de la Torah qui est au-delà du monde et ne fait qu’Un avec le Saint béni soit-Il. C’est pourquoi la Paracha Bé’houkotaï fait allusion à l’Essence de la Torah, la ‘Hassidout, et correspond à une ‘seule parole’.
L’union des Parachiot Béar et Bé’houkotaï exprime l’idée que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire de ce monde matériel (’10 paroles’) une demeure pour l’Essence divine (‘Une seule parole’). C’est-à-dire révéler de manière véritable, la force de l’Essence divine de manière qu’elle pénètre et ne fasse plus qu’Un, avec le corps du monde physique et de l’homme.
Le Rabbi souligne que la Fête de Pessa’h évoque ‘Une seule parole’, car elle célèbre la révélation du Saint béni soit-Il Lui-même au sein du peuple juif, et le compte du Omer qui commence au lendemain de Pessa’h représente ‘les 10 paroles’ car il consiste à réparer, à illuminer et à transformer tous les aspects de l’âme animale, à transformer l’obscurité de ce monde dans toute sa pluralité.
Dans cet ordre d’idée, le Rabbi nous explique que la Paracha Bamidbar, laquelle succède aux Parachiot Behar-Be’houkotai et précède le jour de Chavouot, n’est pas sans évoquer les moyens nécessaires pour parvenir à faire de ce monde une demeure pour l’Essence divine. ‘Bamidbar’ signifie ‘Désert’.
Du fait qu’il est inhabitable, le désert représente un endroit qui n’a rien à voir avec l’homme. C’est pourquoi le Rabbi le compare à la partie de la Torah ‘qui n’a rien à voir avec l’homme’, c’est-à-dire la partie de la Torah qui ‘ne fait qu’Un avec D.ieu’ et qui de ce fait est au-delà du monde.
Le désert symbolise la soumission la plus totale, il est ‘comme la terre que tout le monde piétine et qui malgré cela ne se plaint jamais’. A son exemple, grâce à notre soumission nous aurons le mérite de provoquer le dévoilement de la Pensée de D.ieu dans la Création car comme l’a déclaré l’Admour Hazaken : ‘L’Eternel ne réside que dans un endroit qui Lui est parfaitement soumis’.
A l’évidence c’est par notre attachement au Rabbi que ce mérite se concrétisera et dès à présent il est bien de nous attacher à ce que le Rabbi a déclaré au moment de Pourim : ‘Concrètement, il faut diffuser avec encore plus de force l’importance d’une seule action, d’une seule pensée.
Chacun doit prendre conscience de son caractère fondamental, car elle peut apporter le salut au monde entier, conformément à la décision hala’hique du Rambam. Cette idée revêt la plus haute importance et il est donc judicieux, chaque fois que des Juifs se réunissent, de faire la proclamation suivante : ‘Ecoutez bien ! Si chacun d’entre vous introduit une action de plus, si trois personnes le font, il sera possible de conclure l’exil et d’obtenir la Délivrance véritable et complète (chacun doit inviter les autres à l’action)’, très bientôt et de nos jours avec l’aide de D.ieu.