Au début de la Paracha ‘Vaéra’ L’Eternel déclare à Moché (Vaéra, 6, 2-3): ‘Je suis L’Eternel. Je suis apparu à Avraham à Itz’hak et à Yaakov comme ‘D.ieu Tout Puissant’ mais sous Mon Nom ‘L’Eternel’ (‘Havayeh’) Je ne me suis pas fait connaître à eux’.

Le Rabbi, dans le ‘Dvar Mal’hout’, explique le sens profond de ce verset, et des deux Noms divins qu’il contient.

Le premier Nom ‘Kèl Chadaï’ (que l’on traduit ici par ‘D.ieu Tout Puissant’) qui fût dévoilé aux Patriarches, correspond au dévoilement de la lumière divine, telle que celle-ci s’inscrit dans les limites de ce monde matériel.

Le Nom ‘Havayéh’, qui fut révélé à Moché et aux enfants d’Israël, correspond à la lumière divine qui est bien au-delà des limites de l’enchaînement des mondes.

Concrètement, le Rabbi nous donne ici à comprendre que ces deux Noms, ces deux dévoilements divins, sont liés l’un avec l’autre. Avraham, accomplit le premier le Commandement de la circoncision, lequel représente l’action de révéler l’Essence divine dans le corps. Lorsqu’il se circoncit, Avraham révéla l’Essence de l’âme Juive qui est enracinée dans l’Essence divine, et dont découlent la force de la Emounah et la capacité de faire don de sa propre vie, quand il s’agit de sanctifier le Nom divin.

Cependant, Avraham ne révéla L’Essence divine que dans les limites de son propre corps, et non pas à l’extérieur, c’est à dire dans le monde lui-même. Il fallut attendre Moché et le don de la Torah pour que L’Essence divine se dévoile aussi à l’extérieur. En devoilant Son Nom ‘Havayéh’, L’Eternel donna la possibilité aux enfants d’Israël de sanctifier la matière de ce monde en accomplissant Ses Commandements.

Le Nom ‘Havayeh’ représente donc la force de révéler l’Essence divine de manière profonde. Par le don de la Torah (et du Nom ‘Havayeh’) chaque Juif acquiert la capacité de ‘faire descendre’ l’Essence divine dans les forces de son âme, dans ses pensées ses paroles et ses actes.

La ‘Hassidout donne souvent l’exemple de l’huile pour décrire cette qualité de dévoiler les niveaux les plus élevés (l’Essence divine) dans les endroits les plus inférieurs, car l’huile s’infiltre dans les matières les plus dures et les plus résistantes.

On peut ici illustrer notre propos en citant la déclaration du Rabbi selon laquelle ‘les paroles dites avec douceur pénètrent dans le coeur et y font leur effet’.

En effet, le Nom ‘Havayéh’ représente cette force qui fait pénétrer nos paroles dans le coeur de l’autre. C’est ce Nom qui donne la force à la Parole divine de pénétrer à l’intérieur de toutes les forces de notre âme et d’y ‘faire son effet’. La Parole divine concquiert alors non seulement notre être tout entier, mais aussi tout le monde extérieur. Par la force de ce Nom, chaque Juif peut enfin faire de ce monde limité une demeure pour l’Essence divine.

Cependant, le Rabbi souligne ici que cet ‘effet’ n’atteindra sa perfection que dans les temps messianiques, car ce n’est qu’à ce moment que les fruits, ‘l’effet’, des graines de toutes les Mitsvoth accomplies durant l’exil apparaîtront devant nos yeux, et deviendront perceptibles à nos sens.

Conformément à la demande du Rabbi selon laquelle chaque Juif se doit d’écrire ses propres ‘hidouchim, l’occasion nous est donnée ici d’approfondir ce qu’il vient d’être dit à partir de l’un des versets de notre Paracha.

Il est écrit (Vaéra,7, 10): ‘Aaron jeta son baton devant Pharaon et ses serviteurs, il devint un serpent’.

Le nom ‘serpent’ se dit en hébreu ‘na’hach’, et les Sages nous enseignent que‘na’hach’ a la même valeur numérique que ‘Machia’h’358. Ainsi, il est possible d’expliquer l’image du ‘bâton qui devint un serpent’ de la manière suivante:

Pour certains, la venue du Machia’h demeure extérieure à leur propre vie. C’est à dire qu’elle n’est aucunement ressentie comme une chose qui est sur le point de se réaliser. De ce fait, tout les sujets qui concernent le Machia’h demeurent inertes dans leurs esprits, à l’image d’un ‘bâton’ totalement dépourvu de vitalité.

A l’opposé, ‘le bâton qui devint un serpent’ représente les sujets du Machia’h tels que ceux-ci sont vécus par ceux qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour provoquer sa venue.

Le ‘bâton qui devint un serpent’ nous apprend que chaque Juif, par la force de l’Essence divine révélée dans son âme et dans la Torah, détient la capacité de donner une vraie vie à ce monde.

Avant le don de la Torah le monde était encore inerte, à l’image d’un baton ‘mort’ car dépourvu de toute vie, puis, avec le don de la Torah ‘le baton devint un serpent’, c’est à dire que ce monde encore inerte eût la possibilité de s’élever au niveau du‘Machia’h’, qui comme il vient d’être expliqué a la même valeur numérique que‘serpent’. En d’autres termes le peuple Juif reçut pour mission de donner une vitaliténouvelle à ce monde, en faisant de lui une demeure pour l’Essence de D.ieu.

Aussi, à la lumière de ce qu’il vient d’être dit, le verset ‘Je suis apparu à Avraham à Itz’hak et à Yaakov comme ‘D.ieu Tout Puissant’ mais sous Mon Nom ‘L’Eternel’ Je ne me suis pas fait connaître à eux’ peut être expliqué par l’image du ‘bâton qui devint un serpent’.

Le Nom de ‘Kel Chadai’ (‘D.ieu Tout Puissant’), que L’Eternel dévoila aux Patriarches évoque ce ‘bâton’ encore inerte, à l’image d’un monde qui ne pouvait pas encore devenir une demeure pour D.ieu.

Le Nom ‘Havayéh’ (‘L’Eternel’) évoque le ‘serpent’‘na’hach’Machia’h, et la possibilité qui nous est donnée de faire de ce monde une demeure pour L’Essence divine.

Plus encore, Pharaon qui est appelé ‘le Grand serpent’ n’est pas non plus sans évoquer le Grand dévoilement des temps messianiques, lorsque l’Essence divine se dévoilera à nos yeux de chair, par la force du Grand Nom d’Havayeh, lors de la venue de notre Juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, avec l’aide de D.ieu.