La définition de l’Artiste donnée par le Rabbi de Loubavitch :

Le Rabbi a donné une définition très profonde de l’Artiste en disant qu’il regarde un objet, en débarrasse l’aspect superficiel, les contours extérieurs, pour parvenir enfin à représenter l’Essence de cet objet. Le véritable Artiste nous donne donc à voir ce que l’on ne voit pas, c’est-à-dire le contenu profond de chaque chose. De la même façon exactement, le Rabbi regarde la réalité, la débarrasse de son aspect superficiel, de ses contours extérieurs, pour enfin voir son contenu profond. Le Rabbi change le regard que nous portons sur la réalité. L’obscurité de l’exil n’est qu’une apparence et elle cache en réalité une très grande lumière. C’est précisément l’objet de la ‘Hassidout que de nous faire prendre conscience d’une part, que tous les éléments négatifs de l’existence cachent un contenu profond et lumineux, et d’autre part, que nous possédons les capacités pour transformer l’obscurité qui est en nous-même, et l’obscurité de ce monde, en lumière. C’est la raison pour laquelle le Rabbi déclare que l’exil fait partie intégrante de la Délivrance, qu’il constitue une étape préparatoire au dévoilement du Machia’h.

Les qualités de l’Artiste peuvent servir d’exemple pour comprendre l’un des sujets de la Si’ha du Dvar Mal’hout sur notre Paracha. En effet, l’une des qualités de l’Artiste est qu’il est inspiré. Cependant, l’inspiration n’est pas toujours suffisante et le véritable Artiste possède également les moyens de réaliser son œuvre de manière concrète. Un Architecte, par exemple, élabore des plans précis qui contiennent toutes les informations sur les différents matériaux de tous les éléments qui composent l’édifice. L’inspiration de l’Architecte doit nécessairement s’accorder à toute la partie technique. L’Architecte imagine au départ un édifice avec sa forme extérieure et intérieure. Il considère l’espace naturel qui l’entoure et trouve les moyens de l’intégrer dans ce cadre de manière harmonieuse. Il peut aussi trouver des astuces pour éclairer l’intérieur du bâtiment en perçant les murs, ou même le toit, pour laisser entrer la lumière du soleil. Toutes les idées qui viennent de l’inspiration de l’Architecte doivent être réalisées dans ce monde matériel.

L’œuvre finale, c’est à dire l’édifice une fois construit, unit en lui-même l’esprit avec la matière. L’inspiration de l’Architecte commence à se matérialiser sous la forme d’un plan, et se matérialise véritablement avec la construction de l’édifice.

Ce qui est vrai pour un Architecte est également vrai pour tout autre Artiste. Un Peintre, par exemple, sait représenter les choses qu’il voit. Mais que serait le Tableau d’un Peintre inspiré si ce Peintre ne possède pas les moyens techniques de ‘matérialiser’ son inspiration ? Certes, l’inspiration de l’Artiste est essentielle mais elle doit nécessairement passer de l’état spirituel à l’état matériel.

L’héritage que les Patriarches ont transmis au peuple Juif :

Il est écrit au début de notre Paracha (Vaéra, 6, 3) : ‘Je suis apparu à Avraham, à Itz’hak et à Yaakov comme D.ieu Tout Puissant (‘Kel Chadaï’), mais sous Mon Nom ‘L’Eternel’ (‘Havayeh’) Je ne me suis pas fait connaitre à eux’.
Dans la Si’ha du Dvar Mal’hout sur notre Paracha le Rabbi nous explique à quels dévoilements correspondent les Noms divins de Kel-Chadaï et de Havayeh.

Tout au long de leurs Vies Avraham Itz’hak et Yaakov dévoilèrent les forces plus profondes qui découlent de l’Essence de l’âme Juive comme la foi en D.ieu (la force de la Emounah) et l’attitude qui consiste à faire don de sa propre vie pour accomplir la Volonté de D.ieu (la force de ‘Messirout néfech).

‘Je suis apparu à Avraham’ représente donc le dévoilement de la force de l’Essence de l’âme et cette force fut transmise par les Patriarches comme héritage aux enfants d’Israël.

Attirer l’Essence divine dans le monde grâce aux Commandements divins :

Bien qu’Avraham possédait un corps sain avant même de se circoncire, grâce à la Mitsvah de la Brit-mila Avraham sanctifia l’un des membres de son corps et en même temps cette Mitsvah eut une influence sur le monde entier. Malgré cela ce n’est qu’avec le dévoilement du Nom Havayeh lors du don de la Torah que les enfants d’Israël purent atteindre la perfection dans l’action d’unir le Divin spirituel avec le monde matériel.
L’Essence divine ne sera véritablement dévoilée qu’au moment de la venue du Machia’h, mais le don de la Torah sur le Mont-Sinaï permit aux enfants d’Israël d’attirer l’Essence divine dans le monde par leur accomplissement des Commandements divins (ainsi qu’il est sous-entendu dans la Parole de L’Eternel : ‘J’ai écrit Mon Essence et Je l’ai donnée’.

D’un côté, le Rabbi souligne que la mission qui consiste à unir les deux contraires que sont le spirituel et le matériel ne fut possible que parce le peuple Juif hérita de la force des Patriarches (seule l’Essence détient le pouvoir d’unir la matière à l’esprit, l’exil à la Délivrance). D’un autre côté, ce sont les enfants d’Israël, par l’accomplissement des Commandements divins, qui provoqueront la Délivrance finale en faisant de ce monde matériel une demeure spirituelle pour D.ieu.

Aussi, de manière profonde il est possible d’expliquer que le lien qui unit les Patriarches aux enfants d’Israël est le même lien qui unit l’Essence de l’âme avec les forces de la partie de l’âme qui s’habille dans le corps, c’est à dire avec les forces de l’intellect, avec les sentiments, et avec l’action.

Le don de la Torah permit de dévoiler la force de l’Essence de l’âme dans les forces de la partie de l’âme qui est révélée dans le corps en accomplissant les Commandements divins et faire ainsi de nous-mêmes et de ce monde matériel une demeure pour l’Essence divine. Faire de ce monde et de nous-mêmes une demeure pour D.ieu consiste à attirer l’Essence divine dans ce monde matériel, et c’est pour cette raison que nous avons rapporté au début de notre propos l’exemple de l’Artiste.

L’Artiste :

Comme il a été expliqué l’Artiste a au départ une inspiration et son travail consiste à matérialiser cette inspiration. Le Rabbi Rachab a donné l’exemple d’un homme qui éprouve du plaisir à concevoir les plans d’une demeure dans laquelle il prévoit de vivre. Le Rabbi Rachab explique que ce plaisir qu’il ressent fait naitre dans son esprit des idées concrètes qu’il va dessiner sur le plan.

Attirer le Divin dans les niveaux les plus bas et les plus grossiers :
D’une certaine manière l’inspiration de l’Artiste ressemble au dévoilement de l’Essence de l’âme et à l’intention d’un Juif de faire de lui-même et de ce monde une demeure pour D.ieu. Ce niveau correspond donc au niveau d’Avraham. Par ailleurs, le travail de l’Artiste qui consiste à réaliser concrètement l’œuvre en restant fidèle à l’inspiration première correspond au service divin des enfants d’Israël lorsqu’ils accomplissent les Commandements divins. Dans ce cas, unir ces deux niveaux consiste à dévoiler nos forces les plus profondes dans toutes nos actions.

Le Rabbi met en valeur l’importance de dévoiler la force de l’Essence de l’âme au point qu’elle nous imprègne de manière profonde et rapporte sur ce sujet l’explication du Rabbi Rayats sur la déclaration de l’Admour Hazaken dans le Livre du Tanya selon laquelle ‘l’âme divine est une parcelle véritable de divinité d’En-haut’ : ‘Hélek Eloka mimaal mamach’.

Le mot ‘mamach’ signifie ici : ‘véritable’ mais le Rabbi Rayats rapporte que le mot ‘mamach’ signifie aussi ‘réalité’ : ‘mamachout’. Ainsi, Hélek Eloka mimaal mamach’ est une allusion au fait de faire pénétrer le divin,’Hélek Eloka mimaal’, de manière profonde dans les niveaux les plus bas et les plus matériels de notre réalité : ‘mamachout’.

De la même façon que l’inspiration de l’Artiste doit pénétrer son œuvre, un Juif doit faire pénétrer le divin dans tous les sujets de sa vie et de ce monde. La lumière et la force de l’Essence de l’âme représentent l’inspiration divine d’un Juif. L’Art d’un Juif consiste alors à attirer ce reflet Divin dans les forces de la partie révélée de son âme, c’est à dire dans les forces de l’intellect, dans les sentiments et finalement dans les actes.

Par ailleurs, plus un Juif agira au-delà de ses propres limites plus il sera inspiré, plus Hachem dévoilera la partie la plus élevée, les forces les plus profondes de son âme, plus il touchera au but de sa mission, de faire de ce monde une demeure pour l’Essence divine, un chef d’œuvre. C’est donc seulement par l’accomplissement des Mitsvoth, qui sont appelées par le Zohar : ‘les membres du Roi’ (le corps de l’Assemblée d’Israël), que l’Essence divine, le ‘Roi’, peut être attirée ici-bas, dans ce monde inférieur.

Le Nom ‘Chnéor-Zalman’ :

Le Rabbi a donné plusieurs significations du prénom de L’Admour Hazaken : Chnéor-Zalman. Chnéor se décompose de la manière suivante : Chné-or et fait donc allusion aux deux (‘chné’) lumières (‘or’) de la Torah : la partie profonde de la Torah et la partie révélée de la Torah. Cependant, le Rabbi met ici en évidence le fait que ces deux lumières s’unissent en un seul nom : Chnéor et la signification profonde de cela est que l’Admour Hazaken est parvenu à unir deux lumières en une seule. La ‘Hassidout représente l’âme de la Torah et la partie révélée de la Torah représente le corps de la Torah et l’Admour Hazaken dévoile le lien qui unit l’un avec l’autre. De manière générale cela signifie que l’Admour Hazaken unit le Divin spirituel avec le monde matériel, et de manière particulière cela consiste à dévoiler la partie profonde de l’âme qui est au-delà de ce monde avec les forces de l’âme qui s’habillent dans le corps.

Le Rabbi explique que ces deux lumières qui s’unissent en une seule expriment le fait que les enseignements de la ‘Hassidout doivent faire Un avec nous-mêmes et c’est à ce sujet que le Rabbi écrit dans son ouvrage intitulé ‘Iniana chel Torat-HaHassidout’, le Rabbi écrit la chose suivante :
‘Selon le principe général d’après lequel ‘le début est ancré dans la fin’, il apparaît que plus la ‘Hassidout est diffusée jusqu’aux aspects les plus grossiers de la Création, pour transformer jusqu’à la nature de l’âme animale qui constitue un extérieur au sein même de l’individu, au point même que l’individu parvienne à sublimer la part du monde qui lui a été assignée à cet effet, et qui caractérise son extérieur véritable, et plus la nature de la ‘Hassidout se trouve intensément exprimée. C’est pourquoi mon saint beau-père soulignait tant lors de ses interventions, le fait que chaque concept étudié en ‘Hassidout doit être cristallisé par les actes car c’est seulement dans sa concrétisation qu’est appréhendée la nature essentielle de la ‘Hassidout’.

Résumé :
Les choses peuvent donc être résumées de la manière suivante. L’Eternel apparut aux Patriarches sous le Nom de ‘Kel Chadaï’ et aux enfants d’Israël, lors du don de la Torah, sous le Nom d’Havayéh. Au moment de la Délivrance finale L’Eternel nous apparaîtra sous un Nom divin ‘qu’aucun œil n’a vu’ : l’Essence du Nom Divin. C’est précisément grâce au dévoilement de nos forces les plus profondes que nous parviendrons à provoquer ce dévoilement. A l’exemple d’un Artiste inspiré, nous devons attirer et révéler dans notre accomplissement des Commandements divins notre inspiration la plus profonde, c’est à dire que nous devons être inspiré par le lien le plus profond de notre âme avec D.ieu. De cette manière nous parviendrons à réaliser notre Œuvre, en faisant de ce monde matériel une demeure pour l’Essence divine, avec le dévoilement de notre Juste Machia’h, avec l’aide de D.ieu.