Le Nom divin ‘Havayéh’ vient de ‘Hithavout’ : ‘Création’, et désigne la force créatrice au moyen de laquelle l’Eternel crée le monde à partir du néant. Cependant, c’est le Nom divin ‘Elokim’ qui est écrit dans le premier verset de la Torah au sujet de la Création du monde (Béréchit, 1, 1) : ‘Béréchit bara Elokim’ : ‘Au commencement D.ieu (Elokim) créa le ciel et la terre’.
La raison pour laquelle c’est le Nom Elokim qui est mentionné (et non pas le Nom Havayeh) est que ‘Le Nom Havayéh S’habille et Se cache dans le Nom Elokim’, c’est seulement le Nom Elokim qui se dévoile dans les créatures, mais non pas celui de Havayéh (la force créatrice)’.
De fait, le Nom Elokim est venu pour cacher la profondeur de la lumière du Nom Havayeh afin qu’il ne brille qu’un reflet de cette lumière infinie. Ce processus qui consiste à masquer grâce au Nom Elokim la lumière du Nom Havayeh est appelé Tsimtsoum. L’Admour Hazaken déclare dans le Livre du Tanya ‘qu’il n’est dans les possibilités de l’intellect d’aucune créature de comprendre clairement ce processus de dissimulation, de même qu’il ne nous est pas possible de comprendre la Création d’un être en partant de rien’.
Sans le Nom Elokim ce monde limité n’aurait pas pu supporter le seul dévoilement de la lumière infinie du Nom Havayeh. C’est pourquoi il est dit que Havayeh est comme le soleil et Elokim est comme un bouclier qui masque la lumière du soleil, car Havayeh représente la force de dévoilement de la lumière et Elokim représente la force de limitation du dévoilement de cette lumière.
Comme un abat-jour que l’on place sur une lampe pour atténuer l’intensité de sa lumière, le Nom Elokim vient pour atténuer la lumière infinie du Nom Havayeh afin que le monde qui est limité reçoive une lumière qui lui convient, une lumière qui est à sa portée, c’est à dire une lumière limitée.
Le Nom ‘Elokim’ masque la force créatrice du Nom Havayeh au point que nous ne ressentons pas que cette vitalité qui nous anime et anime les mondes provient de D.ieu. Il nous semble alors que nous-mêmes et toute la Création avons une existence autonome et vivons indépendamment de D.ieu.
C’est à ce sujet que la ‘Hassidout souligne que la valeur numérique d’Elokim est la même que celle du mot הטבע : la Nature, car de même que le Nom Havayeh S’habille et Se cache dans le Nom Elokim. Hachem Se cache dans la Nature au point que nous percevons davantage le monde physique que sa dimension spirituelle et profonde, et cela a par exemple comme conséquence le seul désir d’assouvir des plaisirs matériels plutôt que des désirs spirituels.
Dans ce cas, lorsque nous nous efforçons de rechercher le Divin caché, lorsque nos efforts ont pour but de percevoir davantage la dimension spirituelle et profonde de nous-même et de ce monde plutôt que de nous attacher à leurs dimensions physiques et matérielles alors nous dévoilons le Nom Havayeh caché par le Nom Elokim, c’est à dire que nous dévoilons dans ce monde limité (Elokim) le niveau du Divin qui est illimité (Havayeh).
Dans la Paracha Béréchit il est question du monde que D.ieu a créé sans qu’il ne soit question de l’action de l’homme dans le monde. A l’opposé, dans la Paracha Noa’h c’est essentiellement du travail de l’homme dans le monde dont il s’agit et le Rabbi nous enseigne que c’est précisément lorsque l’homme agit dans l’obscurité et dans les limites de ce monde (Elokim) qu’il parvient à dévoiler le Nom d’Havayeh dans le monde, et de ce fait, à élever le monde à un niveau qui est supérieur à celui qu’il avait quand il fut créé.
‘Révéler le Nom Havayéh dans le monde (Elokim’), c’est donc de ‘faire de ce monde matériel (Elokim) une demeure pour L’Essence divine (Havayéh)’, en d’autres termes, de révéler dans les limites de ce monde (Elokim) une lumière illimitée qui est au-delà du monde (Havayeh).
Un des points essentiels parmi les enseignements du Rabbi dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Noa’h est que c’est précisément par notre action dans ce monde matériel que l’on parvient au dévoilement de l’Essence divine.
L’arc en ciel est le symbole de l’Alliance que D.ieu a établi avec Noa’h et évoque la promesse que fit L’Eternel de maintenir le monde en vie éternellement.
Plus profondément, le phénomène naturel de l’arc en ciel incarne la perfection du dévoilement de la lumière d’Havayeh. De fait, l’arc en ciel apparaît au moment où la lumière du soleil se reflète dans les nuages. Or, ces nuages qui donnent la pluie ne proviennent pas du ciel mais de la terre. En effet, le soleil en chauffant l’eau qui est sur la terre provoque son évaporation et la formation de minuscules gouttelettes d’eau qui s’élèvent dans l’air et forment des nuages qui s’épaississent peu à peu et donnent de la pluie.
Le Rabbi nous enseigne que le contenu spirituel du phénomène physique de l’arc en ciel est qu’il symbolise l’action de purifier la matière afin d’y dévoiler la lumière d’Havayeh. Cet enseignement s’accorde donc tout particulièrement au fait que ‘c’est précisément par notre action dans ce monde matériel que l’on parvient au dévoilement de l’Essence divine’.
A l’exemple des nuages qui sont des vapeurs d’eau qui s’élèvent de la terre vers le ciel, les actions de l’homme s’élèvent du haut vers le bas, et comme ces vapeurs d’eau dont la pureté est telle qu’ils reflètent la lumière du soleil, lorsque nous purifions un objet matériel avec lequel nous accomplissons un Commandement divin, nous dévoilons la lumière du Nom divin Havayeh et celle-ci vient se refléter dans cet objet. Dans ce cas l’objet matériel atteint sa dimension véritable car nous y avons introduit de la Sainteté. L’arc en ciel est donc le signe de la possibilité qui nous a été donné de faire de ce monde matériel (Elokim) une demeure pour l’Essence divine (Havayeh).
Le Rabbi nous enseigne que pendant le mois de Tichri notre service divin est animé par un mouvement qui nous élève au-dessus des limites de ce monde. En ce sens, notre service divin pendant le mois de Tichri s’accorde à lumière du Nom Havayeh qui représente le niveau du Divin qui est au-delà de ce monde matériel. A l’opposé, à la fin du mois de Tichri commence notre service divin qui consiste à agir de manière concrète dans ce monde matériel et dévoiler de cette façon la lumière du Nom Havayeh cachée par le Nom Elokim.
Pour se faire cela implique forcément d’examiner de temps en temps notre situation en établissant un bilan moral, spirituel. Il s’agit dans ce cas de parfaire les aspects négatifs de notre comportement. Le Rabbi souligne que lorsque l’on établit un tel bilan et que l’on s’efforce ensuite de corriger concrètement nos pensées nos paroles et nos actes, nos performances n’atteignent pas un niveau supérieur car nos capacités sont elles-mêmes limitées.
Il existe donc une seconde manière d’agir. Celle de se plonger dans la Téfilah et dans l’étude de la Torah. De fait, la lumière de la Torah étant illimitée détient le pouvoir de repousser tous les aspects négatifs de notre vie. Cela s’accorde au principe selon lequel ‘un peu de lumière chasse beaucoup d’obscurité’, et à plus forte raison quand il s’agit de beaucoup de lumière. Cependant, ce bain de Lumière dans lequel se trouve celui qui étudie la Torah et accomplit les Commandements divins n’a pas pour effet de faire disparaître totalement les aspects négatifs de notre personnalité.
En effet, l’ensemble de ces aspects négatifs n’a été que repoussé pendant le temps de notre prière ou celui de notre étude de la Torah, sans que nous ayons examiné chacun de ces aspects en particulier afin de pourvoir nous-mêmes à leur réparation. Le Rabbi préconise donc que la perfection véritable de notre Téchouva consiste à unir ensemble ces deux niveaux.
Nous devons effectivement réparer chaque détail négatif de notre comportement tout en nous élevant en même temps, au niveau supérieur de la Torah et des Mitsvoth. Cette manière d’agir nous permet d’attirer dans chaque détail que nous nous efforçons de corriger, en agissant avec nos forces limitées, la lumière illimitée qui est le fruit de notre prière et de notre étude de la Torah.
On ne parvient donc à transformer les aspects négatifs de notre personnalité que lorsque l’on unit ces deux manières d’agir, c’est à dire lorsque l’on unit notre travail personnel qui est du bas vers le haut (Elokim) avec la lumière divine qui vient du haut vers le bas (Havayeh). On accède de cette façon à une Téchouva supérieure car d’après l’enseignement du Rabbi l’union de ces deux niveaux est l’expression véritable de la révélation du Nom Havayeh dans le Nom Elokim.
Le travail personnel du bas vers le haut (Elokim) nous permet d’agir sur tous les différents aspects négatifs de notre personnalité, et la lumière divine qui descend du haut vers le bas (Havayeh) par le fait de prier et d’étudier la Torah vient parfaire nos efforts en transformant définitivement l’obscurité des éléments négatifs de notre personnalité en lumière.
Dans le Hayom-Yom du 14 Tevet il est écrit au sujet du Chpoler Zeïdé (le Grand-père de Chpola), disciple du Maguid de Mèzeritch, qu’il était un homme animé d’une intense ferveur, infiniment plus que ses amis, les autres disciples du Maguid. Lorsqu’il visita l’Admour Hazaken à Lyadi, en 5569 ou 5570 (1809 ou 1810), il raconta qu’âgé de trois ans, il vit le Baal Chem Tov et déclara à ce sujet : ‘Le Baal Chem Tov posa sa sainte main sur mon cœur et depuis lors j’éprouve une sensation de chaleur’. Le geste d’un Tsaddik, et à plus forte raison le fait de le voir ou d’entendre sa voix, doivent procurer une impression que l’on n’oubliera jamais.
Cette histoire nous laisse imaginer la force de l’union de la lumière divine à nos propres efforts. Lorsque le Baal Chem Tov posa sa sainte main sur le cœur du jeune enfant, il lui laissa une impression que l’enfant ‘n’oublia jamais’.
De la même façon, lorsqu’un homme s’attache à transformer tous les aspects négatifs de sa personnalité, L’Eternel vient poser Sa main sur son cœur pour le purifier, lui procurant ainsi ‘une impression qu’il n’oubliera jamais’. Aussi, avec l’aide de D.ieu’L’Eternel effacera l’esprit d’impureté de la terre et effacera les larmes de tous les visages’, lors de la Délivrance finale très bientôt et de nos jours, avec l’aide d’Hachem.