Pour expliquer que le don de soi, la force de messirout-néfèch est plus révélée dans notre génération que dans toutes les autres, y compris celle des Juifs qui connurent le dévoilement de la présence divine dans le Temple de Jérusalem le Rabbi précédent donne l’exemple du talon : ‘Ekev’.

La force de la volonté de l’âme humaine, bien qu’elle soit ‘makif’ c’est à dire bien qu’elle ne s’habille pas plus dans le cerveau que dans les autres membres du corps, se révèle plus particulièrement, essentiellement et principalement, dans les talons. Ainsi, un homme peut entrer son talon beaucoup plus facilement dans de l’eau brûlante que sa tête.

Le Rabbi précédent nous enseigne qu’il en va de même au sujet du corps constitué par toutes les générations des enfants d’Israël. La force de messirout-néfèch est en effet plus dévoilée dans notre génération (appelée la génération du ‘talon du Machia’h’) que dans toutes les autres générations.

Comme le talon qui est la partie inférieure du corps, notre génération est appelée le ‘talon’ en comparaison à la génération de Moché qui est elle-même appelée ‘la tête’ du grand corps constitué par toutes les générations des enfants d’Israël.

Cela est aussi vrai pour le corps constitué par les différentes ‘catégories’ de Juifs, car la force de messirout-néfèch est plus dévoilée chez les juifs simples qui sont du niveau du ‘talon’ que chez les érudits, les baal-mo’hin, qui eux-mêmes représentent le niveau de ‘la tête’, du cerveau.

Le Rabbi nous révèle à partir de cet enseignement de son beau-père un autre enseignement d’une force incroyable : L’obscurité de l’exil réveille et dévoile la force de messirout-néfèch, et ce même si l’obscurité et le dévoilement sont deux contraires qui s’opposent l’un à l’autre car la racine, l’origine de l’obscurité de l’exil, est l’obscurité du premier Tsimtsoum dont le but est de dévoiler la Présence de D.ieu dans le monde.

Le fait que l’Eternel dissimula Sa ‘Grande lumière’ et créa un ‘grand espace vide’ (le premier Tsimtsoum) peut être perçu comme obscur du fait que l’Eternel cacha véritablement Son Essence, ne laissant apparaître qu’un mince reflet de Sa lumière infinie.

Cependant le Rabbi nous explique que ce retrait, cette obscurité n’est pas une fin en soi, elle n’a pour seul but que le dévoilement futur d’une lumière ‘qu’aucun œil n’a vu’ : la lumière de la Délivrance. Cette ‘obscurité’ du premier Tsimtsoum est à l’exemple évoque celle d’un fils qui cherche son père et qui ne le trouve pas. En effet, D.ieu Se cacha dans la Création pour nous donner l’occasion de Le chercher et de Le trouver, exactement comme un père qui se cache dans le seul but que son fils lui exprime son amour en le cherchant de toutes ses forces.

L’obscurité de notre exil est donc à l’exemple d’un enfant (l’Assemblée d’Israël) qui cherche son Père (le Saint béni soit-Il) et la racine de notre exil, son origine, est liée au premier Tsimtsoum car la raison profonde du premier Tsimtsoum est la même que la raison profonde de notre exil : le dévoilement de la Lumière nouvelle et de la Torah du Machia’h.

Finalement, l’obscurité du premier Tsimtsoum est comme une braise, un morceau de bois qui a brûlé et qui nous semble éteint. Hachem a créé un ‘grand espace vide’ mais cela ne signifie pas que cet espace soit vide de Lui de Son Essence car Son Essence Se trouve là mais nous ne La percevons pas.

Comme l’étincelle cachée dans un morceau de bois brûlé qui nous semble éteint. Cependant, lorsque l’on souffle sur ce morceau de bois l’étincelle se ravive et devient cette flamme qui apparait avec encore plus de force. Ce souffle représente la force de messirout-néfèch. C’est précisément grâce au travail basé sur la force de messirout-néfèch que l’on révèle de manière concrète la Lumière (‘la raison profonde’) qui se cache dans l’obscurité.

En fait l’obscurité n’a été créée que pour le dévoilement de la lumière qu’elle dissimule de manière profonde. Aussi nous pouvons comprendre à présent que notre génération, celle du talon, celle de l’obscurité la plus profonde, détient le pouvoir de révéler la force de messirout-néfèch, car l’origine de l’obscurité (le premier Tsimtsoum) c’est le désir de D.ieu de dispenser Sa lumière bénie.

Aussi, la Paracha Ekev vient nous rappeler l’importance de faire don de nous-même de manière véritable (messirout-néfèch signifie donner son âme). La force de messirout-néfech qui découle de l’Essence de l’âme consiste à chercher de toutes nos forces notre Père Qui Se cache à notre regard et le Rabbi déclare que ‘le plus grave n’est pas de ne pas Le trouver, mais d’arrêter de Le chercher’.

De fait, l’Essence de l’âme d’un Juif est comparable à cette étincelle qui se cache dans un morceau de bois. ‘Souffler sur ce morceau de bois’ signifie que l’on révèle les forces cachées les plus fortes et les plus profondes de notre âme. C’est réveiller l’amour de D.ieu, qui dépasse la raison et l’intellect.

Le Rabbi écrit dans le Dvar Mal’hout de notre Paracha ‘qu’un Juif est propriétaire de la Réalité’, ‘qu’il lui appartient la force de se réveiller et de réveiller d’autres Juifs, et essentiellement de ‘réveiller’ le Saint béni soit-Il’.

Par ailleurs, le Rabbi écrit dans le Likouteï Si’hot (Tome 21 page 55) que ‘D.ieu doit-être présent dans chaque endroit où se trouve un Juif…Même si l’on ne se trouve pas physiquement, dans un endroit saint, ni même dans une situation sainte, on peut cependant bâtir le sanctuaire de D.ieu’.

‘Bâtir le sanctuaire de D.ieu’ signifie faire de ce monde matériel et de nous-même une demeure pour l’Essence divine. Cet enseignement s’applique à tous les moments de notre Vie, et aussi tout particulièrement durant le mois d’Elloul.

Pendant ce Chabbat de la Paracha ‘Ekev’ nous bénirons, avec l’aide d’Hachem le mois d’Elloul. Or, la chose est connue des ‘Hassidim que les lettres qui composent le mot ‘Elloul’ sont les initiales du verset : ‘Ani lé Dodi vé Dodi li’, ‘Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi’.

De fait, le mois d’Elloul est propice à la Téchouva, et la partie profonde de la Torah nous enseigne que pendant le mois dElloul’, les 13 attributs divins de la Miséricorde nous illuminent, et illuminent ce monde, de manière particulière. L’Eternel Se dévoile à celui qui Le recherche, comme il est dit : ‘le Roi est dans les champs’, et dans ce cas il est donné à chacun, ‘Ani’, la possibilité de s’unir à D.ieu, ‘Dodi’, afin que le Saint béni soit-Il Se rapproche aussi de lui, ‘Dodi li’.

C’est-à-dire que le travail d’un Juif consiste à s’unir soi-même (‘Ani’) à D.ieu (‘Dodi’), et alors dans ce cas le Saint béni soit-Il se rapprochera de lui (‘Dodi li’).
Plus précisément, ‘Ani lé Dodi vé Dodi li’ fait allusion à deux types de travail qu’un Juif se doit d’accomplir durant cette période de l’année.

‘Ani lé dodi’, représente le travail qui vient de l’homme, du bas vers le haut, qui consiste à purifier le corps. On accomplit ce travail en agissant de manière progressive (du plus facile vers le plus difficile). Par ailleurs, le Rabbi souligne que bien que notre action demeure limitée, car nous agissons avec nos propres forces, l’avantage est que le fruit de nos efforts a pour effet de pénétrer profondément en nous-mêmes.

‘Dodi li’, le second travail à accomplir, consiste à dévoiler la force infinie de notre âme qui est ‘une parcelle véritable de divinité d’En-haut’, afin d’attirer un dévoilement divin illimité, du haut vers le bas. Cependant, comme il s’agit ici d’un dévoilement du haut vers le bas, et bien qu’il s’agisse ici d’un dévoilement divin supérieur, il ne pénètre pas aussi profondément en nous-même, comme c’est le cas pour un dévoilement du bas vers le haut.

Aussi, le Rabbi écrit que ‘l’on atteint la perfection quand il y a l’union des deux sujets. ‘Ani lé Dodi’ et ‘Dodi li’, ensemble. Lorsque le niveau du divin (‘Dodi’), qui est au-delà du niveau de ‘Ani’ (la réalité de l’homme ici-bas) se dévoile de manière profonde dans le ‘Ani’, c’est-à-dire dans les limites du niveau inférieur, au point de devenir véritablement une seule chose, sans qu’aucune chose ne puisse les différencier.

L’un des points essentiels de cet enseignement du Rabbi est que la perfection du dévoilement de ‘Dodi li’ (le dévoilement de la ‘parcelle véritable de divinité d’En-haut’), jusqu’au dévoilement de l’Essence divine, peut être réalisé grâce au travail de l’homme ici-bas, progressivement du bas vers le haut. Puis le travail ‘Vé Dodi li’ du haut vers le bas (Atsilout, Bryia, Yètsira, Assia) qui succède au travail de ‘Ani lé Dodi’, permet au Divin qui est au-delà de ce monde inférieur de Se dévoiler également dans le ‘Ani’, au point de faire Un avec lui et de devenir un ‘être vrai et éternel’ (‘Yèch amiti vé nits’hi’), au-delà des limites du temps et de l’espace qui sont eux-mêmes soumis à des changements.

A la lumière de ces enseignements du Rabbi, il nous est donné de comprendre que le travail accompli au mois d’Elloul représente la possibilité d’atteindre le dévoilement supérieur de l’Essence de l’âme.
Aussi, le Rabbi met l’accent sur le fait que le travail ‘du bas vers le haut’ de ‘Ani lé Dodi’ est plus essentiel que celui du haut vers le bas de ‘Dodi li’. De fait, ce point s’exprime tout particulièrement par le fait que ‘l’Eternel désire une demeure ici-bas’, et le Rabbi explique au sujet de cette déclaration que c’est en élevant les niveaux inférieurs, ‘ici-bas’, par le travail ‘du bas vers le haut’, que l’on parvient à élever les niveaux supérieurs.

Le Rabbi établit alors ici un lien avec la Paracha ‘Ekev’, durant laquelle nous bénissons le mois d’Elloul.

De fait, ‘Ekev’ signifie ‘le talon’, et représente donc la partie la plus basse du corps de l’homme (et du corps de ce monde). Notre travail pendant le mois d’Elloul consiste avant tout à purifier le corps, ‘le talon’, car c’est l’étape nécessaire qui précède au dévoilement de la lumière de l’Essence de l’âme, ‘Dodi li’.
Purifier et raffiner le corps signifient que l’on doit soumettre le corps à l’accomplissement des Mitsvoth, afin de parvenir à son ‘annulation’, à sa fusion, avec le divin, de la même manière que l’on soumet l’âme au divin : ‘Que je sois aux yeux de tous comme de la poussière’.

D’une certaine manière, le travail de ‘Ani lé Dodi’, les jours de la semaine, représente donc l’annulation du corps par l’accomplissement des Mitsvoth, ‘du bas vers le haut’, et le travail de ‘Dodi li’ représente l’annulation de l’âme le jour du Chabbat, au moyen de l’étude de la Torah, ‘du haut vers le bas’.

Il est important de mentionner ici que l’existence d’un Juif commence réellement au moment où le corps et l’âme fusionnent avec le divin. C’est à ce sujet que le Rabbi déclare que ‘la fusion de l’âme d’Israël avec le divin atteint un niveau de perfection au moment de l’étude de la Torah et lors de l’accomplissement des Commandements divins, de toutes les façons, du fait qu’Israël et le Saint béni soit-Il ne font qu’Un, cette fusion n’exclut pas la réalité des enfants d’Israël. Au contraire c’est cette fusion qui est leur réalité’.

La ‘Hassidout nous enseigne que les Mitsvoth sont liées aux dévoilements de la résurrection des morts, car elles représentent le corps, le ‘talon’, de la Torah, du fait qu’elles sont accomplies avec et au moyen de la matière de ce monde.

Dans le Likouteï Torah (Vaèt’hanan) l’Admour Hazaken explique que l’action matérielle a un effet sur notre vie spirituelle. L’accomplissement des Commandements divins a pour effet de grandir notre Emounah.

Nous devons agir constamment afin de grandir notre Emounah en la venue de Machia’h, à nous attacher à l’enseignement du Rabbi, conformément à ses pensées ses paroles et ses actes, en étant ‘constamment occupés par la pensée et par la parole au sujet de la Délivrance finale, en cherchant à unir tous les sujets de notre temps avec la Délivrance, le travail des enfants d’Israël est de précipiter la Délivrance’ (Le Rabbi).
Très bientôt et de nos jours, avec l’aide d’Hachem,