Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Emor le Rabbi poursuit l’enseignement sur les Parachiot A’hareï-Kédochim et nous donne des approfondissements sur la signification des mots Gola et Guéoulah.

Il est écrit au tout début de la Torah : ‘Au commencement D.ieu créa le ciel et la terre. Or la terre était informe et vide, et les ténèbres étaient sur la face de l’abîme, et l’Esprit de D.ieu planait sur la surface des eaux. »

A la lecture de ce premier verset de la Torah il est possible de comprendre que le monde tel qu’il fut créé n’avait pas atteint la plus totale perfection car l’Esprit de D.ieu n’était pas dévoilé sur la terre car il ne faisait que ‘planer au-dessus des eaux’.

Il est ecrit dans le Midrache Raba que ‘l’Esprit de D.ieu’ désigne l’esprit du Machia’h. Ainsi, le but de la Création est le dévoilement de la Présence divine et du Roi Machia’h (‘l’Esprit de D.ieu’) afin que le monde atteigne sa perfection, que la terre ne soit plus ‘informe et vide’ et que la lumière remplace ‘les ténèbres’.

A l’évidence, c’est précisément par l’action de l’homme que le monde atteint sa perfection, qu’il n’est plus ‘informe et vide’ et notre mission consiste à faire pénétrer la lumière divine, symbolisée par la lettre ‘Aleph’ car elle est la première lettre de ‘Aloupho chel olam’ (‘Maître du monde’) dans l’obscurité de l’exil. Cela s’exprime par le fait d’ajouter la lettre ‘Aleph’ au mot ‘Gola’ (‘l’Exil’) car on obtient dans ce cas le mot ‘Guéoulah’ (‘la Délivrance’).

Dans le Dvar Mal’hout sur notre Paracha le Rabbi nous enseigne trois niveaux de la lettre ‘Aleph’ lesquels correspondent aux trois étapes nécessaires dans notre service divin.

Le premier niveau est celui de la lettre ‘Aleph’ telle que la première lettre de ‘Aloupho chel olam’ (‘Maître du monde’) : faire pénétrer le ‘Aleph’ dans le mot ‘Gola’ afin d’obtenir la Guéoulah, signifie dans ce cas que l’on a pour devoir de comprendre, de ressentir, et d’enseigner à l’exemple d’Avraham qui reconnaissait l’Eternel à travers tous les détails de la Création, ‘qu’il n’y a rien en dehors de Lui’. Il est le Saint béni soit-Il, Le Maître du monde et de tout ce qu’il contient.
Reconnaitre quil ny a rien en dehors dHachem sexprime tout particulièrement dans la prière de Mode-ani que nous recitons a notre réveil dès que nous ouvrons les yeux. D’après le sens simple (le Pchat), nous récitons la prière de ‘Modé Ani’ afin d’exprimer notre reconnaissance au Roi du monde de nous redonner la vie en nous rendant notre âme. Cependant, la ‘Hassidout ne contredit pas cette explication, mais elle vient ajouter qu’il ne s’agit pas de n’importe quelle âme, ni de n’importe quelle vie. La ‘Hassidout met l’accent sur l’importance de rendre grâce à L’Eternel de nous avoir donné une âme Juive par laquelle nous pouvons percevoir le Divin caché en nous-même et dans ce monde.

Le second niveau est celui de l’étude de la Torah car ‘Aleph’ s’apparente également au mot ‘Oulpena’ qui désigne l’étude. De fait, ‘Aleph’ est également liée à l’expression ‘Aalphé’ha ‘Ho’hmah’ : ‘Je t’enseignerai la Sagesse’ (Livre de Job, 33, 33).

Dans le Likoutey Si’hot (‘Hélek 7, page 327), le Rabbi commente le premier verset de notre Paracha : ‘Dis aux Cohanim, les fils d’Aaron, et tu leur diras…’.
Apparemment ce verset dit deux fois la même chose : ‘Dis aux Cohanim’ et ‘tu leur diras’.
Les Sages expliquent que ‘Dis’ et ‘tu leur diras’ signifient que les grands doivent expliquer aux petits.
Par ailleurs, l’homme est appelé ‘Olam katan’ : ‘petit monde’, et de même qu’il existe dans le monde des petits et des grands, de-même dans l’homme lui-même (‘le petit monde’) il y a le ‘grand’ et il y a le ‘petit’. Le ‘grand’ qui est dans l’homme c’est sa ‘tête’, les forces de son intellect, sa sagesse, lesquelles représentent le plus haut niveau de l’homme.
Le ‘petit’ qui est dans l’homme ce sont les autres membres du corps. Ce sont les actes qu’il accomplit, qui correspondent à un niveau inférieur à la tête.

Aussi, le principe selon lequel ‘le grand doit prévenir le petit’ s’applique à l’homme lui-même c’est-à-dire que la tête doit contrôler et guider nos actions.
C’est à cela que s’applique l’enseignement d’après lequel ‘Grande est l’étude qui mène à l’action’. L’objectif de l’étude de la Torah est qu’elle doit provoquer que l’élève l’enseigne à son tour. Pour que la Torah soit préservée et que soit maintenue vivante la Parole divine. Une étude qui n’agit pas en ce sens n’a pas de réelle valeur. L’étude véritable est celle qui amène à l’action concrète.

Enfin le troisième niveau de la lettre ‘Aleph’ représente l’Essence divine. Les trois lettres du mot ‘Aleph’ : Aleph, Lamed, Pé sont aussi celles du mot Pélé : Miraculeux et ce troisième niveau est donc celui de la révélation de l’Essence divine dans ce monde.

Dans le Kountrass Ha-Hitpaalouth l’Admour Haemtsaeï définit le point de l’essence de l’âme comme le point qui relie l’âme avec le corps et dans lequel s’habille la volonté de l’âme de s’attacher à sa source divine dont il ressent la proximité.

Le plus haut niveau de l’âme Juive est l’essence de l’âme, laquelle est enracinée dans l’Essence divine. L’essence de l’âme est si proche du divin quelle le ressent. Ce plaisir qu’elle ressent anime son désir, sa volonté, de rejoindre sa source divine, de se lier à D.ieu d’un lien jamais interrompu et dont aucune raison n’est la cause.
La volonté de l’âme de s’attacher à D.ieu transcende tous les autres désirs. Elle est la volonté de toutes les volontés. Toutes les autres volontés d’un juif ne sont rien en comparaison à cette volonté, exactement de la même façon que les rayons du soleil ne sont rien en comparaison au soleil.
Dans le ‘Kountrass ha Hitpaalouth’ l’Admour Haemtsaeï l’explique au moyen de l’exemple d’un Juif à qui on tente de lui arracher la vie. Dans ce cas, que D.ieu nous en préserve, on touche à l’essence même de son âme. Tout le ‘point’ de la volonté de l’essence de son âme s’anime alors car ce Juif est alors touché au plus profond de lui-même. Toutes ses autres volontés ne sont rien en comparaison à ce ‘point’ qui relie son âme à son corps, et dans lequel s’habille sa volonté de vivre, de rester attaché au D.ieu vivant.
Ce qui vient d’être dit concerne un homme à qui l’on essaie d’ôter la vie sans que cela ait un rapport avec le fait qu’il soit Juif. A l’évidence cela est aussi vrai quand on menace de le tuer s’il ne renonce pas à sa judaïcité. L’Admour Haemtsaeï explique en effet que pour sanctifier le Nom de D.ieu et pour sauver la vie de son âme divine qui est unie et liée à D.ieu, chaque Juif désire se séparer de sa vie physique car il ne peut absolument pas commettre un péché qui couperait son âme de D.ieu.

L’Admour Haemtsaeï rapporte aussi l’exemple du Baal-Téchouva. Celui-ci ne ressent que du dégoût pour la vie quand celle-ci n’est que matérielle et totalement dénuée de spiritualité et de divin. Tout le ‘point’ de la volonté de l’essence de son âme, de s’attacher au D.ieu vivant, est alors en éveil, à l’exemple de celui qui pour sanctifier le Nom de D.ieu et pour sauver la vie de son âme désire se séparer de sa vie physique, comme ce fut le cas d’un enfant d’Israël dont l’âme quitta le corps tant il pleura et regretta tous les péchés qu’il avait commis. L’Admour Haemtsaeï nous enseigne à ce sujet que “Seulement l’âme de celui qui possède une grande force ne se sépare pas de son corps”. Cette force vient de la volonté de cet homme qui est constamment soumise à la Volonté du Saint béni soit-Il d’avoir une demeure ici-bas, dans les mondes inférieurs. L’âme doit impérativement rester dans le corps car il est une demeure pour elle.

L’Admour Haemtsaeï nous enseigne que l’âme peut aussi quitter le corps par la force du plaisir que connaissent les Tsadikim laquelle est due à la profondeur et la force intense de l’attachement de leur âme, de leur être tout entier avec D.ieu. Le Rabbi souligne qu’il est aussi vrai que la lumière de l’essence de l’âme illumine“en secret” l’âme de chaque Juif le jour du Chabbat de telle manière qu’il trouve son plaisir en tirant profit des Mitsvoth accomplies précisément au moyen de son corps comme pour la Téfilah et les trois repas du Chabbat. Il est dit “en secret”du fait que l’âme de chaque Juif, même s’il n’est pas encore parvenu au niveau de Tsadik, est liée à l’Essence divine et la désire continuellement. C’est la raison pour laquelle tous les enfants d’Israël ressentent du plaisir par le simple fait d’écouter les mots de la Torah de D.ieu même s’ils ne les comprennent pas. Cela provient de l’essence de son âme, car bien que ce niveau soit caché (“en secret”) chez un Juif simple et qu’il soit révélé chez le Juste parfait, le niveau de l’essence de l’âme est le même pour chaque Juif.

L’Admour Haemtsaeï explique que le fait d’aimer D.ieu “de tout son pouvoir” vient de l’essence de l’âme. Cet amour illumine le Juste parfait et c’est à leur sujet qu’il est dit : “Vous qui êtes véritablement attachés à D.ieu”. De fait, la volonté de l’âme de s’attacher à D.ieu est appellée ‘Chir Pachout’et ce Chant exprime le plaisir sublime que ressentent les Tsaddikim d’Israël et que chaque Juif ressentira lors du dévoilement du Machia’h, très bientôt et de nos jours, avec l’aide d’Hachem.