Peut-être pour nous rappeler l’importance des versets ‘Et c’est nous que Tu as choisis entre tous les peuples et les langues et que Tu as approchés, notre Roi, à ton grand Nom avec amour, pour Te rendre hommage, proclamer Ton Unité et aimer Ton Nom. Béni sois-Tu Eternel, qui choisit Son peuple Israël avec amour’, que nous avons chanté pendant les prières des Fêtes du mois de Tichri, le Rabbi reprend dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Béréchit l’explication de l’Admour Hazaken sur le sens profond de cette déclaration unique des enfants d’Israël au Saint béni soit-Il.

De façon naturelle nous aurions pu penser que le choix de L’Eternel pour les enfants d’Israël s’exprime par le fait qu’Il a donné à chaque Juif une âme qui est ‘véritablement une parcelle de Divinité d’En-haut’, mais le sens du verset est tout autre. D.ieu a choisi le corps des enfants d’Israël car il ne peut y avoir de ‘choix’ entre l’âme d’un Juif et celle d’une personne qui ne l’est pas du fait que par définition un choix ne se fait seulement qu’entre deux choses qui sont absolument identiques, or les âmes des peuples du monde sont totalement différentes de celles du peuple Juif. Le choix d’Hachem s’est donc porte donc sur les corps des enfants d’Israël qui étaient, au départ, identiques à celui des autres peuples.

Quand il s’agit de choisir entre deux choses identiques, la préférence ne dépend pas de l’intellect mais d’un niveau qui le dépasse totalement. C’est pourquoi le Rabbi souligne ici que ce choix provenait de l’Essence divine (laquelle représente un niveau qui est au-delà de l’intellect) car lorsque l’on choisit entre deux choses qui se ressemblent en tout point notre décision ne vient pas de la réflexion et de l’analyse que nous faisons au moyen des forces de notre intellect, mais notre décision provient d’un niveau qui est au-delà de la logique et de la raison. Ainsi, ‘Et c’est nous que Tu as choisis entre tous les peuples’ signifie donc que L’Eternel a choisi le corps des enfants d’Israël.

Le Rav Yossef Weinberg explique ‘qu’Hachem a choisi le corps des enfants d’Israël afin qu’il soit un réceptacle de l’âme, et grâce aux actions que nous accomplissons au moyen du corps (en effet, toutes les actions matérielles des Commandements divins sont réalisées précisément au moyen du corps) un Juif s’unit avec D.ieu’.

Le Rabbi souligne que ‘le monde a été créé pour Israël et pour la Torah’ s’exprime tout particulièrement par les places qu’ils occupent non pas seulement dans les mondes supérieurs mais aussi et surtout par celles qu’ils occupent dans ce monde matériel. C’est à cela que se rapporte le verset ‘Tu nous as choisis entre tous les peuples’. Le fait que L’Eternel ait choisi le corps des enfants d’Israël met en évidence que le corps d’un Juif est différent de celui des peuples du monde, et même s’il s’agit d’un Juif dont l’âme divine est en exil car il n’accomplit pas encore la Torah et les Mitsvoth, il demeure, par son corps, l’élu de D.ieu.

Aussi, bien que la Torah soit au-delà de ce monde, elle atteint sa perfection précisément lorsqu’elle s’habille dans ce monde matériel. Et même si la Torah descend dans ce monde, on peut toujours se rendre compte de sa Sainteté et de sa grandeur.

Dans le même ordre d’idée, le Rabbi souligne que la chose est aussi vraie pour un Juif. Les Juifs font partie intégrante de ce monde matériel, et cela s’exprime tout particulièrement par le fait que le corps d’un Juif est semblable à celui d’un non-Juif. C’est à ce sujet que le Rabbi vient nous expliquer la notion de ‘choix’. Comme il a été dit précédemment, un choix ne peut exister qu’entre deux choses qui sont identiques. Seulement dans ce cas, l’acte de choisir (qui comme on l’a dit dépasse l’intellect et la raison) vient pour faire la différence entre les deux. C’est donc précisément le corps des enfants d’Israël que L’Eternel a choisi, car il est identique à celui des Goyim.

A la lumière de ce qu’il vient d’être dit, il nous est donné de comprendre que même s’il se trouve dans ce monde matériel, en tant que partie intégrante de ce monde, avec un corps identique à celui des autres peuples, il n’en demeure pas moins que L’Eternel a distingué le corps des Juifs parmi ceux de tous les autres peuples.

Il convient ici d’établir un lien entre ce qu’il vient d’être dit et la Si’ha du Rabbi intitulée ‘Le cœur soulève les pieds’ (26 tichri 5738-8 Octobre 1977). Le Rabbi déclare dans cette Si’ha, que ‘le ‘Hassidisme explique que la fonction essentielle d’une route est de relier le coin le plus reculé du royaume, à la capitale, au palais du Roi, et finalement à la chambre privée, la salle du trône du Roi Lui-même. Il en est de même pour le chemin du Juif dans la vie : le long du chemin, sa mission demande qu’il s’investisse dans les choses matérielles, profanes, pour connaitre D.ieu dans toutes ses actions, et dans tous ses chemins. En accomplissant la Volonté de D.ieu, il relie les coins les plus reculés de la Création, même de ce monde, le plus bas de tous, avec la chambre privée du Roi des Rois, le Saint béni soit-Il. L’Action est essentielle et chaque Juif doit aller sur son chemin à l’exemple de notre père Yaakov. Quand il entendit la bonne nouvelle que D.ieu avait assuré sa protection, ‘son cœur fit lever son pied et il alla’, même sur son chemin pour ‘Haran (‘le lieu qui réveille la colère de D.ieu’). Il alla avec la bonne nouvelle de la Torah de Vérité, la Torah de vie qui est un guide pour la vie…Et la force nous est donnée pour l’accomplir’.

‘Relier le coin le plus reculé du royaume à la capitale, au palais du Roi, et finalement à la chambre privée, la salle du trône du Roi Lui-même’, c’est faire de ce monde qui est le plus bas de tous, une demeure pour l’Essence divine. Peut-être est-il possible de dire que le corps est lui-même d’une certaine manière ‘l’endroit le plus reculé du royaume’ car il est comme une ‘prison’ pour l’âme divine, du fait qu’il abrite aussi une âme animale.

Or, le Rabbi souligne que L’Eternel en choisissant le corps des enfants d’Israël a placé le corps d’un Juif à un niveau supérieur : ‘Réchit’. Aussi, le Rabbi écrit que ‘non seulement les enfants d’Israël ne se trouvent nullement sous la domination des autres peuples (pas seulement du point de vue de leurs âmes, mais aussi du point de vue de leurs corps), mais au contraire : même pendant l’exil ils représentent l’essentiel, ‘réchit’, de la Création, et c’est pour eux qu’ont été créés tous les peuples de la terre, et toutes les autres parties du monde…’.

Dans ce cas il est possible d’expliquer que ‘la bonne nouvelle’ que Yaakov entendit, selon laquelle ‘D.ieu avait assuré sa protection’, est liée au fait que ‘L’Eternel a choisi le corps des enfants d’Israël’. En effet, dans un grand nombre de ses discours ‘hassidiques, le Rabbi a enseigné que le corps est l’œuvre de D.ieu qui provient de Son Essence. Bien que d’un côté le corps soit ‘l’endroit le plus reculé du royaume’, car il est comme une prison pour l’âme, d’un autre côté le corps provient de l’Essence divine, et du fait de cette proximité la possibilité nous est donnée de la dévoiler, de faire de nous-même et de ce monde matériel une demeure pour l’Essence divine.

Aussi, à l’exemple de Yaakov qui comprit et ressentit que tout fut créé pour lui dans le but qu’il accomplisse sa mission sacrée, notre cœur doit ‘lever notre pied’ pour faire tout ce qui est en notre pouvoir pour relier ‘l’endroit le plus reculé du royaume’ : les mois ‘profanes’, avec la ‘salle du trône’ : le mois de Tichri. C’est-à-dire que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour attirer la Sainteté dans ce monde profane, afin de provoquer la venue de notre Juste Machia’h très bientôt et de nos jours, avec l’aide de D.ieu.