Le ‘côté de la Sainteté’ et ‘l’autre côté de la Sainteté’ :

Par Sa Parole Hachem créé et maintient en vie à chaque instant tous les êtres de Sa Création. Sans la Parole d’Hachem Sa Création retournerait au néant, c’est pourquoi il est dit que ‘Sa Parole demeure éternellement dans le ciel’. Cependant il y a une différence entre la vitalité que D.ieu dispense à ceux qui accomplissent Sa Volonté et la vitalité que D.ieu dispense à ceux qui se trouvent de ‘l’autre côté de la Sainteté’. Ainsi, ceux qui se trouvent du côté de la Sainteté, qui pensent parlent et agissent conformément à la Volonté de D.ieu reçoivent leur vitalité de la ‘Face’ de D.ieu, c’est à dire que L’Eternel leur donne leur vitalité avec amour, de Sa Volonté profonde et intérieure.
A l’opposé, lorsqu’il s’agit des ‘Klipoth’, lesquelles représentent ‘l’autre côté de la Sainteté’, Hachem leur accorde leur vitalité à contre cœur, non pas de sa Volonté profonde et véritable mais ‘comme une chose que l’on donne en la jetant par-dessus son épaule et en détournant son regard’.

Les trois Klipoth-ha-tméoth (littéralement : les trois Klipoth totalement impures) désignent le niveau le plus bas de l’impureté et ne possèdent aucun bien à la différence de Klipat-Noga qui est un mélange de bien et de mal. Les aliments interdits et de même les pensées les paroles et les actes sur des sujets interdits reçoivent leur vitalité des trois Klipoth-ha-tméoth.
L’expression ‘Yénikat-ha-hitsonim’ désigne le fait que toutes les Klipoth reçoivent leur vitalité (‘à contre cœur’) de la Sainteté. Dans ce cas la Saintete Se trouve en exil à l’intérieur des Klipoth.

L’objectif de Rabbi Elazar-ben-Azaria :

Dans le Dvar Mal’hout le Rabbi rapporte une discussion entre la Maison de Chamaï et la Maison d’Hillel qui est la même discussion qui opposait Ben Zoma aux Sages, à savoir ‘s’il était possible d’agir dans une situation où il y a ‘Yénikat ha ‘hitsonim’, s’il est possible de transformer l’obscurité de l’exil.

A l’époque de Rabbi Elazar-ben-Azaria les avis étaient partagés. Rabban Gamliel était d’avis qu’à présent la possibilité n’est pas donnée à l’homme de raffiner et de purifier les trois Klipoth ha-tméoth. Selon Rabbin Gamliel le Tikoun (la réparation) des trois Klipoth ha-tméoth n’était possible qu’avec le dévoilement du Machia’h, lorsque ‘D.ieu effacera l’esprit d’impureté de la terre et que la mort sera avalée’ les Klipoth disparaîtront et l’étincelle divine qui les vivifiait sera alors libérée.

A ce sujet le Rabbi rapporte dans le Dvar Mal’hout sur notre Paracha l’attitude de Rabban Gamliel qui lorsqu’il était Nassi n’autorisait pas l’entrée dans la Maison d’étude ‘à tout élève dont le dedans n’est pas pareil à son dehors’. En d’autres termes, seuls ceux qui avaient atteint une parfaite intégrité dans leur service divin pouvaient entrer dans le Beït-ha-Midrache. Ce point de vue de Rabban Gamliel correspond avec le niveau de Sainteté des Temps futurs, lequel exclut tout ce qui est contraire à la Sainteté.

L’attitude de Rabbi Elazar-ben-Azaria s’opposait totalement à celle de Rabban Gamliel. Selon Rabbi Elazar-ben-Azaria, même dans l’obscurité d’un monde étroit et limité et où de nombreux voiles cachent la lumière divine, il est possible et nécessaire de raffiner et d’élever le monde, de ‘sortir d’Egypte’. C’est pour cette raison que Rabbi Elazar-ben- Azaria, lorsqu’il remplaça Rabban Gamliel et devint à son tour Nassi (Bra’hot, 28a) renvoya le gardien de la Yéchiva afin d’ouvrir l’accès de la Maison d’étude même ‘aux élèves dont le dedans n’est pas pareil à son dehors’.

Cette discussion entre les Sages revient à se demander si nous devons évoquer la sortie d’Egypte lors de la récitation du Chéma de la prière du soir, ou bien si cette obligation ne s’applique-t-elle seulement qu’en journée ?
Le Rabbi rapporte la déclaration de Rabbi Elazar-ben-Azaria selon laquelle il fallait évoquer la sortie d’Egypte également ‘pendant la nuit’, ainsi qu’il est dit :

‘Me voici comme âgé de 70 ans, et pourtant je n’ai pas eu le mérite de convaincre mes collègues de l’obligation de faire mention la nuit également de la sortie d’Egypte, jusqu’à ce que Ben Zoma l’ai déduit de ce verset (Deutéronome, 12, 6) : Afin que tu te souviennes du jour où tu es sorti d’Egypte tous les jours de ta vie. ‘Tous les jours de ta vie’ vient inclure les nuits, et selon d’autres Sages ‘les jours de ta vie’ se réfère au devoir de mentionner la sortie d’Egypte de nos jours, et ‘tous les jours de ta vie’ vient inclure les Temps messianiques’ (Brakhot, 28a).

Le ‘Hidouch de Ben-Zoma est que ‘nous devons également faire mention de la ‘sortie d’Egypte pendant la nuit’. Cela signifie que même pendant la nuit et dans la plus grande obscurité spirituelle de l’exil, il est possible et il est même nécessaire de ‘sortir d’Egypte’ contrairement à tous ceux qui pensaient que seule la venue du Machia’h pouvait mettre un terme au règne des Klipoth, car selon eux la majorité des hommes ne possédait pas la force de ‘raffiner les nuits’.

A partir de l’histoire de la Guémara sur l’ouverture de la Maison d’étude, le Rabbi met en évidence que Rabbi Elazar-ben-Azaria ouvrit la porte de la Yéchiva à des élèves qui n’avaient pas encore atteint une parfaite intégrité dans leurs services divins. Permettre à ces élèves d’étudier dans le but de se raffiner et de se transformer nous montre qu’il est possible de ‘raffiner les nuits’ : même pendant la nuit et dans la plus grande obscurité spirituelle il est possible et il est même nécessaire de ‘sortir d’Egypte.

Sortir de ‘l’Egypte de la Sainteté’ :

Le nom ‘Mitsraim’, ‘Egypte’, vient du mot ‘Metsarim’ qui signifie ‘Limites’. Nous devons continuellement ‘sortir d’Egypte’ c’est à dire de nos propres limites, et c’est pourquoi Rabbi Elazar-ben-Azaria ne limita pas l’entrée de la Yéchiva seulement à ceux qui avaient déjà un niveau spirituel élevé.
‘Sortir d’Egypte’ signifie donc que l’on doit sortir de toutes les limites, qu’il s’agisse des limites que nous impose le ‘jour’ ou qu’il s’agisse des limites que nous impose la ‘nuit’.
De façon générale ‘sortir d’Egypte’ signifie sortir des limites qui nous empêchent de servir D.ieu mais de manière plus profonde ‘sortir d’Egypte’ signifie que l’on sort des limites et des obstacles qui existent dans la Sainteté elle-même et cela au point de sortir des limites du monde d’Atsilout, car comme le souligne le Rabbi, Atsilout est lui-même un ‘monde’ et de ce fait malgré sa grandeur il est lui-même limité.
Le Rabbi nous donne à chaque instant la possibilité de sortir de nos propres limites, et si nous savons saisir cette opportunité nous pouvons nous élever sans cesse de prodiges en prodiges et de manière illimitée, au-delà des ‘jours’ et des ‘nuits’. ‘Sortir de l’Egypte de la Kédoucha’.

Au sujet du premier verset du livre de Chemot, d’après lequel il est dit (Chemot,1,1) : ‘Et voici les noms des enfants d’Israël qui viennent en Egypte avec Yaakov’, le Rabbi souligne que ce verset emploie le temps présent. Il est écrit en effet que les enfants d’Israël « viennent en Egypte » mais non pas qu’ils ‘sont venus en Egypte’. L’explication du Rabbi est qu’un Juif ne doit jamais se lier à l’obscurité de l’Egypte. Il doit donc toujours se rapporter à l’enseignement de l’Admour Hazaken d’après lequel ‘chaque jour il doit se voir lui-même comme s’il entrait aujourd’hui en Egypte’.

Pour sortir d’Egypte il faut d’abord être en Egypte. De fait, nous devons ressentir qu’aujourd’hui nous entrons en Egypte, et qu’aujourd’hui nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour en sortir.
De cette façon, nous parvenons à dominer l’obscurité de l’exil. Penser qu’aujourd’hui nous entrons en Egypte signifie qu’hier nous sommes parvenus à nous libérer, et qu’aujourd’hui aussi nous parviendrons également à nous libérer. De cette façon l’exil n’a jamais d’emprise sur nous-même car jamais nous ne lui donnons le temps et la possibilité d’agir contre nous. Ainsi, ‘ne jamais nous lier à l’obscurité de l’Egypte’ signifie que nous devons toujours chercher à atteindre un niveau supérieur de Kédoucha car rester au même niveau même s’il s’agit d’un niveau de Kédoucha signifie que l’on est toujours lié à l’obscurité.

Par ailleurs, le Rabbi précise qu’il existe quelques rares possibilités d’élever vers la Sainteté une chose qui tire sa vitalité des trois klipoth-ha-tméoth. L’une d’entre-elles vient de la Téchouva que l’on fait par amour, car alors ‘nos péchés deviennent des mérites’. Une personne ‘noyée’ dans les trois klipoth-ha-tméoth fera Téchouva en éprouvant une très grande soif de se lier à D.ieu. Or, ces trois klipoth-ha-tméoth dans lesquelles cette personne s’était perdue lui ont permis d’éprouver la soif du Divin. L’élévation de ces trois Klipoth résulte donc du fait qu’elles ont amené cet homme à une Téchouva accomplie avec amour. Ce n’est le cas du cas d’une simple Téchouva (dénuée d’amour) car celle-ci ne permet pas de dégager l’étincelle divine qui est emprisonnée dans la Klipa.
Le Rabbi nous donne dans le Dvar Mal’hout deux autres exemples parmi les possibilités qui nous sont données pour élever vers la Sainteté une chose qui tire sa vitalité des trois klipoth-ha-tméoth. Le premier exemple, lorsque nous permettons à un Juif, du fait d’un danger dans lequel il se trouve, de manger un aliment qui est ordinairement interdit. Le second exemple est celui du converti qui avant sa conversion recevait sa vitalité des trois klipoth-ha-tméoth, et qui élève avec lui au moment de sa conversion l’étincelle divine qui était prisonnière de ces klipoth.

Une histoire en guise de ‘Résumé’ :

Un Hassid ‘Habad qui vit à présent en Amérique du nord raconta qu’il était né en Israël et que vers l’âge de 20 ans il partit vivre à Montréal. Il était Artiste, mais la vie d’Artiste est loin d’être facile et il connut assez rapidement une chute spirituelle et matérielle face à laquelle il dut faire face avec beaucoup de difficultés. Grâce à D.ieu il fit la rencontre d’un Chalia’h du Rabbi. Le Chalia’h l’accueillit dans son Beïth-‘Habad et lui ménagea un endroit où il put installer ses affaires, manger et dormir. Mais plus encore que cela, le Chalia’h initia le jeune homme à la Prière, à l’étude de la Torah et à l’accomplissement des Mitsvoth. Peu à peu ce jeune homme, au départ totalement désemparé, se transforma dans la chaleur de l’univers de la ‘Hassidout. L’étude de la partie profonde de la Torah réveilla la force de l’Essence de son âme et il commença une nouvelle vie sous la colonne de lumière de la Torah et des Commandements divins. Il vivait dans le Beïth-Habad sous lq bienveillance du Chalia’h et tout naturellement il finit par se rendre au 770 Eastern-Parkway, au siège du mouvement ‘Habad et il y rencontra le Rabbi.
Sa rencontre avec le Rabbi fut une source de Bénédictions. Pendant les années qui suivirent il fonda une famille dans une Maison Juive en respectant scrupuleusement les Lois de la Torah, dans une ambiance hassidique, pleine de sens et de profondeur. Il prospéra au-delà de toute attente car non seulement il vécut de son Art mais il pouvait également se permettre de recevoir de très nombreux invités le jour du Chabbat. Il n’oublia cependant jamais toute la bonté et toute l’attention que le Chalia’h avait manifesté à son égard quand il arriva au Canada. A présent, il faisait son possible pour recevoir ses invités du mieux qu’il pouvait. Il prenait toujours soin de les servir lui-même et veillait à satisfaire tous leurs désirs, qu’ils soient spirituels ou matériels.

Un jour pourtant, alors qu’il s’investissait avec ardeur pour s’occuper de ses invités de mauvaises pensées l’assaillirent tout d’un coup. La voix du mauvais penchant résonnait dans sa tête, lui disait que ses invités exagéraient, qu’ils abusaient de sa bonté et de sa gentillesse et qu’il avait mieux à faire que de les servir. Ces gens ne méritaient pas tant d’efforts et d’attentions de sa part. Il ferait mieux de cesser d’accomplir cette Mitsvah et profiter lui-même du repos du Chabbat.

Le ‘Hassid s’arrêta alors de raconter son histoire et me regarda droit dans les yeux. Puis après un silence qui en disait long, il reprit le cours de son histoire et me dit les mots suivants : ‘Grâce à D.ieu, je repris mes esprits, et j’ai pensé que j’étais arrivé à un tournant décisif. Certes, jusqu’à présent j’avais accompli la Mitsvah de recevoir des invites du mieux possible mais à présent je me trouvais au bord de mes propres limites. J’ai alors pensé que maintenant, alors que j’étais au bout de mes forces, maintenant précisément, commence pour moi la Mitsvah de recevoir mes invités !’