L’action de Moché :
Dans les Parachiot Troumah et Tétsavé nous avons lu que l’Eternel ordonne à Moché de construire le Michkan, et dans les Parachiot Vayakhel et Pékoudei c’est Moché qui l’ordonne aux enfants d’Israël.
Le Rabbi nous fait remarquer que la Paracha Ki-Tissa dans laquelle il est raconté le péché du veau d’or sépare les Parachot Troumah et Tetsavé des Parachot Vayakhel et Pékoudei.

De ce fait, nous pouvons nous rendre compte qu’entre l’ordre de D.ieu à Moché et celui de Moché aux enfants d’Israël il y a une chose qui interrompt et perturbe l’ordre divin : le péché du veau d’or. Cependant, juste après que Moché eut ordonné aux enfants d’Israël de construire le Michkan (Paracha Vayakhel), son ordre fut exécuté immédiatement (Paracha Pékoudei).
Le Rabbi tire de cela l’enseignement suivant : bien que le mauvais penchant puisse s’immiscer dans le but de nous empêcher d’accomplir la volonté divine, l’action de Moché réduit à néant son influence malfaisante.

A la lumière de cet enseignement il apparait avec clarté que notre attachement au Rabbi nous permet de briser toutes les limites et de franchir tous les obstacles afin d’atteindre le but de notre mission de faire de ce monde une demeure pour L’Essence divine.

L’ensemble et ses particularités :
Le Rabbi explique dans le Dvar Mal’hout que la Paracha Vayakel met l’accent sur l’Assemblée d’Israël telle qu’elle est dans son ensemble, une unité non-composite : ‘Une grande Assemblée’, au singulier. En revanche, dans la Paracha Pékoudeï, l’accent est mis sur ‘le compte des enfants d’Israël’, c’est à dire sur l’importance de chaque Juif en particulier qui fait partie intégrante de cette ‘grande Assemblée’.

La différence entre le contenu profond de la Paracha Vayakel et celui de la Paracha Pékoudeï peut être comprise grâce à l’explication du Rabbi d’une Michnah de la fin du Traité Kidouchin dans laquelle il est écrit :’J’ai été créé pour servir mon Créateur’ et dans une autre Guirsa du Talmud Babli, il est écrit : ‘Je n’ai été créé que pour servir mon Créateur’.

Le Rabbi explique que lorsqu’il est écrit : ‘Je n’ai été créé que pour servir mon Créateur l’accent est mis sur l’Existence d’Hachem avant même qu’il ne soit question de notre propre existence. D’après cela, lorsque nous méditons au fait que Moché rassemble tout le Peuple pour lui donner l’ordre de construire le Michkan ainsi que cela est mis en évidence dans la Paracha Vayakel nous ressentirons par-dessus-tout ‘qu’il n’y a rien d’autre en dehors de D.ieu’ et que notre existence n’a pour seul but que celui de construire une demeure pour L’Eternel, comme il est écrit : ‘Et vous Me ferez un Sanctuaire’.

En revanche, le Rabbi explique que lorsqu’il est dit ‘Je n’aie été créé que pour servir mon Créateur’ l’accent est mis sur notre propre existence (‘Je n’aie’ ), conformément à l’enseignement selon lequel dans la Paracha Pékoudeï l’importance est mise sur les détails qui constituent un ensemble et non pas l’ensemble lui-même (‘le compte des enfants d’Israël’ et ‘l’énumération de tous les poids de l’offrande du Michkan, en argent et en or et en cuivre, et sont énumérés tous ses accessoires pour tout son service’.

Deux services divins, ‘Vayakel’ et ‘Pékoudeï’ :
Ainsi, le Rabbi nous enseigne que notre service divin qui correspond au contenu profond de ‘Pékoudeï’ consiste à attirer le Divin dans tous les éléments et dans tous les sujets de ce monde matériel (par l’accomplissement des Commandements divins que l’on accomplit au moyen d’objets matériels qui tirent leur vitalité de Klipat Noga, et que l’on sanctifie par le fait de réaliser la Volonté Supérieure du Saint béni soit-Il).
Le travail de Pékoudeï met donc l’accent sur le fait d’agir dans le monde afin d’y dévoiler un niveau du Divin qui s’accorde avec ses limites.
A l’opposé, le Rabbi décrit le travail de ‘Vayakhel’ comme un travail d’élévation : ‘élever tous les sujets de ce monde en y dévoilant le niveau du Divin qui est au-delà du monde’. De fait, le Rabbi souligne que chaque Juif a la possibilité de s’élever et d’élever le monde au-delà des limites au point d’atteindre le niveau de l’Essence divine.

D’une certaine manière nous pouvons expliquer que le niveau de ‘Vayakel’ correspond au niveau de l’Essence de l’âme Juive et que le niveau de ‘Pékoudeï’ représente les quatre degrés de Néfech Roua’h Néchama et ‘Haya du fait que ‘ces quatre catégories de Néfech Roua’h Néchama ‘Haya constituent chacune un degré particulier de l’âme alors que le niveau de l’Essence de l’âme transcende tous les aspects particuliers’.

Dans les notes ajoutées au chapitre 20 de l’ouvrage du Rabbi intitulé ‘Iniana chel Torat Ha ‘Hassidout’ le Rabbi nous enseigne que ‘seule l’Essence divine détient le pouvoir de créer un être physique. Cependant, l’effusion de ce pouvoir essentiel en un être indépendant ne se réalise qu’à travers la Lumière. La Lumière étant l’intermédiaire entre l’Existence ‘Vraie’ (Divine) et l’existence créée. Ainsi, par l’entremise de la Lumière, le pouvoir de l’Essence peut porter à l’existence un objet à partir du véritable néant (Maamar Ye’hayénou, 5694, chapitre 14. Sefer Ha Maamarim 5711, page 39. Voir également Igguéreth Ha Kodech, 20).

De façon similaire, dans le service de D.ieu, bien que la manifestation de l’Essence se produise à travers l’observance active des Mitsvoth, il demeure que l’effusion de l’Essence dans les actes accomplis est tributaire des ressources intérieures humaines (intellectuelles et émotionnelles). C’est pour cette raison que l’amour et la crainte sont appelés ‘les voies de D.ieu’ (Likouteï Si’hot 3, page 956).

‘L’effusion de l’Essence dans les actes accomplis’ représente le dévoilement de l’Essence de l’âme qui ne s’habille pas dans le corps (‘Vayakel’ : le niveau du Divin qui est au-delà du monde) dans les forces de l’âme Néfech Roua’h Néchama et ‘Haya qui sont liées avec le corps (‘Pékoudeï’ : le niveau du Divin qui est lié au monde).

*Notre mission de construire le Michkan implique d’agir dans ce monde avec toutes les forces qui nous ont été données, c’est à dire avec les 10 forces de l’âme qui s’habillent dans le corps : l’intellect, les sentiments et les actions. Ce travail est celui de ‘Pékoudeï’ ainsi qu’il a été expliqué précédemment : Le travail de ‘Pékoudeï ‘met donc l’accent sur le fait d’agir dans le monde et dans tous ses détails et de dévoiler un niveau du Divin qui est lié avec le monde.

*Par ailleurs le Rabbi décrit le travail de ‘Vayakel’ comme un travail d’élévation : ‘élever tous les sujets de ce monde en y dévoilant le niveau du Divin qui est au-delà du monde’.
La prière de ‘Modé Ani’ correspond d’une certaine façon au travail de ‘Vayakel’ car lorsque nous disons cette prière nous mettons en avant que ‘Je n’aie été créé que pour servir mon Créateur’ et l’accent est donc mis, d’abord, sur l’Existence d’Hachem avant même qu’il ne soit question de notre propre existence. Cette prière est le point de départ de notre service divin, le Rabbi l’a décrit comme étant ‘le fondement et le ferment de tout ce que chacun doit accomplir durant toute la journée, dans le domaine de la Torah. On doit dès le réveil considérer en présence de Qui on se tient : devant le suprême Roi des rois, le Saint béni soit-Il, et il convient d’en avoir conscience durant toute occupation ou loisir. C’est là un grand principe de la Torah, de même qu’une immense vertu des Justes qui marchent devant D.ieu, ainsi qu’il est dit : J’ai conscience de la Présence de L’Eternel en face de moi, constamment.

C’est ainsi que la journée entière doit être pénétrée de cette pensée. Tout ceci permet de comprendre le mot prononcé par Rabbi Chalom Dov-Ber de Loubavitch, lorsqu’il était jeune : Il convient, dit-il, de parsemer la journée entière du point qui suit le mot miséricorde (‘Bé Hèmela’) dans le Modé Ani. Il exprimait ainsi l’idée que le dévouement suggéré par le Modé Ani est requis à chaque moment de la journée’.

De fait, l’amour et la crainte d’Hachem désignent nos ‘ressources intérieures’ et dans ce cas ils représentent le travail de ‘Pékoudeï’ lequel s’accorde au sens du verset ‘J’ai été créé pour servir mon Créateur’ où l’accent est mis sur notre propre existence : J’ai : Ani.

Ainsi, dévoiler la force de l’Essence de notre âme qui est enracinée dans l’Essence divine dépend tout d’abord de notre propre travail et de nos propres forces, en exploitant tous les détails de tous les aspects de notre personnalité car ils sont les chemins qui nous conduisent vers D.ieu, vers le dévoilement de Son Essence, au point que celle-ci S’unisse aux forces de notre intellect, à nos sentiments et à nos actes. C’est précisément le contenu profond de la Paracha ‘Vayakel’ qui est celui de la A’hdout (l’Unité).

Vayakel-Pekoudeï : une allusion au prénom ‘Haya-Mouchka :
Il est intéressant de mentionner ici que la date de ce Chabbat est celle de l’anniversaire de la Rabbanite ‘Haya-Mouchka, l’épouse du Rabbi. Nous avons étudié dans le Dvar Mal’hout que le prénom de la Rabbanite ‘Haya-Mouchka est lui-même une allusion à l’union entre l’Essence de l’âme Juive (qui est enracinée dans l’Essence divine) et les forces de l’âme qui s’habillent dans le corps : Néfech Roua’h Néchama et ‘Haya. Dans ce cas le prénom de la Rabbanite, Haya-Mouchka, est lie de manière profonde aux contenus de ‘Vayakel’ et de ‘Pékoudeï’ qui comme il vient d’être expliqué représentent l’Essence de l’âme (‘Vayakel’) et les forces de l’âme (‘Pékoudeï’).
‘Haya désigne la ‘vitalité’ (‘Hayout) et fait donc allusion aux forces de l’âme qui s’habillent dans le corps, et Mouchka (qui est le nom d’un encens) représente l’Essence de l’âme qui ne s’habille pas dans le corps (Ko’hot ha makifim).

 

En guise de Resumé :
L’Admour Hazaken explique dans le Torah-Or sur la Paracha de cette semaine le sens profond de la déclaration des Sages selon laquelle ‘Celui qui se fatigue pendant la semaine mange le jour du Chabbat’.
‘La semaine’ représente le travail que l’on accomplit au moyen des forces de l’âme qui s’habillent dans le corps, et ‘le jour du Chabbat’ représente le dévoilement de l’Essence de l’âme.
Comme il a été dit précédemment ‘dévoiler la force de l’Essence de notre âme qui est enracinée dans l’Essence divine dépend tout d’abord de notre propre travail et de nos propres forces’. D.ieu dévoile la force divine de l’Essence de l’âme de celui qui se fatigue pendant la semaine pour servir D.ieu avec ses propres forces. Le prénom de la Rabbanite, ‘Haya-Mouchka, représente la perfection de notre service divin du fait qu’il exprime l’union entre l’Essence divine, le jour du Chabbat, et les forces de l’âme qui s’habillent dans le corps (l’intellect les sentiments et l’action). Nous parvenons à l’Unité et au dévoilement illimité de l’Essence divine en nous-mêmes par le fait de révéler et d’exploiter tous nos trésors personnels qui sont malgré tout limités. C’est en agissant en ce sens que nous aurons le mérite de susciter notre désir et le désir de D.ieu de résider en ce monde, avec le dévoilement de notre Juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, avec l’aide d’Hachem.