Chela’h :

La lecture de la Torah du Chabbat de la Paracha Chela’h a pour sujet l’histoire des explorateurs qui furent envoyés par Moché en Erets Israël, et la Haftara que nous lisons juste après, raconte l’histoire des explorateurs que Yéochoua envoya par la suite en Erets Israël.

Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Chela’h, le Rabbi établit la différence entre les forces de l’âme et l’Essence de l’âme à travers les différences qui existent entre la mission des explorateurs de Moché et la mission des explorateurs de Yéochoua.

*Les explorateurs de Moché sont au nombre de douze. De manière profonde les 12 princes des tribus que Moché envoya pour explorer la Terre d’Israël représentent les forces de la partie de l’âme qui s’habille dans le corps, car de même que l’âme vivifie chaque membre du corps (l’intellect dans le cerveau, les sentiments dans le cœur, la force de la vision dans les yeux.) les explorateurs de Moché visitèrent chaque partie du ‘corps’ que représente la Terre d’Israël.

*A l’opposé du chiffre 12 qui représente comme il vient d’être dit la ‘Hit’halkout’ (la pluralité, la division) le nombre des explorateurs de Yéochoua fut de 2, chiffre qui représente la ‘A’hdout’ : ‘l’Unité’.

Les explorateurs de Yéochoua sont donc une allusion à l’Essence de l’âme, du fait que le caractère de ‘l’Essence’ est celui de l’Unité qui est au-delà de toutes formes, de toutes divisions. L’Essence de l’âme Juive peut être définie comme le ‘point divin’ qui échappe à toutes les limites. Pour cette même raison les deux explorateurs sont décrits dans le texte de la Haftarah comme étant ‘deux hommes simples’ car la simplicité est précisément la qualité de l’Essence divine, laquelle est indivisible.

Ainsi, la mission des explorateurs de Moché correspond au service divin que l’on accomplit au moyen des forces de l’âme qui s’habillent dans le corps, et la mission des explorateurs de Yéochoua correspond au service divin que l’on accomplit par la force de l’Essence de l’âme.

Le Rabbi traita du sujet du dévoilement de l’Essence de l’âme dans les forces de l’âme qui s’habillent dans le corps dès le premier jour de son investiture officielle en tant que Rabbi et dirigeant de ‘Habad. Dans la première Si’ha qu’il prononça ce jour-là, le Rabbi souligna la différence qui existe entre les forces de la partie de l’âme qui s’habille dans le corps (l’intellect, les sentiments, et l’action), et les forces de la partie de l’âme qui ne s’habille pas dans le corps (la Volonté qui dépasse la raison et l’intellect, la Emounah).

Dévoiler la force de l’Essence de l’âme c’est faire tout ce qui est en notre pouvoir pour provoquer la Délivrance finale. C’est pour cela que toute la Torah du Rabbi traite du sujet de l’Essence de l’âme Juive et des moyens qui nous sont donnés pour dévoiler sa force dans nos pensées, nos paroles et nos actes, au jour le jour.

Kora’h :

A partir des lettres du nom de Kora’h, le Rabbi délivre un enseignement sur la personnalité de Kora’h, laquelle s’oppose radicalement aux qualités que l’on doit trouver chez un ‘hassid.

Le nom Kora’h est composé par les lettres Kouf Rèch et ‘Hèt. Chacune de ces trois lettres ressemblent à la lettre Hé, laquelle symbolise le côté de la sainteté. Cependant les différences qui existent entre ces trois lettres et la lettre Hé témoignent du fait que ces trois lettres s’opposent au côté de la sainteté.

La lettre Hé est constituée de trois traits, un en haut, un à droite et un à gauche. L’Admour Hazaken explique dans le Torah Or (95a) que le trait d’en haut et celui de droite évoquent la pensée et la parole, et le trait de gauche correspond à l’action.
Ces trois traits s’inscrivent dans un carré et ils définissent une forme parfaitement équilibrée. De ce fait la lettre Hé exprime donc l’équilibre nécessaire entre la pensée, la parole et l’action.

Ainsi, le trait de gauche n’est pas relié aux deux autres, car entre la pensée et la parole d’une part et l’action d’autre part, il doit y avoir un temps d’arrêt. C’est bien là une des qualités d’un ‘hassid car celui-ci prend son temps avant d’agir et il se doit de méditer à l’action qu’il est sur le point d’accomplir afin qu’elle soit conforme à la volonté divine.

Comme il vient d’être dit, les lettres qui composent le nom de Kora’h s’opposent au côté de la sainteté (symbolisé par la lettre Hé) :
La lettre Kouf ressemble à la lettre Hé car le Kouf est lui aussi constitué de trois traits, un en haut, un à droite et un à gauche. Comme pour la lettre Hé le trait d’en haut est relié à celui de droite, mais contrairement au trait de gauche du Hé le trait gauche du Kouf (qui correspond à l’action) est très long.

Le Rabbi explique que le trait gauche du Kouf descend très bas en un endroit que le trait droit n’atteint pas et évoque la personne qui s’investit dans le monde matériel au-delà de toute mesure. De fait la lettre Kouf est le contraire du Hé et désigne celui qui consacre tout son temps au travail sans fixer de temps pour l’étude de la Torah.

Il apparait dans ce cas que la lettre Kouf est liée à l’autre côté de la sainteté car même les actions dans les domaines permis ne doivent pas empièter sur le temps fixé pour étudier la Torah. Il est en effet expliqué dans le Tanya (chapitre 36, 37) que « l’acte est essentiel » et le Rabbi (Chabbat Parachat Kora’h, 5724-1964 et 5727-1967) nous enseigne donc que la demeure de D.ieu dans ce monde est bâtie, non pas seulement en étudiant la Torah par la pensée et la parole mais aussi en mettant en pratique les Mitsvoth d’une manière concrète.

Par ailleurs le Tséma’h Tsédek (Séfer ha-Likoutim, parachat Reeh) explique que la barre du Kouf ‘qui descend très bas, ‘en un endroit que le trait droit n’atteint pas’, évoque le verset : ‘Ses pieds descendent vers l’endroit de la mort’ et ce n’est pas sans évoquer le sort de Kora’h et de tous les hommes de son assemblée dont il est dit qu’ils furent tous avalés par la terre pour avoir « offensé l’Eternel’ et s’être opposés à Moché.

La deuxième lettre du nom de Kora’h est la lettre Rèch. Cette lettre ressemble également à la lettre Hé. La seule différence entre les deux est l’absence du trait de gauche qui correspond à l’action. La lettre Rèch s’oppose ainsi à l’action concrète, à l’affirmation selon laquelle « l’acte est essentiel ».

Par ailleurs, le fait qu’il manque à la lettre Rèch un seul petit point pour que celle-ci devienne un Hé n’est pas sans exprimer que le Rèch du nom de Kora’h appartient à l’autre côté de la sainteté. En effet ce petit point manquant est semblable à la lettre Youd qui est la plus petite des toutes les lettres de l’alphabet et qui symbolise pour celà la qualité de la soumission et celle de l’humilité. Ces deux qualités manquaient à Kora’h de par l’opposition évidente qu’il manifesta à l’égard de Moché. Le Rabbi écrit en effet au sujet de Kora’h « qu’il désirait le contraire de la paix, introduite par la Torah…Il voulait la controverse… ».

Il est aussi rapporté dans le Séfer ha Harakhim ‘Habad (du Rav Yoël Kahn et du Rav ‘Haïm Dov Beer Lipsker) que le Rèch est la première lettre du mot Roch (la tête) et du fait qu’elle est aussi la première lettre du mot Ra (le mal), elle représente la tête des klipoth (la tête des forces du mal), c’est-à-dire la source de la vitalité des klipoth des mondes inférieurs.

La lettre ‘Hèt ressemble beaucoup à la lettre Hé mais il y a une différence entre elles. Le pied gauche du Hé est séparé du trait supérieur, alors que celui du ‘Hèt est relié au trait supérieur.

Le Rabbi conclut de cela l’enseignement suivant : celui qui est soumis à D.ieu ressent en permanence qu’il est séparé de la Torah (comme le pied du Hé qui est séparé du trait supérieur) et il éprouve un désir permanent de connaître l’élévation (voir Discours du Rabbi, Chabbat, Parachat Kora’h 5724 et 5727). Dés-lors nous comprenons que la forme du ‘Hèt, qui ne possède aucune rupture entre le pied gauche et le trait supérieur, évoque bien l’orgueil de celui qui n’a pas conscience de son éloignement de D.ieu. Le ‘Hèt du nom de Kora’h n’est donc pas sans évoquer l’orgueil de Kora’h qui s’est opposé à Moché dont il est dit qu’il est ‘le plus humble parmi tous les hommes’.

Un lien entre la Paracha Chela’h et la Paracha Kora’h :

Dans son ouvrage intitulé ‘Iniana chel Torat-ha’Hassidout’ (chapitre 20) le Rabbi nous enseigne que l’Essence de l’âme qui est enracinée dans l’Essence divine se dévoile précisément lorsqu’un Juif raffine et sanctifie un objet matériel en accomplissant une Mitsvah au moyen de cet objet. Cependant, bien que la manifestation de l’Essence de l’âme se produise à travers l’observance active des Mitsvoth, il demeure que ‘l’effusion de l’Essence dans les actes accomplis est tributaire des ressources intérieures humaines, intellectuelles et émotionnelles’. C’est pour cette raison que l’amour et la crainte sont appelés ‘les voies de D.ieu’.

Le Rabbi donne un parallèle à ce phénomène dans le pouvoir de l’Essence divine ‘dont l’existence ne provient que d’elle-même’. Bien que ce pouvoir se caractérise tout particulièrement par la création d’un être physique, il n’en demeure pas moins que l’effusion de ce pouvoir essentiel en un être indépendant ne se réalise qu’à travers la ‘Lumière’. La Lumière étant l’intermédiaire entre ‘l’existence vraie’ et ‘l’existence créée’. Ainsi par l’entremise de la Lumière, le pouvoir de l’Essence peut porter à l’existence un ‘objet’ à partir du véritable néant (Maamar Ye’hayénou, 5694). De la même façon l’effusion de l’Essence dans les actes accomplis est tributaire de l’amour et de la crainte de D.ieu.

D’après les enseignements du Rabbi dans le Dvar-Mal’hout, le contenu profond de la Paracha Chela’h est celui du dévoilement des forces les plus profondes de l’âme Juive et le contenu profond de la Paracha Kora’h est celui de l’importance de l’action dans notre service divin. Dans son ouvrage intitulé ‘Iniana chel Torat-ha-‘Hassidout’ le Rabbi nous enseigne que l’Essence de l’âme Se dévoile précisément au moyen de l’action concrète, c’est à dire lorsque l’on accomplit un Commandement divin et que l’on sanctifie un objet matériel. Le Rabbi souligne cependant que ‘l’effusion de l’Essence dans les actes accomplis est tributaire de l’amour et de la crainte de D.ieu’.

Le 2 mars 1961 (Pourim 5721) Le Rabbi de Loubavitch déclara :
« Ecoute, il y a une terre désolée qui est spirituellement sous-développée. Il y a des juifs là-bas qui ne savent même pas qu’il leur manque quelque chose…Va chez le Juif qui est dans un tel besoin, sois là-bas un jour, une semaine, un mois, une année, dix ans. D.ieu a assez d’années à partager, autant d’années que le travail demande, il te donnera ».

Cette déclaration du Rabbi peut servir de synthèse des différents enseignements que nous avons rapportés ici. Certes notre mission de purifier la Terre d’Israël consiste d’abord à nous purifier et a sanctifier la part du monde qui nous a été assignée, mais le Rabbi vient ici pour nous rappeler qu’il existe ‘une terre désolée ou vivent des Juifs qui ne savent même pas qu’il leur manque quelque chose’.