Une signification du Titre ‘Dvar-Mal’hout’

Le Rabbi déclare dans le ‘Dvar Mal’hout’ (Chemini) que ‘Moché a la capacité d’unir les enfants d’Israël avec le Saint béni soit-Il, car l’infini et le fini sont en lui’. En d’autres termes, ‘l’infini est en lui’ signifie que la force de la partie la plus profonde de l’âme de Moché, l’Essence de l’âme de Moché, ‘l’infini’, est dévoilée dans la partie ‘finie’ de son âme (la partie de son âme qui s’habille dans son corps : les forces de l’intellect dans le cerveau, les sentiments dans le cœur, la vitalité dans le sang).

Le Rabbi nous enseigne alors que l’humilité de Moché est la raison pour laquelle il a le mérite que l’infini soit dévoilé en son âme, et c’est à cela que se rapporte la déclaration du Pirkeï Avot selon laquelle : ‘Moché a reçu la Loi du Sinaï et l’a transmise à Yéochoua’ : la Montagne du Sinaï, par le fait qu’elle soit la plus basse parmi toutes les montagnes, exprime l’humilité et la soumission la plus totale vis à vis de l’Eternel, et le Rabbi révèle que ‘Moché a reçu la Loi du Sinaï’ signifie qu’il apprend du ‘Sinaï’, qu’il est animé par la plus grande humilité, et parfaitement soumis à D.ieu.

D’une certaine manière, la force de soumission de Moché et son exceptionnelle humilité sont peut-être liées au titre donné à l’ouvrage du Rabbi : ‘Dvar Mal’hout’. En effet, la ‘Hassidout nous enseigne que la Séfira de Mal’hout (la dernière Séfira du monde d’Atsilout) est qualifiée de ‘pauvre’ car elle ne possède pas une lumière qui lui est propre. Comme la lune qui reçoit toute sa lumière du soleil, la Séfira de Mal’hout reçoit toute sa lumière des autres Séfirot du monde d’Atsilout. A l’exemple de l’élève qui est parfaitement soumis à son Maître et qui de ce fait parvient finalement à le dépasser, la Séfira de Mal’hout finira dans les temps messianiques par s’élever au- dessus de toutes les Séfirot et à leur dispenser sa propre lumière, ainsi qu’il est dit au sujet des temps messianiques : ‘une épouse vertueuse est la couronne de son mari’.

Il en va de même pour la lune car dans les temps messianiques celle-ci ne recevra plus sa lumière du soleil mais dispensera sa propre lumière et deviendra aussi grande que le soleil, ainsi qu’il est dit : ‘la nuit brillera comme le jour’.

Le principe selon lequel l’annulation vis-à-vis de D.ieu provoque les plus hauts dévoilements divins transparaît à travers tous les enseignements du ‘Dvar Mal’hout’. L’image donnée par la ‘Hassidout d’une graine qui se putréfie dans le sol avant de donner naissance à une plante en est le parfait exemple, et elle s’accorde à l’image de la lune dont la taille diminue jour après jour dans l’obscurité du ciel jusqu’à finir par disparaître puis y renaître ensuite à nouveau.

‘Ton absence sera remarquée, ta place étant vide’ 

Dans le ‘Dvar Mal’hout’ (Chemini) le Rabbi cite le livre de Chmouel (1, 20, 18) : ‘Ton absence sera remarquée, ta place étant vide’. Dans ce verset, Yonathan s’adresse à David en lui faisant remarquer que son absence à la table du roi ne peut passer inaperçue. Sans l’ombre d’un doute, le Roi Chaoul se souviendra de David, en voyant qu’il ‘manque à sa place’. C’est précisément parce que David ‘manque’ à sa place que le Roi se ‘souvient’ de lui. Le Rabbi déclare qu’il en va de même pour la lune le jour de Roch ‘Hodech : c’est précisément après avoir diminuée de taille au point de disparaître (de ‘manquer à sa place’) que la lune renaît et grandit à nouveau dans le ciel.

D’après l’enseignement du Rabbi, ce principe s’applique à celui de l’obscurité qui précède la Délivrance. La Délivrance ‘manque à sa place’, c’est précisément ‘Parce qu’un Juif ne se trouve pas à sa véritable place, à la table de son Père, sur la terre sainte à Jérusalem, la ville sainte, dans le Beït-Ha-Mikdache, et c’est cette absence précisément qui aura pour effet que l’Eternel se souviendra de lui et le délivrera.’

A travers ces paroles du Rabbi, nous devons comprendre que c’est ce qui nous fait défaut qui nous permet par la suite d’atteindre le divin illimité. L’absence de David à la Table du Roi Chaoul est une allusion à l’attribut de Gvurah, au Tsimtsoum, à la limitation et à la dissimulation de la lumière divine. Le Rabbi nous dévoile que c’est précisément par l’attribut de Gvurah, le ‘fini’, que l’on peut accéder à ‘l’infini’, ainsi qu’il est dit : ‘celui qui accomplit la Torah dans la pauvreté finira par l’accomplir dans l’opulence’ (Rabbi Yonathan, Pirkeï Avoth).

Ainsi, peut-être est-ce à travers l’idée selon laquelle tout dévoilement divin passe nécessairement par la révélation de notre petitesse, que le Rabbi intitula son recueil ‘Dvar Mal’hout’. En effet, notre petitesse doit être comparable à celle de la Séfira de Mal’hout. A l’évidence, Mal’hout représente la ‘pauvreté’ qui mène à l’opulence, à l’exemple de cette graine qui disparaît dans la terre pour renaître ensuite, à celui de la lune qui disparaît pour réapparaître ensuite.

A l’exemple de Moché dont le nom disparaît dans la Paracha Tetsaveh, à celui du Rabbi qui demande à ses émissaires de ne pas mentionner son nom si cela s’avère nécessaire, c’est par le fait de s’annuler totalement à la volonté du Rabbi, le Moché de notre génération, que l’on parvient à renaître ensuite, à s’élever dans notre service divin dans la plus grande opulence.

‘Celui qui dit une chose qu’il n’a pas entendu de la bouche de son Maître, provoque que la présence divine quitte l’Assemblée d’Israël’ :

Dans notre Paracha, il est question du travail de Moché et d’Aaron, le huitième jour des Milouim, quand ils terminèrent d’apporter des sacrifices.
Il est écrit (9, 24) : ‘un feu sortit de devant l’Eternel et consuma sur l’Autel…Le peuple vit, ils prièrent’.

Dans le Likoutei Si’hot (‘Hélek 12, pages 49-51), le Rabbi explique que les mots ‘un feu sortit’ évoquent le ‘salaire’ d’Israël. De fait, leur service divin fut agréé par le Saint béni soit-Il quand Il fit régner alors sa présence au sein de l’Assemblée des enfants d’Israël.

Puis, dans les versets suivants (10, 1, 2) il est question des enfants d’Aaron, Nadav et Avihou, lesquels ‘apportèrent devant l’Eternel un feu étranger qu’Il ne leur avait pas ordonné (d’apporter). ‘Un feu sortit de devant l’Eternel, les consuma et ils moururent devant l’Eternel’.
Ainsi, les mêmes mots, ‘un feu sortit’, sont employés, une fois au début de la Paracha pour exprimer la présence de l’Eternel au milieu des enfants d’Israël, et une seconde fois pour exprimer la terrible punition que le Saint béni infligea aux fils d’Aaron.

Rachi explique, au nom de Rabbi Eliézer, que ‘Nadav et Avihou ne moururent que, parce qu’ils enseignèrent une loi devant Moché leur Maître’.

Les enfants d’Aaron ne sont pas morts à cause de leur service divin, au contraire, quand ils apportèrent des encens, ils provoquèrent un dévoilement divin, ‘un feu sortit’, comme ce fut le cas lorsque Moché et Aaron apportèrent des sacrifices. Cependant ils n’agirent pas selon un ordre divin, et le feu qui représente un dévoilement divin lorsqu’il est ordonné par D.ieu, ‘les consuma et ils moururent’.

Le Rabbi explique au sujet de Rabbi Eliézer que sa grande sagesse fut de nombreuses fois louées par les Sages d’Israël. Cependant, et malgré sa grandeur, Rabbi Eliézer déclara que ‘Celui qui dit une chose qu’il n’a pas entendu de la bouche de son Maître, provoque que la présence divine quitte l’Assemblée d’Israël’.

De fait, s’il nous est interdit de dire une chose que l’on n’a pas entendu de la bouche de notre Maître, combien est plus grande encore notre punition quand nous disons une telle chose devant notre Maitre lui-même.

Nadav et Avihou, enseignèrent une Halakha devant Moché qui était leur Maître, et ils en furent punis, et cela, même s’ils étaient eux-mêmes des Justes de ce monde.

A la lueur de cet enseignement de Rabbi Eliézer, rapporté par Rachi, le Rabbi semble faire une allusion à l’attachement qui nous lie à lui.

Le silence de l’Admour Hazaken

On raconte que l’Admour Hazaken gardait le silence lorsqu’il était assis à la table du Maguid de Mézeritch, son Maître, quand celui-ci donnait un cours de Torah.

Bien des années après avoir quitté le Maguid, un des élèves du Maguid se rendit chez l’Admour Hazaken. Il découvrit alors combien l’Admour Hazaken mit à profit l’enseignement qu’il reçut à la table du Maguid, et il déclara que de tous les élèves de Rabbi Dov Ber (le Maguid), l’Admour Hazaken fut celui qui ‘prit les meilleurs morceaux’.

Certes, tous ceux qui eurent le mérite d’entendre de la bouche du Maguid des paroles de Torah furent tous marqués par son enseignement, mais l’Admour Hazaken fut celui qui en fut le plus imprégné. L’explication à cela est toute simple. L’Admour Hazaken gardait le silence devant son Maitre. Cela signifie qu’il était un élève totalement soumis aux pensées, aux paroles et aux actes de son Maître. Et c’est précisément grâce à cette soumission que l’influence de son Maître le toucha au plus profond de son être, et ne le quitta pas tout au long de son existence en ce monde.

L’infini du ciel n’est pas sans évoquer la Sagesse de D.ieu, laquelle est insaisissable. La profondeur des mers et des océans n’est pas sans évoquer les secrets qui se cachent dans les mots divins de la Torah. La force infinie contenue dans la terre silencieuse, de faire pousser des fruits, des plantes et des arbres, n’est pas sans évoquer les commandements divins, lesquels sont justement accomplis au moyen de la poussière de la terre (Rachi).

Le Maître est celui qui nous permet de saisir cette sagesse infinie. Plus nous lui sommes soumis, plus nous voyageons avec lui au centre de la mer de la Torah, et découvrons la profondeur de ses secrets. Il nous élève vers les hauteurs des cieux de la Torah afin de libérer notre âme divine de ‘tout ce qui l’empêche de voir la lumière de l’Eïn-Sof’ (Tanya). Il nous fait voyager sur cette terre que nous foulons avec nos pieds et qui ne se plaint jamais pour cela, et nous enseigne ce que nous gagnons à lui ressembler.
Ainsi, lorsque nous parvenons à nous attacher à notre Maître, c’est un feu de vie et de bénédictions que nous faisons descendre du ciel.

Ce qui fait la particularité du Rabbi, c’est que notre soumission à ses enseignements n’exclut pas qu’il attend de chacun d’entre nous d’exprimer nos particularités. Chaque juif possède en effet une chose que l’autre ne possède pas. Aussi, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour exploiter les dons particuliers que l’Eternel nous a donnés. Nous devons exprimer nos propres qualités dans nos actes, et les inscrire dans le projet divin, de révéler le Machia’h en faisant de ce monde une demeure pour D.ieu. D’un autre côté, c’est précisément en nous soumettant aux enseignements du Rabbi que nous pouvons y parvenir, afin de provoquer, enfin, le dévoilement de notre Juste Machia’h, dès-à-présent avec l’aide de D.ieu.

Il est bien de mentionner ici que dans le Likouteï-Torah sur la Paracha Chemini, l’Admour Hazaken nous enseigne que le ‘Léviathan’ désigne le Tsaddik qui est attaché à la partie profonde de la Torah, et que le ‘Chor-ha-bar’ désigne le Tsaddik qui est attaché à la partie révélée de la Torah. Or, la Séouda Chlichit du Chabbat a précisément lieu au moment où se dévoile tout particulièrement le niveau de Yé’hida, l’Essence de l’âme Juive. Ce précieux moment est celui du dévoilement des secrets de la Torah, ‘Razin de Razin’. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons l’usage à cette occasion de chanter des Nigunim et d’écouter avec attention, juste après avoir chanté, un discours ‘Hassidique du Rabbi.

Le Rabbi sur le fait que le jour du 9 Av qui est le jour ou le Temple de Jérusalem fut détruit est aussi le jour de la naissance du Machia’h, le Rabbi souligne que la naissance du Machia’h eut lieu au moment de la prière de Min’ha qui précède ce moment du Chabbat, ‘Razin de Razin’.

Chaque Séouda Chlichit, durant chaque Chabbat, nous rappelle le festin de la Délivrance finale. Les Sages nous enseignent en effet que lors de la Délivrance, L’Eternel dressera une table pour les Tsaddikim et que chacun mangera de la chair du poisson (le Léviathan) de la viande du taureau sauvage (le Chor-ha-Bar), et boira du vin que L’Eternel garde en secret (le vin Méchoumar). A l’évidence ce festin possèdera une dimension spirituelle très élevée, notamment par le fait que chacun ressentira le lien profond entre la partie révélée de la Torah (symbolisée par le Chor-ha-Bar) et la partie la plus profonde de la Torah (symbolisée par le Léviathan). A l’image de l’Admour Hazaken et de tous les Maîtres de ‘Habad qui possèdent, chacun, la Connaissance des deux Luminaires de la Torah, et qui surtout, révèlent le lien qui les unit.