‘L’Eternel lui apparut dans les plaines de Mamré, alors qu’il était assis à l’entrée de la tente, dans la chaleur du jour. Il leva les yeux, il vit, et voici trois hommes qui se tenaient debout.’

D’après le sens simple ‘L’Eternel lui apparut’ se rapporte au fait qu’Hachem Se révéla à Avraham après qu’il eut obéi à l’ordre divin de se circoncire. De manière plus profonde, ‘L’Eternel lui apparut’ se rapporte à ‘l’apparition’ (le dévoilement) de l’âme divine dans le corps au moment de la circoncision. En effet, il n’est pas écrit ‘l’Eternel apparut à Avraham’ mais il est écrit que ‘L’Eternel lui apparut’. ‘Lui’ ne désigne pas seulement Avraham mais inclut l’ensemble des enfants d’Israël. De fait, le huitième jour après le jour de la naissance, chaque Juif reçoit au moment de la circoncision, ‘une parcelle véritable de divinité d’En-Haut’ (‘la deuxième âme d’Israël’). L’Alliance avec l’Eternel s’inscrit alors dans la profondeur de sa chair.

Aussi, du fait que le contenu profond de la Paracha Vayéra est celui du dévoilement de l’âme divine dans le corps, le Rabbi établit ici un lien avec la date du 20 Mar-‘Hechvan qui est le jour de l’anniversaire du Rabbi Rachab qui consacra tous les instants de sa Vie à faire de ce monde une demeure pour l’Essence divine. Le Rabbi nous fait d’ailleurs remarquer que la date du 20 Mar-Hechvan évoque Kéter (la Couronne qui surplombe l’enchaînement des mondes) du fait que la première lettre de Kéter est la lettre Kaf dont la valeur numérique est égale à 20 (comme la date de l’anniversaire du Rabbi Rachab). De plus, le mot hébreu עשרים qui désigne le chiffre 20 a pour valeur numérique 620, exactement comme la valeur numérique de Kéter.

Au début de son ouvrage intitulé Bé Chaa ché Hikdimou le Rabbi Rachab nous enseigne que de façon générale le niveau de Kéter correspond à la Volonté de D.ieu de créer les mondes. Mis à part cette définition, le Rabbi rapporte ici que Rabbi Moshé Cordovéro définit le niveau de Kéter comme étant lié à l’Attente. Rabbi Moshé Cordovéro donne l’exemple d’une personne qui, pendant son étude de la Torah, ne parvient pas à saisir la profondeur d’un concept divin élevé. Dans un tel cas, les Sages de la Torah conseillent à cette personne d’interrompre son étude et d’attendre un certain temps. Le temps, qu’avec l’aide de D.ieu, le sens profond du concept se dévoile à son esprit. Plus encore que cela, le Rabbi Rachab ajoute que dans de nombreux endroits les Sages de la Torah mentionnent le rapport qui existe entre le niveau de Kéter et celui du Silence. Dans le Traité Ména’hot (29b) par exemple, il est raconté que lorsque Moché vit la fin tragique de Rabbi Akiba, il s’exclama devant L’Eternel : Est-ce la Torah ? Et est-ce là son salaire ? Et D.ieu lui répondit : Silence ! Ce sont là mes desseins !
A ce sujet, dans le Likouteï Torah (Bé’houkotaï) l’Admour Hazaken nous enseigne que la meilleure attitude à adopter lorsque nous nous trouvons dans une situation qui dépasse notre entendement est de nous taire. Le Rabbi Rachab rapporte encore que Rachi souligne que le niveau de ‘Kéter’ est celui de l’Espoir, et à la lumière de toutes ces explications, le Rabbi Rachab nous enseigne que le niveau de Kéter, bien qu’il dépasse totalement notre entendement ne demeure pas pour autant totalement inaccessible à celui qui sait attendre et espérer. Or, ce principe est applicable à tous les Maîtres de ‘Habad.

Effectivement, Rabbi Yossef-Itz’hak dans le deuxième chapitre de son ouvrage intitulé Likouteï-Dibbourim écrit au sujet de son père le Rabbi Rachab que ‘l’intellect et les sentiments du Rabbi en leur Essence échappent à notre perception et à notre compréhension. Pour ce qui nous concerne, il est dit, à ce propos (‘Haguiga, 13a) : ‘ne recherche pas ce qui t’est inaccessible, n’examine pas ce qui t’est caché. En revanche, ce que nous pouvons percevoir et comprendre, au moins jusqu’à un certain point, c’est son action. On peut donc observer le comportement du Rabbi avec ses disciples, avec ses Hassidim, avec les simples Juifs. En chaque attitude, en chaque mot d’Iguéret-Ha-Kodech, les lettres dans lesquelles il commente le sens de la prière, le service de D.ieu profond qu’elle implique, la sévère mise en garde de ne pas parler pendant la prière, en chaque directive permettant d’acquérir des traits de caractère favorables, est cachée une part de l’Essence, une part de Vie’.

Ainsi, d’une part ‘l’intellect et les sentiments du Rabbi en leur Essence échappent à notre compréhension’, mais d’autre part ‘nous pouvons percevoir et comprendre, au moins jusqu’à un certain point, son action’.
Ce propos concorde avec la définition de Kéter du Rabbi Rachab d’après laquelle le niveau de Kéter ‘dépasse l’entendement de l’homme sans demeurer pour autant inaccessible à celui qui sait attendre et espérer’. De fait, nos espoirs et nos attentes doivent avoir pour but de comprendre les actions du Rabbi, ainsi que le Rabbi Rayats l’a dit lui-même : bien que ‘l’intellect et sentiments du Rabbi en leur Essence échappent à notre perception, son action demeure accessible à notre compréhension’.

Généralement, la ‘Hassidout définit Kéter en disant qu’elle établit le lien entre l’Essence divine qui est au-delà de tous les dévoilements et notre monde qui est limité par l’espace et par le temps. Plus précisément, dans son ouvrage ‘Bé chaa che hikdimou’ (voir chapitre 222), le Rabbi Rachab écrit que c’est l’attribut de ‘Ho’hma-stima, ‘la Sagesse cachée’ du monde spirituel de Kéter qui sert de liaison entre l’Essence divine et les mondes.

La Sagesse cachée du monde de Kéter est la ‘source’ de la Sagesse révélée du monde d’Atsilout. Le Rabbi Rachab compare la Sagesse cachée à l’huile de la Ménorah du Temple et la Sagesse révélée à la lumière de la Ménorah. (ce n’est pas un hasard, l’huile c’est la ‘Hassidout) de la Ménorah du Temple. Ainsi, de même que l’huile est la ‘source’ de la lumière, la Sagesse cachée (l’huile) est la ‘source’ de la Sagesse révélée (la lumière de la Ménorah).

Il est raconté dans le traité Ména’hot que lorsque Moché vit la fin tragique de Rabbi Akiva il en demanda la raison à L’Eternel. L’Eternel lui répondit : ‘Silence !’
Dans son livre’Bé chaa che hikdimou’ (chapitre 196) le Rabbi Rachab explique que le Saint béni soit-Il ne révéla pas à Moché la raison de la fin tragique de Rabbi Akiva car Moché ne pouvait pas avoir accès à la Sagesse cachée du monde de Kéter.

En effet, le début de cette histoire rapporte que Moché demanda à L’Eternel la signification des Couronnes que L’Eternel dessinait sur des lettres de la Torah. L’Eternel répondit à Moché qu’à partir de ces simples Couronnes un Sage du nom de Rabbi Akiva en déduirait des centaines de Hala’hot. Moché demanda alors à rencontrer ce Sage et se trouva aussitôt en sa présence au moment où il donnait un cours de Torah a ses élèves. Moché fut alors totalement dépasser par les connaissances de Rabbi Akiva.

L’image de Moché qui assiste au cours de Torah de Rabbi Akiva s’accorde à l’enseignement du Rabbi selon lequel ‘dans les temps messianiques Machia’h enseignera la partie profonde de la Torah à Moché’. Le nom ‘Akiva’ lui-même évoque notre génération désignée par le Rabbi comme étant ‘la dernière génération de l’exil et la première génération de la Délivrance’. En effet, la racine du nom Akiva est Ekev qui signifie talon comme notre génération qui est elle-même appelée ‘la génération du talon du Machia’h’.

L’histoire de la Guémara nous apprend que Rabbi Akiva connaissait le sens caché des Taguim, c’est-à-dire de ces Couronnes qui coiffent le sommet de certaines lettres de l’alphabet hébreu. Par ailleurs Rabbi Akiva écrivit un Alpha-Beïta dans lequel il dévoila également des enseignements sur la signification profonde des lettres de l’alphabet hébraïque.

La rencontre entre Moché et Rabbi Akiva nous laisse entrevoir que Rabbi Akiva avait une certaine perception de la profondeur de la Torah contrairement à Moché qui selon le Rabbi Rachab ne pouvait pas avoir accès à la Sagesse cachée du monde de Kéter. Cela s’exprime d’ailleurs par le fait que Moché ne comprenait pas la signification des Couronnes que L’Eternel dessinait sur les lettres. Couronne se dit en hébreu Kéter et le fait que Rabbi Akiva percevait la signification des Couronnes apposées sur les lettres fait allusion au fait qu’il avait une perception plus élevée que Moché du monde spirituel de Kéter, et ce n’est que dans les temps messianiques que Moché percevra la profondeur de la Torah car comme le Rabbi l’a déclaré à maintes reprises, dans les temps messianiques Machia’h enseignera la partie profonde de la Torah à Moché. Le dévoilement de la Torah ‘Hadacha représente le dévoilement de la Sagesse cachée de l’Essence de la Torah.

A la lumière de ce qu’il vient d’être dit nous pouvons nous demander ce que le Rabbi sous-entend quand il établit un lien entre la date d’anniversaire du Rabbi Rachab et le monde spirituel de Kéter. Dans son discours intitulé ‘Ve Ata Tètsaveh’ le Rabbi déclare au sujet de son beau-père le Rabbi Rayats que ‘le Rabbi unit les enfants d’Israël avec Or-ein-sof’. De fait, comme ‘la Sagesse cachée de Kéter établit le lien entre l’Essence divine et notre monde, ‘relie Atsmout ein-sof avec les âmes d’Israël’, le Rabbi unit l’Assemblée d’Israël avec le Saint béni soit-Il. De même que Kéter est définie comme la Couronne qui surplombe l’enchaînement des mondes, le Rabbi couronne l’Assemblée d’Israël ; dans ce cas quel rapport existe-t-il entre le Rabbi et la Sagesse cachée du monde de Kéter ? Le Rabbi a-t-il une perception de la Sagesse cachée ?
.

Le Rabbi Rayats répond d’une certaine manière à cette question lorsqu’il déclare que le Rabbi procède de l’Essence, mais d’un autre côté le Rabbi Rachab écrit que ce n’est que dans les temps futurs que Machia’h dévoilera l’Essence de la Torah (la Torah ‘Hadacha), à l’Assemblée d’Israël :
‘A présent, toute notre étude de la Torah ne porte seulement que sur la lumière qui se dévoile de la Torah mais ne porte pas sur l’Essence de la Torah, mais dans le futur en revanche, l’Essence divine de la Sagesse cachée se dévoilera dans notre étude (chapitre 225).’

La perfection de l’union entre le Saint béni soit-Il et les enfants d’Israël atteindra donc la perfection avec le don de la Torah ‘Hadacha. Cependant, comme le Rabbi l’écrit dans son discours Vé Atah tètsaveh, le Rabbi unit les enfants d’Israël avec Or ein-sof et dans ce cas peut-on considérer que la Torah du Rabbi fait partie de la Torah ‘Hadacha ?

Afin de nous enseigner la manière dont la profondeur de la Sagesse cachée se dévoile ici-bas, le Rabbi Rachab nous donne l’exemple de l’amour d’un père pour son fils (chapitre 224). Cet amour procède de l’Essence, c’est à dire qu’il ne dépend d’aucune raison générée par l’intellect. Cet amour ne peut donc pas avoir de fin car rien ne peut l’atteindre ainsi qu’il est dit : ‘les eaux nombreuses ne pourront pas éteindre l’amour’.

Aussi, même si cet amour reste caché dans le cœur du père et que celui-ci ne le dévoile pas à son fils, il n’en demeure pas moins que cet amour existe éternellement dans le cœur du père. Le point soulevé par le Rabbi Rachab est que le père dévoile cet amour lorsque son fils ‘tombe à terre’ (ou lorsque son fils ‘se salit’). Dans un tel cas, le père réagit par de la colère et il réprimande son fils. Or, le Rabbi Rachab souligne que ce qui nous paraît être ici de la rigueur n’est en réalité que l’expression de cet amour infini que le père ressent pour son fils.

De fait, il en va de même pour la Sagesse cachée du monde de Kéter car de même que la colère du père cache l’amour le plus profond qu’il ressent pour son fils, l’obscurité de l’exil cache l’amour d’Hachem pour les enfants d’Israël, ainsi que le déclare le Rabbi Rachab ‘Malgré le fait qu’Hachem aime les enfants d’Israël d’un amour qui émane de Son Essence, L’Eternel cache totalement cet amour avec la force de Sa ‘Ho’hmah’.

En effet, le Rabbi Rachab nous enseigne ici que la profondeur de la Sagesse cachée n’est autre que le plaisir de D.ieu (‘Taanoug’). Cependant, bien que le plaisir de D.ieu constitue le plus haut degré de l’enchaînement des mondes, il change d’état et se dévoile ici-bas sous une autre forme (chapitre 224) : ‘le plaisir de D.ieu se transforme en Sagesse’. A l’exemple de l’amour que le père ressent pour son fils qui devient de la colère, le plaisir de D.ieu devient la Sagesse cachée que le Rabbi Rachab définit comme la source de l’obscurité de l’exil.

Ainsi, de même que la colère du père cache l’amour le plus profond, l’obscurité et les épreuves de l’exil (comme le fut par exemple la fin tragique de Rabbi Akiba) cachent l’amour d’Hachem pour Ses enfants. De même que l’amour est l’essence de la colère, le plaisir de D.ieu est l’Essence de Sa Sagesse. L’expression ‘Sagesse cachée’ exprime donc le fait que le plaisir de D.ieu se cache dans Sa Sagesse et par Elle.

Aussi, notre mission consiste précisément à dévoiler ce plaisir caché et le Rabbi Rachab nous recommande que pour y parvenir nous devons faire à présent tout ce qui est en notre pouvoir pour transformer l’obscurité de l’exil et provoquer le dévoilement du Machia’h grâce à notre travail qui consiste à nous renforcer face à l’obscurité qui est en nous-même, à transformer notre âme animale comme quand nous étudions la Torah avec l’acceptation du joug divin, c’est à dire avec une totale soumission même si l’on ne ressent pas l’amour et la crainte de D.ieu d’une manière dévoilée dans le cœur.

Moché ne comprit pas la fin tragique de Rabbi Akiva ; cependant, depuis le dévoilement de la ‘Hassidout par le Baal Chem Tov et par tous les Maitres de ‘Habad qui lui ont succédé, la fin de Rabbi Akiva apparait bien différemment à nos yeux qu’aux yeux de Moché et de sa génération, ainsi qu’aux yeux des générations après lui qui ne connaissaient pas les enseignements de la partie profonde de la Torah.

C’est précisément l’objet de la ‘Hassidout que de nous enseigner à dévoiler la lumière qui se cache dans l’obscurité de l’exil. Le Rabbi définit donc cet exil comme une étape préparatoire au dévoilement du Machia’h car même les aspects de l’existence qui nous semblent négatifs participent en réalité au projet divin de la Délivrance.

A la lumière de tout ce qu’il vient d’être dit nous comprenons la raison pour laquelle le Rabbi établit le lien qui existe entre la date de l’anniversaire du Rabbi Rachab et le monde spirituel de Kéter. Le Rabbi Rachab ainsi que tous les Maîtres de ‘Habad, jusqu’au Rabbi ont tous une perception de la Sagesse cachée du monde spirituel de Kéter car force en est de constater la portée de leurs enseignements et de leurs actions. Le Rabbi tout particulièrement a littéralement transforme la réalité de ce monde et par le fait de s’attacher à lui de manière profonde, chaque Juif dévoilera dans son service divin et dans toutes ses actions l’Essence du plaisir de D.ieu et provoquera de ce fait le dévoilement du Machia’h, dès à présent avec l’aide de D.ieu.