(Pour l’élévation de l’âme de ‘Hananiah ben Yaacov)

On raconte que l’Admour Haemtsaeï vint ranimer un jour son gendre le Tsémach Tsédek, car il avait perdu connaissance en connaissant l’extase, en étudiant la ‘Hassidout. L’Admour Haemtsaeï ranima le Tsémach Tsédek en lui faisant sentir un vêtement qui avait appartenu à l’Admour Hazaken.

Le Rabbi, dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Chemot, rapporte que Rabbi Eléazar ben Azaria déclara qu’il fallait évoquer la sortie d’Egypte également ‘pendant la nuit’ dès qu’il remplaça Raban Gamliel à la tête du Sanhédrin, ainsi quil est dit (Brakhot, 28a) :

‘Me voici comme âgé de 70 ans, et pourtant je n’ai pas eu le mérite de convaincre mes collègues de l’obligation de faire mention la nuit également de la sortie d’Egypte, jusqu’à ce que Ben Zoma l’ai déduit de ce verset (Deut 12, 6) : ‘Afin que tu te souviennes du jour où tu es sorti d’Egypte tous les jours de ta vie’, ‘tous les jours de ta vie’ vient inclure les nuits, et selon d’autres Sages ‘les jours de ta vie’ se réfère au devoir de mentionner la sortie d’Egypte ‘de nos jours’, et ‘tous les jours de ta vie’ vient inclure les Temps messianiques’.

Dans le Dvar Mal’hout, le Rabbi explique que sortir d’Egypte signifie que l’on parvient à soumettre le corps et l’âme animale à la volonté de l’âme divine. De fait, la ‘Hassidout souligne que l’âme divine n’a nul besoin d’être réparée car ‘elle est véritablement une parcelle de divinité d’En-haut’. Aussi, la mission des enfants d’Israël consiste à purifier et à raffiner le corps et l’âme animale, c’est pourquoi le Rabbi déclare dans le Dvar Mal’hout que la sortie d’Egypte exprime le fait que l’âme divine sort de l’étroitesse et des limites que lui impose le corps afin de se lier et de s’attacher à D.ieu, et cela par le moyen de l’étude de la Torah et de l’accomplissement des Commandements divins’.

‘D.ieu appela la lumière ‘Jour’ (Béréchit, 1 5), ainsi notre ‘devoir de mentionner la sortie d’Egypte pendant le jour’ signifie que lorsque l’on se trouve dans une situation spirituelle favorable, lorsque brille de façon manifeste la lumière divine, nous devons profiter de cette lumière pour sortir d’Egypte, pour nous dégager des limites que nous impose le corps et nous attacher à D.ieu. Cependant le ‘Hidouch de Ben Zoma est que nous devons faire mention la nuit également de la ‘sortie d’Egypte’, ce qui signifie que ‘même pendant la nuit et dans la plus grande obscurité spirituelle de l’exil, il est possible et il est même nécessaire de sortir d’Egypte’.

Par ailleurs, au sujet du premier verset du livre de Chemot, d’après lequel il est dit (Chemot,1,1) : ‘Et voici les noms des enfants d’Israël qui viennent en Egypte avec Yaakov’, le Rabbi souligne que ce verset emploie le temps présent. Il est écrit en effet que les enfants d’Israël « viennent en Egypte » mais non pas qu’ils ‘sont venus en Egypte’.

L’explication du Rabbi est qu’un Juif ne doit jamais se lier à l’obscurité de l’Egypte. Même s’il se trouve depuis longtemps en exil et qu’il y ait vécu de nombreuses souffrances et de difficultés, il doit toujours se rapporter à l’enseignement de l’Admour Hazaken selon lequel, chaque jour il doit se voir lui-même comme s’il entrait aujourd’hui en Egypte.

Pour sortir d’Egypte il faut d’abord être en Egypte. De fait, nous devons ressentir qu’aujourd’hui nous entrons en Egypte, et qu’aujourd’hui nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour en sortir.

De cette façon, nous parvenons à dominer l’obscurité de l’exil. Penser qu’aujourd’hui nous entrons en Egypte signifie qu’hier nous sommes parvenus à nous libérer, et qu’aujourd’hui aussi nous parviendrons également à nous libérer. De cette façon l’exil n’a jamais d’emprise sur nous-même car jamais nous ne lui donnons le temps et la possibilité d’agir contre nous.

Il est connu que le nom ‘Mitsraim’, ‘Egypte’, vient du mot ‘Metsarim’ qui signifie ‘Limites’. Nous devons continuellement ‘sortir d’Egypte’ c’est à dire de nos propres limites.

Le Tséma’h Tsédèk (Séfer HaLikoutim, lettre Mêm-Métsorah, page Tav chin Tsaddik) établit la différence qui existe entre ‘le pain de la terre’ et ‘le pain du ciel’ qui est la manne.

Le Rabbi explique que ‘le pain de la terre’ nourrit la partie de notre âme qui s’habille dans notre corps, laquelle correspond aux niveaux de Néchamah (les forces de l’intellect), Roua’h (les émotions), et Néfech (la force vitale du corps).

Quant au ‘pain du ciel’, qui n’est autre que la Manne, il nourrit notre être d’une lumière qui ne possède aucune limite.

La manne contrairement à tous les autres aliments n’a pas de goût. Le goût de la manne avait celui que l’on désirait. Si l’on pensait au goût du pain, la manne prenait le goût du pain, si l’on pensait au goût de la viande, la manne prenait le goût de la viande. Aussi la manne du fait qu’elle ne possède aucun goût particulier, et qu’elle peut avoir tous les goûts correspond à la lumière d’Or Sovev car cette lumière ‘ne se limite pas à un goût particulier’, elle est illimitée et n’a ni fin ni mesure.

Le Tséma’h Tsédèk a déclaré que ‘dans les temps futurs ‘il y aura un dévoilement des ‘Taameï Torah’ (le sens profond des Commandements divins)’. ‘Le dévoilement des Taameï Torah’ signifie que dans les temps messianiques le Machia’h dévoilera les raisons profondes des Commandements car ‘Taam’ signifie ‘Raison’, ‘Sens’. Cependant ‘Taam’ désigne aussi le ‘Goût’ (d’un aliment), aussi, « le dévoilement des Taameï Torah’ est une allusion au dévoilement de la lumière d’Or Sovev par l’intermédiaire de la Manne, ainsi qu’il est écrit (Séfer HaLikoutim, lettre Mêm):

‘Et donc grâce à la manne qui représente la profondeur de la Torah, la profondeur de l’âme s’unit avec la profondeur d’Or Ein Sof’, et c’est le sens du verset : ‘Il t’a nourri de la manne…afin de te faire savoir’ (Dévarim, 8, 3) car le pain permet l’union de la partie dévoilée de l’âme (l’âme qui s’habille dans le corps) avec la lumière dévoilée de D.ieu (Or Mémalé, la lumière divine qui s’habille dans le monde), mais le niveau de la Manne exprime le lien entre le niveau caché de l’âme (l’âme qui ne s’habille pas dans le corps, les niveaux de ‘Haya et de Yé’hida) et la lumière cachée de D.ieu’ (‘Or Sovev’, la lumière divine qui ne s’habille pas dans le monde).

A la lumière de ce qui vient d’être dit nous devons comprendre que ‘le pain de la terre’ correspond à la partie révélée de la Torah et que ‘le pain du ciel’ correspond à sa partie profonde, et que celle-ci nous permet de briser toutes les limites, de ‘sortir d’Egypte’.

Le Rabbi Rachab (BéChaa ChéHikdimou, 1, page 63) explique que plus on se trouve à proximité d’une bougie (ou d’une source lumineuse), plus on profite de la lumière qui en émane, et plus on s’éloigne de la source lumineuse moins on profite de sa lumière et de sa clarté.

L’étude de la Hassidout nous permet de nous approcher de la source lumineuse, c’est à dire de la profondeur et de l’Essence de la Torah.

Comme il vient d’être expliqué, ‘le pain de la terre’ (la Torah révélée) vivifie la partie de l’âme qui s’habille dans le corps. ‘Le pain du ciel’ (la ‘Hassidout) unit l’Essence de notre âme à l’Essence divine. La ‘Hassidout est comparée à de la manne car, de même que la manne n’a pas de goût particulier et peut avoir tous les goûts, la ‘Hassidout laquelle est l’Essence de la Torah, n’a pas de ‘goût particulier’ (elle est l’Essence). De fait, ‘la Hassidout vivifie toutes les parties de la Torah (le ‘Pardess’), elle peut avoir ‘tous les goûts’ (c’est à dire qu’elle nous permet de comprendre toutes les parties de la Torah de manière profonde). Le Rabbi est celui qui nous donne le goût de l’Essence de la Torah du Machia’h, ‘le goût du pain du ciel’.

Dans l’un de ses enseignements le Rabbi explique que la ‘Hassidouth fut donnée à Moché sur le mont Sinaï mais qu’elle demeura cachée et ne fut révélée que bien plus tard, à l’époque du Baal Chem Tov, car c’est précisément en ce temps-là que le peuple d’Israël en avait besoin.

En effet, à cet époque le peuple d’Israël, qui était dévasté par les pogroms, était tel un homme qui avait perdu connaissance. Il est connu que pour réveiller une personne évanouie, on murmure son nom dans le creux de son oreille. Ce fut la mission du Baal Chem Tov (dont le prénom est Israël), il murmura à l’oreille de chaque juif, du plus simple au plus érudit, des paroles de Torah dont le parfum détenait le pouvoir de le ramener à la vie.

Le Rabbi Rachab déclara un jour que ‘les gens pensent que la ‘Hassidouth est une explication du Zohar, mais en réalité c’est le contraire qui est vrai’.

La ‘Hassidouth est l’Essence de la Torah. Si, dans le temps, sa révélation fut précédée par celle de la Kabbale ce n’est pas parce qu’elle a moins d’importance. Bien au contraire, la ‘Hassidouth est comparée à de l’huile car elle flotte au-dessus de tous les autres liquides, au- dessus de tous les autres niveaux de la Torah, exactement comme il est dit au sujet du Machia’h : au moment de la Création du monde ‘l’esprit du Machia’h planait au-dessus des eaux’.

Ainsi la ‘Hassidouth fut dévoilée à l’époque du Baal Chem Tov et elle l’est de plus en plus à notre époque car c’est à présent que nous en avons le plus besoin. Rabbi Zoushé (élève du Maguid de Mèzeritch) déclara que le livre du Tanya nous conduirait à la Délivrance.

‘Une nouvelle Torah sortira de Moi’, en ce jour Hachem dévoilera à tous les enfants d’Israël, par l’intermédiaire du Machia’h, la ’50ième’ porte de la Connaissance.

C’est pour cela que le Rabbi expliqua que la valeur numérique du mot ‘Holé (malade) est égale à 49, car Israël ne connaîtra la guérison que lorsque ses yeux verront la 50 ième porte.

A l’exemple de l’Admour Haemtsaeï qui ranima le Tsémach Tsédek en lui faisant sentir un vêtement qui avait appartenu à l’Admour Hazaken, le Machia’h dévoilera la ‘Torah nouvelle’, et grâce à cela le peuple d’Israël reprendra véritablement connaissance, ainsi qu’il est dit (fin du livre d’Ychaya) : ‘Le monde sera imprégné de la connaissance de D.ieu comme l’eau de la mer recouvre le sable’.