(Pour l’élévation de l’âme de ‘Hannania ben Yaacov)
Dans le Dvar Mal’hout sur notre Paracha, le Rabbi écrit que la Torah est appellée Lumière, Torah Or, car elle chasse l’obscurité et apporte la paix dans le monde. De fait, plus l’obscurité se renforce dans le monde, plus il est nécessaire de dévoiler la profondeur de la Torah.
Ainsi quand les Grecs se sont levés contre le peuple d’Israël il y eut un renforcement de la Lumière de la Torah, le dévoilement d’un niveau supérieur, que le Rabbi appelle : l’Huile de la Torah.
Le Rabbi nous enseigne que la ‘Sagesse’ des Grecs dérive de l’autre côté de la Sainteté, c’est pourquoi ils avaient pour but de faire oublier la Torah au peuple Juif. Tout simplement, ils ne pouvaient supporter le fait que la Torah est la Sagesse de D.ieu, ainsi qu’il est dit dans le Zohar de Rabbi Shimon Bar Yo’haï : ‘la Torah et D.ieu béni soit-Il sont un’ (voir Tanya, chapitre 4).
Les Grecs avaient donc pour désir de rendre l’Huile de la Torah impure. Cela signifie qu’ils ne pouvaient absolument concevoir qu’il puisse exister un lien entre le Saint béni doit-Il et la Torah, et plus encore, qu’il puisse exister un lien entre D.ieu Israël et la Torah, car toujours selon l’enseignement de Rabbi Shimon Bar Yo’haï : ‘D.ieu Israël et la Torah sont Un’.
La petite fiole d’huile, marquée par le tampon du Cohen Gadol, est à l’origine du miracle de ‘Hannoucah. Lorsque les Juifs découvrirent la petite fiole d’huile, et que par un miracle divin celle-ci brûla pendant huit jours, l’Eternel fit apparaître aux yeux de tous et dans la plus grande clarté que la Torah était divine.
En fait, les grecs n’étaient pas contre le fait que les Juifs étudient la Torah. La partie révélée de la Torah, laquelle traite des lois relatives à ce monde physique et matériel, n’excitait pas leur désapprobation. Par contre, ils ne pouvaient supporter le fait que la Torah soit considérée et qualifiée par les Juifs comme étant la Sagesse de D.ieu, qu’elle soit Sainte.
Par leur désir de rendre impure la Torah les Grecs s’attaquaient au lien qui unit le Saint béni soit-Il avec les enfants d’Israël. Un des enseignements que nous délivre ici le Rabbi, est que la Torah est la Torah de D.ieu, et cela ne doit jamais quitter l’esprit de celui qui l’étudie. C’est en agissant de la sorte, qu’il ressentira la Sainteté de la Torah. Même lorsqu’il étudie des lois liées à ce monde matériel, il percevra le souffle divin qui est à leur origine.
L’Huile de la Torah exprime le fait qu’il existe un niveau de la Torah qui surpasse tous les autres paliers d’interprétation de la Torah. Comme l’huile qui flotte au-dessus de tous les autres liquides, l’Huile de la Torah correspond au niveau qui surpasse tous les autres niveaux de la Torah car il en constitue l’Essence même.
L’Huile de La ‘Hassidout, à l’exemple de l’huile que l’on verse sur les aliments pour leur donner du goût, donne le goût à la partie révélée de la Torah. A ce sujet, dans le Dvar Malhout le Rabbi établit un lien entre notre Paracha et celle de Vayé’hi.
Pharaon demanda à Yaacov :
‘Combien sont les jours des années de ta vie ?’,
Et Yaakov répondit à Pharaon (Vayigach, 47, 8, 9) :
‘Peu nombreux et malheureux étaient les jours des années de ma vie et ils n’ont pas atteint le nombre des jours des années de la vie de mes pères…’.
Le Rabbi explique que Yaakov considérait que les jours de sa vie étaient ‘peu nombreux’ et ‘malheureux’ car tant que l’exil persiste et que la Délivrance n’arrive pas encore là, sa vie ne représente que ‘peu’ à ses yeux car il manque l’essentiel. Aussi, bien que Pharaon fit don à Yaakov de ‘la meilleure partie du pays’ afin qu’il s’y installe avec ses fils, Yaakov lui fit savoir qu’il ne pouvait se suffire de cela, et que son installation en Egypte n’avait pour seul but que celui de provoquer la Délivrance. Aussi, le Rabbi insiste sur l’importance de désirer de toutes nos forces et du plus profond de nous-mêmes la Délivrance, car tant qu’elle n’est pas encore là, notre vie ne représente que ‘peu’ de chose.
A la lumière de cette explication du Rabbi, il est possible d’expliquer que la déclaration de Yaakov selon laquelle ‘peu nombreux étaient les jours des années de ma vie’ exprime le très profond désir de Yaakov du dévoilement de la Torah du Machia’h, de la ‘Cinquantième porte de la Connaissance’.
Il est rapporté dans le Traité Nédarim (38a) que cinquante portes de la Connaissance ont étés créées dans le monde, et toutes ont été données à Moché, ‘à l’exception d’une seule’ ainsi qu’il est écrit dans le livre des Téhilim du Roi David (8, 6) :
‘Or, Tu fis de lui (de Moché) un peu moins que les anges célestes’. L’expression ‘un peu moins’ vient pour nous dire qu’il manque à Moché le niveau de ‘la Cinquantième porte de la Connaissance’.
La ‘Hassidout nous enseigne que cette porte correspond à la signification des Commandements divins. Or, les lettres du mot ‘מעט’ forment dans un ordre différent le mot ‘טעם’ qui signifie : le ‘sens’, la ‘raison’ profonde des Commandements divins.
Yaakov considérait les jours de sa vie comme ‘peu nombreux et malheureux’ tant qu’il ne percevait pas la raison et le sens, la signification et le ‘goût’ des Commandements divins (‘Taam’ signifie aussi ‘goût’).
Le Rabbi nous enseigne donc que le dévoilement de l’Huile de la Torah est nécessaire pour deux raisons. La première est que l’Huile de la Torah donne du goût à la partie révélée de la Torah, mais plus encore, elle est l’ingrédient principal de la nourriture de notre âme.
Comme il a été dit précédemment, plus l’exil se renforce plus se renforce le dévoilement de l’Huile de la Torah, mais le Rabbi vient ajouter à cela que ce dévoilement se renforce car nous nous rapprochons du dévoilement du Machia’h. Le Rabbi souligne alors que le nom Machia’h désigne le Roi dont la tête est ointe d’Huile, et peut-être nous est-il permis ici de de dire, sous la forme d’un ‘hidouch que la valeur numérique de Machia’h משיח, qui est égale à 358, ajoutée à celle de לב (cœur) est égale à 390 qui est la valeur numérique de שמן : l’huile.
De fait, il brille dans le cœur du Machia’h la lumière de l’Huile de la Torah, la lumière de l’Essence divine. Il est celui qui délivre le cœur de chaque Juif et lui permet de vivre une vie véritable :
‘Celui qui a des yeux mais ne voit pas, des oreilles mais n’entend pas ; qui ne voit ni n’entend le divin, ne vit pas une vie véritable…La véritable existence consiste en la perception, par les yeux et les oreilles du Divin’.