Dans la Paracha Béréchit la Torah nous raconte la Création du monde, et à la fin de cette Paracha il est dit que D.ieu décida de détruire le monde car l’homme avait attenté à la perfection du monde qu’Il avait créé. De fait, nous voyons ici que L’Eternel n’avait pas encore donné à l’homme la possibilité de faire Téchouva. A l’opposé, dans la Paracha Noa’h, après que le déluge eût purifié le monde L’Eternel fit la promesse de le maintenir en vie éternellement et Il donna alors la possibilité à l’homme de le raffiner et de le purifier quelle que soit la descente qu’il ait pu connaître.

Le Chabbat de la Paracha Noa’h représente donc la perfection que le monde peut atteindre, non pas tel qu’il fut créé par D.ieu, comme nous l’avons vu dans la Paracha Béréchit, mais de la perfection que le monde peut atteindre lorsque l’homme y accomplit la Volonté du Saint béni soit-Il.

L’idée maîtresse que le Rabbi développe dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Noa’h se base donc sur le sujet de la mission de chaque Juif de ‘révéler le Nom Havayéh dans le Nom Elokim’, c’est à dire de faire de ce monde matériel (Elokim) une demeure pour L’Essence divine (Havayéh), de révéler dans les limites de ce monde une lumière illimitée qui est au-delà du monde.

Le Nom divin ‘Havayéh’ vient de ‘Hithavout’ : ‘Création’, et il désigne donc la force créatrice au moyen de laquelle l’Eternel crée la matière de ce monde à partir du néant. Cependant, c’est le Nom divin ‘Elokim’ qui est employé au sujet de la Création du monde, ainsi qu’il est écrit au début de la Torah (Béréchit, 1, 1) : ‘Béréchit bara Elokim’ (‘Au commencement D.ieu (Elokim) créa le ciel et la terre’).

Dans le Dvar Mal’hout sur notre Paracha, le Rabbi écrit que ‘bien que la force créatrice émane du Nom Havayéh, l’Eternel créa le monde de manière à ce que ‘le Nom Havayéh S’habille et Se cache dans le Nom Elokim’. Donc, c’est seulement le Nom Elokim qui se dévoile dans les créatures, mais non pas celui de Havayéh (la force créatrice)’.

Le fait que la valeur numérique d’Elokim est la même que celle du mot הטבע (la nature), nous indique que le Nom ‘Elokim’ masque la force créatrice du Nom Havayéh afin qu’un ordre fixe qui revient constamment sur lui-même transparaisse au fil des jours dans la Création sans que nous ayons conscience que cette vitalité qui anime le monde à chaque instant provient de D.ieu Lui-même. L’Eternel Se cache derrière le Nom ‘Elokim’ au point que notre conscience du monde matériel l’emporte sur notre perception du Divin. Dans ce cas, l’homme perçoit davantage le monde physique que sa dimension spirituelle et profonde, et de ce fait, au lieu de rechercher les plaisirs qui sont du domaine de l’esprit, comme l’étude de la Torah, il recherche continuellement à assouvir les plaisirs du corps.

La mission de chaque Juif consiste donc à dévoiler le Nom Havayéh qui se cache dans toute la Création, et c’est en accomplissant les Commandements divins que l’on y parvient. Rachi a écrit que ‘la majorité des Commandements est accomplie au moyen de la poussière de la terre’. ‘La poussière de la terre’ désigne la matière physique, comme par exemple la matière du parchemin sur lequel un Sofer écrit une Mézouzah des Téfinines ou un Séfer Torah. En accomplissant la Volonté de D.ieu exprimée dans la Torah un Juif parvient à purifier la matière (‘la poussière de la terre’) pour qu’elle devienne un réceptacle capable de recevoir le dévoilement de la lumière du Nom Havayéh.

Par ailleurs raffiner ‘la poussière de la terre’ ne consiste pas seulement à raffiner des objets matériels (comme une Mézouzah, une paire de Téfiline ou un Séfer Torah…), car il s’agit aussi de purifier notre propre corps, lequel a été créé au moyen de ‘la poussière du sol’ ainsi qu’il est écrit (Béréchit, 2, 7, commentaire de Rachi) : ‘D.ieu a pris Sa poussière de l’endroit dont il est dit : ‘Un Autel de terre tu feras pour Moi’, c’est à dire de l’endroit où le Temple et l’Autel devaient être situés par la suite’.

Purifier le corps c’est purifier l’âme animale, et c’est à ce sujet le Rabbi Rachab cite dans son ouvrage ‘Bé Chaa ché Hikdimou’ (chapitre 226), le verset : ‘A toi, il t’a été donné de voir pour reconnaître que L’Eternel (Havayéh) Lui est D.ieu (Elokim) (Vaèt’hanan, 4, 35).

‘La deuxième âme d’un Juif est véritablement une parcelle de D.ieu en haut’ (Tanya, chapitre 2), de ce fait cette deuxième âme, l’âme divine, n’a pas besoin d’être réparée, elle descend dans le corps dans le seul but de ‘faire voir le Divin à l’âme animale afin que celle-ci ‘reconnaisse que L’Eternel (Havayéh) Lui est D.ieu (Elokim’

‘L’Eternel (Havayéh) est D.ieu (Elokim)’ d’après les enseignements de la ‘Hassidout signifie que le Divin Se devoile dans le corps ou dans un objet materiel, cest a dire que la lumiere infinie de D.ieu Se devoile dans les limites du corps ou dans les limites dun objet.

Lorsqu’il s’agit d’un objet matériel, on peut citer l’exemple de l’Arche qui contient les Tables de pierre écrites du doigt de D.ieu. L’union entre Havayéh : la lumière infinie (la Parole de D.ieu gravée sur les Tables) et Elokim : l’Arche qui est un objet matériel qui possède des mesures et qui est donc limité) s’exprime par le fait que l’Arche lorsqu’elle était déposée dans le Saint des Saints ‘ne prenait pas de place’.

Il en va de même pour le corps d’un Juif. Le Rabbi Rachab nous enseigne que l’origine du corps est plus élevée que celle de l’âme. Nous pouvons nous rendre compte de cela par l’exemple de la vision. La vision des yeux est plus élevée que la vision que l’on a avec les yeux de notre intellect. Nos yeux nous permettent de voir ce que sont les choses de manière véritable, alors que les yeux de l’intellect nous laissent imaginer seulement ce que sont les choses.

Dans le chapitre 227 de son ouvrage ‘Bé Chaa ché Hikdimou’ nous enseigne qu’au départ l’âme divine doit ‘faire voir’ le Divin à l’âme animale. Au moyen d’exemples matériels l’homme doit méditer au fait que c’est ‘la Parole de D.ieu qui créé, à partir du néant, et maintient en vie toute la Création’. Cela l’âme animale peut parfaitement le comprendre car elle ressent fortement que la matière vieillit et se détériore, elle comprend alors qu’il y a une force qui est extérieure à elle, une force divine qui vitalise la matière de monde physique.

Aussi, lorsque l’âme divine s’attache ‘à donner à voir le Divin à l’âme animale’ , elle purifie l’âme animale au point que dans les temps futurs ‘lorsque les purifications seront terminées’ ‘l’âme divine sera nourrie par le corps’, c’est-à-dire que l’âme animale et le corps une fois purifiés permettront à l’âme divine d’accéder à un niveau supérieur au sien : le niveau de la vision du Divin, de voir et de reconnaître avec nos yeux de chair que ‘L’Eternel (Havayéh) est D.ieu (Elokim)’, très bientôt et de nos jours avec l’aide de D.ieu