Pour le mérite de Liba bat Esther
La profondeur de la Emounah
Dans son discours intitulé ‘Et tu ordonneras aux enfants d’Israël’, le Rabbi précise la différence qui existe entre les 2 niveaux de l’âme : le niveau de ‘Haya’ (ou ‘Mazal’) et le plus haut niveau : l’Essence de l’âme.
L’Essence de l’âme ne possède pas de nom car un nom la limiterait. L’Essence de l’âme désigne l’âme telle qu’elle est enracinée dans l’Essence divine et elle est donc (comme l’Essence divine) au-delà de tout nom, de toute définition, de toutes les limites des lettres et des noms.
Le Rabbi nous donne alors deux raisons pour lesquelles Israël croit en Hachem. La première est que l’âme qui ne s’habille pas dans le corps (‘Haya) voit le Divin. Cette vision est donc au-delà de l’intellect (puisque cette vision vient du niveau de l’âme qui est supérieur au niveau de l’âme qui s’habille dans le corps et donc supérieur aux forces de l’intellect qui s’habillent dans le cerveau).
Ainsi, comme ‘l’âme qui est en-haut’ voit le Divin elle influence l’âme qui est dans le corps en lui donnant la Emounah, Cependant, cette Emounah n’est pas profonde car elle ne vient pas de nous-mêmes mais d’une vision, et toute chose que nous voyons (même quand il s’agit d’une vision de l’esprit) demeure extérieure à nous-mêmes. D’un côté il y a nous-même et de l’autre la chose que nous voyons. A l’opposé, quand il s’agit du dévoilement de l’Essence de l’âme et de la Emounah qui naît de ce dévoilement, il ne s’agit plus d’une vision qui est extérieure à nous-mêmes mais du dévoilement du Divin qui fait ‘Un’ avec nous-même (car l’Essence de l’âme est enracinée dans l’Essence divine) et dans ce cas notre Emounah est profonde.
Le Rabbi définit l’Essence de l’âme comme étant l’Essence de toutes les forces de l’âme qui s’habillent dans le corps. L’influence de l’Essence de l’âme n’est donc pas ‘Makif’ (superficielle) et la possibilité nous est donnée de dévoiler et d’unir ce niveau supérieur de l’Essence divine avec les forces de notre intellect, de nos sentiments et de nos actes.
Le prénom de la Rabbanite : ‘Haya-Mouchka est lui-même une allusion à cette union entre l’Essence divine et les forces de l’âme qui s’habillent dans le corps. ‘Haya désigne la ‘vitalité’ (‘Hayout) et fait donc allusion aux forces de l’âme qui s’habillent dans le corps vitalité ‘Pnimi’, et Mouchka (qui est le nom d’une odeur parfumée) désigne les forces de l’âme qui ne s’habillent pas dans le corps et l’Essence de l’âme elle-même (Ko’hot ha makifim).
Comme il a été dit précédemment, Moché réalise l’union entre la Parole divine avec l’intellect de l’homme et c’est au sujet du verset : ‘Et voici les Lois que tu placeras devant eux’ que Rachi explique que ‘les Lois de D.ieu sont, comme des aliments, ‘dressées sur une table, prêts à être consommés’.
De la même façon, le Rabbi est le Moché de notre génération, il est celui qui dévoile l’Essence de notre âme afin que notre Emounah soit profonde. Il unit les enfants d’Israël avec Or ein-sof. Aussi, l’expression employée par Rachi selon laquelle ‘les Lois de D.ieu sont, comme des aliments, ‘dressées sur une table, prêts à être consommés’ peut tout aussi bien s’appliquer aux concepts de la ‘Hassidout ‘Habad. Les enseignements du Rabbi sont comme des aliments car celui qui s’attache à les étudier avec toutes les forces de son âme finit par les intégrer de manière profonde. A l’exemple de l’Admour Haemtsaeï dont il est dit que ‘si l’on ouvrait ses veines on verrait couler des paroles de ‘Hassidout’, lorsque l’on s’applique à étudier la Torah du Rabbi alors on parvient à ce que ces enseignements qui sont au-delà de ce monde matériel car ils sont liés à l’Essence divine deviennent ‘prêts à être consommés’, c’est à dire qu’ils nous insufflent une nouvelle vitalité, aussi bien matérielle que spirituelle.
Le Rabbi ‘place devant nous’ l’Essence de la Torah ‘comme des aliments dressés sur une table’ signifie dans ce cas que le Rabbi met à notre portée l’Essence divine en nous donnant la possibilité de révéler l’Essence de notre âme afin de faire de nous-même et de ce monde matériel une demeure pour l’Essence divine.
La volonté qui vient du plus profond du cœur
Comment fait-on de ce monde une demeure pour Hachem ? C’est en attirant ici-bas au moyen de la Torah la lumière infinie de D.ieu, mais une question se pose ici : Il est écrit dans le livre du Tanya ‘qu’aucune pensée ne peut appréhender le Saint béni soit-Il’, or il ne s’agit pas seulement ici de notre propre pensée mais il s’agit aussi des plus hauts niveaux spirituels. C’est à dire même de ‘la Pensée qui est en-haut’ : la Séfira de ‘Ho’hmah du monde d’Atsilout, et même la Torah (qui est du niveau de ‘Ho’hmah) ne peut pas non plus appréhender le Saint béni soit-Il et dans ce cas comment peut-on attirer Or ein Sof au moyen de la Torah ?
Le livre du Zohar répond à cette question. Il n’est pas possible d’appréhender le Saint béni soit-Il au moyen de la pensée mais cela est possible au moyen de la volonté qui vient de l’Essence de l’âme : ‘Réouta dé Liba’ : Cette volonté qui est au-delà de l’intellect et la raison : ‘ratson pachout’ et qui est l’expression du désir du dévoilement de l’Essence divine. Quand un Juif ne désire ni le Gan-éden inférieur ni le Gan-éden supérieur, il ne désire que Atsmout Ein-sof. Animé par cette volonté (définie par l’Admour Haemtsaeï comme étant ‘la volonté de toutes les volontés’) un Juif devient capable de donner tout ce qu’il est pour D.ieu. C’est la force de messirout-néfech, la force de faire totalement don de soi-même pour Hachem. De ne plus agir pour lui-même et d’être prêt à donner jusqu’à sa propre vie pour D.ieu, car l’amour qu’il ressent pour Lui ne connaît plus de limites. Ce niveau est celui de bé’hol méodé’ha : ‘aimer D.ieu de tout ton pouvoir’.
Le Rabbi Rachab nous enseigne que le fait d’éveiller en nous-même cet amour pour D.ieu a pour effet d’attirer Or ein Sof dans la Torah.
Il existe en effet deux niveaux de l’étude de la Torah lichma. Etudier la Torah Lichma signifie que notre étude a pour but de lier notre âme à D.ieu, mais il existe un second niveau (plus élevé) : Etudier la Torah Léchem ha Torah qui signifie que l’on étudie dans le but d’attirer Or ein Sof dans la Torah. Or c’est quand on éveille la force de l’Essence de notre âme que l’on parvient à ce niveau car l’Essence de l’âme Juive est supérieure à la Torah (mais les niveaux de Néfech Roua’h et Néchamah sont eux-mêmes inferieurs a la Torah.
Comment parvient-on à révéler cette volonté qui dépasse l’intellect et la raison ?
Le Rabbi Rachab nous enseigne que c’est par l’étroitesse que l’on parvient à éveiller en nous-même cette volonté. Lorsque l’âme se trouvait dans le Gan-Eden elle n’avait pas cette volonté car l’Essence de l’âme ne brillait pas en elle. C’est précisément lorsque l’âme divine s’habille dans le corps (et dans l’âme animale) que sa soif du Divin se renforce. Lorsque l’âme se trouvait dans le Gan-Eden sa perception du Divin était alors limitée car son amour pour D.ieu ne dépendait que de l’intellect et il était donc limité. A l’opposé, lorsque l’âme divine connaît l’étroitesse que lui imposent le corps et l’âme animale, il naît en elle le désir de D.ieu, la soif du Divin, la volonté pachout qui est au-delà de l’intellect et de la raison.
L’exemple matériel que nous donne le Rabbi Rachab est celui du ‘puit d’eau-vive’. L’eau du puit provient de sources d’eaux souterraines qui elles-mêmes proviennent de la mer. Or l’eau de mer contrairement à l’eau du puit est salée. C’est donc parce que l’eau salée de la mer traverse la terre quelle devient de l’eau douce. De la même façon, l’âme quand elle était en-haut dans le Gan-Eden n’avait pas une volonté qui dépasse totalement l’intellect, son amour et son désir de D.ieu étaient alors limités, mais par le fait d’être confrontée à l’obscurité de la matière (comparée ici à la terre) elle devient comme l’eau douce, pure et animée d’un désir de D.ieu au-delà de toutes les limites.
Ainsi, le Rabbi Rachab établit ici un lien avec la lecture du Chéma-Israël au moment du coucher, car ce moment est celui pendant lequel nous établissons un bilan spirituel de nos pensées nos paroles et nos actes. Le fait de méditer à nos erreurs et aux moyens de les corriger a pour effet de nettoyer notre âme, de la rendre pure, avant de la confier à D.ieu, ainsi qu’il est dit : ‘En Ta main je confie mon esprit’.
Au sujet de la mission sacrée du Rabbi
Lorsque l’âme du Rabbi Rayats quitta ce monde, le Rabbi ne lui succéda pas immédiatement. Les ‘Hassidim firent tout leur possible pour que le Rabbi accepte de poursuivre cette mission sacrée, mais l’histoire nous a montré que ce sont les paroles de la Rabbanite Haya-Mouchka qui eurent pour effet de convaincre le Rabbi. La Rabbanite dit au Rabbi : ‘A quoi aura servi tout le travail accompli par mon père si tu ne poursuis pas sa Mission ? ‘
La Mission du Rabbi est de préparer ce monde au dévoilement de l’Essence divine : ‘Faire de ce monde matériel une demeure pour D.ieu’. Parmi les propos précédemment cités du Rabbi Rachab (le grand-père de la Rabbanite ‘Haya-Mouchka) il est dit que pour dévoiler la volonté pachout (qui dépasse l’intellect et la raison) il convient d’abord d’établir un bilan spirituel. A partir de l’étroitesse on atteint le niveau de l’Essence. Il semble à l’évidence que la Rabbanite a elle-même établi le bilan moral de toute l’Assemblée d’Israël, qu’elle a elle-même ressenti le manque et l’éloignement du peuple d’Israël.
En effet, Israël est lié à Hachem d’un lien Atsmi : d’un lien qui procède de l’Essence divine. L’Essence de l’âme Juive est enracinée dans l’Essence divine et ce lien a besoin de se révéler, c’est à dire de s’exprimer dans les pensées les paroles et les actes du peuple Juif tout entier. L’absence de ce dévoilement a pour effet que chaque Juif ressent un manque qu’il a besoin de combler, et c’est précisément la Mission du Rabbi de mettre fin à cet éloignement du Divin. Chaque Juif qui se trouve dans les 4 coudées du Rabbi se place sous une colonne de lumière d’où il prend conscience de sa mission profonde. Il reçoit du Rabbi une vitalité nouvelle pour l’accomplir, et n’est plus animé par le seul désir d’assouvir ses besoins personnels, mais par le désir d’agir au-delà de l’intellect, pour consacrer son existence au dévoilement du Machia’h. La Rabbanite savait tout cela, elle savait que seul le Rabbi possédait les moyens d’unir de manière profonde les enfants d’Israël au Saint béni soit-Il.
Dans son discours intitulé ‘Vé Atah Tetsaveh’, le Rabbi définit clairement le rôle du Berger d’Israël, du Moché qui se trouve dans chaque génération, ‘l’extension de Moché’ (tel qu’il est appelé dans le livre du Zohar).
Le terme Tetsaveh est apparenté à Tsavta : Union, et ‘Vé Atah Tetsaveh’ que l’on traduit littéralement par ‘Et tu ordonneras’, signifie de manière profonde : ‘Et tu uniras’. ‘Moché et le Rabbi ‘unissent les enfants d’Israël avec Or ein sof’.
En effet, il est écrit au début de notre Paracha (Tetsaveh, 27, 20) : ‘Et tu ordonneras aux enfants d’Israël qu’ils prennent pour toi de l’huile pure d’olives concassées pour (allumer) le luminaire, pour faire monter la lumière perpétuellement’.
Dans ce verset, L’Eternel s’adresse à Moché et lui ordonne ‘d’ordonner aux enfants d’Israël de lui apporter de l’huile pure’. L’huile ‘pure’ représente la lumière qui provient de la partie la plus élevée de l’âme. De fait, Moché et le Rabbi donnent les moyens aux enfants d’Israël de dévoiler cette lumière.
La Rabbanite pour être la fille du Rabbi savait que le Rabbi possédait les moyens d’enseigner l’Essence de la Torah : la ‘Hassidout, et de permettre par cet enseignement essentiel à chaque Juif d’accomplir les Commandements divins en révélant leurs forces les plus profondes lesquelles découlent de l’Essence de l’âme. Aussi, lorsqu’elle déclara à son époux : ‘A quoi aura servi tout le travail accompli par mon père si tu ne poursuis pas sa Mission ? ‘ et que ces paroles eurent pour effet de convaincre le Rabbi d’accepter la Mission qui lui incombait, elle réussit à unir le Rabbi aux ‘Hassidim. Ainsi, l’expression ‘Vé Atah Tetsaveh’ : ‘Et tu uniras’ s’applique avant tout à la Rabbanite ‘Haya-Mouchka, car c’est par son mérite que le Rabbi devint le Berger d’Israël et que de ce fait il pût lui-même unir les enfants d’Israël à la lumière infinie de D.ieu.
Un enseignement essentiel du Rabbi : deux sortes de Messirout-néfech
Le Rabbi enseigne dans le Dvar Mal’hout sur notre Paracha que la force des enfants d’Israël pendant le mois d’Adar ne vient pas seulement de la racine de l’âme (telle qu’elle est ‘En-haut’), c’est à dire le niveau de ‘Mazal’, mais aussi et essentiellement du reflet de l’âme qui est descendu ‘En-bas’ et qui s’habille dans le corps, comme cela est exprimé par le mot ‘Nozel’ (‘Mazal’) : ‘couler’. ‘Couler’ comme l’eau d’une source comparable à l’influence, le souffle de Vie qui coule dans le corps.
Le renforcement du Mazal d’Israël pendant le mois d’Adar a pour effet de renforcer l’âme qui s’habille dans le corps, et de renforcer aussi tout ce qui concerne leurs occupations dans tous les sujets du monde.
La date du 7 Adar fait allusion à l’action de faire une demeure (‘Dar’ : דר ) pour le Maître du monde qui a été créé en 7 jours (‘Aleph’ :א )
Même si le Mazal est un dévoilement de L’Essence de l’âme et l’expression de la force et de la puissance, du don de soi qui dépasse l’intellect, dans tous les cas nous ne devons pas agir d’une façon qui consiste à ‘sortir du monde’, conformément à la définition de Messirout-néfech qui désigne le fait de sacrifier sa propre Vie pour sanctifier le Nom de D.ieu. Au contraire, la force et la puissance de Messirout-néfech doit être attirée et dévoilée dans tous les aspects de notre Service divin, de notre travail (Avoda) qui consiste à faire de ce monde inférieur une Demeure pour l’Essence divine.