L’Admour Haemtsaeï naquit et quitta ce monde le 9 du mois de Kislev, de même, Moché Rabbénou naquit et quitta ce monde le 7 du mois d’Adar, ainsi qu’il est dit : ‘Aujourd’hui ont été remplis mes jours et mes années, ce jour-ci je suis né et ce jour-ci je mourrai’ (Rachi, Dévarim, 31, 2).
Dans le Dvar Mal’hout le Rabbi souligne l’importance du fait qu’un Tsaddik naisse dans ce monde et quitte ce monde un même jour.
Dans la Paracha Michpatim (23, 26) L’Eternel déclare : ‘le nombre de tes jours Je remplirai’. De fait, L’Eternel remplit les jours de la Vie d’un Tsaddik au point que le nombre de ses années devienne un chiffre rond car la perfection de ce chiffre reflète la perfection de son service divin durant tous les jours de sa Vie. Nous pouvons dès-lors nous rendre compte que chez un Tsaddik comme Moché Rabbénou ou comme l’Admour Haemtsaeï le matériel est le miroir du spirituel.
Dans la ‘Hassidout, lorsque le matériel est le miroir du spirituel on parle de l’union entre la matière et l’esprit.
D’ailleurs, le qualificatif ‘Haemtsaeï’ signifie le ‘Milieu’ et peut également signifier le ‘Moyen’. ‘Haemtsaeï’ exprime donc la capacité de Rabbi Dov-Ber (l’Admour Haemtsaeï) d’unir la matière à l’esprit, de révéler le Divin abstrait dans ce monde physique et matériel. Le ‘chiffre rond’ des jours de sa Vie n’est pas non plus sans évoquer la lumière d’Or-Sovev qui ‘entoure les mondes’, et met en relief la force du Rabbi d’attirer dans un monde limité la lumière divine infinie.
Le Tsémah Tsédek en disant de l’Admour Haemtsaeï que ‘si l’on ouvrait son doigt on verrait couler des paroles de ‘Hasssidout’ exprimait le fait que les mots de la ‘Hassidout sont la vitalité : le sang qui vivifie tous les membres du corps de l’Admour Haemtsaeï. Le sang provient d’ailleurs des aliments que l’on mange et le Rabbi établit ici le lien qui existe entre la lumière divine les repas du Chabbat et l’Admour Haemtsaeï. A l’époque où le Rabbi exprima les propos du Dvar Mal’hout sur la Paracha Vayetsé, le jour du 9 Kislev tombait le jour du Chabbat. L’union entre le spirituel et le matériel apparaissait alors à l’évidence car le Chabbat qui était aussi le jour de l’anniversaire du Rabbi la Sainteté divine supérieure brille et pénètre dans le corps d’un Juif quand il mange, boit et même quand il dort. Le Rabbi déclarait aussi que tout ce qu’il nous reste à faire est d’ouvrir les yeux et de voir que le peuple d’Israël est déjà attablé à la Table du repas de la Délivrance, où l’on mange de la viande du Chor-ha-Bar (taureau sauvage) et de la chair du Léviathan, et où l’on boit du vin vieux. Cette déclaration du Rabbi nous enseigne que ce repas est en soi une élévation pour l’âme et pour le corps. La viande du taureau sauvage, la chair du poisson et le vin vieux deviendront un sang nouveau : une ‘vitalité nouvelle’ pour l’âme et le corps. Le contenu profond de ces aliments représente le dévoilement des ‘secrets des secrets’ de la partie le plus profonde de la Torah, de l’Essence de la Torah : la Torah ‘Hadacha.
Ce lien entre le spirituel et le matériel est développé par le Rabbi à travers l’histoire de notre Patriarche Yaacov. Il est écrit que ‘Yaacov sortit de Beer-Cheva et il alla vers ‘Harane’ (Vayetsé, 28, 10). La ‘Hassidout nous enseigne que le voyage de Yaacov lorsqu’il quitta la Maison de son père Itz’hak pour se rendre chez Lavan à ‘Harane est en soi une descente car Yaacov quitta la Maison d’un Tsaddik et se rendit dans la maison d’un racha. La ‘Hassidout compare donc cette descente, à partir d’un endroit de Sainteté (la maison d’Itz’hak) vers un endroit impur (la maison de Lavan), à la descente de l’âme dans le corps, car l’âme divine provient d’un endroit de Sainteté (elle fait ‘Un’ avec Hachem) et descend s’habiller dans un corps et une âme animale où la possibilité est donnée à l’homme de choisir entre le bien et le mal.
Cependant, le but de cette descente à ‘Harane est de parvenir à un niveau supérieur car lorsqu’un Juif parvient à faire face à tous les voiles (‘Harane) il s’élève à un niveau supérieur. Par exemple, le Rabbi Rachab nous enseigne que c’est précisément le corps qui nous permettra d’accéder à la vision du Divin : du fait que la racine du corps est plus élevée que la racine de l’âme, le corps une fois purifié nourrira l’âme divine ainsi qu’il est dit : ‘dans les temps futurs l’âme sera nourrie par le corps’.
Dans le Dvar Malhout le Rabbi souligne qu’il n’est pas écrit וילר לחרן mais il est écrit וילר חרנה
La ‘Hassidout nous enseigne que la lettre Hé (la dernière lettre du Nom Havayéh) représente le souffle divin qui crée et maintient en vie toute la Création. Ainsi, la lettre hé qui est à la fin du nom ‘Harana est une allusion au fait que Yaakov fait pénétrer le Divin, symbolisé par la lettre Hé, dans ‘Harane qui est la partie du monde la plus grossière. Dans ce cas ‘Harane devient ‘Harana et l’on peut alors se rendre compte que par ses actions Yaacov révèle la force divine au sein de la matière, qu’il transforme ce monde matériel et grossier en un endroit de Sainteté.
Il est raconté dans notre Paracha que Yaacov s’est endormi à l’endroit où allait être situé le Temple et le Rabbi nous enseigne que cette nuit fut donc liée au dévoilement de l’Essence divine. Par ailleurs, le Rabbi nous explique que lorsqu’un homme s’allonge pour dormir sa tête et ses pieds sont alors au même niveau, et nous pouvons donner à cela deux explications.
D’une part, le sens que l’on peut donner au fait que la tête et les pieds sont au même niveau est que lorsque l’âme divine descend et s’habille dans le corps sa lumière et sa force sont masquées par le corps et par l’âme animale. C’est pourquoi nous disons que ‘la tête est au même niveau que les pieds’ car la tête représente la force spirituelle de l’âme divine alors que les pieds représentent l’obscurité et la bassesse de l’âme animale. Dans ce cas le sommeil est comparé à l’obscurité de l’exil car les forces de l’âme sont dans l’obscurité, la tête et les pieds sont à égalité, au même niveau.
Cependant, par l’accomplissement des Mitsvoth, l’âme dans le corps, on libère et dévoile la lumière de l’âme divine et dans ce cas on transforme la ‘Homriouth (grossièreté) en ‘Gachmiouth’ au point que le corps matériel (‘gachmi’) s’unit à l’âme, au point qu’il devient le réceptacle de l’âme divine.
Dans le sens simple ‘être allongé’ représente comme il vient d’être dit une descente car le spirituel est au niveau du matériel, mais dans le sens profond ‘être allongé’ représente un niveau supérieur car il s’agit du dévoilement de l’Essence divine. Le ‘supérieur’ et ‘l’inférieur’ sont dans une totale égalité face au dévoilement de L’Essence qui est elle-même au-delà de toutes notion de haut et de bas, de ‘tête’ et de ‘pied’, face à elle tout est à égalité véritablement.
Il est écrit dans notre Paracha que Yaacov entoura sa tête de pierres pour se protéger des bêtes sauvages. La signification profonde du geste de Yaacov est qu’il voulut renforcer les forces de son âme afin de faire face aux forces du mal comparées ici a des ‘bêtes sauvages’. De ce fait, cette action de Yaacov s’accorde à la première explication du Rabbi sur le fait de libérer la lumière de l’âme divine afin de soumettre le corps et l’âme animale à la Volonté du Saint béni soit-Il. Le Rabbi rapporte le commentaire de Rachi selon lequel Yaacov entoura également son corps de pierres. De fait, le corps lui-même manifesta son désir d’être entouré de pierres, d’être comme la tête : renforcé, protégé (éclairé lui aussi par la lumière divine). Dans ce cas le corps n’est plus seulement le réceptacle de l’âme mais il atteint une parfaite égalité avec l’âme.
Ainsi, le Rabbi nous enseigne que la tête et le corps de Yaacov qui sont entourées de pierres exprime le dévoilement de l’Essence divine dans l’âme et dans le corps, car face au dévoilement de l’Essence le spirituel et le matériel sont au même niveau.
Mais peut-être pouvons-nous expliquer que le Rabbi sous-entend ici plus encore que cela. En effet, il est dit que ‘dans les temps futurs l’âme sera nourrie par le corps’. Dans ce cas il est possible de dire, sous la forme d’un ‘Hidouch, que les pierres qui entourent la tête et le corps de Yaacov représentent les mots de la Torah ‘Hadacha, en s’appuyant sur l’enseignement de l’Admour Hazaken dans le ‘Torah Or’ selon lequel les lettres hébraïques sont telles des pierres qui lorsqu’elles sont assemblées deviennent une Maison dans laquelle réside l’Esprit divin. Ainsi, la tête et le corps de Yaacov entourées de pierres évoque le dévoilement de la Torah ‘Hadacha lequel s’accorde au fait que dans les temps futurs Hachem dévoilera que la racine du corps est supérieure à celle de l’âme (‘l’âme sera nourrie par le corps’), et à l’exemple de la ‘Hassidout qui coule dans les veines de l’Admour Haemtsaeï, les mots de la ‘Torah nouvelle’ nous insuffleront une ‘vitalité nouvelle’ grâce au dévoilement du Machia’h, très bientôt et de nos jours, avec l’aide d’Hachem.