Pour l’élévation de l’âme de ‘Hannaniah ben Yaacov

 

Hanna, la mère du Prophète Chmouel s’exprima ainsi devant l’Eternel : ‘Nul n’est saint comme l’Eternel, car il n’y a nul autre que Toi, et il n’y a point de rocher comme notre D.ieu’. Le mot ‘rocher’ exprime ici le fait que l’Eternel est notre unique force, notre seule forteresse, notre seul abri.

Par ailleurs, dans le traité Béra’hot (10a), pour expliquer que l’œuvre du Saint béni soit-Il est différente de celle d’un être de chair et de sang, les Sages ont employé l’expression ‘il n’y a point de rocher comme notre D.ieu’, en jouant sur les mots ‘Tsour’ (rocher), et Tsayar (Artiste-Peintre). Le sens de la déclaration de ‘Hanna selon laquelle ‘Il n’y a point de Rocher (Tsour) comme notre D.ieu’ devient alors : ‘Il n’y a point de Peintre comme notre D.ieu’.

La raison donnée par les Sages, au fait qu’il n’existe aucun Artiste que l’on peut comparer au Saint béni soit-Il, est que ‘l’homme dessine une forme sur un mur, mais ne peut lui introduire un souffle de vie une âme ni organes ni entrailles. A l’opposé, le Saint béni soit-Il peut dessiner une forme à l’intérieur d’une forme, lui introduire un souffle de vie, une âme, des organes et des entrailles’.

Ainsi, le sens simple de la Guémara est ici de souligner la différence essentielle entre les œuvres du Saint béni soit-Il et celles d’un être de chair et de sang. L’homme dessine une forme sur un mur sans pouvoir y mettre de souffle vital, le doter d’une âme ou des composantes essentielles de l’organisme, contrairement à D.ieu qui dessine une forme (l’embryon), à l’intérieur d’une forme (la matrice éternelle), et y dépose un souffle, une âme, des entrailles et des intestins.

Cette comparaison établie par les Sages entre les œuvres du Saint béni soit-Il et celles de l’homme s’accorde à l’un des enseignements du Rabbi dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Nasso.

Le Rabbi y rapporte l’enseignement selon lequel ‘l’Eternel a regardé dans la Torah avant de créer le monde’.

Le monde, tel qu’il est, tel qu’il apparaît à nos yeux, fut d’abord ‘écrit’ dans la Torah, et c’est pour cette raison que la ‘Hassidout compare la Torah au carnet de croquis d’un Artiste. A l’exemple de l’Artiste qui dessine des esquisses avant de peindre son tableau, la Torah représente le ‘carnet’ sur lequel l’Eternel a dessiné ‘l’ébauche’ du monde qu’Il s’apprête à créer.

Ainsi, de la même manière que l’esquisse préparatoire précède l’œuvre finale, la Torah a précédé le monde. ‘L’Eternel a regardé dans la Torah avant de créer le monde’ signifie que pour créer le monde L’Eternel’ regarda dans la Torah, comme un Artiste s’inspire de ses croquis pour peindre son Tableau.

Dans les temps messianiques L’Eternel dévoilera la Torah ‘Hadacha (nouvelle) au peuple d’Israël par l’intermédiaire du Machia’h : ‘Une Torah nouvelle sortira de Moi’. Ainsi, en regardant dans la Torah nouvelle l’Eternel créera un monde nouveau, et c’est à ce sujet que L’Eternel dit : ‘Comme ces Cieux nouveaux et comme cette Terre nouvelle que Je ferai naître dureront devant Moi, ainsi subsisteront votre descendance et votre nom’ (Ychaya, 66, 22).

Le Rabbi explique que ‘ces Cieux nouveaux’ et cette ‘Terre nouvelle’ que L’Eternel fera naître lors de la Délivrance finale représentent le dévoilement de la Parole de D.ieu qui est l’origine de la Création du ciel, de la terre, et de tout ce qu’ils contiennent.

A présent, nous ne voyons qu’un monde matériel et nous ne voyons absolument pas la Parole divine qui Se cache dans la matière, ainsi qu’il est dit : ‘S’il était permis à l’œil de voir et de se rendre compte de la force vitale (la Parole divine) et de la spiritualité qui sont contenues dans toute chose créée, et qui prenant leur source dans ‘ce qui émane de la bouche de D.ieu’ et de ‘Son souffle’, y coulent constamment, alors la matérialité de la créature cesserait d’être perçue par nos yeux, celle-ci étant complètement annulée par rapport à la force vitale et la spiritualité qui sont en elle’. (Tanya, Chaar Ha Y’houde Vé Ha Emounah, chapitre 3).

Le dévoilement de la Torah nouvelle représente le dévoilement de l’Essence divine, comme ce fut le cas lors du don de la Torah sur le mont Sinaï, au sujet duquel il est dit: ‘Et tout le peuple vit les Voix’ (Yitro, 20, 15).

Lors de la Délivrance finale tout le peuple verra La ‘Voix’ de l’Eternel, ‘la force vitale et la spiritualité’ qui se cachent à présent dans ce monde matériel. Aussi, bien que L’Eternel Se dévoile dans la Torah, d’une certaine manière toute Son Œuvre, toute l’œuvre de la Création, demeure ‘dépourvue’ de Sa signature.

Ce n’est que dans les temps messianiques qu’il apparaîtra à nos yeux avec clarté que toute la Création vient de la ‘bouche de D.ieu’ et de ‘Son souffle’. Dès-lors, nous pouvons comprendre la déclaration des Sages selon laquelle la Torah que l’homme étudie à l’heure actuelle n’est rien, hével, en comparaison à la Torah que nous enseignera le Machia’h.

En effet, le mot hével désigne la vapeur, la buée, une chose qui est inodore, sans saveur, une chose insignifiante, et l’emploi de ce mot s’oppose à la grandeur de la Torah qui sera dévoilée par le Machia’h : ‘Une Torah nouvelle sortira de Moi’.

‘La Torah qui sortira de Moi’ représente la partie la plus profonde de la Torah, son essence divine. A l’évidence, en comparaison au souffle nouveau que la Torah nouvelle insufflera aux ‘Cieux nouveaux’, à la ‘Terre nouvelle’, la vitalité de la Torah que nous étudions aujourd’hui n’est telle qu’un léger souffle : hével.

A la fin de notre Paracha il est écrit que lorsque Moché pénétrait à l’intérieur de la Tente d’assignation, pour parler avec l’Eternel, il entendait la Voix du Saint béni soit-Il. Rachi explique que l’on pourrait croire que Le son de la Voix était faible, mais le verset dit ‘La voix’ (avec un article défini). C’est La voix qui parlait avec lui au mont Sinaï, mais quand elle arrivait à l’entrée de la tente d’assignation, elle s’arrêtait et ne sortait pas à l’extérieur de la tente. C’était un véritable miracle, la Voix de D.ieu n’était audible qu’à l’intérieur de la Tente.

Le Rabbi nous explique que lorsque l’on se trouve à l’intérieur de la Tente, le dévoilement de D.ieu est si grand que nous n’avons pas d’autre choix que celui d’écouter Sa voix. Cependant, le désir du Saint béni soit-Il est de résider dans ce monde matériel, ‘à l’extérieur de la Tente’. C’est précisément ‘à l’extérieur de la Tente’ que le choix est donné à l’homme d’écouter ou de ne pas écouter la Voix de son Père. Un juif doit donc faire tout ce qui est en son pouvoir pour ‘briser le silence’ en faisant résonner La voix et La volonté de D.ieu ‘à l’extérieur de la Tente’, en accomplissant Ses Commandements de ‘tout son cœur de toute son âme et de tout son pouvoir’.

Le Rabbi déclare qu’un juif cherche D.ieu comme un fils cherche son père qui s’est caché pour qu’il le trouve. Il ajoute que le plus grave n’est pas de ne pas Le trouver mais de s’arrêter de Le chercher.

L’enseignement pour chacun d’entre nous est qu’il ne suffit pas d’agir ‘à l’intérieur de la Tente’, bien au contraire notre travail consiste essentiellement à agir ‘à l’extérieur de la Tente’, conformément à ce qu’a dit le Machia’h au Baal Chem Tov : ‘Je viendrais lorsque tes sources se répandront à l’extérieur’. Il convient dans ce cas de ‘s’armer de puissance, tel un lion, et de fermeté de cœur’ (selon les mots du Tanya, 25) afin d’affronter tout ce qui s’oppose à cette mission sacrée, d’apporter la Parole divine dans chaque endroit et pour chaque juif.

Lorsque Moché entrait dans la tente d’assignation il entendait La voix d’au-dessus du couvercle de l’Arche du témoignage. ‘La voix sortait du ciel passait entre les deux chérubins, et de là, sortait vers la tente d’assignation’ (Rachi). Rabbi Yom-Tov Lippman explique que la lettre Aleph fait allusion à ce dévoilement La forme de la lettre Aleph est composée d’un Vav et de deux Youd. Les deux Youd font allusion aux deux chérubins, et le Vav est une allusion à La Voix de L’Eternel qui passait entre les deux.

Il est intéressant de remarquer que la lettre Aleph (la première lettre, du premier mot, des Dix Commandements, Ano’hi) est une allusion à l’Essence divine. De fait, notre mission est bien de faire de ce monde matériel une demeure pour D.ieu dans laquelle se révèlera Son Essence.

Par ailleurs, les lettres du mot hével sont les mêmes lettres que l’expression ha Lev, le coeur. D’une certaine manière la Torah que nous étudions aujourd’hui représente le cœur, et que la Torah du Machia’h représente la profondeur du cœur. Aussi, conformément à l’enseignement des Sages selon lequel, seul L’Eternel ‘peut dessiner une forme à l’intérieur d’une forme’, il appartient à D.ieu, et seulement à Lui, de dévoiler la Torah nouvelle qui se cache à l’intérieur de la Torah’, ‘la profondeur du cœur de L’Eternel’, ‘une forme à l’intérieur d’une forme’.

Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Nasso, le Rabbi nous enseigne que chaque ‘Hidouch est l’expression de la Guéoulah. Lorsqu’un Sage dévoile un ‘Hidouch, il dévoile un aspect de la Sagesse divine qui était jusqu’alors en exil dans la Torah. La notion de ‘sortir de l’exil’ existe donc dans la Torah elle-même et la Délivrance de la Torah amène la Délivrance dans le monde. De fait, D.ieu a regardé dans la Torah avant de créer le monde, et ce lien qui existe entre la Torah et le monde s’accorde avec la Délivrance finale.

Chaque fois qu’un Sage délivre un peu plus la Sagesse divine en dévoilant un ‘Hidouch, il délivre un peu plus le monde de l’exil. Cependant, le Rabbi souligne qu’il ne s’agit pas encore de la Délivrance finale car nous sommes encore dans une situation d’exil. Certes, faire des ‘Hidouchim a pour effet d’accélérer le processus de la Délivrance finale, mais bien que les Sages dévoilent des sujets particuliers il reste encore de nombreux sujets qui demeurent en exil.

C’est pour cela que le Rabbi nous enseigne que la perfection de la Délivrance de la Torah sera réalisée par D.ieu Lui-même, ainsi qu’il est dit : ‘Une Torah nouvelle sortira de Moi’, même le ‘Dévoilement’ (‘sortira’) sera l’œuvre de D.ieu (‘de Moi’, et dans ce cas plus aucun sujet demeurera obscur à nos yeux, ainsi qu’il est dit : ‘ton guide ne se dérobera plus à ton regard, tes yeux pourront voir ton guide’ (Ychaya, 30, 20) et ‘Tous Me connaîtront’ (Yirmiyaou, 31, 33), très bientôt et de nos jours, avec l’aide de D.ieu.