Pour le mariage de Ména’hem Mendel Spitzer et de ‘Haya Mouchka Abergel, le 18 Elloul 5720
Dans son ouvrage intitulé écrit que ‘Jamais dans la maison du Baal Chem Tov, il ne restait d’argent pour la nuit. Rentrait-il de voyage ? Il réglait les dettes accumulées en son absence, puis il distribuait le reste de l’argent aux pauvres. Revenant d’un voyage, un jour, avec beaucoup d’argent, il acquitta ce qu’il devait et distribua le reste de l’argent. Son épouse, cependant, en avait retenu un peu afin de ne pas acheter à crédit pendant quelques jours. Le soir, le Baal Chem Tov éprouva une gêne dans la prière. Il revint chez lui et demanda : Qui donc a pris de l’argent ?
Son épouse avoua l’avoir fait. Le Baal Chem Tov reprit alors cet argent, et il le fit distribuer aux pauvres, le soir même.’ (‘Les récits hassidiques’, Martin Buber).
Au commencement de la Paracha Ki Tavo (26, 1, 2), il est écrit que ‘les enfants d’Israël, après qu’ils aient conquis la terre, avaient l’obligation de prendre, de leurs champs, des prémices des sept fruits de la terre (le blé, l’orge, le raisin, la figue, la grenade, l’olive et la date), de les placer dans un panier, et de les apporter au Cohen dans le Beït-ha-Mikdache’.
Le Rabbi de Loubavitch nous enseigne que cette Mitsva des prémices est à la base de notre service divin et de l’ensemble de tous les autres commandements. Chaque juif dès son réveil récite la prière du ‘Modé ani’. La ‘Hassidout met l’accent sur le fait qu’en récitant cette prière il remercie l’Eternel, non pas seulement parce qu’Il lui donne à nouveau la vie, mais il Le remercie de l’avoir fait juif.
Aussi, nous pouvons nous interroger sur la particularité de la Mitsva des prémices. En effet, nous remercions l’Eternel, et reconnaissons Ses bienfaits tout au long de notre vie, que ce soit dans nos prières, ou que ce soit dans les Bénédictions, que nous Lui adressons tout au long du jour. Pour quelle raison la Mitsva des prémices, qui exprime aussi notre reconnaissance pour D.ieu, précède-t-elle dans notre Paracha tous les autres commandements divins ?
Le Rabbi répond que l’âme possède trois vêtements, la pensée la parole et l’action, et que la Mitsva des prémices a ceci de particulier, que lorsqu’il accomplit cette Mitsva, un juif exprime sa reconnaissance vis à vis de l’Eternel, non pas seulement par la pensée, ou par la parole, mais il l’exprime par un acte, et ‘l’acte est essentiel’.
En d’autres termes, la Mitsva des prémices exprime par un acte la prière de ‘Modé ani’ que l’on dit chaque matin, en ouvrant les yeux.
Cependant, la Mitsva des prémices n’exprime pas seulement notre reconnaissance pour tous les bienfaits que l’Eternel nous dispense tout au long de notre existence. Le contenu profond de cette Mitsva est lié à la signification du mot bikourim : prémices.
Le mot bikourim s’apparente au mot békhor qui signifie premier-né.
De fait, la Torah désigne les enfants d’Israël comme étant les premiers-nés de l’Eternel, car l’âme des enfants d’Israël a précédé la Création du monde. Dans le Dvar Mal’hout de la Paracha Ki Tétsé, le Rabbi nous enseigne que l’âme juive, du fait ‘qu’elle est véritablement une parcelle de divinité d’En-haut’, existait déjà avant la Création du monde et de tout ce qu’il contient. C’est à cela que se rapporte l’enseignement de Rabbi Shimon Bar Yo’haï selon lequel ‘Le Saint béni soit-Il Israël et la Torah ne font qu’Un’, et Rabbi Shimon enseigne que trois liens les unissent, l’un avec l’autre.
Il existe un lien entre le Saint béni soit-Il et la Torah, un lien entre la Torah et Israël, et par-dessus tout, il existe un lien direct entre le Saint béni soit-Il et Israël.
Le Rabbi souligne cependant que l’âme d’Israël précède la Torah, et que l’existence de la Torah ne dépend que d’Israël, car les juifs sont la raison de la Torah. Ainsi, dans une situation où un juif est en danger, l’Eternel nous ordonne de transgresser la Torah, s’il doit en être ainsi pour sauver la vie de ce juif (pikoua’h néfèch).
A l’opposé, l’existence de la Torah ne dépend que des juifs, que de leur accomplissement des commandements divins, lesquels représentent la Volonté du Saint béni soit-Il. C’est ce lien, ce lien essentiel qui unit l’Eternel à chaque juif, qui représente le contenu profond de la Mitsva des prémices.
Chaque juif est le premier-né de l’Eternel, et demeure lié à Lui d’un lien éternel, et lorsqu’un Juif apporte au Temple les prémices des fruits de son champ, il remercie L’Eternel, non seulement pour les bienfaits matériels qu’Il lui dispense, mais aussi et surtout, pour l’avoir fait juif.
Il s’agit de Le remercier de nous avoir donné une parcelle de Lui-même, d’être constamment en Lui et de pouvoir accomplir Sa Volonté bénie.
Nous pouvons parcourir la terre indéfiniment, ou bien décider de nous enfuir sur l’océan, et d’y voguer des jours, des mois, ou des années, avec pour seul but, de trouver la fameuse île au trésor. Cette île qui se cache secrètement dans le bleu profond d’une carte marine, telle un point perdu au milieu de l’eau transparente et pacifique de l’océan. Cette île que finalement sous l’éclat salé du soleil nous finirons peut-être par atteindre. Aussi, à force de persévérance nous finirons aussi par trouver l’emplacement du trésor, et commencerons à creuser, et à creuser encore dans le sable brûlant. Au bout du compte, quelle sera notre surprise lorsque nous découvrirons que le contenu du fameux trésor n’est en réalité qu’une goutte d’eau en comparaison à l’océan. Le véritable trésor se cache au plus profond de nous-même, il n’est autre que l’essence de notre âme, et la carte qui nous permet de l’atteindre n’est autre que l’étude de la ‘Hassidout.
Il est écrit dans le livre du prophète Osée (9, 10) : ‘J’avais trouvé Israël délicieux comme du raisin dans le désert ; comme les premiers fruits mûrs sur le figuier, j’avais considéré vos ancêtres’. ‘Le raisin dans le désert’, ou ‘l’île dans l’océan’, la voilà la Vérité, celle qui n’a pas de fin, celle qui nous unit à D.ieu.
Au début de la prière du matin nous récitons la liste des préceptes divins ‘qui n’ont pas de mesures’, parmi eux il y a l’offrande des prémices, et il n’y a rien d’étonnant à cela, car cette offrande représente l’essence de notre âme, laquelle ne possède pas, non plus, de mesures. Elle est notre véritable réalité, notre Vérité. Cette même Vérité, qui éveillait une gêne dans la prière du Baal Chem Tov. Cette Vérité sans fin qui le pousse à donner tout ce qu’il possède pour aider ses frères juifs.
Cette Vérité, comme une île au milieu de l’océan qui cache en elle le plus précieux des trésors. Ce trésor qui vibre dans le cœur du Baal Chem Tov, celui de l’Admour Hazaken, et dans le cœur de tous les Maîtres de ‘Habad. Cette Vérité qui anime le Rabbi à tout moment, cette Vérité qui brille plus particulièrement le Jour du 18 Elloul, jour de l’anniversaire des fondateurs du ‘Hassidisme et de la ‘Hassidout ‘Habad, Rabbi Israël Baal Chem Tov et Rabbi Chnéor Zalman de Lyadi.
Le 18 Elloul, comme les 18 Bénédictions de la prière de la Amida, dîtes du plus profond du cœur, pour provoquer la Guéoulah, avec l’aide de D.ieu, par le mérite du Rabbi, très bientôt et de nos jours.