Significations du nom ‘Houkat :
Le mot hébreu ‘Hok signifie ‘décret’. Il désigne une loi divine qui échappe totalement à notre compréhension. Il n’en demeure pas moins que nous devons à l’évidence obéir à ce décret, à l’accomplir, car même s’il échappe à notre compréhension il s’agit de la Volonté bénie de D.ieu. Aussi, en obéissant à un tel décret, l’occasion nous est donnée d’exprimer notre attachement à D.ieu, du lien qui nous unit à Lui et qui dépasse totalement l’intellect et la raison. Poursuivre et désirer D.ieu au point d’agir uniquement selon Son désir, et en faisant totalement abstraction de nous-même, de nos propres désirs et même de notre compréhension. Sans les ‘Houkim’, il aurait été impossible d’exprimer notre attachement à D.ieu qui est au-delà de notre raison et de notre intellect.
Par ailleurs, le Rabbi nous explique que le mot ‘Houkat qui désigne le décret, le commandement divin de la vache rousse est apparenté au mot ‘Hakika (gravure) qui évoque les lettres que l »Eternel grava dans la pierre des Tables de l’Alliance (voir le Likouteï Si’hot, 28, 129-130).
‘Hachem a gravé en Lui-même le désir d’être Roi’ :
Dans un discours Hassidique de l’année 5665, le Rabbi Rachab rapporte un enseignement du Zohar selon lequel L’Eternel, uniquement par bonté (car rien ne L’oblige), a ‘gravé’ en Lui-même le désir d’être Roi sur l’Assemblée d’Israël. Le Rabbi Rachab écrit précisément que ‘la Volonté de D.ieu d’être Roi est ancrée dans Son Essence.’
L’étude de ce discours nous amène à réfléchir sur le fait que l’âme d’Israël est ancrée dans l’Essence divine, ce qui signifie que L’Eternel en a décidé ainsi. Ce qui nous touche tout particulièrement dans l’étude que fait le Rabbi Rachab sur le fait que ‘la Volonté de D.ieu d’être Roi sur Israël est ancrée dans Son Essence’ est qu’un Juif peut agir afin d’attiser le désir de D.ieu d’être Roi au point que ce désir se réalise concrètement.
La ‘Hassidout rapporte souvent l’exemple ‘du visage qui se reflète dans l’eau’ pour expliquer que lorsque l’on manifeste de l’amour a une personne, celle-ci nous renvoie à son tour de l’amour. Ce principe est compréhensible quand il s’agit de deux personnes qui sont toutes les deux au même niveau, mais comment est-il possible que D.ieu renvoie à l’homme l’amour qu’il lui manifeste ? L’homme est limité et D.ieu ne l’est pas. Dans ce cas comment un homme peut-il éveiller le désir de D.ieu d’être Roi ?
La réponse donnée par le Rabbi est que D.ieu a Lui-même décidé que lorsqu’un Juif accomplit les Commandements divins il attire dans ce monde la Lumière d’Or-ein-sof. Rien n’oblige D.ieu apprendre une telle décision. C’est uniquement par bonté que L’Eternel agit en ce sens en gravant dans Son Essence le désir d’être Roi sur l’Assemblée d’Israël (voir le Séfer-ha-Maamarim de l’année 5665 (‘Yom-tov chel Roch-ha-Chana ché ‘Hal liyot bé Chabbat’).
Le Rabbi Rachab nous enseigne que c’est le ‘Bitoul’, c’est à dire la soumission la plus totale vis-à-vis de D.ieu qui donne la possibilité à un Juif de ‘réveiller la Volonté et le Plaisir de D.ieu d’être Roi’. Le Rabbi Rachab précise que le son du Choffar est l’expression même du ‘Bitoul’ car il est un ‘cri qui provient de la profondeur du cœur’ et qui exprime donc notre désir le plus profond de vivre enfin le dévoilement de D.ieu.
A la lumière de ces enseignements du Rabbi Rachab, il nous apparait que L’Eternel répond aux prières des enfants d’Israël lorsque ceux-ci dévoilent l’Essence de leur âme, comme c’est le cas lorsque les enfants d’Israël sonnent du Choffar et recitent les versets de la prière de Roch-ha-Chana en implorant L’Eternel d’être Roi sur eux. L’Essence de l’âme Juive fait Un avec D.ieu car Elle est enracinée dans l’Essence divine. Elle est totalement soumise au Divin car Elle Lui est unie. Dévoiler l’Essence de l’âme représente donc le fait d’être totalement soumis à D.ieu.
Enseignements du Rabbi Rayats :
Dans son discours commençant par les mots du verset (Yitro, 20 18) : ‘Et Moché s’approcha du brouillard où était là-bas D.ieu’, le Rabbi Rayats explique la signification profonde des mots de la prière du Chéma selon lesquels nous nous devons ‘d’aimer L’Eternel notre D.ieu, de tout notre coeur, de toute notre âme, et de tout notre pouvoir’.
De fait, un ‘Hassid ne peut vivre sans méditer au fait que la vie qui l’anime à chaque instant lui est dispensée par D.ieu. Cette idée doit le pénétrer au plus profond de lui-même. C’est-à-dire que cette idée doit toucher, influencer, et transformer, la partie la plus basse et la plus grossière de son être, laquelle n’est autre que son âme animale.
En effet, chaque Juif se doit de réaliser l’injonction selon laquelle ‘nous devons aimer D.ieu avec nos deux penchants’. Aussi, il convient d’expliquer à notre âme animale, qu’il est insensé de s’attacher aux plaisirs de ce monde car ils sont totalement dénués de Divin.
Un ‘Hassid s’efforce continuellement de faire comprendre à son âme animale la valeur et l’importance des Commandements divins. Il lui parlera longuement du bien véritable et de la profonde joie qu’elle connaîtra, lorsqu’elle commencera à aimer D.ieu. Ainsi, lorsqu’il parvient à convaincre l’âme animale de tout cela, il réalise l’injonction ‘d’aimer l’Eternel notre D.ieu de tout notre coeur’, avec nos deux penchants, avec notre âme divine, et avec notre âme animale.
Cependant notre travail ne s’arrête pas là, et dans son discours le Rabbi Rayats explique que nous devons atteindre le second niveau en aimant D.ieu de ‘toute notre âme’.
Cet amour exprime le désir qui doit nous animer après la prière du matin. Le désir que la Sainteté divine éclaire par la force de la lumière de la Torah les forces de notre âme, l’intellect et les sentiments, ainsi que ses vêtements, la pensée la parole et l’action.
Puis, enfin, vient le niveau le plus élevé qui n’est autre que celui ‘d’aimer L’Eternel notre D.ieu de tout notre pouvoir’. Rabbi Yossef-Itz’hak écrit que cet amour, qui ne connaît pas de limites, naît lorsque l’on médite au fait ‘qu’aucune pensée ne peut appréhender l’Essence divine’.
Aussi, du fait qu’il est impossible de saisir l’Essence divine au moyen des forces de l’intellect, le Rabbi demande par quelle force et par quel moyen un Juif attire-t-il un amour aussi grand et aussi illimité en son âme ?
‘L’amour de tout ton pouvoir’ découle de l’Essence de l’âme, laquelle est enracinée dans l’Essence divine. Le Rabbi nous enseigne que la révélation de l’Essence divine dans l’âme est réalisée au moyen des 5 sens (et plus particulièrement par la vision).
La ‘sens-ibilité’ d’une personne est liée à ses sens, et c’est la raison pour laquelle un être sensible possède des aptitudes particulières qui ne dépendent absolument pas de l’intellect et de la raison, car l’Essence se révèle, non pas dans les forces de l’âme, mais dans les 5 sens.
Une personne aux mains sensibles (douée de ses mains), même si elle ne connaît pas les techniques du métier, est capable grâce à sa sensibilité d’accomplir avec ses mains des choses remarquables.
Le Rabbi écrit également que ‘l’Essence même du plaisir se révèle dans les sens’. Il donne à ce sujet l’exemple d’une très belle musique qui a pour effet sur l’âme, qu’en l’écoutant elle connaît un tel amour et une telle extase qu’elle est à même de quitter le corps.
C’est là le point essentiel de cet enseignement du Rabbi, du fait qu’ils ont le pouvoir de réveiller et d’intensifier les forces de l’âme, les 5 sens détiennent le pouvoir d’ajouter considérablement à notre amour et à notre crainte de D.ieu. C’est ici que l’on peut établir un lien entre l’enseignement du Rabbi Rayats et celui de son gendre, le Rabbi.
‘Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Balak’ :
A travers les enseignements du Rabbi nous comprenons que nous ne pouvons absolument pas nous suffire de l’aspect superficiel de la réalité. Au contraire, le regard et le comportement que nous devons adopter est celui de nous attacher profondément aux enseignements du Rabbi afin de toujours percevoir le contenu profond des évènements que nous vivons. L’étude de la partie profonde de la Torah nous donne à voir la profondeur de la Réalité afin que nos pensées nos paroles et nos actes s’inscrivent dans le projet divin qui n’est autre que le dévoilement de l’Essence de D.ieu.
Percevoir le contenu profond de chaque chose est une priorité dans notre mission de faire de ce monde une demeure pour D.ieu. C’est la raison pour laquelle dans le Dvar Mal’hout de la Paracha Balak, le Rabbi écrit que nous devons ajouter dans notre étude des sujets du Machia’h et de la Guéoulah, afin de vivre véritablement ces sujets de manière profonde. le Rabbi nous demande donc d’ajouter dans notre étude des sujets du Machia’h et de la Guéoula car de cette façon nous pourrons vivre véritablement ces sujets de manière profonde, ainsi qu’il est écrit dans le Dvar Mal’hout sur notre Paracha : ‘L’intellect doit être pénétré de ces sujets, et la lumière de notre compréhension doit également se répandre et pénétrer nos sentiments dans le cœur, jusqu’à atteindre notre action concrète, nos pensées nos paroles et nos actes.’
Le Rabbi Rayats a expliqué que l’âme divine et l’âme animale doivent être animées d’une même sensation. Chacune doit ressentir qu’elle est encore éloignée de D.ieu, tant que le Machia’h n’est pas encore là. Le Rabbi déclare que l’on parvient à aimer D.ieu ‘de tout son pouvoir’ précisément grâce à l’âme animale, car lorsque celle-ci parvient à aimer D.ieu, elle élève l’âme divine à un niveau qu’elle n’aurait pu atteindre seule, sans la participation de l’âme animale. C’est la signification du verset ‘De ma chair je verrais D.ieu’, car ce verset signifie que c’est par la transformation de l’obscurité de l’âme animale (‘ma chair’) en lumière, qu’un Juif atteint l’Essence divine (‘je verrais D.ieu’).
A la lumière de ce qui vient d’être dit, nous comprenons que notre travail qui consiste à transformer l’obscurité en lumière, implique d’éveiller nos sens, afin que ceux-ci éveillent à leur tour et renforcent notre crainte et notre amour de D.ieu.
Du fait que l’Essence divine se révèle précisément dans la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher, et le goût, nous comprenons par exemple, l’attention particulière que le Rabbi donne aux Niggunim, ou à celle de regarder les mots de la prière lorsque nous les prononçons. Le Rabbi Rayats écrit ‘qu’un Juif a la capacité (le ‘Houch) de ressentir très profondément le Divin au moyen de la force de la Emounah’.
C’est précisément par une totale soumission à D.ieu que l’on parvient à dévoiler l’Essence divine, et au Rabbi de nous enseigner que ‘l’Essence même du plaisir se dévoile plus dans la vision que dans tous les autre sens’.
Peut-être que cela est dû à la petitesse de la dimension de la pupille de l’œil, qui n’est pas sans évoquer la soumission la plus totale vis-à-vis de l’Eternel, conformément à l’enseignement de l’Admour Hazaken, selon lequel ‘L’Eternel ne réside que dans un endroit qui lui est parfaitement soumis’.