A l’approche de Guimmel Tamouz voici un discours du ‘Hozere du Rabbi, Reb Yoël Kahn, au Kinouss Hatmimim Haolami 5771, dans lequel il rappelle aux Ba’hourim d’aujourd’hui le privilège d’être des ‘Hassidim du Rabbi ; il les encourage à vivre à la hauteur de la confiance qu’a en nous le Rabbi, particulièrement dans ces temps difficiles.
Magazine Habad No 5
« JE L’AI DÉJÀ SIGNÉE »
Je voudrais commencer avec une histoire. J’ai déjà raconté cette histoire plusieurs fois et je suis sûr que de nombreux Ba’hourim se souviennent l’avoir déjà entendue auparavant mais je vais quand même la répéter.
Dans les dernières années, quand le Rabbi n’organisait plus de Ye’hidout (entrevues) individuelles, un groupe de ‘Hatanim (fiancés) est passé devant le Rabbi pour recevoir sa Bra’ha pour leurs mariages respectifs. A chacun d’entre eux, le Rabbi a distribué un dollar accompagné de la formule habituelle ‘Bra’ha Vehatsla’ha’ (bénédiction et réussite) mais brusquement, le Rabbi a parlé en particulier à un ‘Hatane et lui a demandé : « As-tu reçu ma lettre en l’honneur de ton mariage ? Je l’ai déjà signée. »
Un des spectateurs a remarqué cet étrange incident et, incapable de retenir sa curiosité, a décidé de découvrir le fin mot de l’histoire. Pourquoi le Rabbi avait-il pointé ce ‘Hatane plutôt qu’un autre dans le groupe ?
Il demanda donc à ce ‘Hatane s’il connaissait la raison derrière le comportement du Rabbi. Le ‘Hatane répondit avec un incident qui s’était produit auparavant :
Quelques semaines plus tôt, plusieurs Ba’hourim étaient assis ensemble, discutant des lettres que le Rabbi envoyait à chacun des ‘Hassidim pour leurs Sma’hot (joies familiales). De manière générale, chaque lettre avait le même contenu (quelques Bra’hot pour l’occasion) avec une différence dans la date et le nom de la personne à qui la lettre s’adressait. Finalement, le Rabbi apposait sa sainte signature au bas de chaque lettre.
Il y avait donc plusieurs avis parmi les Ba’hourim concernant le degré d’implication du Rabbi lui-même dans chacune des lettres.
Certains Ba’hourim disaient qu’en inscrivant sa signature, le Rabbi s’impliquait incontestablement dans chaque lettre personnellement.
[Pensez juste un moment à quelqu’un qui donnerait sa parole à quelqu’un d’autre – même si uniquement par le biais de l’écriture et la signature d’une lettre ; s’il est sincère, il pense vraiment ce qu’il dit ; et plus il est sincère, plus ses paroles seront authentiques. Par conséquent, nous pouvons affirmer avec certitude que le Rabbi envoie réellement ses Bra’hot avec chaque lettre qu’il poste.]Néanmoins, étant donné que la même Bra’ha est nécessaire pour chaque ‘Hatane, il envoie une lettre identique à tous mais cela ne diminue en aucun cas l’attention personnelle du Rabbi dans la lettre.
D’autre Ba’hourim avaient suggéré que puisque le contenu de chaque lettre était pratiquement identique, c’était exagéré de croire que le Rabbi avait vraiment transmis une Bra’ha issue des profondeurs de sa Nechama (âme) dans chaque lettre. Cependant, ils croyaient quand même qu’une pensée et une Bra’ha personnalisée avaient été inclues dans la lettre.
Un Ba’hour était sceptique et argumentait avec ces deux opinions. Il pensait que le Rabbi avait simplement signé une pile de lettres se trouvant sur son bureau sans leur donner de considération, après quoi les Mazkirim (secrétaires) les avaient postées. « Qui dit que le Rabbi a fait attention au nom qui était écrit en haut de la lettre ? » avait-il prétendu.
« J’étais celui qui avait stupidement suggéré le troisième point de vue », a conclu ce ‘Hatane, penaud. « Il semblerait que le Rabbi ait dévié de ses habitudes et m’ait pris à part pour me rassurer sur le fait qu’il avait personnellement signé ma lettre. »
J’ai personnellement entendu ce récit de la bouche du curieux spectateur qui avait pris l’initiative de découvrir les détails de l’histoire.
Quelques années plus tard, après Guimmel Tamouz, j’ai répété cette histoire à un Farbrenguen, ajoutant que j’avais entendu cette histoire d’une personne de confiance et que je pouvais donc être certain de son authenticité.
Après le Farbrenguen, un jeune homme s’est approché de moi :
« Vous dites que vous savez que cette histoire est exacte car vous l’avez entendue d’une personne de confiance ? Laissez moi vous dire que le stupide ‘Hatane, c’était moi ! Il est inutile de dire qu’aujourd’hui je regrette vraiment cette stupidité. »
Il y a plusieurs points intéressants à discuter dans cette histoire.
Tout d’abord, nous pouvons être certains que le premier groupe de Ba’hourim avait la bonne opinion ; le Rabbi investit évidemment tout son être dans chaque Bra’ha qu’il donne.
Mais il y a un concept plus profond que l’on discerne dans cette histoire : à quel point chaque Ba’hour est précieux pour le Rabbi. Ce ‘Hatane devait avoir été vraiment naïf pour avoir pu penser que le Rabbi ne lisait même pas les lettres qu’il signait. Malgré cela, le Rabbi a dévié de ses habitudes pour lui démontrer que même lui mérite et reçoit l’attention du Rabbi, lui donnant ‘l’échelle’ qui lui permettra de grimper et de sortir de son inconscience.
COMME UN ENFANT UNIQUE
Cette idée est enracinée dans les célèbres propos du Baal Chem Tov qui affirmait que l’amour de D.ieu pour chaque Juif est infiniment plus grand que l’amour de parents âgés envers leur enfant unique né dans leur vieil âge.
On pourrait se demander comment est-ce possible. Après tout, on ne peut pas appeler chaque Juif enfant unique alors qu’il existe des millions de Juifs. Comment peut-on considérer chacun en tant qu’enfant unique alors qu’en réalité il n’est pas le seul ?
Le concept est que (sans rentrer trop profondément dans les détails) puisqu’Hashem est illimité, Il a la capacité infinie d’aimer chacun sans limites, comme si chacun était un enfant unique.
En tant que simples mortels, on ne peut pas débattre une telle idée : quand on est complètement investi dans un sujet, on est incapables de s’investir (dans la même mesure) dans quelque chose d’autre. Hashem par contre, n’est limité par aucune restriction et est capable d’aimer chaque Juif comme s’il était un enfant unique.
Dans le même esprit, le Tsadik à propos de qui il est écrit : « אנכי עומד בין ה’ וביניכם », celui qui est notre « רועה נעמן », a la possibilité de se vouer entièrement à chaque Juif, et particulièrement à ceux qui se considèrent ses ‘Hassidim.
LA BIENVEILLANCE DU RABBI CONTINUE
A la lumière de cette histoire, il est important pour nous de réaliser, comprendre et apprécier que, à cet égard, rien n’ait changé depuis Guimmel Tamouz.
Chacun d’entre nous doit savoir qu’il y a quelqu’un qui pense à nous, tient à nous et se préoccupe de notre bien-être.
On parle souvent de renforcer notre Hitkachrout (attachement) au Rabbi ; une des façons de le faire est de réfléchir à la connexion profonde qu’il a avec chacun d’entre nous.
Dans le Tanya, (chapitre 46) l’Admour Hazaken écrit :
« ויש דרך ישר לפני איש… לעורר ולהאיר אורה אהבה התקועה ומסותרת בלבו… למסור נפשו לה’ … והוא כאשר ישים אל לבו מ »ש הכתוב כמים הפנים לפנים… »
Après avoir présenté, dans les chapitres précédents, les différentes méthodes pour éveiller un véritable amour pour Hashem, l’Admour Hazaken commence ce chapitre avec ce qu’il appelle le « chemin simple et direct » pour éveiller un amour qui va revigorer la Nechama (l’âme), un amour qui amènera la personne à un niveau tellement haut qu’elle sera prête à donner sa vie pour Hashem. Ceci peut être atteint grâce à « כמים הפנים לפנים » : l’amour qu’Hashem éprouve pour nous va influencer un sentiment semblable de notre part en retour.
Nous devons penser à la bienveillance et à l’intérêt que le Rabbi nous porte, même aujourd’hui. Lorsque quelqu’un va se recueillir au Ohel (ou faxe une lettre au Rabbi), cela ne devrait pas être perçu comme une cérémonie, quelque chose que l’on fait parce que c’est ce que font les ‘Hassidim.
Il faudrait plutôt s’arrêter un moment et y penser un peu ; vous allez maintenant chez le Rabbi, chez celui de qui on dit « אנכי עומד בין ה’ וביניכם », celui qui nous relie à D.ieu. Et comme nous l’avons indiqué plus haut, il n’est pas seulement là pour le Klal Israël en général mais il est présent pour chacun d’entre nous individuellement.
Le Rabbi ressent un intérêt personnel pour le bien-être de tous ses ‘Hassidim. Quand quelqu’un vient au Ohel et demande une Bra’ha pour quelque chose qui le dérange, le Rabbi se sent concerné par cela et fait tout ce qu’il peut pour l’aider et lui apporter le réconfort. D’un autre côté, quand cette personne retourne au Ohel plus tard pour annoncer au Rabbi que tout va bien, cela rend le Rabbi très heureux.
LES PLEURS D’UN ENFANT
Le Rabbi Précédent écrit dans une lettre : « א יתום קלאגט, א קינד וויינט » (un orphelin se plaint, un enfant pleure).
Un orphelin n’a malheureusement personne vers qui se tourner ; il n’a donc aucune autre alternative que de se plaindre de sa situation. Par contre, un enfant qui a un père ne se plaint pas désespérément, il pleure à son père pour qu’il l’aide.
On ne pourra jamais insister assez sur cela : tout le monde doit comprendre qu’il a un père. Le Rabbi est notre père et il est concerné par chacun personnellement.
En effet, il est vrai que le Rabbi est impliqué et aide chacun d’entre nous dans ce monde, travaillant pour amener Machia’h, construire une Dira Beta’htonim (demeure pour D.ieu ici-bas) et ainsi de suite, mais en même temps il se préoccupe de chaque individu et s’occupe de nous comme un père s’occuperait de son fils. Il croit en nos capacités et sait que nous avons confiance en lui.
En même temps, cela nous oblige à rester sincères à notre mission. Nous ne sommes pas libres de vagabonder comme il nous plait. Nous avons un travail à terminer et le Rabbi nous fait confiance pour mener cette mission à bien.
DE PRÉCIEUX TRÉSORS À NOTRE DISPOSITION
Un point de plus : Dans le célèbre discours ‘hassidique ‘Hemche’h Bati Legani’, le Rabbi Précédent rapporte l’exemple du roi qui possède des trésors remplis de diamants et de pierres précieuses. Certaines de ces pierres ne seront jamais touchées, même dans les situations les plus désespérées. Et pourtant, elles ont toutes un objectif particulier. Par exemple, les perles et les diamants placés sur la couronne du roi ne seront peut-être jamais enlevés ou utilisés pour quelque chose d’autre, néanmoins ils renforcent la beauté de la couronne et symbolisent la majesté de son royaume.
Vient ensuite le trésor qui est gardé caché. Non seulement il ne sert à rien en particulier mais, de plus, il n’est jamais vu par personne. Cependant, en temps de guerre, lorsque le roi a besoin de sortir vainqueur, il dépensera librement ce trésor tellement précieux (‘Bizbouz Haotsrot’) afin de gagner la guerre.
La guerre dans notre cas c’est « מלחמת בית דוד » l’épreuve pour amener la Géoulah. Et pour que nous puissions gagner la guerre, même les parties les plus profondes et les plus élevées de la Torah nous ont été données tellement ouvertement.
Aucun des Rebbéim précédents n’a imprimé autant de ‘Hassidout que notre Rabbi, au profit de l’ensemble du monde. Le Rabbi lui même dans ses Si’hot et ses Maamarim, a rendu accessibles et clairs des sujets très profonds de ‘Hassidout comme personne auparavant.
Et tout ceci nous a été donné afin que nous puissions continuer à nous battre et en finir avec cette Galout.
C’est dans nos mains. Nous savons que le Didane Notsa’h (notre victoire) final est sur le point de se produire, à nous de le faire arriver encore plus vite. En accomplissant notre part, en nous immergeant dans les mots de ‘Hassidout que le Rabbi nous a transmis et, évidemment, en les répandant à l’extérieur, nous hâterons la Géoulah et le Rabbi nous sortira de cette Galout, Te’hef Oumiyad Mamash immédiatement, maintenant!
Comme mentionné plus haut, la bienveillance et l’intérêt du Rabbi pour chaque ‘Hassid était manifeste tout au long des années.
Dans la lettre suivante, le Rabbi réfute une théorie mal avisée entretenue par quelques ‘Hassidim disant que le Rabbi (ou les Rebbéim en général) donneront plus facilement une Bra’ha à un ‘étranger’ (pas un ‘Hassid du Rabbi) qu’à un ‘Hassid :
« J’ai été surpris que vous ne mentionniez rien dans votre lettre concernant la santé de votre femme תחי’. J’espère que lorsque vous recevrez cette lettre, sa situation se sera déjà améliorée, malgré la lettre que j’ai reçu de Rav Moshe Levertov à ce sujet.
Concernant ce qu’il écrit en votre nom, que ‘Ce cas devrait être traité comme si c’était un ‘étranger’ plutôt que de la façon dont on s’en occuperait avec ‘un des notre’ ; je n’arrive pas à comprendre la signification de cette phrase.
N’est ce pas qu’il y a une décision prise par ‘Hazal bien connue en ce qui concerne (la façon dont on traite) les besoins d’une autre personne : « עניי עירך קודמין » les pauvres (c’est-à-dire, ceux dans le besoin) de ta propre ville passent avant (pour recevoir ton aide).
Vous ne me soupçonneriez certainement pas d’être réticent à agir conformément à ceci… »
Cette lettre du Rabbi démontre clairement son attention et son souci pour chaque ‘Hassid individuellement. Le Rabbi réfute l’idée qu’il traiterait un ‘étranger’ avec plus d’attention qu’un de ses propres ‘Hassidim. Au contraire, il cite le principe talmudique selon lequel on doit d’abord s’occuper des besoins de ceux qui nous sont proches avant ceux des étrangers.
Le Rabbi exprime également sa surprise et son inquiétude quant au fait que le ‘Hassid n’ait pas mentionné la santé de sa femme dans sa lettre, montrant ainsi son intérêt personnel pour le bien-être de chaque membre de la famille de ses ‘Hassidim.
Cette lettre, comme l’ensemble du discours de Reb Yoël Kahn, souligne l’importance de comprendre et d’apprécier la relation personnelle et profonde que le Rabbi entretient avec chacun de ses ‘Hassidim, même après Guimmel Tamouz. Elle encourage les ‘Hassidim à renforcer leur Hitkachrout (attachement) au Rabbi en réalisant à quel point ils sont précieux à ses yeux, et à vivre à la hauteur de la confiance qu’il place en eux pour accomplir leur mission dans ce monde.