Le 13 Nissan, le jour de la Hilloula du Tséma’h Tsédek (29 Elloul 1789-13 Nissan 1866) succède au jour de l’anniversaire du Rabbi, et il précède celui où l’on brule le ‘Hamets, et enfin celui de la fête de Pessa’h. Toutes ces dates du calendrier hébraïque ne sont pas sans exprimer la profondeur de notre existence, et notre mission en tant que Juifs de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour provoquer la venue de notre Juste Machia’h, dès à présent avec l’aide de D.ieu. Aussi, ce jour est pour nous l’occasion de rapporter ici un enseignement du Tséma’h Tsédek qui n’est pas non plus sans éveiller en nous le désir de la Délivrance finale.

Un jour uHassid qui vivait à Loubavitch emmena son fils qui venait datteindre lâge de rentrer au Héder à un entretien privé avec le Rabbi. Le Rabbi bénit le jeune enfant en ces termes : Investis ton ardeur dans létude et ne perds pas ton temps, D.ieu béni soit-Il, te viendra en aide pour que tu sois un érudit et un ‘Hassid. Quand lenfant et son père sortirent du bureau du Rabbi, le père expliqua à son fils que le Rabbi est pour ses Hassidim lArche Sainte dans laquelle se trouve les Tables de la Torah écrites du doigt de D.ieu, béni soit-Il.

Pour comprendre et ressentir un tant soit peu, la profondeur de ces paroles ‘hassidiques, il est nécessaire de savoir que les Tables de la Loi sont écrites du doigt de D.ieu, c’est à dire qu’elles sont un acte divin. Nous devons comprendre que l’Arche de l’Alliance qui contient ces Tables n’est pas un simple objet matériel. Le traité Yoma nous enseigne que bien que l’on puisse en mesurer sa hauteur sa longueur et sa largeur, l’Arche ne prend pas de place dans le Saint des Saint ou elle est déposée.

En effetla largeur totale du Saint des Saints est de 20 ama (environ une dizaine de mètres) et la longueur de l’Arche est de 2,5 ama. Or quand l’Arche est déposée dans le Saint des Saints elle perd ses mesures : elle ne prend plus de place. En effet, si l’on mesure les distances entre les deux extrémités de l’Arche et les deux murs entre lesquels elle se trouve, elles sont chacune de 10 ama.

L’explication à ce phénomène physique est que l’Arche contient en elle-même une lumière infinie. En effet, l’écriture, gravée sur les Tables, est une lumière infinie qui n’a ni fin, ni mesure.

De ce fait, l’Arche perd ses propres mesures et échappe aux lois physiques de ce monde lorsqu’elle est déposée dans le Saint des Saints, et le Tsémah Tsédek nous en donne la raison :

L’Arche est l’endroit où se révèle la lumière qui entoure les mondes, car elle contient les Tables écrites du doigt de D.ieu‘. Or, ‘la lumière qui entoure les mondes’ est l’origine même de l’espace et du temps, et ceux-ci lui sont totalement soumis. A l’évidence donc, l’espace matériel de l’Arche est totalement soumis à cette lumière qui entoure les mondes, qui n’a ni fin ni mesure. L’Arche ne prend donc pas de place.

D’une certaine manière, il en va de même pour le Rabbi, lequel est lArche sainte pour ses ‘Hassidim, car le Rabbi, du fait qu’il consacre continuellement son existence aux autres Juifs, n’a pas ‘conscience’ de sa propre existence et ses propres besoins. Il est commelArche qui na pas de mesures, et le seul but qu’il poursuit est d’attirer l’Essence divine en ce monde matériel. En d’autres termes le Rabbi ne prend pas de place car la seule place qu’il donne à l’existence est celle du Saint béni soit-Il. Autrement dit, du fait que la volonté du Rabbi se fond en celle de D.ieu, ainsi qu’il est rapporté dans le livre du Tanya au sujet des Patriarches: lls sont un char de la volonté de D.ieu , c’est l’existence de D.ieu et de Sa volonté bénie qui transparaissent à travers le Rabbi qui n’a aucun intérêt personnel : il na pas conscience de sa propre existence .

Le Tsémah Tsédek nous donne aussi l’exemple suivant. Le jour du don de la Torah, tous les juifs entendirent la voix de D.ieu provenir dans l’espace de tous les côtés. L’explication est la même. La voix de L’Eternel est l’origine même de l’existence. D.ieu crée l’espace par Sa Parole, et il est donc évident que lorsque la Parole de D.ieu se dévoile, l’espace physique, qui lui est totalement soumis, s’annule.  C’est la raison pour laquelle on entendit Sa voix provenir, non pas d’un seul côté, mais de tous les côtés.

Ces deux exemples donnés par le Tsémah Tsédek nous permettent de nous rendre compte que l’espace matériel est totalement soumis à la Parole de D.ieu, et lorsque celle-ci se révèle, cet espace ‘ne prend plus de place’.

Ainsi, la mission de chaque juif est de dévoiler la Parole divine afin de lui soumettre ce monde matériel. C’est de cette manière que l’on parvient à faire de ce monde une demeure pour D.ieu, de transformer la matière en néant, en faire du spirituel.

C’est à cela que se rapporte la déclaration de l’Admour Hazaken selon laquelle le matériel dun juif est spirituel. D.ieu nous donne la matière afin que nous la transformions en esprit (Hayom Yom, 27 Tevet).

A ce sujet le Rabbi enseigne dans le Hayom Yom du 29 Adar chéni  5703 :

‘D.ieu créa le monde et toutes les créatures matérielles à partir du néant. Les Juifs, par contre, doivent transformer la matière en néant, en faire du spirituel. Transmuter la matière en esprit, faire quelle soit un réceptacle pour la divinité est une obligation qui incombe à tous. Chacun en particulier y est astreint.

A la lumière de ces enseignements, nous comprenons la raison pour laquelle le Rabbi est lui-même comparé à l’Arche, et aussi la raison pour laquelle il est enseigné que le Machia’h est celui qui unit l’esprit (‘Mah’) à la matière (‘Ban’). De fait, l’Arche unit elle-aussi l’Esprit divin à la matière des Tables, contenues dans l’Arche.

En effet, le Rabbi, lorsqu’il donne une mission à son ‘Hassid, lui donne du spirituel afin que celui-ci en fasse du matériel. La lumière que le ‘Hassid reçoit du Rabbi est le matériau nécessaire pour accomplir sa mission de bâtir une demeure spirituelle pour D.ieu. C’est précisément pour cela que le Rabbi représente l’Essence de l’âme Juive, car sa qualité est de relier l’âme avec le corps, c’est à dire le divin avec ce monde matériel. Comme lessence de lâme est le point qui relie l’âme avec le corps (Admour Haemtsaeï).

Un jour, lAdmour Hazaken vit son petit-fils, le Tsémah Tsédek, qui était alors un jeune enfant, jouer avec dautres garçons. Ils avaient mis une planche en diagonale et jouaient à qui monterait sur la planche et arriverait au sommet. Tout le monde courait, montait sur la planche et avant darriver à la moitié, trébuchait et tombait. Le petit Mendélé courut, monta sur la planche et arriva au sommet. L‘Admour Hazaken lui demanda alors :

Mendélé, pourquoi as-tu mieux réussi que les autres ? ‘

-‘Cest très simple, répondit lenfant. Ils sont montés sur la planche avec les yeux en bas, vers la terre, ils ont vu comme ils étaient haut, ils ont eu le vertige, ils ont trébuché et ils sont tombés. Moi je suis monté sur la planche avec les yeux tournés vers le haut, vers le ciel. Jai vu comme j’étais petit, jai mis toutes mes forces et je suis monté jusquà arriver tout en haut de la planche.