Depuis maintenant trois semaines, nous sommes rentrés dans une période dite de « consolation » au cours de laquelle D.ieu console le peuple juif après la perte du Temple de Jérusalem.

Ainsi, durant sept semaines, les Parachioth et les Haphtaroth que nous lirons, auront pour fonction d’apaiser la douleur du peuple juif tout en lui donnant les forces de poursuivre son histoire jusqu’à la délivrance finale.

A ce propos, nos Maîtres nous invitent à lire, dans les trois parachioth qui suivent la date de la commémoration de la destruction du Temple (9 Av), les idées de base qui sous-tendent cette consolation.

Ces trois parachioth qui portent les noms de Vaeth’hanane, Ekev et Rééh nous offrirons l’itinéraire qu’un Juif doit emprunter en temps d’exil et qui passeront par trois étapes.

Dès que nous avons rappelé à notre mémoire la destruction du Temple, nous avons lu, le chabbath suivant, la parachath Vaeth’hanane. Cette proximité entre Vaeth’hanane et la date du 9 Av s’explique ainsi : après la destruction, commence l’exil d’Israël et pour que le Juif puisse supporter le poids parfois douloureux de la dispersion et de l’éloignement, D.ieu lui donne des forces spirituelles.

L’allusion à cette idée se trouve dans le premier commentaire de Rachi au début de la parachath Vaeth’hanane : dans ce mot qui signifie « J’ai supplié », Rachi nous explique qu’il implique de la part de D.ieu, la notion de don gratuit. C’est l’allusion au fait qu’au début de l’exil, D.ieu donne au peuple juif les forces de rester vivant dans son errance parmi les nations.

D’aucuns pourraient douter de l’existence de ces forces. C’est l’histoire juive qui répondra : pourrions nous trouver un peuple qui quitte son pays, contraint et meurtri, voilà près de 2000 ans et qui, sous le poids de la souffrance morale, de la persécution et de l’absence d’une structure étatique va, non seulement rester en vie, mais va rédiger son œuvre la plus monumentale, le Talmud, suivi de milliers d’ouvrages qui ont construit la conscience juive ?

Une obscurité fertile

A la suite de Vaeth’hanane, vient la parachath Ekev qui représente la seconde étape de l’exil. Le verset introductif de cette paracha nous dit « …ekev tichméoune, une expression que l’on peut traduire par « …si vous écoutez ». Mais alors que dans Vaeth’hanane c’était D.ieu qui agissait, dans Ekev c’est le Juif qui est au centre de l’action.

Afin de clarifier cette idée, le texte emploie pour le mot « si » le mot Ekev qui est très peu usité. Mais dans ce cas là, il a été utilisé parce qu’il se rapproche du mot Akev qui signifie « talon » et rappelle aussi l’expression « Ikveté déméchi’hé » qui signifie « les talons du Machia’h », l’ultime période avant la venue du Machia’h. Quel rapport peut-on lire entre les mots « si », « talon » et « talons de Machia’h ?

L’exil n’est pas une fatalité. Si D.ieu y a placé Son peuple c’est pour que, malgré l’adversité, il déploie toutes ses forces intérieures qui lui permettront de rester attaché au judaïsme. De ce point de vue là, l’exil présente une supériorité par rapport à l’époque du Temple.

L’existence du Temple était l’indice que D.ieu résidait dans le monde et trois fois par an, à Pessa’h, Chavouoth et Souccoth, le peuple juif se rendait à Jérusalem pour être le témoin de ce dévoilement divin. Il y avait là une certaine « passivité spirituelle » dans la mesure où l’on venait pour voir D.ieu. Il fallait simplement se déplacer à Jérusalem. Ce qui est loin d’être le cas en exil où l’obscurité spirituelle place un écran entre D.ieu et Son peuple et oblige ce dernier à produire de grands efforts pour rechercher (et trouver) la divinité.

C’est ce que veut nous enseigner notre verset : le talon, affirment nos Maîtres, est la partie la plus insensible du corps. C’est une allusion à l’époque finale de l’histoire (les talons du Machia’h) au cours de laquelle le juif est devenu insensible au judaïsme, du fait de l’assimilation. Et là, D.ieu lance un défi au peuple juif : si, malgré la pénombre de l’exil, vous écoutez la voie du judaïsme, vous mériterez de voir l’Infini malgré les difficultés de l’exil.

Vers le Bien

Cette promesse de vision s’explique par la troisième paracha, la parachath Rééh qui signifie « Regarde ». Dieu nous demande de voir au travers de tous les évènements de l’histoire que la délivrance messianique est à nos portes du fait de nos efforts durant l’exil. Le monde a changé : les Juifs ne souffrent plus, comme dans les siècles précédents d’un antisémitisme virulent et meurtrier.

On assiste à un retour évident de nombreux Juifs à la pratique du judaïsme. La pratique du Bien parmi les nations a tendance à se généraliser. Tous ces signes sont pour nous l’indice que la venue du Machia’h est très imminente. Pour un monde dont le seul souci sera la connaissance du Créateur.