‘L’âme désire le dévoilement de l’Essence divine qui Se trouve dans le corps :

‘Rabbi Eléazar Hakapar disait : C’est malgré toi que tu as été créé, c’est malgré toi que tu es né, c’est malgré toi que tu vis et malgré toi que tu meurs…’.

Le Rabbi pose la question suivante : si l’on nait malgré soi pourquoi dans ce cas devient-on attaché à la vie au point que l’on meurt malgré soi ? A cette question le Rabbi répond qu’avant de naître l’âme ne désire pas descendre dans le corps. En effet, ‘l’âme est une parcelle véritable de Divinité d’En-haut’ et pourquoi devrait-elle quitter sa source divine pour descendre dans un corps et devenir prisonnière d’une âme animale ? Pour quelle raison devrait-elle s’exiler dans un monde rempli d’impureté et où la possibilité est donnée à l’homme de choisir entre le bien et le mal ?
De fait, face à la mission qui lui est imposée de descendre dans le corps afin de le raffiner et de le purifier, l’âme éprouve de la réticence et c’est pourquoi il est dit :’c’est malgré toi que tu es né !’.
Cependant, lorsque l’âme s’habille dans le corps et quelle y accomplit sa mission par l’accomplissement des Commandements divins, elle reçoit grâce au corps une lumière très élevée. De ce fait l’âme s’élève à un niveau supérieur à celui qu’elle avait avant de descendre dans le corps. C’est pour cette raison que lorsque l’âme parvient au terme de la mission qui lui a été confiée elle ne veut plus quitter son corps, et c’est à ce sujet qu’il est dit : ‘c’est malgré toi que tu meurs’.

Dans le Livre Torat-Chalom, le Rabbi Rachab explique ce principe en ces termes :

‘L’âme désire accomplir les commandements divins avec la contribution du corps car par ce moyen il y a un surplus de lumière. Les lumières qui se dévoilent grâce à la contribution du corps émanent de l’Essence divine. De fait, ce dévoilement de lumière est beaucoup plus élevé que la lumière de l’âme elle-même dont le niveau est celui de ‘la lumière qui remplit les mondes’ (Or -mémalé) alors que la lumière qui éclaire l’âme grâce au travail du corps est supérieure du fait qu’elle est du niveau de l’Essence divine (la lumière qui entoure les mondes’ : Or-sovev)’.

Ainsi, à présent, la lumière qui éclaire lame grâce au fait qu’elle s’habille dans le corps est extrêmement élevée, et dans les temps futurs ce principe apparaîtra avec encore plus d’évidence et de clarté puisqu’il est dit que dans les temps futurs ‘l’âme sera nourrie par le corps’. La ‘Hassidout nous enseigne que ‘l’âme sera nourrie par le corps’ signifie que l’âme recevra du corps la force de l’Essence divine qu’il possède (Likouteï-Si’hot, volume 15, page 411).
Au sujet du verset ‘Tu nous as choisi parmi tous les peuples’ l’Admour Hazaken nous enseigne que le contenu profond de ce verset est que L’Eternel a choisi le corps des enfants d’Israël et cela signifie que c’est précisément dans la matière du corps que se trouve la force de l’Essence divine.

Par ailleurs, le Rabbi Rachab souligne que du fait que D.ieu a choisi le corps des enfants d’Israël et du fait que ‘l’âme Juive est une parcelle véritable de divinité d’En-haut’, il va de soi que l’ame désire aussi le corps (Torat-Chalom, page 132).

La différence entre les mois d’hiver et les mois d’été :

Dans le Dvar Mal’hout sur notre Paracha le Rabbi compare la lumière du soleil à la lumière de l’âme. La lumière de l’âme se dévoile dans le corps et cela implique de raffiner et de purifier le corps afin que celui-ci perde sa grossièreté et devienne un bon réceptacle pour la lumière de l’âme.
Pendant l’été le soleil brille avec force, et de la même façon, pendant l’été notre service divin consiste essentiellement à dévoiler la lumière de l’âme qui est ici comparée au soleil. Nous devons donc purifier le corps afin que celui-ci ne constitue pas un obstacle à ce dévoilement, mais le Rabbi souligne que l’essentiel de notre travail consistera à dévoiler la force de la lumière de l’âme.

A l’opposé pendant les mois d’hiver, et tout particulièrement pendant le mois de Tévet, le soleil ne brille plus du tout avec la même force et le froid est alors dominant. De manière profonde cela signifie que pendant la période hivernale la lumière de l’âme ne brille pas avec la même force que pendant les mois d’été et c’est la raison pour laquelle l’essentiel de notre travail pendant les mois d’hiver consiste à ‘purifier notre corps précisément au moyen du corps lui-même et non pas au moyen de la lumière de l’âme’.

La force de l’Essence divine se trouve dans le corps :

Cette déclaration du Rabbi peut surprendre. En effet, comment est-il possible de transformer un corps grossier et matériel en un corps saint, au moyen du corps lui-même et sans la contribution de l’âme ?
Dans le Likouteï-Sihot (volume 15, page 411) le Rabbi nous enseigne que ‘le lien qui unit la matière du corps à D.ieu est plus élevé que le lien qui unit l’âme à D.ieu car c’est précisément dans la matière du corps que se trouve la force de l’Essence divine’.

L’un des points de la Si’ha du Dvar-Mal’hout qui fait l’objet de notre étude est le principe que le Rabbi rapporte ici selon lequel ‘la force de l’Essence divine qui est dans le corps se dévoile lorsque la lumière de l’âme n’est pas dévoilée dans le corps’. En effet, le Rabbi nous enseigne qu’il existe deux façons d’illuminer l’obscurité de l’exil. La première façon consiste à amener de la lumière pour chasser l’obscurité, c’est à dire que dans ce cas la lumière va remplacer l’obscurité. La deuxième façon consiste à ce que l’obscurité elle-même se mette à éclairer, ainsi qu’il est dit : ‘Dans les temps futurs la nuit brillera comme le jour’.

Un exemple du Baal-Chem-Tov :

Le Rabbi illustre ce principe au moyen d’une histoire du Baal Chem Tov que son beau-père le Rabbi Rayats lui rapporta au nom du Tséma’h Tsédek :

‘Un jour, alors qu’il n’y avait pas suffisamment de lumière dans le Beïth Ha Midrache, les élèves du Baal Chem Tov demandèrent à leur Maître ce qu’ils devaient faire. Le Baal Chem Tov leur répondit de détacher quelques stalactites de glace qui étaient accrochées sur le bord du toit du Beïth-Ha- Midrache. Les élèves partirent alors en chercher et lorsqu’ils les déposèrent sur les tables du Beïth-Ha-Midrache elles se mirent à briller et le Beït-Ha-Midrache fut alors inondé de lumière.

La glace est comparée ici au corps de l’homme, car de même que le corps constitue un voile qui cache la lumière de l’âme, la glace représente elle-aussi l’obscurité. En effet, le cerveau et l’intellect sont froids, et le Rabbi nous enseigne l’avantage de l’étude de la ‘Hassidout est qu’elle réchauffe le cœur et l’intellect, lui apporte de la chaleur et de la lumière. Le Rabbi rapporte dans le Hayom-Yom du 11 Sivan les paroles du Rabbi Rachab à ce sujet :

‘Dans le service de D.ieu base sur la ‘Hassidout on retrouve tous les niveaux qui existent. Celui du mort n’a nullement besoin d’être défini, Mais, D.ieu merci, la résurrection des morts existe également dans sa dimension spirituelle. Un mort est froid, et rien n’est plus froid que la logique humaine, que l’intellect naturel. Mais, lorsque l’intellect naturel perçoit un concept divin, et que les sentiments s’enflamment en concevant ce plaisir intellectuel, alors il s’agit d’une véritable résurrection des morts.’

La ‘Hassidout est comparée à l’huile car la lumière de la ‘Hassidout éclaire l’intellect en lui permettant ‘de percevoir un concept divin’ et elle éclaire le cœur au point ‘de s’enflammer en concevant le plaisir de l’intellect’.
La glace est froide et le froid évoque l’obscurité, ainsi que la ‘Hassidout nous l’enseigne. Bien que la glace représente la froideur et l’obscurité, il n’en demeure pas moins qu’elle peut, elle-aussi, éclairer. Il en va de même pour le corps de l’homme et pour tout c et la froideur et le miracle accomplit par le Baal-Chem-Tov vient pour nous enseigner que le corps peut lui-même éclairer sans la contribution de l’âme car il possède un niveau supérieur à l’âme.

Messirout-néfech ou la capacité de faire totalement don de nous-mêmes, d’après un enseignement du Rabbi Rayats :

Dans le Livre du Rabbi Rayats qui regroupe les discours Hassidiques du Rabbi de l’année 5685 (page 257 jusqu’à la page 264), le Rabbi Rayats explique que lorsqu’un Juif termine sa prière et qu’il retrouve ses activités dans ce monde profane, il arrive donc qu’il ne ressente plus dans son cœur la soumission qu’il a ressenti pendant sa prière. Son cœur n’est plus enflammé par l’amour de D.ieu. Il peut alors arriver qu’il tombe dans la grossièreté et l’absence d’humilité. Le Rabbi décrit cet homme comme ‘un homme qui dort dans l’exil’, mais malgré cela le Rabbi souligne que même dans ‘le sommeil de l’exil le cœur de cet homme demeure éveillé !’.
Nous devons comprendre que ‘le cœur de cet homme qui demeure éveillé’ est une allusion à l’Essence de l’âme Juive. L’Essence de l’ame Juive fait Un avec D.ieu et un Juif fait Un avec D.ieu quel que soit la situation et l’exil dans laquelle il se trouve. Même dans la plus profonde obscurité chaque Juif demeure lié à D.ieu, et rien ne peut affecter l’amour que chaque Juif ressent pour son Père qui est dans le ciel. La capacite de Messirout-néfech, c’est à dire la capacité de faire don de sa propre Vie pour sanctifier le Nom de D.ieu n’appartient qu’au Peuple Juif car seuls les enfants d’Israël sont unis au Saint béni soit-Il au point que ‘l’âme Juive est une parcelle véritable de Divinité d’En-haut’.
Or, le Rabbi Rayats écrit que ‘le Point du Cœur d’un Juif’ (c’est à dire l’Essence de l’âme Juive) Se dévoile précisément quand un Juif doit faire face à l’Ennemi, à celui qui soppose a son service divin ou a tout ce qui remet en question le lien essentiel qui l’unit à son Père qui est dans le ciel. Cela veut dire que la capacite des Juifs de faire don d’eux-mêmes se dévoile beaucoup plus facilement pendant l’exil qu’à l’époque du Temple, car ‘lorsqu’un ennemi s’oppose à notre étude de la Torah ou à notre accomplissement des Commandements divins cela réveille l’Essence du point du cœur, lequel représente la Emouna pure qui vit dans l’âme et dans le cœur de tous les enfants d’Israël’.
Le Rabbi met en relief ‘l’importance de ces Juifs simples car ce sont eux précisément, qui s’éloignent du mal et font le bien de manière concrète au-delà de la raison et de l’intellect sans être impressionné ni dérangé par quoi que ce soit. Ils savent seulement qu’ils doivent prier dans un Myniane, dire les Téhilim, accomplir les Commandements divins avec chaleur, éduquer leurs enfants selon la Voie de la Torah et des Mitsvoth, renforcer par tous nos moyens ceux qui ont la crainte de D.ieu et qui se consacrent à l’étude de la Torah car cela est très précieux aux d’Hachem’.

Ainsi, il est possible de dévoiler la force de Messirout-néfech de notre âme beaucoup plus facilement à présent bien que nous vivions dans l’exil le plus profond et le plus obscur, que pendant la période ou le Temple était bien construit et bien présent sur la Terre d’Israël et qu’il éclairait de sa Lumière sainte l’âme et le cœur de tous les enfants d’Israël.

L’exemple du Rabbi Rayats du ‘talon du pied’ (lequel symbolise la matière du corps) et de l’eau bouillante (laquelle est une allusion à l’obscurité de l’exil) :

Afin d’expliquer ce principe, le Rabbi Rayats donne pour exemple le fait qu’il est plus beaucoup plus facile d’entrer le talon que d’entrer la tête dans de l’eau bouillante.
L’intellect se révèle dans le cerveau mais la volonté se révèle plus dans le talon du pied que dans le cerveau.
La force de Messirout-néfech se dévoile dans le talon plus que dans la tête, et cela s’accorde au principe selon lequel la force de l’Essence divine se trouve dans le corps.
Notre génération est la génération du talon du Machia’h et la force du Don de soi (Messirout-néfech) est plus dévoilée dans notre génération que dans celle de Moche qui est elle-même appelée la génération de la Tête.

Le Rabbi Rayats nous enseigne que plus la lumière se dévoile, plus la matière du réceptacle de cette lumière doit être affinée. La matière de la tête est donc plus affinée que la matière du cœur et la matière du cerveau est plus affinée que la matière de l’œil, et la matière des organes respiratoires est plus affinée que la matière du pied, jusqu’à ce que la matière du talon qui est à l’extrémité du pied est la matière qui est la plus grossière et la moins affinée. Cependant, ‘plus une chose est élevée plus elle descend à un niveau très bas’. Par exemple, une pierre qui se trouve tout en haut d’un mur et qui tombe sur le sol s’éloignera davantage si elle tombe du haut du mur que si elle tombe d’un endroit du mur qui est moins élevé.

Il en va de même pour l’intellect. Plus un homme est élevé intellectuellement plus il descendra au niveau de son élevé et saura se mettre à sa portée. Mais si le Maître est moins élevé il ne saura pas enseigner et descendre au niveau de son élevé. Cela est aussi vrai pour toutes les forces de l’âme, car puisque la volonté est supérieure à l’intellect elle descendra à un niveau très bas et agira aussi bien dans les pieds que dans la tête. Mais du fait que la matière de la tête est très affinée et que la lumière de l’intellect se révèle précisément dans la tête et non pas dans le talon, la force de la volonté se révèle moins dans la tête que dans le talon. Le talon est plus réceptif à la volonté que la tête car la lumière de l’intellect est absente dans le talon.

Ainsi, la matière de la tête possède l’avantage par rapport au talon du fait que la matière de la tête est plus affinée que celle du talon et que dans ce cas la lumière de l’intellect se dévoile plus dans la tête que dans le talon. D’un autre côté, la force du talon est que la volonté se dévoile davantage dans le talon que dans la tête. La volonté est une force Makif qui est plus élevée et plus puissante que la force de l’intellect (qui est une force Pnimi. C’est pour cela qu’il est plus facile d’entrer le talon dans de l’eau bouillante que d’y entrer la tête.

Ainsi, d’une certaine façon la force de la volonté qui est au-delà de l’intellect se dévoile plus dans le talon où la lumière de l’intellect ne réside pas. Dans ce cas rien ne s’oppose à ce dévoilement, alors que dans la tête l’intellect constitue un obstacle au dévoilement de la volonté qui est elle-même au-delà de l’intellect.

Fin de la première partie