Dans le Dvar Mal’hout sur notre Paracha, le Rabbi rapporte le livre du Zohar dans lequel il est dit que Pharaon représente la racine et la source de toutes les forces du mal. Son impureté est telle que Moché lui-même craignit d’aller à sa rencontre (Likouteï Si’hot, 1951, page 271-284).

C’est la raison pour laquelle le Saint béni soit-Il ne donna pas à Moché l’ordre de se rendre seul chez Pharaon, l’Eternel ne dit pas à Moché : ‘Va (seul) chez Pharaon! (Avec tes propres forces) mais Il lui dit : ‘Viens chez Pharaon ! ‘, ce qui sous-entend que D.ieu Lui-même accompagne Moché : ‘Viens avec Moi chez Pharaon ! ‘.

La mission de Moché ne fut pas seulement d’obliger Pharaon à libérer les enfants d’Israël en les laissant quitter l’Egypte. Moché devait également briser la force de Pharaon car la chute de Pharaon fait partie de la Délivrance d’Egypte et le Rabbi souligne que le nom de cette Paracha : ‘Bo’ fait partie intégrante de la Délivrance.

D.ieu a créé chaque chose avec son contraire : de ‘l’autre côté de la Sainteté’ Pharaon est appelé ‘le grand serpent’ (Zohar) car comme il a été dit ‘Pharaon représente la source de toutes les forces du mal’. Par contre, du ‘côté de la Sainteté’ Pharaon représente les plus hauts dévoilements.

Pour se rendre chez Pharaon et combattre son impureté, Moché devait avant tout recevoir de D.ieu des forces particulièrement très élevées. ‘Viens avec Moi chez Pharaon’ signifie donc que Moché devait tout d’abord atteindre le niveau de ‘Pharaon du côté de la Sainteté’. Ce niveau supérieur représente des dévoilements qui sont au-delà de toutes les limites, et c’est pourquoi Hachem devait nécessairement l’accompagner, car seul D.ieu peut donner à Moché (qui est malgré tout un être limité, une âme dans un corps) la force de recevoir de tels dévoilements, grâce auxquels Moché deviendrait capable de briser la force du ‘grand serpent’.

Dès-lors nous comprenons que ‘Viens avec Moi chez Pharaon (de la Sainteté)’ fait partie intégrante de la Délivrance. La sortie d’Egypte fut une préparation au don de la Torah, et le don de la Torah permit à tous les enfants d’Israël d’unir les mondes supérieurs avec notre monde matériel, de faire de ce monde une demeure pour l’Essence divine. La force que L’Eternel donna à Moché, pour lui permettre de recevoir des dévoilements au-delà de toutes les limites (afin de combattre Pharaon) est la même force qu’Il donna à chaque Juif pour lui permettre de recevoir le dévoilement de la Torah et réaliser sa mission d’unir le spirituel au matériel.

Le contenu profond de cet enseignement du Rabbi s’exprime tout aussi bien dans notre combat d’aujourd’hui qui consiste à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour dévoiler notre Juste Machia’h en brisant toutes les limites et pour sortir enfin de l’obscurité de l’exil, de l’Egypte.

Le Rabbi explique la raison pour laquelle Moché refusait de se rendre chez Pharaon. Il prétexta que ‘sa bouche était lourde’, en d’autres termes qu’il avait des difficultés à parler. Dans le sens profond, le bégaiement de Moché signifie que la lumière de son intellect ne parvenait pas à se fondre dans les mots qu’il prononçait. Les forces de son intellect ne parvenaient pas à fusionner avec les articulations de sa bouche. En fait, la bouche de Moché ne fusionnait pas avec son cerveau car les enfants d’Israël ne fusionnaient pas avec Moché.

En effet, Moché se demandait si les enfants d’Israël étaient capables de recevoir les hautes lumières du monde de Tohou qu’il détenait. Ce doute qui vivait dans l’esprit de Moché s’exprimait physiquement par le fait que sa parole ‘doutait’, qu’il bégayait.
Dès-lors, nous pouvons comprendre les raisons pour lesquelles l’Eternel, qui désirait accompagner Moché, lui déclarait : ‘Je seconderais ta parole’ et ‘Je t’inspirerais ce que tu devras dire’.

L’enseignement du Rabbi apparaît ici avec clarté. La force de l’Essence divine a le pouvoir d’atteindre tous les niveaux, tous les endroits. Elle a le pouvoir d’unir l’esprit à la matière. Le pouvoir d’unir les lumières spirituelles du cerveau de Moché avec les mots matériels de sa bouche. Le pouvoir d’unir deux choses qui s’opposent totalement.

L’exemple que l’on peut donner ici est celui du Baal-Chem-Tov. Rabbi Israël Baal-Chem-Tov déclara en effet, que lorsque l’Essence de son âme se révélait dans les mots de sa bouche, il pouvait parler sans avoir à chercher ses mots, sans avoir besoin de faire attention à ce qu’il disait. Les mots coulaient de sa bouche comme le flot d’une source, et cela n’est pas sans nous rappeler la déclaration du Machia’h selon laquelle ‘Je viendrais quand tes sources se répandront à l’extérieur’.

La venue du Machia’h est la révélation de l’Essence divine dans ce monde, et le verset ‘Viens (avec Moi) chez Pharaon’, qui sous-entend que l’Eternel accompagne la parole de Moché, afin que celle-ci brise la force du ‘grand serpent’ représente le début de la Délivrance finale, car il est le commencement et la préparation au dévoilement de l’Essence divine.

Le Rabbi insiste sur le fait que la force de ‘Viens (avec Moi) chez Pharaon’ est donnée à tous les enfants d’Israël, de toutes les générations, jusqu’à notre génération, qui est celle de la Délivrance finale.

Aussi, notre mission consiste à ‘aller avec D.ieu chez Pharaon’. C’est-à-dire à dévoiler la force de l’Essence de notre âme qui est enracinée dans l’Essence divine afin qu’elle brise les désirs de notre âme animale, ‘la peau de serpent’ (comme l’appelle le livre du Zohar).

Attirer l’Essence divine en nous-même, afin qu’elle se révèle non pas seulement dans notre âme mais aussi dans notre corps tout entier, dans toute notre existence, au-delà des quatre coudées qui nous entourent. C’est ainsi que nous accomplirons notre mission de faire de ce monde une demeure pour l’Essence divine, en parvenant à briser les forces du mal, ‘la force du grand serpent’, à briser toutes les limites.

Dans le livre du Tanya, l’Admour Hazaken nous enseigne que la Séfira de Mal’hout est aussi appelée ‘la Bouche de l’Eternel’, ‘Par le souffle de Sa Bouche, l’Eternel crée et maintient en vie toute la Création’. Il nous apparaît alors que l’expression ‘Viens chez Pharaon’, laquelle représente (d’après le Zohar) l’union des plus hautes lumières avec la Séfira de Mal’hout s’accorde parfaitement à l’enseignement du Rabbi selon lequel l’Essence divine se dévoilait dans ‘la bouche de Moché’ afin qu’il puisse dispenser sa lumière aux enfants d’Israël. Par ailleurs, le Rabbi ne manque pas de mentionner dans son discours que son beau-père le Rabbi Rayats, à la fin de sa vie terrestre avait comme Moché de grandes difficultés à parler.

Le Rabbi nous demande alors de poursuivre l’action du Rabbi, c’est-à-dire de continuer à diffuser les Sources à l’extérieur en faisant véritablement don de nous-mêmes. Conformément à l’enseignement selon lequel ‘le Rabbi est la ‘Tête qui dirige le peuple’, et les enfants d’Israël sont ‘les Pieds de Moché’, si le Rabbi eut des difficultés à parler, alors le Rabbi déclare dans le Dvar Mal’hout que les ‘Hassidim ont le devoir d’étudier la Torah du Rabbi Rayats afin de compléter ses Paroles.

A l’évidence, cela n’est pas sans sous-entendre que le Rabbi nous accompagne, qu’il ‘seconde notre parole et qu’il inspire ce que nous devons dire’ afin de dévoiler notre Juste Machia’h très bientôt et de nos jours avec l’aide d’Hachem.