(Pour la santé de ‘Hanania ben Yamna, et de Esther Malka bat Peïrel)

 

Dans le Hayom Yom du 11 Tichri, le lendemain de Yom Kippour, le Rabbi parle du lien qui unit l’essence de l’âme Juive à l’Essence divine.

A priori ce sujet semble être celui du jour de Yom Kippour lui-même, et dans ce cas pourquoi n’est-il rapporté dans le Hayom-Yom que le lendemain de Kippour ?

La réponse à cette question transparaît dans l’histoire suivante : le lendemain de Kippour, le Rabbi Rayats demanda à son père le Rabbi Rachab, ce qu’il convenait de faire au lendemain d’un jour aussi saint. Le Rabbi répondit alors à son fils que le moment est propice pour faire Téchouva.

De fait, la ‘Téchouva’ désigne le ‘retour’, et en l’occurence, il s’agit ici de retourner à la racine de notre âme, au lien essentiel qui unit l’âme de chaque Juif à son Père qui est dans le ciel.

‘L’essence de l’âme est enracinée dans l’Essence divine’ et à l’évidence, pour le Rabbi Rachab, ce travail qui consiste à dévoiler la force de l’essence de l’âme dans notre intellect, dans nos sentiments, et dans nos actions, est un travail de longue haleine. Ce travail commence dès le lendemain de Kippour, car nous avons reçu de D.ieu, durant le jour de Kippour, les forces nécessaires pour y parvenir.

En effet, le mot Neïla, qui désigne la cinquième prière du jour de Kippour (Yé’hida signifie ‘Unique’, et désigne le cinquième niveau de l’âme), s’apparente au mot ‘naoul’ qui signifie ‘verrouillé’.

Pendant la prière de la Neïla, L’Eternel ‘verrouille’ toutes les portes, pour S’entretenir en privé avec les enfants d’Israël. Pendant la prière de la ‘Neïla’, Hachem, L’Unique de ce monde, révèle le niveau de Yé’hida de l’âme de chaque juif.

C’est donc, aussi, pour cette raison que le Rabbi rapporte dans le Hayom-Yom du 11 Tichri, qui est le lendemain du jour de Kippour, un enseignement de l’Admour Hazaken sur l’Essence divine (le chiffre ’11’ n’est d’ailleurs pas sans évoquer le niveau de l’Essence, lequel dépasse totalement les 10 Séfirot du Monde d’Atsilout, et de tout l’enchaînement des Mondes).

Cet enseignement du Hayom-Yom se base sur le verset (Dévarim, 4, 7) : ‘Car quel est le grand peuple qui a un D.ieu proche de lui, comme L’Eternel notre Dieu chaque fois que nous L’appelons’.

L’idée qui est développée ici par le Rabbi, est liée à la façon dont nous devons nous adressons à D.ieu pendant la Prière.

L’Eternel crée le monde en habillant Sa grande lumière infinie dans des Noms divins (les 7 Noms que l’on ne peut effacer). Or, ces Noms ne désignent absolument pas ce qu’est D.ieu réelement, car L’Eternel est Lui-même פשוט בתכלית הפשיות , c’est à dire au-delà de tous les Noms qui Le limitent, car les 7 Noms de D.ieu, ‘que l’on ne peut pas effacer’, ne sont que des ‘vêtements’, des Kélim.

Ainsi d’après le Pardess Rimonim, l’expression’chaque fois que nous L’appelons’ (‘béhol karénou Elav’) signifie que lorsque nous prions, nous devons nous adresser à D.ieu, tel qu’Il est, bien au-dela de Sa ‘bonté’, de Sa ‘rigueur’, ou de tout autre Ses attributs.

L’exemple rapporté par le Pardess est celui de l’eau que l’on verse dans des récipients colorés, Dans un récipient de couleur rouge, l’eau apparaîtra rouge, dans un récipient de couleur bleue, elle apparaîtra bleue…Mais en vérité, l’eau n’a pas de couleur.

Il en va de même lorsque nous prions, nous devons penser à D.ieu tel qu’Il est, au-dela de tous les Noms divins. A l’exemple de l’eau qui n’a pas de couleur, l’Essence divine n’a pas de ‘Noms’.

C’est pourquoi il est dit dans le Hayom-Yom :

‘Le Pardess dit que ‘Elav’, ‘nous L’appelons’, fait référence aux lumières qui s’habillent dans les 10 Séfirot du monde dAtsilout’.

La lumière qui s’habille dans les dix Séfirot est une lumière infinie, à l’exemple de l’eau qui n’a pas de couleur, et à l’exemple de D.ieu qui est au-delà de tous les Noms divins. Aussi, notre attention pendant notre prière, lorsque ‘nous L’appelons’, doit être portée précisément sur cette lumière infinie, et non pas sur les Kélim limités dans lesquels elle s’habille, qui sont à l’exemple de ces verres colorés, à l’exemple des attributs divins.

L’explication du Baal Chem Tov de ‘nous L’appelons’ est encore plus profonde :

‘Le Rabbi, le Baal Chem Tov, dit : ‘Elav’, le Divin des Kélim des 10 Séfiroth du monde d’Atsilout’.

Le Tséma’h Tsédek explique que l’intention du Baal Chem Tov n’est pas sur les lumières qui s’habillent dans les Séfirot חיוהי, mais sur la vitalité des Kélim des Séfirot.

En effet, en plus des lumières qui s’habillent dans les Kélim חיוהי , il y a aussi la vitalité des Kélim.

On peut voir par exemple que lorsque l’âme quitte le corps (après 120 ans), le corps continue ‘d’exister’ du fait qu’il ne s’annule pas complètement. Force est donc de constater, que les Kélim (le ‘corps’) possèdent une vitalité, en plus des lumières qu’ils contiennent.

Ainsi, le Baal Chem Tov déclare que cette lumière qui vitalise les Kélim, est supérieure et bien plus profonde que celle qui s’habille dans les Séfirot.

Nous pouvons donner ici l’exemple du corps, le Kéli, et de l’âme, la lumière.

En effet, l’origine du corps est supérieure à celle de l’âme, et cela à tel point, que dans les temps futurs, ‘l’âme sera nourrie par le corps’.

Il en va de même ici, le Baal Chem Tov souligne que l’origine de la vitalité des Kélim (le corps) est bien plus plus profonde et supérieure à celle des lumières (l’âme) qui s’habillent dans les Kélim.

Ainsi, d’après le Baal Chem Tov l’expression ‘nous L’appelons’ (karénou Elav’) fait référence au niveau de : ‘Lui et Ses Kélim גרמוהי ne font qu’un’, qui est un niveau supérieur à celui de ‘Lui et Ses lumieres ne font qu’un’, ‘car L’Eternel détient la force de descendre plus bas et de s’unir (non pas seulement avec les lumières) mais aussi avec les Kélim’ (voir ‘Hayom-Yom Hamévoar’, ‘Editions Kehot’).

L’explication de l’Admour Hazaken vient alors pour nous donner le sens profond de ces deux explications. L’union de D.ieu avec Ses lumières (l’explication du Pardess selon laquelle ‘Elav’ désigne les lumières qui s’habillent dans les Kélim des 10 Séfirot d’Atsilout), et l’union de D.ieu avec Ses Kélim (l’explication du Baal Chem Tov, selon laquelle ‘Elav’ désigne le Divin des Kélim des 10 Séfirot d’Atsilout), procède de L’Essence divine : ‘Elav’, et ce niveau est à la portée de chaque Juif.

Dans le verset : ‘Car quel est le grand peuple qui a un D.ieu proche de lui (‘Elav’), comme L’Eternel notre Dieu chaque fois que nous L’appelons (‘Elav’)’, il est écrit à deux reprises le mot ‘Elav’, une fois pour l’essence de l’âme et une fois pour l’Essence de D.ieu, aussi la Téfila consiste au fait de s’adresser à L’Essence de D.ieu, du plus profond de nous-même, au moyen de l’essence de notre âme.

Dans cet enseignement que rapporte le Rabbi dans le Hayom Yom, l’Admour Hazaken souligne donc que la qualité de l’Essence divine, est ce pouvoir unique d’unir l’esprit, la lumière, à la matière, le ‘corps’.

Or, bien que cet enseignement concerne la Téfila, on peut aussi l’étendre à l’action concrète.

La mission d’un Juif consiste aussi à unir sa prière à son action concrète : ‘Grande est l’étude qui mène à l’action’.

Notre étude de la ‘Hassidout doit, elle-même, être cristallisée par un acte. Notre cri, ‘Ad Mataï ?’, notre prière de demander le Machia’h, doit se fondre dans notre action concrète, ‘au lendemain de Kippour’, après que L’Eternel ait dévoilé le niveau de Yé’hida de notre âme.

Notre action doit crier notre désir du Machia’h.

Et, peut-être est-il possible d’expliquer le premier verset de notre Paracha (Haazinou, 32, 1) : ‘Prêtez l’oreille cieux, et je parlerai et que la terre écoute les mots de ma bouche’. De la manière suivante. La ‘terre’ désigne notre action concrète, matérielle, et ‘les mots de ma bouche’ désignent notre prière, notre demande du Machia’h.

‘La terre écoute les mots de ma bouche’ signifie donc que notre prière, ‘Ad mataï ?’, se fond dans nos actions, et notre travail, pendant l’exil pour provoquer la venue du Machia’h, avec l’aide de D.ieu, très bientôt et de nos jours.