Ce mercredi 17 Ména’hem-Av (21 août 2024) marque le yahrzeit du Rav Adin Éven-Israël (Steinsaltz) qui nous a quittés il y a quatre ans. Sur sa tombe au mont des Oliviers de Jérusalem, dans le carré ‘Habad, se trouve gravé l’extrait d’une lettre du Rabbi après sa première rencontre avec lui : « J’ai découvert en lui beaucoup plus de qualités que l’on m’avait décrites à son propos… ».

 

Michel Allouche, Jérusalem

 

Il est sans doute inutile de revenir sur ces nombreuses qualités évoquées par le Rabbi : leur meilleur témoin est sans doute tout ce qu’il a pu accomplir tout au long de sa vie en faveur du peuple juif afin de diffuser à chacun les trésors de la connaissance juive. Et grâce au Merkaz Steinsaltz sous la direction de son fils le Rav Méni Éven-Israël et de ses nombreux élèves, son enseignement intarissable continue de faire l’objet de nombreux ouvrages, pour ne citer que quelques-uns : un commentaire magistral du Michné Torah du Rambam ainsi que de l’ensemble de la Michna et un premier volume de ses cours de ‘hassidout autour de Torah Or de l’Admour Hazaken. En français, d’autres traductions de son Talmud commenté ont été publiées chez Biblieurope ainsi que la traduction de son commentaire du livre d’Esther et Soulever les Cieux ; en projet également dans les prochains mois son commentaire de Pirké Avot (*).

Il nous paraît cependant opportun de citer ici deux extraits de ses écrits et interventions, le premier, ce qu’il écrivit à sa famille et ses amis avant de subir une opération chirurgicale cruciale mais non moins dangereuse, le deuxième reprenant ses paroles lors du dîner en son hommage après qu’il eut achevé son commentaire du Talmud en 45 volumes.

Ce qu’il écrivit à sa famille et ses amis :

« J’ai voulu accomplir beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Croyez-moi, ce n’était pas pour ma renommée. C’est un feu qui brûlait en moi : pour D.ieu et pour son Machia’h. Si j’avais su que d’autres réalisaient cela mieux que moi, je me serais caché dans un petit coin. D.ieu m’en est témoin : je ne me suis jamais imposé ni ne me suis jamais mis en avant en vue d’honneurs, de pouvoirs ou de tout ce qui pourrait y ressembler. Mais j’ai voulu accomplir beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Je vous en prie : poursuivez l’œuvre que j’ai voulu entreprendre.
Continuez à accomplir tout ce qui peut favoriser le lien entre le D.ieu d’Israël et le peuple d’Israël, le monde dans son ensemble et la Torah, que tous les quatre demeurent inséparables comme les quatre lettres du grand Nom divin.
Chéma Israël, Hachem Élokénou, Hachem É’had.
Et Lui seul détient la connaissance, pour l’éternité. »

Après avoir achevé le commentaire du Talmud (voir Laisse mon peuple apprendre aux Éditions du Cerf):

« Cet objectif de permettre à mon peuple de savoir n’est qu’une partie des prémices de ma pensée […] Plus profondément, je souhaiterais, puissé-je en être capable, “faire revivre” mon peuple ; c’est là mon intime volonté. Et de ce point de vue, j’ai à peine effleuré la surface du problème. Je voudrais en quelque sorte ‘contaminer’ tout le monde autour de moi par ma « maladie », par ma volonté de ranimer mon peuple. Certains sont sensibles au sujet ou en sont conscients, d’autres sont endormis ou ont oublié, mais au tréfonds de chaque être juif, se cache ce grand désir, celui de faire vivre et revivre notre peuple. Cette vaste ambition, à conduire par tous les moyens, devrait être partagée par un nombre grandissant de personnes de tout bord. »

Enfin l’un de ses dernières interviews :

« Lorsque je regarde un feu qui s’accroche à quelque chose et la manière dont il se tortille, pour essayer de monter et de pénétrer toujours plus haut, c’est un « jeu » qui me fascine. Voir comment la flamme avance, tout en s’élevant, la voici qui monte et descend, qui s’enfonce et soudain remonte à nouveau … Il y a ici énormément de passion. Le feu ne s’arrête pas. Les eaux peuvent se reposer, comme bien d’autres éléments encore. Ce n’est pas le cas du feu. Et lorsque ce dernier saisit un objet particulier, ce n’est pas seulement pour le toucher mais aussi pour le détruire, pour l’avaler. Ce spectacle du feu me passionne. « Un feu continuel sera entretenu sur l’autel, il ne devra point s’éteindre. » (Lévitique 6, 6). Il faut, tout simplement, se soucier de l’autel, qu’il y ait ou non de la place, le feu doit y être entretenu. J’aimerais ressembler à ce feu… »

Chacun saura percevoir là le but profond et ultime de la mission de « Rav Adin », une mission qu’il souhaite partager avec tous ceux qui partagent son amour d’Israël et sa volonté de réveiller l’âme de chaque Juif, aussi loin soit-il.

À n’en pas douter : « Un feu continuel sera entretenu sur l’autel, il ne devra point s’éteindre. »

 

——————————————

(*) Voici la liste complète des ses livres traduits en français en plus de nombreux traités de son Talmud commenté aux Éditions Biblieurope :

Éditions Albin Michel :

  • La Rose aux treize pétales
  • Hommes et Femmes de la Bible
  • Personnages du Talmud
  • Introduction à l’esprit des fêtes juives
  • Contes de sagesse de Rabbi Nahman de Braslav
  • Le Chandelier d’or
  • L’Homme debout
  • L’avenir du peuple juif

Éditions Fayard :

L’Alphabet sacré.

Éditions Biblieurope :

  • Téchouva
  • Commentaires du livre d’Esther
  • Soulever les Cieux

Éditions Bibliophane :

  • Personnages du Talmud
  • Mots Simples
  • Laisse mon peuple savoir
  • Avant-Propos – Matanel : Mots Simples
  • Néchama – Écoute ton âme

Éditions du Cerf :

  • Mon maître le Rabbi
  • Laisse mon peuple apprendre