Pour la Réfouah chélémah de Raphaël Chmouel Ben Sima

 

Le Rabbi nous enseigne que lorsque l’Eternel parla aux enfants d’Israël de toutes les générations, sur le Mont Sinaï, il n’y eut pas d’échos car rien ne peut arrêter la Parole de D.ieu.

 

En effet, la Parole de D.ieu n’est pas comme la parole de l’homme. Elle est à l’origine de toute la Création. L’Eternel crée les mondes et tout ce qu’ils contiennent au moyen de Sa Parole, et dans ce cas comment la simple paroi d’une montagne pourrait-elle constituer un obstacle capable de renvoyer le son qui émane de Sa Bouche ?

 

Ainsi, la Voix de l’Eternel pénétra non seulement dans la matière de toutes les montagnes du Sinaï, mais aussi dans l’âme de tous les enfants d’Israël.

 

Cet enseignement s’accorde avec la déclaration du Rabbi selon laquelle ‘les paroles dîtes avec douceur pénètrent dans le coeur de celui qui les reçoit et y font leur effet’, car c’est par la force de l’amour de D.ieu pour Israël, que Sa Parole bénie pénétra dans le coeur et dans l’âme des enfants d’Israël.

 

Les Sages nous ont enseigné que lorsque l’Eternel commença à dire les 10 Commandements, à la fin du deuxième Commandement les âmes des Juifs s’envolèrent. En entendant la Voix de son Père l’âme s’èlança d’un amour irrésistible pour se fondre dans sa source.

 

Le Rabbi souligne que les 10 Commandements sont mentionnés deux fois dans la Torah. La première fois à la Paracha Yitro, c’est l’Eternel lui-même qui S’adresse aux enfants d’Israël.

 

La deuxième fois à la Paracha Vaèt’hanan, c’est Moché qui les répète devant l’Assemblée d’Israël, durant la quarantième année de leur séjour dans le désert.

 

Lorsque l’Eternel s’adressa à Son peuple ‘les âmes des enfants d’Israël s’envolèrent’. De fait, la Parole divine ne pût être reçue de manière profonde, et c’est précisement pour cela que Moché dût les répéter devant tous les enfants d’Israël.

 

Moché unit le divin abstrait aux forces de l’intellect de l’homme. C’est à cela que se rapporte la déclaration du Rabbi (‘Vé Atah Tètsaveh’) selon laquelle Moché ‘nourrit les enfants d’Israël de Emounah’.

 

Lorsque Moché enseigna les 10 Paroles, elles atteignirent et touchèrent les Juifs de manière profonde, comprises au moyen de l’intellect, ressenties dans le coeur, et surtout, elles inspirèrent concrètement l’action.

 

C’est le sens de l’explication de Rachi sur le verset (Michpatim, 21, 1) ‘Et voici les Lois que tu placeras devant eux’. Les Lois de D.ieu sont comme des aliments ‘dréssés sur une table, prêts à être consommés’.

 

D’un autre côté, bien que la parole de Moché possède l’avantage d’être assimilée par l’homme, elle ne dévoile pas l’Essence divine, comme c’est le cas lorsque l’Eternel s’adresse directement aux enfants d’Israël.

 

En fait, il faudra attendre le Machia’h pour que la Parole de D.ieu s’unisse véritablement à celle de Moché. En effet, lorsque le Machia’h parlera aux enfants d’Israël, il dévoilera l’Essence divine et Celle-ci sera reçue de manière profonde par les Juifs sans que leurs âmes ne quittent leurs corps.

 

Le titre du livre du Rabbi ‘Dvar Mal’hout’ est une allusion à ce dévoilement unique. ‘Dvar Mal’hout’ c’est la Parole du Saint béni soit-Il, Le Roi des rois, mais en même temps ce sont les Mots du Rabbi.

 

La voix du Rabbi se fond en celle de l’Eternel et nous prépare au dévoilement du Roi d’Israël, le Roi Machia’h.

 

Les 10 Commandements lorsqu’ils sont dits par l’Eternel, représentent l’essence de l’âme d’un Juif, laquelle est au-delà de tous les mondes, au-delà de l’espace et au-delà du temps.

 

Les 10 Commandements lorsqu’ils sont dits par Moché, représentent la partie de l’âme qui s’habille dans le corps, l’intellect, les sentiments et l’action.

 

Moché fit descendre la Présence divine sur terre, et l’Eternel Se dévoila aux yeux de tous les enfants d’Israël. Il en va de même pour tous les Bergers de la ‘Hassidout depuis le Baal Chem Tov.

 

Rabbi Israël, le Baal Chem Tov, nous donna le premier le goût de l’Essence de la Torah, un peu à la manière des 10 Commandements, lorsque ceux-ci sont dits par l’Eternel, c’est-à-dire comme un dévoilement excessivement lumineux et encore abstrait.

 

Il faut attendre son successeur le Maguid et son élève l’Admour Hazaken, pour faire descendre la haute lumière du Baal Chem Tov dans l’intellect des premiers ‘Hassidim.

 

Puis vint le fils de l’Admour Hazaken, l’Admour Haemtsaeï. L’Admour Hazaken, le père, avait si bien fait son travail que la ‘Hassidout coulait dans les veines de l’Admour Haemtsaeï, le fils.

 

On raconte que l’Admour Haemtsaeï vint ranimer un jour son gendre le Tsémach Tsédek, car il avait perdu connaissance en connaissant l’extase en étudiant la ‘Hassidout. Il le ranima en lui faisant sentir un vêtement qui avait appartenu à l’Admour Hazaken.

 

En fait, l’oeuvre écrite par le Tsémach Tsédek est semblable à ce vêtement. Elle détient le pouvoir de réveiller notre âme et de la propulser vers sa source divine.

 

Son fils le Rabbi Maharach, en plus de ses enseignements et de ses discours ‘Hassidiques s’employa aussi à faire descendre l’Essence divine dans les nombreuses Méguiloth qu’il écrivit pour ses enfants.

 

Et puis vint le Rabbi Rachab dont les discours ‘Hassidiques s’élèvent au-delà des mots. Chaque mot, chaque lettre, chaque espace entre les lettres, crient la lumière infinie de D.ieu, et lorsqu’il se tenait dans une pièce, ses silences exprimaient autant que les mots qu’il prononçait. Il toucha l’endroit le plus profond du coeur et de l’âme de son fils le Rabbi Rayats.

 

Celui-ci, que l’on appelle aussi ‘le Rabbi précédent’ insuffla la vie à ses ‘Hassidim de la lumière qui précède les mondes. Il est le sixième Rabbi de ‘Habad. Le chiffre six est d’ailleurs la valeur numérique de la lettre Vav, laquelle représente la ‘Hamcha’ha’, c’est-à-dire le fait d’attirer et de faire descendre dans notre monde inférieur les plus hauts dévoilements divins.

 

Aussi, le Rabbi Rayats apposa ses deux mains sur la tête du Rabbi, pour lui transmettre la profondeur de la Parole de D.ieu.

 

Enfin, le Rabbi, le septième Rabbi de ‘Habad, est lui-même le Moché de notre génération, l’auteur du ‘Dvar Mal’hout’. Celui qui révèle la pensée de D.ieu au point de nous inspirer le don de nous-même dans chaque acte de notre vie. Avec le Rabbi le plaisir de D.ieu peut enfin être dévoilé véritablement, et illuminer les forces de notre âme, et les mondes tout entiers.

 

Mais s’il fallait s’arrêter sur l’une de ses qualités, ce serait l’occasion de mentionner ici, dans le contexte de notre Paracha, du don de la Torah et des 10 Commandements, l’incroyable douceur du Rabbi.

 

‘Les paroles dîtes avec douceur pénètrent dans le coeur de celui qui les reçoit et y font leur effet’.

 

A l’évidence ces paroles du Rabbi peuvent aussi bien s’appliquer à l’Eternel qu’à lui-même.

 

Les mots du Rabbi pénètrent dans le coeur comme la Parole de D.ieu pénétra dans la paroi des montagnes du Sinaï.

 

En regardant le Rabbi, en l’écoutant, nous comprenons que ‘rien ne peut arrêter La Parole de D.ieu’, que rien ne peut arrêter la révélation de Son Essence bénie, de la venue du Machia’h et de la Délivrance finale, très bientôt et de nos jours. Avec l’aide de D.ieu.

 

Rav Yaakov Abergel