Il existe une singularité propre à l’Admour Haemtsayi (Rabbi Dov Ber de Loubavitch, le second Rabbi de ‘Habad) : l’anniversaire de sa naissance et celui de son départ de ce monde – sa « Hiloula » – tombent en effet le même jour, le 9 Kislev. De plus, la fête qui célèbre sa libération des geôles tsaristes tombe le lendemain, le 10 Kislev.

Or, sachant que tous les évènements du calendrier juif sont intrinsèquement liés avec les parachiot qui sont lues les Chabbat des périodes durant lesquelles ils surviennent, il est évident qu’il existe une relation entre l’Admour Haemtsayi et les parachiot « Vayétsé » et « Vayichla’h » que nous lisons ce Chabbat 9 Kislev (5752 – 1991, Ndt) à l’office de Cha’harit et à celui de Min’ha. De cette relation découlent des enseignements notamment dans un sujet lié à notre génération et à la période actuelle, la Délivrance messianique. Nous avons en effet rappelé à plusieurs reprises récemment que la tâche du peuple juif en exil est dorénavant achevée et qu’il ne nous reste plus qu’à accueillir le Machia’h concrètement.

Pourquoi est-ce important ?

La qualité inhérente au fait que le jour du décès coïncide avec celui de la naissance nous est enseignée par le Talmud qui commente ainsi les paroles de Moïse le jour de son départ de ce monde « Je suis aujourd’hui âgé de cent vingt ans » (Deutéronome 31, 2) : « Qu’à voulu dire Moïse par ‘aujourd’hui’ ? : ‘aujourd’hui mes jours et mes années sont complètes’. Ceci t’enseigne que le Saint béni soit-Il complète les années des Tsadikim de jour en jour et de mois en mois, comme il est dit ‘Je comblerai la mesure de tes jours’ (Exode 23, 26) » (Talmud Roch Hachana 11a ; Sota 13b ; Kidouchine 38a)
On peut cependant se demander en quoi ceci représente une quelconque qualité. En effet, la véritable élévation d’un Tsadik est d’ordre spirituel et ne dépend pas du nombre précis d’années qu’il est amené à vivre corporellement. Nous constatons d’ailleurs que la plupart des Tsadikim n’ont pas quitté ce monde le jour de leur anniversaire.
La réponse à cela est que le service divin du Tsadik atteint sa plénitude lorsque sa perfection spirituelle transparaît dans la perfection d’ordre matériel du nombre de ses années. Cela indique qu’il a su raffiner sa propre matérialité au point où celle-ci n’est rien d’autre que le prolongement de sa spiritualité.
En effet, le monde est composé d’espace et de temps et l’année contient en elle tous les changements du temps (en hébreu, « chana – année » découle de « chinouï – changement »), la plénitude des années exprime donc la plénitude matérielle. Cette plénitude s’est exprimée chez les Patriarches qui naquirent et décédèrent tous durant le mois de Nissan, chez Moïse qui naquit et quitta ce monde le 7 Adar, et chez l’Admour Haemtsayi, le « Moïse » de sa génération.
[En vérité, l’enseignement du Talmud selon lequel D‑ieu « complète les années des Tsadikim » implique que cela est ainsi spirituellement pour tous les Tsadikim, même ceux qui n’ont pas quitté ce monde le jour de leur anniversaire (et ceci de deux façons possibles : soit parce qu’en un nombre réduit de jours il ont achevé la tâche impartie à leur dernière année, soit parce qu’ils ont reçu des jours supplémentaires au-delà du nombre parfait de leurs années). Néanmoins, cette perfection est d’autant plus grande quand elle est révélée matériellement lorsqu’un Tsadik quitte ce monde le jour où il est né.]

Pourquoi en dehors de la Terre d’Israël ?

En lisant la Torah, nous constatons que le récit de la vie de Yaakov se trouve principalement dans cette paracha, Vayétsé, et dans la paracha de Vayichla’h, lorsque Yaakov est en dehors de la Terre Sainte, alors que la paracha de Toldot, dont les évènements s’y déroulent, parle peu de Yaakov.

Or, ceci est étonnant. Pourquoi la Torah insiste-t-elle sur les problèmes que Yaakov, qui fut « l’élu parmi les Patriarches » (Midrache Béréchit Rabba § 76 ; Zohar III 119b), eut avec les méchants Essav et Lavan ? Il eut a priori été préférable de mentionner le service divin qu’il accomplit en Terre Sainte, comme cela est d’ailleurs relaté pour Avraham et Its’hak.
La réponse à cela est que, à travers le récit du voyage de Yaakov à ‘Harane et de ses rencontres avec Lavan et Essav, la Torah nous enseigne le comportement que nous devons adopter dans notre relation avec le monde.

Cette histoire qui est la première dans la Torah à décrire la confrontation des Patriarches avec le monde vient enseigner que le but de chaque Juif est d’agir dans le monde et donne les étapes de la réalisation de cette tâche :
« Vayétsé Yaakov miBéer Chéva – Et Yaakov sorti de Béer Chéva » (Genèse 28, 10) fait référence à la sortie de l’âme de sa source céleste, appelé « Béer Chéva » (la Séfira de « Binah » qui est la « source » (« béer ») des sept (« chéva ») Attributs divins du monde de Atsilout).
« Vayélekh ‘Haranah – et il alla à ‘Harane » (Ibid.) désigne la descente de l’âme dans un monde si bas qu’il suscite la colère (« ‘harone af ») de D‑ieu.

Et, malgré cela et contre toute attente, c’est précisément à ‘Harane que Yaakov édifia sa famille, les douze tribus saintes. L’explication de cela est que Yaakov révéla, à travers l’accomplissement de la Torah et des Mitsvot, la lumière de son âme avec laquelle il raffina et sanctifia son corps et son environnement. C’est ce à quoi font allusion les mots « il alla à ‘Harane » : c’est précisément à ‘Harane qu’il « alla » en s’élevant progressivement toujours plus haut.

En outre, ce n’est pas uniquement son âme qui connut une élévation, mais ‘Harane elle-même qui fut également raffinée et sanctifiée à travers lui (c’est pourquoi il est écrit « vayélekh ‘Haranah» pour « il alla à ‘Harane » et non l’expression équivalente « vayélekh lé’Harane », car « vayélekh ‘Haranah » sous-entend grammaticalement que c’est « ‘Haranah » qui « alla »). D’autre part, le mot « ‘Haranah » enseigne que Yaakov révéla au sein de ‘Harane la force divine qui la porte à l’existence : la lettre « Hé » du nom de D‑ieu par laquelle le monde est créé (Talmud Mena’hot 29b).

La Torah relate ensuite que, sur le chemin de ‘Harane, le Soleil se coucha et que Yaakov s’étendit pour dormir, en ayant au préalable disposé autour de sa tête des pierres pour se protéger des animaux malfaisants. Ainsi en est-il pour chaque Juif : lorsque son âme descend ici-bas, dans le monde (en hébreu « olame », de la racine de « élem », « occultation »), elle subit l’occultation de la présence divine (« le Soleil se couche »), et cela le pousse à « s’étendre pour dormir », à connaître une chute si importante que sa tête et ses pieds se retrouvent au même niveau, au point où il doit même s’inquiéter de toutes sortes « d’animaux malfaisants » (les forces du mal qui règnent dans ce bas monde) qui cherchent à porter atteinte à son âme.
Cependant, c’est précisément cette descente qui lui permet de connaître ensuite une élévation jusqu’à un niveau supérieur à celui qu’avait son âme auparavant, comme nous allons l’expliquer plus loin.

La tête avec le pied

En route vers ‘Harane, Yaakov s’étendit pour dormir sur le mont Moriah. Nos Sages enseignent que ce fut la première nuit qu’il s’étendit pour dormir après les quatorze années qu’il venait de passer à étudier la Torah de jour comme de nuit dans la Yéchiva de Chem et de Ever (et où il ne faisait que somnoler légèrement la nuit entre deux sessions d’étude). Ceci suscite cependant une interrogation : si Yaakov s’abstint de se coucher pendant quatorze ans, pourquoi donc choisit-il de le faire à l’endroit précis où le Temple allait être érigé ? Il est vrai qu’il dit ensuite « Assurément, l’É‑ternel est présent en ce lieu, et moi je l’ignorais ! » (Genèse 28, 16), mais il reste à comprendre pourquoi D‑ieu fit en sorte qu’il en fût ainsi.

Pour comprendre cela, il est nécessaire de se pencher sur l’action de se coucher. En effet, la position debout révèle clairement le statut des différents membres du corps : la tête, représentant l’intellect, est en haut ; le cœur, représentant l’affect, est au centre ; les jambes et les pieds, représentant la force d’action, sont en bas. Or, lorsque l’on se couche, il en résulte que la tête et les pieds se retrouvent au même niveau.

La partie supérieure du corps humain représente sa spiritualité, alors que sa partie inférieure représente sa matérialité. Il convient que la spiritualité ait la prépondérance sur la matérialité et la guide. Mais lorsque l’on est couché, la spiritualité et la matérialité sont au même niveau, ce qui constitue en soi une déchéance.

Malgré cela, il arrive que la position allongée exprime au contraire une situation extrêmement élevée. En effet, la différence entre la tête et les pieds n’existe que dans le cadre des limitations du monde. Mais, envers D‑ieu qui est l’Infini Absolu, il n’existe aucune différence entre le spirituel et le matériel, ces derniers sont absolument équivalents.
C’est ce qui se révéla lorsque notre père Yaakov se coucha à l’endroit du Temple : c’est précisément le fait qu’en cet endroit la Lumière Infinie de D‑ieu est révélée qui entraîna chez Yaakov une totale annulation de soi, au point où sa tête et ses pieds se retrouvèrent au même niveau.

Telle fut également la signification du rêve que Yaakov fit alors. Il rêva en effet d’« une échelle dressée sur la terre, dont le sommet atteignait le ciel » (Genèse 28, 12) : une échelle qui reliait et unifiait la Terre et le Ciel.

C’est aussi cette force infinie qui lui conféra la capacité de faire résider dans un endroit aussi bas que ‘Harane la sainteté la plus élevée, par la force de l’Essence Divine.

La dispute des membres

Ce qui précède nous permet de comprendre le sens des pierres que Yaakov disposa autour de sa tête avant de s’endormir :
Le Talmud raconte que, au moment où Yaakov les disposait, les pierres commencèrent à se disputer, chacune exigeant que ce soit sur elle que le Tsadik pose sa tête. Immédiatement, D‑ieu les fondit toutes en une seule pierre. (Talmud ‘Houline 91b).

Cet épisode suscite une question évidente : à quoi peut servir un muret pour protéger la tête si le corps reste à la merci des animaux malfaisants ?

Et même d’après les commentateurs qui expliquent que Yaakov avait en réalité entouré tout son corps avec des pierres, 1. pourquoi la Torah ne mentionne-t-elle que celles qui protégeaient sa tête, et 2. en quoi un muret de simples pierres protège-t-il des animaux féroces, alors qu’il suffit à ces derniers de sauter par-dessus ?!

L’explication profonde de cela, d’après la ‘Hassidout, est que Yaakov se protégea par des procédés spirituels. Il illumina son corps de la puissance de son âme, de la « pierre » de son âme, faisant ainsi disparaître le voile que le matériel maintient habituellement sur le spirituel et cela entraîna qu’aucun animal ne puisse l’atteindre.

Ainsi, comme l’âme réside principalement dans le cerveau, la Torah cite les pierres qui entouraient la tête car leur rôle fut prépondérant. Et c’est précisément à ce sujet que les pierres se disputèrent : celles qui entouraient le corps demandèrent pourquoi elles recevaient moins de lueur de l’âme que celles qui entouraient la tête.

D‑ieu acquiesça alors à leur demande et émit une Lumière Divine unique qui engloba le corps de la tête aux pieds (ce qui eut pour effet de souder les pierres en une pierre unique). Cette révélation divine provint du degré du divin auprès duquel le pied et la tête sont équivalents : l’Essence Divine, « D‑ieu Lui-même ».

Cette révélation eut lieu pour Yaakov au moment où il descendait vers ‘Harane, car c’est précisément dans des situations aussi difficiles qu’un tel dévoilement est nécessaire.

Corriger le monde

C’est ce qui donna à Yaakov le pouvoir de vaincre l’obscurité de ‘Harane et d’y dévoiler la divinité. C’est pour cela que c’est précisément là-bas qu’il édifia une famille intègre, ainsi que le disent nos Sages, « Mitato chelémah – sa ‘couche’ fut intègre » (Midrache Tan’houma (Bober), Vayétsé § 4, et autres). Or, le mot pour « couche » ou « lit », en hébreu « mitah », est lié au mot « matah », le « bas », ce qui souligne que c’est précisément la descente de Yaakov vers le « bas » qui lui valut ce succès. De là découle pour chaque Juif l’enseignement qu’il lui incombe de considérer le « haut » et le « bas » de manière identique et de révéler ainsi l’Essence Divine qui transcende le « haut » et le « bas » dans les dix facultés de son âme.

L’essentiel du travail spirituel de Yaakov à ‘Harane concerna sa propre personne (le dévoilement de son âme et son unification avec son corps) et sa famille (la naissance et l’éducation de ses douze fils de sorte que « sa couche soit intègre »). Cependant, comme cette action doit également concerner le monde, Yaakov voyagea à la rencontre de Essav, comme cela est relaté dans la paracha de Vayichla’h, et tenta de le corriger lui aussi.

Si Essav était un méchant homme, son âme était néanmoins extrêmement élevée : elle prenait sa source dans le niveau de « Tohou » (le jaillissement de lumières divines du « chaos originel »), qui est au-dessus de celui de « Tikoun » (le système ordonné de mondes qui succéda au « Tohou ») d’où l’âme de Yaakov est issue. Yaakov pensait alors que Essav avait été « redressé » et qu’il pouvait y avoir entre eux l’union et l’unification. Mais Essav n’était pas prêt.

Ces deux parachiot, Vayétsé et Vayichla’h, expriment le but de l’ensemble de la Torah et des Mitsvot : raffiner et sanctifier le corps de l’homme en particulier et le monde matériel en général, faire en sorte qu’ils deviennent un « récipient » pour la spiritualité de l’âme, jusqu’à ce que la matière elle-même révèle la Force Créatrice qui l’anime, ne faisant plus qu’une seule chose, qu’une chaîne soudée avec le spirituel, jusqu’à constituer une « demeure » ici-bas pour l’Essence Divine.

Ceci sera atteint lors de la Délivrance messianique, quand le corps physique et le monde matériel atteindront un degré de raffinement tel qu’ils pourront recevoir en eux la Lumière Divine (Tanya chap. 36). Alors, la chair elle-même verra D‑ieu (Isaïe 40, 5), la pierre du mur clamera que D‑ieu la porte à l’existence (‘Habacouc 2, 11), etc.
La profondeur de la Torah

Cette démarche de réunir le spirituel et le matériel à travers la Torah et les Mitsvot a connu un essor particulier depuis la révélation de la ‘Hassidout, la partie profonde de la Torah, qui unit la profondeur de l’âme du Juif avec les degrés profonds du Divin et confère ainsi la capacité d’unir le monde à D‑ieu en profondeur.

La ‘Hassidout « ‘Habad » a, dans cette perspective, la qualité particulière de relier le Divin avec les facultés intellectuelles de l’homme (sagesse-compréhension-connaissance, dont l’acronyme hébraïque est « ‘Habad »), y compris des non-Juifs, ce qui entraîne une situation où le monde entier s’unit à D‑ieu.

C’est également la raison pour laquelle c’est principalement au mois de Kislev que la ‘Hassidout s’est révélée. Celui-ci contient, en effet, plusieurs dates essentielles dans l’histoire du dévoilement de la ‘Hassidout : le 19 Kislev marque la libération de l’Admour Hazakène (Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi, le premier Rabbi de ‘Habad) et est également appelé le « Roch Hachana » de la ‘Hassidout ; la naissance et la Hiloula de l’Admour Haemtsayi, second Rabbi de ‘Habad, le 9 Kislev et sa libération le 10 Kislev. Et ‘Hanouccah aussi, le miracle de la fiole d’huile, est lié avec la profondeur de la Torah, « l’huile essentielle » de la Torah.

La raison à cela est que le mois de Kislev est le troisième mois de l’hiver (les mois de pluie). Il correspond ainsi par symétrie au mois de Sivan, troisième mois de l’été, dans lequel, au moment de la fête de Chavouot, eut lieu le don de la Torah et la révélation de sa partie dite « révélée ». La partie profonde de la Torah, quant à elle, fut révélée précisément pendant la saison des pluies, car celles-ci s’élèvent d’abord sous forme de vapeur de la terre vers les cieux, puis retombent ensuite à terre, abreuvant le sol jusqu’à ce que celui-ci soit gorgé d’eau. C’est le même cycle qui caractérise la profondeur de la Torah : elle réunit la matière et l’esprit, la Terre et le Ciel, jusqu’à ce que le monde entier sera totalement gorgé de Lumière Divine.
Cela est présent en allusion dans le nom « Kislev » : c’est lorsque « כס – Kes », les degrés cachés du divin (de la racine de « kissouï », « dissimulation »), se révèlent ici-bas dans les facultés émotionnelles de l’homme, représentées par « לו – lev » (les six « midoth » dont chacune inclut en elle l’ensemble des six, soit 36 déclinaisons, valeur numérique de « לו – lev »).

L’Admour Haemtsayi

Or, ce lien entre le spirituel et le matériel propre à la ‘Hassidout ‘Habad a essentiellement été effectué par l’Admour Haemtsayi. En effet, l’Admour Hazakène qui lui a précédé, révéla la « ‘Hokhmah – sagesse » de la ‘Hassidout, ce qui s’exprima par un enseignement condensé et synthétique. À sa suite, l’Admour Haemtsayi révéla le degré de « Binah – compréhension » à travers un enseignement particulièrement développé, tel le flot d’un large fleuve, issu pourtant d’une source punctiforme.

Ainsi, les concepts de la ‘Hassidout qui apparaissaient de façon concise dans les œuvres de l’Admour Hazakène, font l’objet de larges développements par l’Admour Haemtsayi. Ceci était même perceptible dans sa vie physique, au point où son gendre, le « Tséma’h Tsédek » (troisième Rabbi de ‘Habad) dit un jour « Si l’on coupait un doigt de mon beau-père, ce n’est pas du sang qui jaillirait, mais de la ‘Hassidout ! » La ‘Hassidout était son sang et son âme.

C’est la raison pour laquelle il est appelé l’Admour « Haemtsayi » – le Rabbi « intermédiaire » : étant au niveau de Binah, il relie en effet le Rabbi qui l’a précédé et celui qui l’a suivi, de façon à inclure en lui les trois pères de la ‘Hassidout (qui correspondent aux trois niveaux « ‘HaBaD »), car c’est en lui que s’exprime la finalité de la ‘Hassidout qui est de relier le monde et la Divinité.
Le 9 Kislev
Nous pouvons dès lors comprendre la raison pour laquelle l’Admour Haemtsayi a quitté ce monde le jour anniversaire de sa naissance : chez lui s’exprimait avec force la réunion de la matérialité et du spirituel et ainsi sa plénitude spirituelle s’exprima aussi matériellement à travers un nombre entier d’années.
C’est cette perfection spirituelle et matérielle portée par ce jour du 9 Kislev qui permit sa libération le lendemain, 10 Kislev, et constitua une préparation adéquate au « Roch Hachana de la ‘Hassidout », le 19 Kislev.

Cette année (5752 – 1991, Ndt), le 9 Kislev tombe un Chabbat, ce qui souligne encore plus la réunion parfaite du spirituel et du matériel, car la haute sainteté divine qui se révèle le Chabbat et qui est à l’origine du plaisir divin lié au Chabbat doit pénétrer dans les dimensions matérielles du Juif à travers les repas du Chabbat, le sommeil du Chabbat, au point où l’âme supplémentaire que l’on reçoit le Chabbat (voir Talmud Taanit 26b) effectue un changement dans le corps physique et dans le monde matériel.

Le repas de la Délivrance

Si tout ce qui précède a toujours été valable pour les Juifs de toutes les générations, à plus forte raison est-ce pertinent aujourd’hui, alors que d’après les signes donnés par nos Sages (dans le traité Sanhédrine, dans les Midrachim et dans d’autres sources) nous nous trouvons déjà concrètement à l’étape de la Délivrance (« נמצאים כבר בשלב הגאולה ממש »). Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, nous avons terminé tous les « Birourim » (étapes du raffinement du monde), y compris celui de « Essav qui est Edom » (Genèse 36, 1), comme nous le voyons aujourd’hui chez des peuples qui descendent de Essav et qui se comportent comme des « royaumes de bonté » (« מלכות של חסד »).

Il est donc clair que nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation où le corps physique et le monde matériel ont été raffinés au point de pouvoir recevoir toutes les lumières et les sujets spirituels, ce qui inclut la lumière du Machia’h (Zohar III, 34b), la lumière de la Délivrance, jusqu’à la révélation de l’Essence Divine qui se révélera dans l’essence du Machia’h et, à travers cela, dans l’essence de chaque Juif.

Et la seule chose qui manque est qu’un Juif ouvre les yeux correctement, et il verra comment tout est prêt pour la Délivrance ! Il y a déjà la « table dressée », il y a déjà le « bœuf sauvage », le Léviathan et le « vin gardé » et les Juifs se trouvent déjà autour de la table, « la table de leur Père » (Talmud Berakhot 3a), (le Roi des rois, le Saint béni soit-Il), avec le Machia’h, (comme il est écrit dans les livres (Commentaire du Barténora sur Ruth ; Responsa du ‘Hatam Sofer ‘Hochen Michpat vol. 6, chap. 98 ; Sdé ‘Hemed, Péat Hasadé, maarékhet haaleph § 70, et autres) qu’il y a dans chaque génération un homme qui est apte à être le Machia’h), et dans notre génération mon beau-père, le Rabbi ; et quarante ans après le départ de ce monde de mon beau-père le Rabbi, il y a déjà aussi « un cœur pour comprendre, des yeux pour voir et des oreilles pour entendre » (Deutéronome 29, 3).

Il faut seulement maintenant ouvrir le « cœur pour comprendre », ouvrir les « yeux pour voir » et ouvrir les « oreilles pour entendre » et, de la même manière, exploiter tous les 248 membres et les 365 nerfs de son corps physique, pour étudier la profondeur de la Torah telle qu’elle a été révélée dans la ‘Hassidout et pour accomplir les instructions des Rébbeïm, ce qui inclut d’étudier les sujets relatifs à la Délivrance de façon à ce que cela ouvre le cœur, les yeux et les oreilles, et que l’on comprenne, voit et ressente concrètement dans la matérialité du monde la Délivrance, et d’étudier la Torah du Machia’h (la partie profonde de la Torah) avec un niveau de « vision », car tout ceci est accessible, il suffit d’ouvrir les yeux et on verra cela !

Concrètement

Puisque la jonction entre le spirituel et le matériel est déjà une réalité, il nous incombe de révéler cela concrètement.

En premier lieu, un sujet d’actualité en ce jour de l’anniversaire et de la Hiloula de l’Admour Haemtsayi, il faut rajouter dans l’étude de sa Torah, d’une façon caractéristique de la largesse de la Binah, et ceci concerne tous les Juifs, hommes et femmes.

Chez l’Admour Haemtsayi, la plénitude spirituelle s’est exprimée dans la plénitude matérielle par le fait que ses années furent entières. Il appartient également à chacun d’exprimer sa spiritualité et sa « ‘hassidishkeit » dans sa vie matérielle, de sorte que l’on ressente auprès de lui la chaleur et la vitalité de son Judaïsme et de sa « ‘hassidishkeit », au point où ils ne font qu’une seule chose avec lui.

En plus de cela, il faut organiser des Farbrengens (célébrations ‘hassidiques) à l’occasion du 10 Kislev, fête de la libération de l’Admour Haemtsayi, y étudier de sa Torah, y prendre de bonnes résolutions, parmi lesquelles d’organiser des Farbrengens à l’occasion du 19 Kislev dans chaque recoin du monde où se trouvent des Juifs.

De la même manière, il faut organiser des Farbrengens à d’autres dates liées à la ‘Hassidout, et à ‘Hanouccah – selon la tradition des Rabbis de ‘Habad – faire des fêtes à l’intention des membres de sa famille et distribuer de « l’argent de ‘Hanouccah » en particulier aux enfants, garçons et filles. Car, en accomplissant cette coutume, avec la diffusion qui convient et le don en abondance, on augmente d’autant son attachement à nos Rébbeïm, ce qui augmente la force de faire pénétrer leur Torah, leurs instructions et leurs coutumes dans la vie quotidienne de chacun.

Ce qui inclut la coutume juive qui se répand et s’amplifie ces derniers temps d’étudier les sujets liés à la Délivrance et au Machia’h pour se préparer et préparer les autres au dévoilement de la Délivrance messianique, comme nous l’avons dit.

Que D‑ieu veuille donc que, par le mérite des bonnes résolutions dans tous ces sujets, il y ait immédiatement la Délivrance véritable et complète et nous irons tous « sur les nuages du ciel » (Daniel 7, 13 ; Sanhédrine 98a), avec le fruit de notre service divin ainsi qu’avec nos biens matériels, avec les synagogues et les maisons personnelles, vers notre Terre Sainte, à Jérusalem la ville sainte, sur la montagne sainte dans le troisième Temple, dans le Saint des Saints où se trouve la « pierre de fondation » à partir de laquelle le monde entier fut créé (Talmud Yoma 54b).
Et l’essentiel est que cela soit immédiatement.