Notre Parachat Le’h Le’ha, se situe à l’époque de notre patriarche Avraham, le premier juif. Elle relate la première injonction divine à son égard, « Le’h le’ha », « Va pour toi… vers la terre », son voyage en direction de la terre d’Israël, la promesse de D.ieu de lui donner cette terre et « l’alliance entre les morceaux ».
La fin de la Paracha comporte le récit de la circoncision d’Avraham – la première – qui concrétisa l’alliance éternelle entre D.ieu et le peuple d’Israël, « Ceci est Mon alliance que vous garderez, entre Moi et vous et ta postérité après toi », « Mon alliance sera dans votre chair une alliance perpétuelle » (Genèse 17, 10;13).
Dans la mesure où ces éléments sont les premiers que la Torah évoque au sujet d’Avraham duquel tout le peuple juif est issu, il est logique que ceux-ci recèlent l’expression de l’essence du Judaïsme et de la Torah.
Pourquoi se préparer
Avec Avraham commença la période de préparation au don de la Torah. Plus précisément, celle-ci commença avec l’ordre divin « Le’h le’ha – Va pour toi hors de ton pays». (C’est également la raison pour laquelle la Torah ne relate que les événements de la vie d’Avraham postérieurs à cette injonction, bien que celui-ci ait déjà vécu 75 ans.)
Il est notoire que tout sujet dans la Torah constitue un enseignement concret pour l’ensemble du peuple juif, à toutes les époques. Or, on peut a priori se demander en quoi l’ordre divin « va pour toi », qui ne fut qu’une préparation au don de la Torah, peut nous concerner, nous qui vivons après ce dernier ?
La question est d’autant plus forte si l’on considère que, dans la mesure où il est inscrit dans la Torah, ce travail de préparation est censé se renouveler chaque année, le Chabbat où est lu la Parachat Le’h Le’ha. En effet, le don de la Torah étant historiquement derrière nous, pourquoi est-il nécessaire d’en renouveler annuellement la préparation ?
En outre, sachant que le don de la Torah se renouvelle chaque jour (la preuve en est que nous prononçons chaque jour la bénédiction selon laquelle D.ieu est « התורה נותן – donne la Torah », au présent), et, d’après le principe selon lequel « on augmente dans la sainteté », ce don de la Torah quotidien est chaque jour plus élevé que le précédent. Et cette élévation est encore plus forte le jour de Chavouot ou les Chabbatot lors desquels on lit les Dix Commandements.
Il ressort de cela que ces nombreuses élévations nous ont amenés à un niveau extrêmement élevé. La question est donc encore plus pertinente : compte tenu du degré de sainteté que nous ont conféré les élévations successives depuis le don de la Torah, pourquoi avons-nous besoin encore de nous préparer à ce dernier ? La Torah a tellement agi sur le monde depuis lors que même ceux qui n’étaient pas entièrement prêts à la recevoir à l’époque n’ont plus aucun besoinde s’y préparer !
La réponse est dans la question
La réponse à cette question est que c’est précisément du fait que nous connaissons chaque jour et chaque année de nouvelles élévations dans notre réception de la Torah qu’il nous est nécessaire de se préparer de façon adéquate à chacun des niveaux supérieurs auxquels nous devons parvenir. (Là est d’ailleurs l’explication du récit rapporté par le Midrache selon lequel à chacun des Dix Commandements les âmes des enfants d’Israël quittaient leurs corps, puis D.ieu les leur rendait avec la « rosée » de la résurrection. Ceci montre, en 87
effet, qu’à chacun des Dix Commandements, les enfants d’Israël étaient parvenus à la perfection de leur service divin dans leur vie corporelle, ce qui, de ce fait, en marquait le terme. Or, malgré cela, il leur fallut à chaque fois « redescendre » pour parvenir à des degrés encore supérieurs.)
La terre nous appartient déjà
Cependant, la préparation à laquelle nous devons actuellement nous livrer n’est pas uniquement en vue d’atteindre un niveau supérieur dans la réception de la Torah : pour atteindre la perfection du Don de la Torah, nous devons réaliser la préparation fondamentale que la Torah désigne par « Le’h le’ha – Va pour toi ».
Considérons la promesse divine au sujet de la terre d’Israël : dans la mesure où celle-ci est inscrite dans notre Paracha qui relate en outre qu’Avraham s’y est installé, il est clair que ce sujet-là se renouvelle également chaque année lorsque nous lisons de nouveau cette Paracha.
Or, étant donné que D.ieu a déclaré à Avraham « J’ai donné à ta descendance ce territoire » (Genèse 15, 18), que ce dernier l’a parcouru en long et en large, que la terre fut conquise une première fois à l’époque de Yéhochoua et une seconde fois à l’époque d’Ezra le Scribe, on peut se demander quelle est actuellement la signification concrète du récit de l’acquisition de la terre par Avraham dans la Parachat Le’h Le’ha, alors que celle-ci nous appartient déjà depuis longtemps ! [Et ceci d’autant plus que, dans ces dernières générations, nous sommes à la conclusion de la tâche consistant à transformer le monde entier en « terre d’Israël ». (Voir à ce sujet le discours du Chabbat Pin’has 5751.)]
Un travail encore inachevé
La raison en est que les dix territoires que D.ieu nous a promis dans notre Paracha (Genèse 15, 18-21) (et, selon la plupart des avis, qu’Il nous a alors donné) sont liés les uns aux autres. Et puisqu’à l’époque de Yéhochoua et du Temple et à l’époque d’Ezra les enfants d’Israël n’ont jamais détenu que sept territoires (au maximum) et jamais les trois derniers qui ne nous seront remis que lors de la délivrance messianique, il en ressort que l’acquisition de la terre d’Israël, y compris dans sa dimension de sept territoires, n’a jamais été parfaitement réalisée.
Il en va de même pour les Juifs qui se trouvent en terre d’Israël : à l’époque de Yéhochoua et de la plupart de la période du premier Temple, la majorité des Juifs vivaient en Terre Sainte. Cependant, lors de l’ère messianique, ce sont (en plus des dix tribus perdues qui reviendront) tous les Juifs de toutes les générations qui s’y trouveront !
Sans guerre
Il est donc clair qu’il existe aujourd’hui aussi la nécessité « d’acquérir la terre d’Israël ». En effet, tant que nous ne possédons pas concrètement l’ensemble des dix territoires, nous sommes encore totalement dans le processus d’acquisition de la terre et la Torah exige de nous « Le’h le’ha » pour que nous puissions acquérir les trois territoires manquants.
Dans toutes les générations, les Juifs ont aspiré à l’acquisition complète de la terre lors de la rédemption messianique, selon les termes de la profession de foi
énoncée par Maïmonide « J’attends chaque jour qu’il vienne ».
En particulier maintenant que, selon l’annonce de mon beau-père le Rabbi (précédent, Ndt), la Téchouva (retour à D.ieu) a déjà été réalisée et que selon tous les signes notre génération sera la dernière de l’exil et automatiquement la première de la Délivrance, il est évident qu’il faut être d’autant plus préparés à recevoir les dix territoires qui constituent notre héritage depuis « l’alliance entre les morceaux », que nous nous apprêtons à recevoir de la part des nations du monde sans aucune guerre, par l’effet de leur bonne volonté.