La légende, ou ce fut peut-être la réalité, raconte que lors d’un voyage en Espagne, Rachi fut accusé par l’épouse de l’hôte qui l’hébergeait, de lui avoir volée une robe d’une grande valeur. Face à ces viles accusations, Rachi ne chercha pas à se justifier aux yeux de ses accusateurs. Il préféra payer le prix du vêtement et quitta la maison de son hôte pour continuer sa route. Il eût cependant, avant de partir, un geste qui ne fut pas sans éveiller le doute sur sa culpabilité. En effet, avant de quitter les lieux, il inscrivit quatre fois les lettre du mot שלמה sur la porte de la maison de ses hôtes :

שְׁלֹמֹה שִׁלְמָה שִׂמְלָה שְׁלֵמָה

Rachi ponctua les 12 lettres qui composent ces 4 mots de façon à ce que l’on pouvait lire : ‘Chlomo Chilma Simla Chéléma’, ce qui signifie : ‘Rachi (Chlomo) a payé (chilma) la robe (simla) au prix fort (chéléma)’.

A la vue de ces inscriptions, qui ne pouvaient être écrites que par un homme érudit, l’hôte réalisa son erreur. Un homme aussi raffiné ne pouvait pas être coupable d’un acte aussi bas. Aussi, lorsque sa femme trouva soudainement la robe ‘volée’, l’hôte sortit dans la rue et se mit à la recherche de Rachi, et quand il le trouva, il se confondit en excuses.

L’histoire s’arrête là, mais son contenu peut néanmoins servir à la compréhension d’un enseignement du Rabbi Rachab au sujet de la Délivrance finale.

Les Sages de la Torah nous enseignent que l’élève a besoin de 40 années pour comprendre avec clarté l’enseignement qu’il a reçu de son Maître. Un Maître ne peut pas enseigner à son élève sans mettre les choses à sa portée. Le Rabbi Rachab explique que pour révéler un enseignement à son élève, le Rav doit nécessairement faire un ‘Tsimstsoum’. C’est à dire qu’il doit limiter le concept divin tel qu’il est dans son esprit, et l’exprimer par un exemple concis, ou sous la forme d’une histoire, que l’élève peut comprendre avec facilité.

Cependant, le Rabbi Rachab souligne que l’exemple donné par le Rav à son élève, cache en réalité toute la profondeur du concept divin qu’il lui enseigne. C’est pourquoi il est dit ‘qu’au bout de quarante ans l’élève parvient à comprendre avec clarté l’enseignement qu’il a reçu de son Maître’.

De fait, le ‘Tsimtsoum’ n’a pour seul but que le dévoilement, et même si les exemples que le Rav donne à son élève, ou bien encore les petites histoires qu’il lui raconte pour lui enseigner la Torah, semblent être de simples exemples, ou de simples histoires, il n’en demeure pas moins que si l’élève s’attache de manière profonde à ces simples paroles, il parviendra au bout de quarante ans à saisir l’Essence de la Torah qui se cache dans les simples enseignements qu’il a reçus de son Rav quarante ans auparavant.

A la lumière de ce qu’il vient d’être dit, il est possible d’expliquer les mots qu’écrivit Rachi sur la porte de la manière suivante :
‘Chlomo chilma simla chéléma’
‘Rachi (Chlomo) a payé (Chilma) la robe (Simla) au prix fort (chéléma)’

Chlomo‘ (Rachi) représente le Machia’h, lequel est un Roi et aussi un Rav, à l’exemple du Rav qui enseigne à son élève, Machia’h enseignera la Torah ‘Hadacha à l’Assemblée d’Israël.

Chilma‘ (‘a payé’) représente le don de soi, la capacité de faire don de soi-même pour l’autre. De fait, la Tsédaka, l’action de donner de l’argent a pour effet d’insuffler à celui à qui l’on donne cet argent de la vitalité, spirituelle et matérielle.

Simla‘ (‘la robe’) représente ‘l’exemple’ (le vêtement) que le Rav met à la portée de son élève. La Torah est elle-même le vêtement dans lequel s’habille la Sagesse divine, et la Torah ‘Hadacha est le vêtement dans lequel s’habille la Torah du Machia’h.

Chéléma‘ (‘au prix fort’). ‘Chéléma’ désigne la Délivrance finale (‘Guéoulah chéléma’), et la perfection (‘Chlémouth’).

Ainsi, à la lumière de ces explications, il nous est donné de comprendre que par le don de nous-même (‘Chilma’), et par le fait de nous attacher aux enseignements (‘Simla’) du Maître (‘Chlomoh’) de notre génération, le Rabbi, nous parviendrons sans aucun doute à provoquer la Délivrance finale (‘Chéléma’).

Aussi, au lendemain du jour de ‘Lag Ba Omer’, à la veille du Chabbat, et à ces quelques jours qui nous séparent de la fête de Chavouoth, il apparaît dans la plus grande clarté, l’importance de nous attacher aux enseignements, aux exemples, et aux histoires, que nous donnent Rachi dans ses commentaires, à ces nombreuses paraboles qui parsèment le livre du Zohar de Rabbi Chimon Bar Yohaï, et à la richesse infinie des enseignements du Rabbi.

Nul doute qu’à travers le moindre petit exemple, ou la plus simple petite histoire, délivrés par ces Maîtres d’Israël, se cache l’Essence divine, qu’il nous appartient de dévoiler afin de provoquer la Délivrance finale, dès à présent, avec l’aide de D.ieu, à la lumière de ce discours du Rabbi Rachab, sujet de notre étude, commençant par les mots du verset

‘Et tu sauras aujourd’hui et mettras sur ton cœur que L’Eternel, Lui, est notre D.ieu dans les cieux en-haut et sur terre ici-bas il n’y a rien d’autre’.