(pour la réfouah chélémah de Messod ben Aïcha, ‘Prosper’)

 

Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Pin’has, le Rabbi raconte que lors d’un rassemblement des ‘Hassidim autour du Rabbi Rachab, il se produisit une chose qui marqua tous ceux qui étaient présents.

Les jeunes ‘hassidim qui se trouvaient à cette Hitvaadouth, étaient tellement impatients d’entendre le Maamar (discours ‘hassidique) du Rabbi Rachab, qu’ils se pressèrent de chanter le ‘Nigun’ (‘la mélodie ‘hassidique’) que les ‘Hassidim ont l’usage de chanter juste avant que le Rabbi commence à prononcer son discours.

Quand, le Rabbi entendit les ‘hassidim chanter, il ne les entendit pas chanter le Nigun, il entendit surtout leur impatience. Alors, à la fin du chant, au lieu de prononcer son Maamar, le Rabbi se mit à expliquer à ses ‘Hassidim qu’ils n’avaient pas agi comme il convient d’agir. Il s’agissait bien là d’une erreur. S’imprégner profondément du discours du Rabbi implique auparavant de s’y préparer avec la plus grande attention. On ne peut entendre et intégrer le discours du Rabbi que si l’on s’y est convenablement préparé.

Aussi, le Nigun qui introduit le discours hassidique du Rabbi, est d’une importance capitale car il nous prépare à recevoir le discours de la manière la plus parfaite. 

Chanter le Nigun en investissant toutes nos forces nous permet d’entendre ensuite le discours du Rabbi de manière profonde.  C’est pourquoi le Rabbi Rachab définit un homme profond comme une personne qui vit intensément tous les moments de son existence. Même un moment qui nous prépare à un événement important doit être vécu de manière profonde : ‘là où nous sommes nous devons être vraiment !’.

Le ‘Hassid vit profondément toutes les situations de sa vie. Même ce qui semble être à nos yeux comme un ‘détail’, possède en réalité un contenu profond qui mérite qu’on lui accorde toute notre attention, que l’on investisse tout notre être, pour mener à bien notre mission sacrée.

A la lumière de cet enseignement du Rabbi Rachab, nous comprenons que le Nigun n’est pas dissociable du Maamar. En fait, cette mélodie fait partie du Maamar.

On pourrait donner ici, sous la forme d’un ‘Hidouch, l’exemple du Chofar. A Roch ha Chana nous exprimons notre désir le plus profond, que L’Eternel accepte d’être notre Roi. C’est la signification du son du Chofar. Seul le son du chofar peut exprimer ce désir, car il s’agit d’un désir qui ne peut être exprimé par des mots.

Le son du Chofar, est tel un cri qui provient de la profondeur du cœur. Et lorsque nous sonnons du Chofar pendant la prière du matin de Roch ha Chana, alors les sons du Chofar montent dans le ciel et sont entendus par le Saint béni soit-Il, qui exauce alors notre prière et devient notre Roi.

D’une certaine façon, le son du Chofar ressemble au Nigun qui précède le discours du Rabbi. 

En effet, si l’on additionne les lettres du mot ‘Nigun’, on obtient un total de 119. Or, 119 est aussi la valeur numérique du mot larme (Dimah).

Le lien qui existe entre le mot ‘Dimah-Larme’ et le mot ‘Nigun-Mélodie’, exprime tout simplement le fait que le Nigun doit être chanté avec émotion.

De même que le Rabbi ressent l’émotion qui se dégage du chant des ‘Hassidim avant la récitation du Maamar, L’Eternel ressent l’émotion des enfants d’Israël lorsqu’ils sonnent du Chofar, pendant la prière de Roch ha Chana.

Dès-lors nous comprendrons que l’importance de notre attachement au Rabbi, à sa Parole sacrée qu’il nous livre lorsqu’il récite un Maamar, doit s’exprimer dans tous les moments de notre existence, et en particulier lorsque nous chantons la mélodie hassidique qui précède ce précieux moment. Nous devons chanter ‘avec nos larmes’, signifie que nous devons chanter en exprimant notre désir le plus profond et le plus intérieur, que le Rabbi soit notre guide, notre Rabbi, notre Roi.

Un exemple de la Paracha Pin’has illustre ce propos.

Dans cette Paracha, il est question du partage de la Terre d’Israël. Rachi explique dans son commentaire qu’Eléazar, le Prêtre était revêtu du pectoral avec les ‘Ourim’ et les ‘Toumim’ et il disait avec l’inspiration Sainte :‘Si telle tribu est tirée dans le tirage au sort, c’est tel terrain qui lui sera attribué’.

On écrivait les noms des tribus sur douze billets, et sur douze autres billets, douze délimitations de terrains. On mélangeait tous les billets dans une urne, et le prince de chaque tribu introduisait sa main à l’intérieur, et prenait deux billets. Il se trouve que sur les deux billets étaient inscrits le nom de sa tribu et le billet des frontières, exactement comme l’avait déclaré auparavant par inspiration sainte le prêtre Eléazar.

Plus encore que cela, le sort lui-même (le billet) criait et disait : ‘Moi le sort, j’ai désigné telle frontière pour telle tribu’, comme il est dit (verset 56) : ‘Par la bouche du sort’.   

De manière générale la prière correspond à la pensée, l’étude de la Torah à la parole, et l’accomplissement des Commandements divins à l’action. Par ailleurs, il existe des Mitsvoth que l’on accomplit sans avoir une intention particulière. Par exemple, nous sommes quittes de la Mitsva de la Tsédaka uniquement par l’action de donner de l’argent à une personne nécessiteuse, et nous ne sommes pas obligés d’avoir une pensée particulière dans ce cas (une ‘cavana’ : une intention). Cependant le Rabbi nous enseigne que la perfection est atteinte lorsque nous accomplissons cette Mitsvah au moyen de la pensée, de la parole, et de l’action. Ainsi la perfection de la Mitsvah de la Tsédaka nécessite d’associer à notre acte une bonne pensée, en donnant cet argent avec un visage bienveillant.

Le Rabbi explique donc que ‘le sort qui parle’ exprime cette idée. En effet, le Goral rassemble à lui tout seul les trois éléments que sont la pensée, la parole et l’action. La pensée et l’action, par le fait que l’on pensait et que l’on écrivait chaque nom sur un billet, et la parole par le fait que le billet lui-même parlait et désignait ‘telle tribu et tel territoire.

Il est aussi possible de faire le ‘hidouch suivant. Le ‘sort qui parle’ est une allusion aux temps futurs. La partie profonde de la Torah, la ‘Hassidout nous enseigne que dans les temps messianiques D.ieu dévoilera le niveau extrêmement élevé de ‘l’inanimé‘.

Il est dit, par exemple, que la terre s’adressera à l’homme en disant : ‘Comment oses-tu marcher sur moi sans dire des paroles de Torah ? ‘

La matière inanimée provient de l’Essence divine, aussi, le fait que les mots qui étaient écrits sur les billets parlaient, est une allusion à cela. De manière profonde, cela signifie que nous devons accomplir notre service divin, en insufflant de la vitalité à tous les détails qui remplissent notre existence. Tout ce qui nous paraît insignifiant, et qui demeure dénué de vie, ‘inanimé’, doit être employé et vitalisé.  Ces simples mots écrits avec de l’encre sur du papier avaient le pouvoir de ‘parler’, de ‘crier‘.

Cet exemple exprime parfaitement le pouvoir des mots de la ‘Hassidout, car ceux-ci sont véritablement vivants, et ils nous insufflent une vitalité nouvelle.  

Chaque situation, chaque moment, chaque détail, ne doivent pas demeurer inanimés, mais être vécus pleinement.

La Torah nous enseigne que le chiffre 120 représente une vie entière. Or nous avons expliqué que le compte de la valeur numérique du mot ‘Nigun’ (mélodie) est égal à 119, comme celui du mot ‘Dimah’ (larme)

Ainsi, ‘Nigun’, chanter une mélodie ‘hassidique, sans ressentir un sentiment profond est ‘un service incomplet’ et n’équivaut qu’à 119, mais quand on ajoute à la mélodie le sentiment cela devient complet, 120.

A l’évidence, le Rabbi Rachab ne pouvait laisser passer une telle négligence de la part de ses ‘Hassidim, lorsque ceux-ci ne prirent pas le temps de chanter la Mélodie ‘hassidique avec toutes les forces de leurs âmes. Le ‘Nigun’ doit exprimer le sentiment le plus profond, le désir le plus intérieur de chaque Juif, qui n’est autre que le dévoilement de D.ieu.

C’est pour cela que l’on chante le ‘Nigun’ juste avant le discours du Rabbi, car le ‘Nigun’ fait Un avec le Maamar du Rabbi, qui fait lui-même partie de la Torah ‘Hadacha que le Machia’h dévoilera lors de la Délivrance finale, pendant le ‘Chabbat éternel’, symbolisé par le chiffre 120, ‘une vie entière’, très bientôt et de nos jours, avec l’aide de D.ieu.