Il y a quelques semaines, la fête de Hanouccah illuminait la ville de Netanya.

Mon ami Rony Bellaiche et moi, armés de courage et de confiance, parcourons de nombreuses rues afin d ‘y trouver des juifs dans le but de leur faire accomplir la mitsva de l’allumage de la Hanoukia.

Cependant le temps passait et aucune porte ne s’ouvrait. Mais nous ne désespérons pas et continuons notre sainte mission.

Quand tout à coup un jeune homme d’une vingtaine d’années nous entrouvre sa porte sans grand entrain.

Nous parvenions à le convaincre de nous écouter et finalement il nous fit entrer dans son minuscule studio insalubre de 20m2.

Nous étions en présence d’un jeune homme totalement plongé dans l’alcool ! Partout des bouteilles, des substances illicites ainsi qu’un vieux matelas moisi jonchaient le sol.

Il nous expliqua être confus de nous faire rentrer dans une telle maison.

Pour détendre l’atmosphère nous lui répondons que chez nous «ce n’était pas beaucoup mieux» afin de le mettre à l’aise. Il nous sourit et nous commencions enfin à lui expliquer le pourquoi de notre venue.

« Sais-tu que ce soir c’est la première bougie de Hanouccah ? »

Il nous raconta brièvement « Je me souviens d’un allumage avec mon père lorsque j’étais petit. Mon père m’a abandonné depuis.

Je ne me sens plus concerné par tout ça, ni les Téfilines ni quoi que ce soit »

.Nous lui demandons alors s’il a une kippa. Il s’en alla et revint quelques instants plus tard avec une kippa toute poussiéreuse.

Fière, il la posa sur sa tête nous disant qu’il ne sait même pas pourquoi il l’avait gardé si longtemps. On se dirigea vers sa fenêtre afin d’y allumer la Hanoukia que nous lui avions apportée et, après avoir récité les bénédictions, ses yeux soudainement se mirent à briller autant que les bougies sur sa Hanoukia.

On se mit alors à chanter ensemble le chant de « Hanérot Halalou.. », tout en se souhaitant un joyeux Hanouccah, puis nous quittions son appartement.Revenant sur mes pas, je lui proposais de noter mon numéro de téléphone, « sait-on jamais, si un jour, tu as besoin de quoi que ce soit ». Tout d’abord il refusa, puis accepta et me donna son nom.

Son regard avait, en partant, quelque chose de différent, de puissant.Notre mission était accomplie. Nous n’avions pas sillonné toutes ces rues pour rien.

Malgré toutes les Mivtsaim, qu’en tant que Habad, nous avions accomplis durant de nombreuses années, nous sentions que cette fois-ci quelque chose de vraiment sincère avait été touché au plus profond de lui-même !

Je ne m’étais pas trompé. Deux semaines plus tard, je reçu un appel :
– « Allô Arié, comment vas-tu c’est Ouzi »
– « Ouzi.. Ouzi… je ne vois pas, désolé… »
– « Mais si enfin, tu étais venu allumer la Hanoukia chez moi il y’a deux semaines!
– « Ah! Oui bien sûr! Comment vas-tu? dis moi tout ! »

Il m’expliqua alors, qu’après notre passage il se remit totalement en question et que les souvenirs de sa grand mère pratiquante hantait ses pensées, lorsqu’ elle lui répétait sans cesse combien il était important d’embrasser la Mezouza en entrant et en sortant de la maison. Il me demanda s’il était possible de l’aider à se procurer une Mézouza. Je lui donnais rendez-vous dans l’heure.

Il choisit une Mezouza avec un boîtier qui lui plaisait et tenait absolument à l’acheter avec son propre argent.

On l’a pose ensemble avec la bénédiction et tout en discutant plus profondément, on convient même de rester en contact afin d’étudier ensemble de temps en temps!

De cette magnifique histoire, j’en garde un puissant enseignement…

Nous avions parcourus de nombreuses rues et commencions à désespérer en ne recevant que des réponses négatives ou des portes fermées et ce, Jusqu’à arriver à sa porte !

Alors vous me direz, que réussir à faire allumer la Hanoukia à un seul juif c’était déjà un résultat extraordinaire mais si nous aurions voulu réussir à illuminer encore plus les rues de la ville.

Aujourd’hui je comprends que nous n’avions pas seulement réussi à faire allumer qu’une seule hanoukia. Nous avions aussi et surtout réussi à rallumer et faire vibrer le cœur d’un de nos frères juif !

Hachem et le Rabbi avaient leur plan ! Ils savaient parfaitement ce qu’ils faisaient en nous dirigeant dans cette rue et ce petit studio.

Alors merci Hachem ! Merci Rebbe ! Et merci au Beth Habad francophone du Rav Mazouz de pouvoir nous aider à accomplir la volonté du Rabbi en faisant Mivtsaim.

Arié Kaminsky