Un nouveau mois qui commence tient toujours de l’expérience étrange. C’est que le déroulement des jours passés nous avait habitués à une certaine façon de voir et de vivre les choses, tant il est vrai que chaque mois porte en lui sa puissance et sa signification particulières. Bien sûr, la joie a été, à la fois, le moteur et le guide du mois d’Adar ; elle nous a ainsi portés jusqu’à l’orée du mois suivant : Nissan. Alors qu’il commence, ce sont d’autres images qui éclairent peu à peu notre conscience.

Certes, la liberté est maintenant notre point d’horizon et nous aurons l’occasion de le ressentir avec une attention accrue. Mais, en ce début de période, l’enchantement vient d’ailleurs. Il vient du simple nom du mois. On entend « Nissan » et c’est d’ores et déjà le terme « Ness – miracle » qui résonne. Car c’est bien à un niveau plus élevé de conscience qu’il nous est donné de parvenir. En effet, la vie peut se décliner de façons diverses. Elle peut suivre le cours de la nature telle un classique « long fleuve tranquille ». Mais elle peut prendre un chemin inattendu, une voie surprenante où le champ des possibles devient subitement sans limites. Le miracle est alors entré dans notre quotidien, d’une certaine façon en nous-mêmes.

La vie du peuple juif de manière générale, et celle de chacun, ont bien souvent appartenu à cette deuxième catégorie. Et elles continuent de le faire. Cela s’appelle avoir une vision qui porte loin, comprendre ses propres actes comme des éléments d’un plus grand tout et ne pas se laisser enfermé dans les contraintes imposées par le monde ou la société globale. Pour notre vie personnelle, cela signifie que le miracle devient réalité et que rien ne rime mieux avec une telle notion que celle de liberté.

Ce miracle-là ne doit pas être un moyen de fuite ou d’oubli. Il signifie, au contraire, avoir intensément conscience. Notre vie en est alors changée, d’abord au niveau individuel et, par cela, au niveau collectif. Car, avec la fête de Pessa’h approchant, c’est à des chaînes enfin brisées que l’on pense et à la Délivrance ultime, celle des temps messianiques.