Il existe des dates qui changent le monde et dont l’effet se ressent encore aujourd’hui malgré l’écoulement du temps. De telles dates ne sont pas de simples accidents de l’histoire, elles touchent à la structure des choses et l’observateur sait qu’après leur passage, c’est une transformation profonde que l’on peut relever. Peu importe l’importance, apparente ou non, reconnue ou pas, de l’événement, c’est sa simple occurrence qui opère le changement.

C’est ainsi qu’il faut voir le 12 Tamouz, qui intervient, cette année, en ce Chabbat. Ce jour-là, en 1927, le précédent Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn, fut libéré. Cela se passait en URSS. Il avait été arrêté par la police de Staline pour son activité de diffusion du judaïsme, avait été condamné à mort pour finalement être envoyé en relégation dans une petite ville de l’Oural. Au moment de partir pour cet exil, qui avait été prononcé pour de longues années, Rabbi Yossef Its’hak affirma de la fenêtre du train qui devait l’emmener, devant tous les ‘hassidim héroïquement assemblés sur le quai de la gare : « Seul notre corps est en exil, notre âme est éternellement libre. ». Miraculeusement, la peine fut annulée et l’exil ne dura concrètement que quelques jours. Rabbi Yossef Its’hak libéré, son action allait se démultiplier partout dans le monde. L’oppression et la dictature avaient reculé devant la conscience, la grandeur et l’obstination de la liberté.

Ceci n’est pas qu’une histoire de combat victorieux. Rabbi Yossef Its’hak sut le dire : « Ce n’est pas seulement moi qui ai été libéré mais tous… » C’est dire que le 12 Tamouz n’est pas une simple journée d’histoire glorieuse. C’est un jour qui concerne chacun. Cette liberté retrouvée est aussi la nôtre. A tous ceux qui voudraient voir s’éteindre la lumière du judaïsme, à tous ceux qui voudraient que cesse de retentir notre voix, à tous ceux qui nous menacent, dans notre chair ou dans notre esprit, il faut savoir dire que nous sommes éternellement libres et que rien ne nous contraindra jamais.

Cette liberté chante, cette semaine, dans notre cœur et notre âme. Et ce chant monte comme le prélude au cantique majeur, celui de la venue de Machia’h.